lundi 27 juin 2011

Brèves de Pré-adoption : "Il est mignon, foncez !" et "Avant d'adopter, exigez des enfants parfaits ! "

Pour la première fois depuis longtemps, je pense qu'en 2011, je vais voir moins d'enfants en consultation de "bilan d'arrivée" que l'année précédente.

Je suis très pessimiste pour le nombre d'enfants qui seront adoptés en 2011, moins de 3000 c'est sûr, moins de 2000 (pour la première fois depuis plus de 20 ans) peut-être ? Nous en savons tous les raisons, Haïti et c'est légitime qui doit penser ces plaies avant de repartir vers l'adoption, le Vietnam qui une nouvelle fois s'est fermé... on entend de plus des rumeurs inquiétantes sur la Russie et l'Ethiopie, pas joyeux pour les parents qui attendent, encore moins joyeux pour les enfants.... qui attendent aussi.

Comme je l'ai souvent dit, le jour où il n'y aura plus besoin que des enfants soient adoptés sera un grand jour, mais malheureusement nous en sommes encore loin. Et ce sont plus des doutes (parfois totalement justifiés à d'autres moments imaginaires) qui font que certains enfants pour lesquels l'adoption pourrait être une solution, ne le sont pas.

Malgré cette catégorie de consultations qui diminuent, ne pensez pas que je m'ennuie, j'en profite pour fignoler des articles, préparer mon prochain livre, soigner mon dos (si, si, je deviens enfin raisonnable).... continuer à voir des enfants adoptés depuis plus longtemps et qui ont des petits ou des gros problèmes, je vois aussi beaucoup d 'enfants non adoptés..... et surtout, il y a une catégorie de consultations qui est en grande demande : la consultation pré-adoption.

C'est tant mieux, car ce type de consultations est souvent très utile, pas indispensable (peu de choses sont indispensables) mais très utile.
J'ai déjà expliqué qu'une vraie consultation de visu était un million de fois plus utile qu'un avis on-line, où ne se voit pas, on ne se rencontre pas et où l'échange est très limité !

Le gros souci est que nous sommes, à mon avis, pas beaucoup plus d'une dizaine en France à pouvoir rendre ce service.
On n'est pas les plus malins, mais nous sommes ceux qui avons le plus d'expérience.... là aussi je me répète, et je passe mon temps à le répéter à mes externes et internes, la première honnêteté d'un médecin, c'est de dire à ses patients quand il ne sait pas. Parfois on n'ose pas, et c'est dommage, car dans mon expérience les parents ne nous le reprochent pas, et sont contents de cette franchise. Je l'ai encore expérimenté ce matin, où j'ai avoué à une famille pour une maladie endocrinologique rare, que je ne connaissais que très peu (que dans les livres) cette maladie et que j'allais demander des avis à des collègues plus expérimentés.

Certains ont été à mon avis maladroits (je ne leur jette pas la pierre étant moi-même un terrible gaffeur). Cela a pu être des OAA, des APPO, des associations de parents, qui pleins de bonne volonté, désireux d'aider les familles n'ont pas toujours donné les bons conseils. Ces associations ne sont pas utiles, elles sont indispensables, leurs expériences, l'esprit de solidarité qu'elles manifestent aux familles sont primordiales... parfois elles ont pu manquer d'expérience... comme tout le monde moi, le premier.

Un petit mot aussi sur l'AFA. Je n'ai, jusqu'alors, pas trop tiré sur l'ambulance, car c'est un peu trop facile de taper toujours sur eux. La création de l'AFA a fait naître de grands espoirs (de trop grands sans doute), leurs "mauvais" chiffres, certaines maladresses, surtout à leur début, les ont rendus impopulaires.... on aime bien en France taper sur les administrations.
Cela ne doit pas toujours être facile de faire l'équilibre, entre la nécessité du "chiffre" mais aussi la qualité. Je tiens tout de même à dire que les médecins de l'AFA (à l'époque où il y en avait plusieurs et toujours maintenant où leur nombre est moins nombreux) ont toujours cru aux Consultations d'Adoption, et ont toujours cherché à collaborer avec nous et à soutenir nos actions. Confrontés eux aussi à donner ces fameux avis avant l'adoption, ils ont orientés (à juste raison) vers les consultations d'adoption... cela n'a pas toujours été fait par les médecins, mais par d'autres intervenants de l'AFA, et parfois sans voir l'expérience de ces consultations. Cela n'a pas rendu service, ni à des familles, encore moins à des jeunes consultations d'adoption. Puisque je suis un peu méchant aujourd'hui, il y a quelques années, je me suis même posé la question (peut être que je me trompe) de savoir si l'AFA qui était alors critiquée de toute part ne tentait pas de récupérer les retombées positives de consultations, en nous mettant un peu trop en avant, y compris les plus jeunes d'entre nous, qui avaient besoin de gagner de l'expérience dans le suivi des enfants adoptés avant de se lancer dans le grand danger de la consultation préadoption.

Lors des diverses formation que je fais, j'explique que si un bilan d'arrivée peut être réalisé (et de bonne qualité) de manière assez rapide par quelqu'un qui a encore peu d'expériences, pour une consultation pré-adoption, je conseille d'avoir de la bouteille : au moins trois ans d'ancienneté avec au moins 50 consultations d'adoption annuelle.

L'expérience ne s'improvise pas.

Les deux brèves, c'est pour deux consultations récentes.

