vendredi 28 mai 2010

Anne-Marie

Après la Suisse, avec Hervé, voici la Belgique que j'ai envie de mettre à l'honneur avec Anne-Marie dans ma série des grands prénoms de l'adoption...

Un des avantages de l'anthropologie c'est d'être en dehors d'une société et ainsi de mieux se rendre compte de sa diversité, de ses défauts et de ses qualités...

Anne-Marie est un petit peu la Madame-Adoption-de-la-Wallonie (elle va hurler quand elle va lire cela, déjà qu'elle a dû dire, le salaud, il parle de moi sur son blog !), elle a une expérience immense dans l'adoption internationale, tout particulièrement dans les relations avec les pays d'origine.

Elle les connaît bien, sait ce qui s'y passe bien et ce qui y est plus catastrophique !
Elle sait voir aussi ce qui est bon dans notre pays. Dans l'adoption "à la française", elle aime beaucoup les consultations d'adoption pleines d'expériences, et ce quand nos politiques et décideurs ne savaient même pas que Jean-Jacques et moi existions (certains ne le savent toujours pas...... et d'autres doutent encore de notre originalité...).

Là, où elle plus critique (doux euphémisme) c'est par rapport à l'accompagnement des familles sur le chemin de l'adoption. L'adoption individuelle lui apparaît scandaleuse, pas comme le disent certains en ce moment parce que les parents qui adoptent en individuel font n'importe quoi, mais parce qu'on abandonne les parents, ne leur laissant parfois pas d'autres moyens que de faire n'importe quoi.... et elle n'a pas tort, si tous les parents en Haiti avaient été réellement accompagnés dans leurs démarches, la situation serait plus claire, on n'en serait pas à attendre des rapatriements et à laisser des parents dans l'angoisse et des enfants en danger.

Une autre chose la choque profondément, dans certains discours franchouillards où toute la faute est mise sur le dos des parents adoptifs, je rajoute à cela le discours de certains qui au nom de l'attachement mettent tout sur le dos des enfants, et on oublie une cause encore plus importante pour expliquer le mal-être de nos familles adoptives : la place de l'adoption dans notre société...

Enfin revenons à Anne-Marie, continue à nous engueuler, tes coups de gueule nous secouent, nous remuent, nous vexent mais plus que tout nous font avancer.... et si jamais comme le propose certains de tes compatriotes, la Wallonie doit être rattachée à la France, je vote pour toi pour faire le ménage chez nous !

10 commentaires:

z e n c h a dit…

Je devine qu'il s'agit d'Anne-Marie CRINE, psychologue, attachée au service de l’adoption de la communauté française de Belgique. Elle est consultante auprès du Service Social International du Centre international de l’enfant dans l’adoption.

Jean-Vital de Monléon a dit…

Bravo Zench, vous êtes incroyablement documenté, vous avez gagné..... rien, car le Crine ne paie pas (ouh le calembour foireux !)

Allez mettes vous au tableau avec la petite fille en premier plan, là c'est plus costaud.

Misou a dit…

Si vous avez des liens d'articles de cette dame, je suis preneuse !

Elle trouve que l'adoption individuelle est scandaleuse parce que les parents adoptifs sont abandonnés. Sans doute. Mais beaucoup donneraient cher pour pouvoir continuer à être abandonnés dans leurs démarches d'adoption, avec des angoisses, incertitudes, impuissance face aux administrations etc, dont on souffre sans doute beaucoup moins quand on est accompagné par un OAA. Parce qu'ils savent bien que s'il n'y a plus d'adoption individuelle en France, ils ne seront pas mieux accompagnés, mais ils ne pourront plus adopter du tout. Parce que l'arrêt de l'adoption individuelle ne se traduira pas par une multiplication des OAA qui pourront accueillir tous les postulants. D'ailleurs j'ai lu sur des forum des commentaires d'adoptants belges qui regrettaient que l'adoption individuelle ne soit plus possible dans leur pays.

z e n c h a dit…

@ JVM qui a écrit :
"Le Crine ne paie pas"

Ah ah ! Très bon !

z e n c h a dit…

@ Misou.

Une nouvelle procédure d'adoption en Belgique depuis septembre 2005.

...

A partir du 1er septembre 2005, il ne sera plus possible de faire le tour d'institutions à Haïti, Madagascar ou au Pérou pour y choisir un enfant. Une loi fédérale, un décret de la Communauté française et un accord de coopération entrent en vigueur à cette date. Le nouveau dispositif législatif interdit toute adoption via une filière libre. En clair: les candidats adoptants (couples hétérosexuels, mariés ou non, ou personnes seules) seront obligés de s'inscrire dans un processus encadré par la Communauté française.

Se préparer à adopter

Les futurs parents seront tenus de suivre une «préparation à l'adoption». «Il ne s'agit pas d'une formation mais d'un temps de maturation, qui remplace en quelque sorte les échographies et la préparation à la naissance des parents biologiques», insiste Anne-Marie Crine, attachée au service de l'adoption de la Direction générale de l'aide à la jeunesse (DGAJ). Cette préparation, de 6 à 8 mois, s'articule en trois phases (dont les deux premières sont organisées par l'Autorité centrale communautaire pour l'adoption). Première phase: l'information proprement dite sur les aspects juridiques, institutionnels, contextuels, ethniques et humains. Soit un module de dix heures par groupe de maximum 20 couples ou personnes seules. «Le but de ces séances est de retourner les cartes, de démonter les idées fausses et de donner une idée plus juste de l'adoption», poursuit Mme Crine.

Deuxième stade: la sensibilisation, en groupe de 10 couples maximum. Elle vise à la prise de conscience des enjeux psychologiques, familiaux et relationnels de l'adoption. « Les candidats s'investissent de manière émotionnelle et plus personnelle dans cette seconde étape », explique encore Mme Crine. Troisième séquence: l'élaboration du projet d'adoption, réalisé par l'organisme d'adoption choisi par les futurs parents. Soit deux entretiens avec l'assistant social, deux avec le psychologue et une consultation avec le médecin.

500 par an

«Le système a été élaboré pour 500 demandes d'adoption par an», précise Didier Dehou, directeur de l'Autorité communautaire pour l'adoption internationale (ACAI).

Munis de leur certificat de parents adoptants, les candidats devront ensuite obtenir, dans l'année, un jugement d'aptitude prononcé par le tribunal de la jeunesse. C'est ensuite l'