"Foncez, il est mignon" : c'est ce qu'a dit une médecin, tout à fait compétente pour certaines pathologies, elle a une très bonne réputation méritée, mais elle ne connaît pas trop de choses relatives à l'adoption (on ne peut pas tout savoir).... lorsque je vois cette famille en consultation préadoption, sur la photo, je trouve ce petit enfant effectivement bien mignon, mais ce qui me semble évident aussi, c'est la très très forte suspicion de SAF. Ce n'est pas facile, mais bien entendu, j'annonce ce diagnostic aux parents.
Même pour un gros bonhomme blindé, ce n'est pas facile de le dire, d'expliquer les conséquences, je sais que plus de 9 fois sur 10 après une telle annonce, l'adoption ne se fera pas, mais comme le disait Mr Monchau lors de la journée Elisabeth Rousseau : "il vaut mieux qu'une adoption ne se fasse pas, plutôt que de la rater", les parents ont le droit de savoir, nous devons leur expliquer ce que nous savons, nous ne devons surtout pas prendre leur place, et il faut être ferme (avec soi-même et ne pas répondre) quand ils vous demandent : "et à notre place que feriez vous ?". Chacun à sa propre histoire, et ce serait très dangereux de décider pour les autres.
Mais vous comprendrez que pour des diagnostics aussi dur, je préfère les dire entre quatre yeux que de les annoncer à des parents qui se retrouveront seuls devant leur ordinateur pour se le prendre en "pleine gueule".

Une fois encore, c'est avant tout à l'enfant que je pense, si l'adoption d'un enfant trop éloigné du désir de ses parents adoptifs, aboutit à une deuxième abandon , c'est sans doute, une des pires choses qui peut arriver à un être humain.


"Avant d'adopter, exigez des enfants parfaits !" : là l'histoire est différente, et finalement plus joyeuse, car j'ai eu beaucoup moins d'inquiétude pour cet enfant. Il s'agit d'un dossier russe, assez classique, donc assez effrayant. j'en ai déjà parlé et . Dans ces "charmants" dossiers, pour des raisons déjà largement évoquées, les enfants sont remplis de pathologies pas toujours réelles, 99% (je n'exagère pas) ont des encéphalopathies périnatales anoxiques, pourtant la plupart vont bien..... et n'en auraient aucune séquelles ? Les 3/4 auraient des malformations cardiaques, dont la fameuse corde ou chorde supplémentaire ? Pourtant la plupart n'en ont aucun signe et quand on pousse (ce qui est rarement utile) à faire une échographie on retrouve la plupart du temps, un petit coeur qui va bien.
Un ami d'ami médecin avait gentiment accepté de donner son avis pour le dossier de ce petit russe. Voilà quelle a été sa conclusion, qui montre combien ce confrère ne connaît pas grand chose à l'adoption : l'enfant parfait n'a jamais existé et dans l'entonnoir actuel.... "le beau bébé blond aux yeux bleus en pleine forme" n'a jamais été aussi loin !
Il n'y a pas de raison d'en vouloir à ce confrère, qui a dû se sentir extrêmement mal à l'aise face à une demande qu'il n'a osé refuser, sa conclusion (d'annoncer que cet enfant sera lourdement handicapé) est logique si on lit ce dossier comme un dossier français.... mais ce n'était pas un dossier français !

A relire aussi ce billet où j'explique les pièges de l'eugénisme et de l'angélisme.

vendredi 24 juin 2011

Appel à témoignage : difficultés visuelles et adoption

Je ne fais pas souvent le relais à ces demandes de journaliste, pourtant cela m'est souvent demandé. J'ai eu des journaleux, pour des revues intellectuelles comme Voici qui me demandaient de les aider à trouver des témoins pour des articles ou des émissions sur des thèmes aussi passionants que : "Adopter un doberman ou un paraguayen, quel est le plus économique ?" ou "la place de l'enfant adopté à l'école : au piquet bien sûr !"....

Mais là, il s'agit d'une chaine sérieuse, d'une émission très spécialisée qui m'a l'air bien, et ma position sur adoption et handicap étant claire, je n'hésite pas à faire suivre.



CECITE ET ADOPTION – DOCUMENTAIRE - FRANCE 5
APPEL A TEMOINS
Dans le cadre d’un documentaire sur le thème de l’adoption et la déficience visuelle, nous recherchons le témoignage de personnes malvoyantes ou aveugles ayant adopté un enfant ou souhaitant entamer une telle démarche ainsi que le témoignage de travailleurs sociaux qui ont été amenés à suivre des dossiers et à accorder (ou pas) des agréments à des personnes déficientes visuelles-
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Si dans la loi aucun refus ne peut être fait sous prétexte de handicap, dans les faits les jugements des Conseils Généraux restent très compliqués lorsqu’il s’agit de délivrer, à des parents aveugles ou malvoyants, un agrément en vue d’une adoption. La délivrance ou le refus de délivrance sont à l’entière discrétion des travailleurs sociaux en charge des demandes.
Basé sur plusieurs témoignages, le documentaire se propose d’apporter un éclairage
sur les difficultés rencontrées par des parents déficients visuels qui se sont lancés dans une démarche d’adoption.
Quels sont les obstacles à surmonter pour obtenir l’agrément d’une part, trouver un enfant à adopter d’autre part ?
Comment s’organise ensuite, la vie avec l’enfant ?
Quel sentiment en devenant enfin parent…

Merci de bien vouloir contacter :
Christine Stromboni – réalisatrice
christine.stromboni@free.fr
06 07 68 66 41

Deux "gros" pour redonner le sourire aux enfants de Haiti

Hier, deux billets dans chacun de mes blogs portaient le même titre, aujourd'hui je fais encore mieux, c'est le même billet qui se retrouve dans chacun de mes blogs.

En fait un lien qui redonne un peu le sourire sur ce pays aimé et dévasté.

jeudi 23 juin 2011

Parigots, têtes de veaux




Cela fait longtemps que je voulais écrire ce message, à l'origine il devait s'appeler : « les jours, où je suis pas très fier de moi ». Mais finalement, je trouve assez amusant que deux billets écrits en même sur mes deux blogs portent le même titre. Même si je vais passer pour le gros plouc raciste.

Quels sont les jours où je ne suis pas fier de moi ?



Cela m’arrive finalement assez souvent :



C’est par exemple, lorsque je demande à une maman dont je suis l’enfant en consultation : « le petit frère c'est pour quand ? » Et que celle-ci, rougissante me répond : « non je ne suis pas enceinte, j'ai juste pris un peu de poids ». Là je peux vous dire que je passe sous mon bureau , afin que plus personne ne me voit jamais, jamais, jamais !





C'était par exemple, le matin de la journée Élisabeth Rousseau lorsque mon ami Chang, taquin et goguenard comme il sait souvent l’être me balance : « alors un peu pressé et un peu stressé ce matin ! », Et que je comprends que le conducteur de la voiture, qui m'a très légèrement grillé la priorité, et que j'ai copieusement klaxonner : c'était lui. J'ai déjà avoué sur les ondes (Autoroute Info) que je n'étais pas un calme au volant. Je m’en repens et j'en ai honte !




Mais ce qui me donne le plus de de honte, c'est commettre une injustice. J'en avais commis une grosse sur ce blog il y a quelques mois et en bon adepte de l'autocritique je vais maintenant la réparer.

Les blogs sont dangereux, on oublie parfois qu’il ne s’agit pas de journaux intimes et que finalement beaucoup de gens les lisent. Je devrais me méfier, car avec près de 1000 de connections par jour en 2010, je ne suis pas seul dans ce journal intime.





Celui qui m'a initié aux joies du blog, c’est un curé (si, si c’est vrai, ne croyez pas que je vous raconte un blague de Toto, son blog est d'ailleurs en lien ici). Certaines mésaventures lui sont arrivées :




Il se moque dans son blog de son « collègue » traditionaliste de la rue d’à côté, en soutane et col romain. Boum : celui-ci lui met un petit mot sur son blog ! Cela c’est fini à l’apéritif.




Il allume un « confrère » américain, jeune prêtre, beau gosse qui participe à des tournois de poker télévisé afin de remplir les caisses de sa paroisse : Boum, celui-ci parfaitement francophone et lecteur de blogs outre-Atlantique lui dépose un mot sur son blog ! La distance était trop lointaine pour se permettre un apéro.





Parfois on espère que son blog soit lu, mais il me semble qu'à d'autres moments on ne s’en rend pas du tout compte. Lorsqu'il y a quelques mois, j'allumais une journaliste de la capitale, qui s'étonnait que la principale consultation adoption d'Europe soit basée dans la misérable ville de Dijon je dois avouer que j'espérais peut-être qu'elle lise ce billet. Billet particulièrement lourdingue, surtout lorsque j'ai découvert secondairement combien cette journaliste était sympathique et surtout pas aussi parigote que cela.





J'avais tapé, méchamment, bêtement sur la mauvaise personne, même si elle ne me le demandait pas je m'en suis excusé et je m'en excuse encore.

Toujours est-il que le parisianisme est une catastrophe. Plus que parisianisme c'est le centralisme de notre pays qui est horripilant.





Prenez garde de ne pas me faire dire ce que je ne de ce que je n'ai pas dit. J'ai des amis parisiens (si,si), j'ai de la famille à Paris, je pense que Paris est une des plus belles villes du monde, j'ai adoré le dernier Woody Allen qui rend hommage cette ville. Mais les parisiens doivent se rappeler que leur ville n'est pas le centre du monde, et que les ploucs sont tout aussi capables de grandes choses.








La première chose c'est d'arrêter de parler de la province et des provinciaux, pour parler de régions aussi différentes que la Bourgogne, la Bretagne, la Provence, le Pays basque, l’Aquitaine, la Normandie et j'en passe. Cela me hérisse autant que lorsque pour parler des pays d'origine des enfants adoptés, j'entends certains parler de « ces pays-là ».




Les journalistes, les politiques sont souvent les champions dans leur précipitation, leur facilité de prendre un avis au plus près plutôt que de chercher à quelques centaines de kilomètres un peu plus de compétences. On a bien vu le « niveau » des intervenants en 2010 pour parler de l'adoption d'Haïti. Les familles continuent à en payer les conséquences : la réplique actuelle du séisme étant le refus des adoptions plénières. Le passage devant le tribunal serait sans doute moins stressant si tout et n'importe quoi n'avait pas été dit par des incompétents de la capitale.




PS : l'image c'est pas pour le parisien tête de chien, c'est pour exprimer mon mea culpa !

Un malin au Bénin


C'est officiel : dans le Journal Officiel de la République Française du 17 juin 2011, un décret du 15 juin de cette même année, nous annonce que M. l'ambassadeur Jean-Paul Monchau devient ambassadeur auprès de la république du Bénin.

Vous me pardonnerez le titre de ce billet, un peu carabin et dans le style du Canard enchaîné, mais il ne cache pas mon inquiétude. Nous savons ce que nous perdons nous ne savons pas ce que nous allons gagner.

J’ai déjà parlé à plusieurs reprises dans ce blog de M. Monchau, après notre première rencontre au Conseil Supérieur de l'Adoption lorsque j'avais ressenti un vent nouveau et il y a quelques mois lors de son intervention la Journée Élisabeth Rousseau.

J'apprécie beaucoup de choses chez ce monsieur.

Sa franchise, et son ton qui n'est absolument pas « diplomatique », quand M. Monchau avait besoin de dire quelque chose, il le disait.

J'ai aussi beaucoup apprécié la vitesse qu'il a eue pour comprendre les choses, pour voir ce qui allait et ce qui n'allait pas dans l'adoption et sa volonté d'améliorer les choses, même s'il ne restera pas assez longtemps pour déplacer certaines montagnes.

Si je devais retenir que deux choses de ses fonctions en tant qu'ambassadeur de l'adoption internationale (rôle qu'il a été le premier à exercer), en premier lieu ce serait Haïti et en deuxième lieu son action pour les consultations d’adoption.

L'histoire vous révélera petit à petit certains des dessous des rapatriements après le séisme. Sachez juste que M. Monchau a plus que mouiller sa chemise, et a parfois mis sa carrière en danger pour sauver les enfants. À cela je dis « Chapeau bas ».

Très vite M.Monchau a aussi compris l'intérêt des consultations d’adoption. Le PLUS en termes de qualité que cela représentait, avant tout pour les enfants, mais aussi pour leur famille, et enfin pour l'image de l'adoption française dans le monde. Il a été un soutien essentiel pour nos structures, son départ m'inquiète.

Je ne sais qui le remplacera, ce n'est pas moi, car si ce poste m’intéresse, je ne suis candidat que pour dans 10 ans, pas moins !

D'ici là, je ne peux que souhaiter tous mes voeux à M. Monchau et espérer une mission à Porto-Novo, pour pouvoir parler de l'adoption aux Béninois, et aussi partager quelques Ferrero Rocher avec mon ambassadeur préféré.

mardi 21 juin 2011

Les raisons de la séparation : particularités éthiopiennes.

Voici quelques précisions par rapport au gros travail sur les raisons de la séparation et les raisons de l'adoption, et dont la publication dans le blog depuis quelques jours. Je vous l’avais évoqué lors du passage télévisé de mon ami JJ Choulot, dont les d'accord par rapport à ce qu'il disait la famille qui vient d'adopter une petite fille en Éthiopie. Dans notre étude, à peu près 10 % des raisons de la séparation sont provoqués par le décès parents. Nous avions été surpris, car cette cause, relativement peu représenté dans la plupart des pays du monde été largement majoritaire en Éthiopie, où 75 % des enfants seraient adoptés parce qu'ils sont orphelins ! Si je me souviens bien, en enlevant l'Éthiopie, la raison « décès parents » ne représentaient plus de pour cent, mais seulement 5 % des causes de séparation.
À cela, se rajouter le témoignage de certains enfants. Après l'apprentissage du français, certains enfants arrivant d'Éthiopie racontèrent alors parents, des histoires tout à fait différentes, que la version officielle des parents décédés. Ces versions étaient tout à fait plausibles, vu l'abondance de détails, et l'âge des enfants. Je me doutais donc que pour un certain nombre de cas : annoncer que les enfants adoptables étaient orphelins, était au mieux une facilitation administrative….. ce qui m’a été confirmé par des OAA, connaissant bien l’Ethiopie, qui me disait qu’on leur parlait plus de « social orphans » : orphelins sociaux….
Depuis, car ce gros boulot commun avec Julien, ne concerne que les 800 premiers enfants de ma consultation, et il faudrait analyser en détail les 1300 suivants…. Je vois moins « d’orphelins éthiopiens » et la cause principal dans ce pays est « trouvé dans la rue » (abandon non sécurisé)…. Là encore, réalité ou simplification administrative….
Tout cela pour dire que toute étude comporte des biais, que les chiffres bruts ne suffisent pas et qu’il faut savoir analyser avec expérience… et qu’il faut surtout être prudent avec les enfants…. Je suis quelques enfants éthiopiens qui ne vont pas toujours très bien, alors qu’officiellement, ils sont orphelins, donc l’adoption était une bonne solution pour eux, donc ils devraient aller bien…. Peut être, mais pas toujours….

Soyons vigilants, respectons les enfants et écoutons les !

samedi 18 juin 2011

Les particularités de l'adoption à Madagascar.

Dernière petite publication marseillaise, il s'agit là d'un petit travail spécifique sur Madagascar, présenté sous forme d'une "Poster commenté", en voici une forme développée et "vulgarisée" :


Les particularités des enfants malgaches adoptés en France
Données de la Consultation Adoption Outremer du CHU de Dijon


de Monléon JV (PH), Goutchkoff L (Interne de Pédiatrie), Teumagnie M (Interne de Pédiatrie), Merville N (Interne de Pédiatrie), Huet F (PU-PH, Doyen de la Faculté)
Consultation Adoption Outremer
Pédiatrie 1- CHU de Dijon



Résumé : Depuis une dizaine d’années Madagascar est un des principaux pays d’origine pour les enfants adoptés en France. Les causes de l’abandon sont essentiellement socio-économiques mais aussi culturelle avec la particularité des jumeaux de Mananjary. Les causes de l’adoption étant principalement dues aux défauts de fécondité. Parmi les problèmes de santé prédominent les parasites et la dénutrition, ainsi que des soucis dont l’évidence n’apparaît qu’après l’arrivée en France : des pubertés trop rapides, des troubles du comportement, mais aussi des hépatites B non diagnostiquées à Madagascar.

Mots-clés : Adoption, Enfant, Madagascar

Abstract : The particularities of Malagasy children adopted in France. Dijon Overseas Adoption Clinics Data.
For the past ten years, most of the children adopted in France have been coming from Madagascar. The children are abandoned mainly for social and economic reasons, but also for cultural reasons as with the particular case of the Mananjary twins. The main cause for adoption being mainly due to fertility problems. The most important health problems of these children are parasites and malnutrition. Other problems appear later, after their arrival in France : accelerated puberty, abnormal behaviour, but also B hepatitises that have not been diagnosed in Madagascar.

Key words : Adoption, Child, Madagascar




La Consultation d’Adoption Outremer (CAO) du CHU de Dijon est le principal centre d’accueil et de suivi des enfants adoptés en France. Depuis sa création en juin 1999, jusqu’au mois de juin 2009, elle a permis le suivi de plus de 1800 enfants originaires de 66 pays différents.
Malgré la fermeture de l’adoption malgache depuis quelques années, les enfants adoptés à Madagascar occupent une part importante dans cette consultation, puisque 87 enfants ont été suivis, ce qui situe ce pays à la sixième place (après Haïti, la Colombie, l’Ethiopie, le Vietnam et la Russie). Ce sont les données de cette cohorte qui sont ici présentées.

Données générales :
Les 87 enfants sont issus de 74 familles biologiques puisque plusieurs fratries ont été adoptées. Certains foyers ayant adopté plusieurs enfants, on retrouve, pour ces 87 enfants, 63 familles adoptives : une famille a, par exemple, adopté quatre enfants issus de 3 fratries différentes.
Sex-ratio : il est de 30 garçons pour 57 filles (34% de garçons). La prédominance féminine s’explique par une préférence masculine qui existe dans de nombreuses sociétés (1,2), discriminante pour les filles, qui seront ainsi les enfants dont les parents se débarrasseront en premier. Elle se retrouve dans la population générale des enfants suivis dans la CAO, où le sex-ratio est de 736 garçons sur 1624 enfants (45% de garçons). Cette différence est encore plus nette à Madagascar, sans que des causes soient clairement identifiées.
Age au moment de l’adoption : les enfants malgaches étaient âgés d’un mois à sept ans et dix mois au moment de leur adoption. Un seul a été adopté avant l’âge de 3 mois, mais près des trois quarts (62/87) ont moins de deux ans au moment de leur adoption. Aucun n’a été adopté après l’âge de 8 ans. En comparaison, dans la population générale de la CAO, 4% sont adoptés avant 3 mois, 50% avant 2 ans, et 3% après l’âge de 8 ans.
La séparation :
Raisons de la séparation :
Parmi les multiples causes qui poussent des familles à se séparer de leurs enfants, deux sont particulièrement représentées à Madagascar.
La cause à la fois sociale et économique est la cause principale, avec 54 % des cas (47 enfants) et, pour 46 enfants, la raison plus précise en est une mère seule sans revenu, le père étant parti pendant la grossesse. Ceci témoigne des importants soucis économiques du pays, mais aussi de la perte de certaines valeurs comme la structure familiale.
La deuxième cause de séparation (22 %) est culturelle (19/87). Pour un enfant, originaire de la capitale malgache Antananarivo, il s’agissait d’une suspicion de malédiction (de nombreux enfants étant morts en bas âge dans cette famille). Pour les 18 autres, c’est une particularité régionale, un interdit (fady) par rapport aux jumeaux, qui touche l’ethnie des Antambahoaka sur la côte est du pays. Ainsi, sur les 87 enfants de cette cohorte, 20 sont issus de grossesses gémellaires, parmi lesquels 18 (issus de 11 fratries biologiques) viennent de la ville de Mananjary, capitale de l’ethnie en question. Et c’est bien la « malédiction des jumeaux » qui les empêche de rester auprès de leur famille biologique (1, 3, 4).
Pour ces deux causes (mère abandonnée sans revenus et raison culturelle), une telle proportion n’est retrouvée dans aucun autre pays. D’autres raisons sont retrouvées de manière plus confidentielle : cause sociale dans 5 cas (enfant né hors mariage ou refus de l’enfant par le nouveau conjoint maternel), orphelins à 4 reprises, raison purement économique dans 8 cas, une décision administrative de retrait d’enfant par les autorités suite à des carences, un problème de santé grave chez un enfant ayant justifié son adoption pour lui permettre d’avoir des soins appropriés, et enfin deux enfants trouvés.
Origine régionale :
La majorité des enfants (53/87, soit 61 %) sont originaires de la capitale Antananarivo ou de sa proche banlieue, 22 de la petite ville de Mananjary (25%) sans doute du fait de la particularité de l’adoption des jumeaux dans cette région, 6 viennent de l’île de Sainte Marie (Nosy Boraha), et 4 de la ville importante d’Antsirabe, à deux heures d’Antananarivo.
Le principal orphelinat, dans notre série, est le CATJA : Centre d’Accueil et de Transit des Jumeaux Abandonnés qui se situe, comme déjà indiqué, à Mananjary.
Seuls 7 enfants ne sont pas passés par des orphelinats, ayant été pris en charge dans des familles d’accueil ou, dans un cas, ayant été adopté dès la sortie d’une hospitalisation.
Les parents adoptifs :
Les 63 familles adoptives sont représentées par 59 couples, 3 mères célibataires et une maman veuve, dont le projet d’adoption datait d’avant le décès de son mari.
Au moment de l’adoption, l’âge des parents variait de 26 à 69 ans.
Age : si seul un père est âgé de moins de 30 ans, la majorité des parents (49 % des pères et 64 % des mères) ont entre 30 et 40 ans au moment de l’adoption, et peu sont âgés de plus de 50 ans (6 % des pères et 4 % des mères).
Profession : comme souvent dans l’adoption internationale, le niveau socio-économique des familles adoptives est élevé, 41 % sont de très haut niveau professionnel (chef d’entreprise, cadres, médecins, etc) et 54 % font partie de la classe moyenne à supérieure (infirmiers, techniciens, enseignants, etc), on peut noter des professions plus originales avec un père pasteur et un autre qui est un célèbre écrivain.
Les raisons de l’adoption : sont assez proches des raisons retrouvées dans toutes les adoptions, qui sont, pour 75 % des soucis de fécondité, pour 15 % le célibat (essentiellement féminin) et pour 10 % une cause « humanitaire », c’est-à-dire des couples ayant déjà des enfants, et qui font le choix d’adopter après souvent 2 ou 3 enfants biologiques ; en ce cas, le désir d’agrandir la famille reste toutefois la cause principale de l’adoption. Ces proportions sont comparables à celles de la population générale (1).
La Santé des enfants adoptés :
Les circonstances de la consultation : Trente-six enfants ont été vus lors d’un bilan d’arrivée, c’est-à-dire lors d’une consultation peu de temps après leur arrivée en France, les autres (51) à distance de l’adoption. L’analyse des problèmes de santé se fera sur la totalité des dossiers.
Liste des antécédents sanitaires annoncés à Madagascar :
Il s’agit des pathologies annoncées aux parents de façon orale ou présentes dans les dossiers médicaux :
Dénutrition 15
Paludisme 14
Parasites intestinaux et GEA 12
Problèmes dermatologiques 11
Infections bactériennes 4
Carence de soins 2
Hépatite Virale B 1
Convulsions 1
Liste des problèmes sanitaires confirmés en France :
Dénutrition 39 (15)
Parasites Intestinaux 29 (12)
Puberté Avancée 17
Problèmes dermatologiques 10 (11)
Asthme, allergie 9
Puberté Précoce 7
Troubles du comportement modérés 7
Erreur d'âge ou doute sur l’âge 6
Hépatite Virale B (dont 2 guéries) 5 (1)
Drépanocytose hétérozygote 5
Rachitisme 4
Retard mental 3
Epilepsie 2
Cysticercose 2
Troubles de l’audition 2
Paludisme 2 (14)
Tuberculose tardive 1
Entre parenthèses, il s’agit du nombre de fois où cette pathologie était annoncée à Madagascar. Les discordances sont assez faciles à expliquer. Une pathologie est plus représentée à Madagascar qu’en France : le paludisme ; en effet, une fois traité efficacement, celui-ci a peu de risques de se reproduire en zone non impaludée, et les deux seuls cas constatés en France l’ont été dans les semaines qui ont suivi l’arrivée en Europe.
La dénutrition et la présence de parasites intestinaux sont bien plus souvent signalées en France qu’à Madagascar. La différence tient au fait que l’état nutritionnel infantile étant meilleur dans un pays favorisé, les critères ne seront pas les mêmes, et l’inquiétude plus importante que dans un pays plus défavorisé. Toujours sur la plan nutritionnel, les quatre cas de rachitisme sont à noter car ils auraient pu être évités avec une exposition au soleil régulière, de ces enfants jeunes, trop souvent placés à l’intérieur des orphelinats, et ne bénéficiant pas de sorties suffisantes. Les pubertés précoces et avancées sont due au changement (principalement alimentaire) secondaire à l’adoption. Elles touchent principalement les petites filles et elles n’apparaissent qu’après l’adoption, leur diagnostic différentiel en sont les doutes sur l’âge (4,5,6).
D’autres pathologies, comme les retards mentaux (3 cas) ou les troubles du comportement (7 cas), ne sont devenues évidentes qu’après une évolution de quelques années ; il en est de même des deux cas de cysticercose mais aussi de l’unique cas de tuberculose, dont la contamination probable a eu lieu en France et non à Madagascar. Un à deux cas des retards mentaux auraient pu être toutefois suspectés dès l’adoption.
Les cas d’asthme et d’épilepsie, ainsi que les troubles de l’audition (appareillables) sont des pathologies courantes, de fréquence élevée, dont l’étiologie n’a rien à voir avec l’adoption et les origines des enfants.
Les cinq cas de drépanocytoses hétérozygotes étaient totalement asymptomatiques cliniquement et n’auront pas de conséquences sur la santé des enfants, ils n’ont été découverts que par des examens systématiques.
Sur les cinq cas d’hépatite B, un seul cas avait été diagnostiqué, deux autres ont montré des traces d’immunité ancienne de cette maladie, les enfants ayant guéri spontanément. Pour les deux cas restants, il s’agit de formes actives, dont la découverte lors du bilan d’arrivée a choqué les parents du fait de la gravité potentielle de cette pathologie. D’autant qu’il s’agit d’une maladie fréquente dans la population des enfants adoptés (4,5).
Il faut toutefois préciser que la plupart des enfants malgaches adoptés en France vont bien, notamment une fois que certaines pathologies (parasitose, dénutrition, etc..) sont corrigées. Ils s’adaptent particulièrement bien dans leurs familles, la cause en étant probablement, autre particularité de l’adoption dans ce pays, l’attachement des parents adoptifs envers la grande île : on ne revient pas indemne de Madagascar. Et la mise en place de liens affectifs se fait d’autant mieux que le pays d’origine est aimé et respecté
On peut cependant souhaiter que la meilleure information des familles, mais aussi des professionnels de l’enfance français et malgaches, permettent d’éviter des discordances entre l’enfant et que certaines pathologies graves comme les troubles neuro-psychologiques ou l’hépatite B soient mieux appréhendées, et mieux prises en charge dès leur diagnostic.
1- Pierron J. Données socio-familiales de l'adoption internationale en France : étude descriptive réalisée à partir des dossiers des 800 premiers enfants vus à la consultation d'adoption Outremer. Dijon, 2007. Thèse Médecine.
2- de Monléon JV. Qui sont mes parents? Filiation adoptive en fonction du temps et de l'endroit. Arch Pediatr 2000 ; 5 : 529-535.
3- Caille L. Les jumeaux maudits de Mamanjary, in Le Monde : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2008/09/05/madagascar-les-jumeaux-maudits-de-mananjary_1091891_3212.html
4- de Monléon JV. Naître là-bas, Grandir ici, L’adoption Internationale. Paris : Belin, 2003.
5- Choulot JJ, Mechain S, Saint Martin J, Doireau V, Mensire A. Adoption et portage chronique du virus B. Arch Pediatr 1998 ; 5 : 869-72.
6- de Monléon JV. Surveillance de la croissance des enfants adoptés à l’étranger. Ann Endoc 2001 ; 62 (5) : 458-460.

Les Raisons de l'Abandon, les Raisons de l'Adoption.

Voici la deuxième conférence que j'ai faite lors du gros congrès de pédiatrie à Marseille.
Cette conférence avait lieu dans le cadre d'une table ronde sur l'adoption que j'ai eu l'honneur d'organiser et de co-présider.
Les autres intervenants étaient Aubeline Vinay, une fois encore parfaite pour parler de l'adolescence des adoptés, et s'éloigner des commentaires imbéciles du billet précédent... et la vice-Présidente de RAcines Coréennes qui aura droit a un billet spécial.

Tout comme le précédent, cet article est paru dans les Archives de Pédiatrie (revue référencée dans la littérature scientifique mondiale), toute citation de cet article doit donc reprendre son titre, ses auteurs et la référence au journal, merci.


Les raisons de l’abandon et de l’adoption.
Etude prospective portant sur 800 cas.

JV de Monléon, J Pierron, F Huet, Pédiatrie 1, Hôpital d’Enfants, CHU de Dijon,10 Bd Maréchal de Lattre de Tassigny, 21000 Dijon, France.
jvm@chu-dijon.fr

Les enfants adoptés sont trop souvent réunis sous de mêmes étiquettes, que l’on parle d’« orphelins », d’enfants « abandonnés », ou de « ces pays là… », pour désigner les pays d’origine, tout cela cache la diversité du phénomène adoption. Le but de cette étude est de mieux appréhender les données socio-familiales de l’adoption internationale en France.

Matériel et Méthodes
Cette étude a été réalisée à partir des dossiers de 800 enfants vus dans le cadre de la Consultation d’Adoption Outremer du CHU de Dijon, de juin 1999 à janvier 2006. Ces 800 enfants proviennent de 614 familles : 530 couples et 84 mères célibataires, sans aucun couple homoparental déclaré ni adoption par des pères célibataires.
Le recueil des données a été effectué à partir de feuilles de calcul Excel®, en attribuant un numéro d’anonymat à chacun des 800 enfants. Le test exact de Fisher et le test Khi-2 ont été utilisés.

Résultats
La séparation.
Les enfants sont originaires des cinq continents : 34% d’Amérique latine, 24% d’Afrique, 23% d’Asie, 14% d’Europe et 5% d‘Océanie. Dix pays d’origine, représentent 72 % de l’effectif des enfants soit dans l’ordre décroissant de taille des effectifs : la Colombie, Haïti, le Vietnam, Madagascar, l’Ethiopie, la Chine, le Guatemala, la Polynésie, la Roumanie et la Russie.
Le sex-ratio est en faveur des filles (58%), ceci dans tous les continents. La différence la plus marquée est retrouvée en Asie (70%), due essentiellement à la Chine (100% de filles). La Thaïlande (société matriarcale), est un des rares pays où les garçons adoptés sont majoritaires (58%).
Les raisons qui ont poussé la famille biologique à se séparer des enfants ont été particulièrement étudiées. Elles sont très variables selon le pays d’origine, et les circonstances propres à chaque famille. Toute séparation n’est pas un abandon et tous les enfants ne peuvent être appelés orphelins.
Nous avons différenciée, neuf causes différentes :
1- La raison socio-économique est la plus fréquente (37,6%), première ou deuxième cause de séparation selon le continent d’origine, elle est retrouvée dans tous les pays d’origine. Le manque de moyens financiers pour subvenir aux besoins de l’enfant, entraîne la séparation. Cette cause est souvent corrélée à des difficultés socio-familiales (un des parents a quitté le foyer familial, rendant la situation précaire)
2- La raison socio-familiale (8,9%), est évoquée lorsque le poids social indépendamment des difficultés économiques amène au rejet et à la séparation de l’enfant de son foyer biologique. Il peut s’agir d’enfant né hors mariage, de rejet ou de problèmes de santé des parents. Elle est majoritaire en Corée du sud et représente 23% des cas au Vietnam.
3- Le décès parental, les orphelins proprement dits, représente 10 % des causes de séparation. Mais cette proportion est souvent surévaluée, et le statut annoncé d’orphelin est parfois une facilitation administrative pour permettre l’adoption internationale. C’est notamment le cas en Ethiopie (75% dans ce pays).
4- Santé de l’enfant (1,8%), c’est lorsque l’enfant est porteur d’une pathologie difficile à prendre en charge dans son pays de naissance, en raison des infrastructures sanitaires ou des coûts des soins.
5- La carence de soins représente 13,6 %, elle est à la première place en Colombie, en Russie et au Brésil, et la deuxième en Ukraine. Elle correspond à une décision judicaire et nécessite des services sociaux développés et soucieux d’éviter des maltraitances physiques ou sociales.
6- L’abandon sécurisé (7,2 %), c’est lorsque les raisons exactes sont inconnues, mais que l’enfant peut être d’emblée pris en charge par des tiers (équivalent d’accouchement sous X, enfant amené à l’orphelinat, etc…)
7- Pour l’abandon Passif (13,5 %), à l’opposé, les conditions de séparation ne permettent pas d’emblée à l’enfant d’être pris en charge par des tiers (enfant trouvé dans la rue par exemple). Beaucoup plus élevé chez les filles (17% vs 9) c’est la seule raison, pour laquelle la différence entre les sexes est significative. La cause en est particulièrement de la Chine, où dans notre série, il s'agit pour 96 % des cas de petites filles trouvées dans la rue.
8- L’étiologie culturelle ne représente que 2,5%, mais 22% à Madagascar, dans certaines ethnies de ce pays la gémellité est censée portée malheur. C'est dans cette catégorie aussi feront que rentre le don d'enfants.
9- Raison Inconnue (4,9 %) C'est fréquemment le cas pour deux pays le Cambodge et le Mali ou malgré questionnement des familles adoptives aucune information n'est fournie.

L’adoption
Quatre raisons motivant l’adoption sont identifiées :
1- La stérilité représente presque trois quarts des raisons de l’adoption (74%), il s'agit dans ce cas de couples mariés ou non, désireux d'avoir des enfants mais n’y parvenant pas. Les démarches d'adoption sont le plus souvent précédées de parcours d'aide médicale à la procréation. Pour mémoire, avec la législation française, ne peut adopter de manière concomitante qu'un couple marié. Les couples concubins ou pacsés ne peuvent adopter que si l'un d’eux pouvant entreprend une démarche en célibataire. En ce cas, ces familles ont tout de même été classées dans la catégorie « stérilité ».
2- Assez proche des raisons de la stérilité, le risque congénital représente 3% des motivations des familles adoptives. Il s'agit de couples se sachant porteur de risques congénitaux ou dont une première grossesse a eu des conséquences graves, contre-indiquant une nouvelle filiation biologique
3- Le célibat, avec 12%, cette cause est en augmentation. Il s'agit essentiellement de célibat féminin (100 % dans notre série). Certaines associations de mères adoptives célibataires revendiquent d'ailleurs la raison « célibat » comme une forme d'infécondité, et ne souhaitent plus trop être différenciées.
4- L’adoption sans troubles de la fécondité représente 11 % des adoptions. Elle est parfois appelée adoption « humanitaire ». Mais, fort heureusement, elle correspond le plus souvent un désir d'agrandir sa famille plus qu'à la motivation de « sauver une vie ».

Les mères adoptives de notre étude sont âgées en moyenne de 38 ans et 11 mois à l’arrivée de l’enfant, qu'il s'agisse d'une première adoption ou non. Cet âge est un peu élevée pour les mères célibataires (41 ans 11 mois contre 38 ans 6 mois). Les pères adoptifs sont âgés de 40 ans en moyenne.
L'étude des Catégories Socio-Professionnelles des 614 familles de notre étude, montre que l’adoption internationale apparaît comme un privilège des classes favorisées. Les classes « supérieures » étant même encore plus représentées chez les mères vivant seules que chez les couples. Soixante-dix pour cent des chefs de familles adoptifs sont cadres, professions supérieures ou professions intermédiaires, alors que les employés ne représentent que 12% et les ouvriers 6%.
Nous avons pu parfois constater les différents significatifs en étudiant la raison d’adoption en fonction de la CSP des parents adoptifs. Sur l’ensemble des chefs de famille adoptifs, nous avons trouvé 26% de raison « humanitaire » chez les agriculteurs. Cette importante proportion est peut-être liée à l’ancienneté historique du placement et de l’accueil des enfants dans le monde rural, qui avait cours plus particulièrement au XIX e siècle en France. Alors que dans certains cas, l’adoption n’est réalisée que lorsqu’elle est obligatoire. La stérilité représente 88% chez les artisans, commerçants et 92% chez les ouvriers. Ces deux catégories socio-professionnelles manquent de temps pour la première, et de moyens financiers pour la deuxième. La réalisation d'une adoption réclame tout à la fois des moyens financiers et du temps.

Conclusion
Une des grandes particularités de l'adoption est son hétérogénéité. Les raisons de la séparation d’un pays à l’autre ne sont pas superposables et ne correspondent pas uniquement à des abandons ou à des décès parentaux. Le lien du sang, si prégnant dans notre société, n’est pas toujours essentiel. D’autres sociétés dans le monde, comme en Afrique ou en Polynésie, ne le considèrent pas comme tel.
Les résultats de cette étude rendent le titre de cet article caduc, il est sans doute plus logique de parler de séparation que d'abandon. Le mot abandon porte en effet un jugement de valeur sur l'action des parents biologiques. Le mot séparation correspond mieux à cette réalité et ne nie pas les souffrances de celle-ci. L’approche socio-culturelle de l’adoption internationale et de l’enfant adopté est fondamentale dans le suivi médical : elle doit être développée et devenir un complément naturel et nécessaire à l’approche médicale déjà existante. De manière plus générale, ne perdons pas de vue qu’en médecine, et surtout en pédiatrie, le patient doit être envisagé dans sa globalité par une approche médicale mais également sociale, culturelle, environnementale : bien plus qu’aux seuls enfants adoptés, cette approche est utile pour tout enfant quelle que soit sa filiation.

La bibliographie de cet article est disponible en contactant les auteurs.

Brève.....

Je suis de retour après une absence que j'avais prise pour bricoler et passer du temps en famille.... mes vertèbres lombaires en ont décidées autrement... adieu bricolage, mais aussi adieu petits écrits que je comptais faire, j'avais pas trop la tête à celà.... grace à des traitement de cheval... ça commence a allait mieux... quoique, quand je relis l'aigreur de mon commentaire sur le billet des baleines et des petites filles, je dois être encore pas si bien que cela pour m'exprimer de la sorte.

Désolé de ne pas vous avoir écrit de nouveaux billets, d'avoir du retard dans mes vos messages sur ma boite mail, je vais les relire et tenter d'y répondre peu à peu.... j'ai commencé....et....

Je ne peux m'empêcher de vous lire ce que m'envoie une famille : "Quand je parle de mon projet (d'adoption) à mon médecin traitant, à mon gynéco, ils me disent que l'adoption n'est qu'une source de problèmes, qu'ils ne connaissent pas une seule histoire d'adoption heureuse, qu'à l'adolescence tout vire au cauchemar etc..."

On a du boulot !

mercredi 1 juin 2011

Attestation Universitaire Accueil et Santé de l'Enfant Adopté : Première annonce

Pour la troisième année consécutive, je relance mon "petit" diplôme, encouragé par le succès des deux précédentes sessions, succès dû à la qualité des orateurs : Aubeline Vinay, Julien Pierron, Hervé Boechat et votre serviteur, mais aussi à la diversité, et la sympathie des "élèves". Donc, si vous êtes sympathiques et si l'adoption vous intéresse n'hésitez pas à vous inscrire.

Sont concernés, essentiellement les professionnels de l'enfance et/ou de l'adoption : enseignants, médecins, psys, éducateurs, juristes, personnel de l'ASE, membres d'OAA, etc, etc, etc.... mais aussi des parents et des enfants adoptés, pour peu qu'ils aient un projet de s'investir dans l'adoption, dans le cadre d'une association (EFA, MASF, OAA, Racines Coréennes, APPO, La Voix des Adoptés et j'en passe.

Le programme touchera en 4 jours, à tous les côtés de l'adoption, la culture, l'histoire, le mode d'emploi (à tous les niveaux), les polémiques, les échecs, les dérives, la santé mentale et psychologique, etc....

Les dates seront en principe les 1 et 2/12/2011 et 22 et 23/03/2012, on commence le jeudi pas trop tôt pour permettre d'arriver et le vendredi on finit pas trop tard pour permettre de repartir, mais le jeudi on finit tard et le vendredi on débute tôt.

Le lieu, c'est Dijon, dans l'hôpital d'enfants, le prix à quelque chose prêt (je n'ai aucun pouvoir pour le décider), un peu plus de 300 euros en inscription individuelle, le double en inscription par votre employeur (formation continue).

Les conditions pour s'inscrire : essentiellement de la motivation : il faut m'écrireune lettre en ce sens : Dr JV de Monléon, Pédiatrie 1, Hôpital d'Enfants, CHU de Dijon, 10 Bd Maréchal d eLattre de Tassigny, 21000 Dijon.

LA validation se fait sur la présentation d'un petit travail, soit sous forme orale, la dernière demi-journée, soit sous forme écrite (quelques pages).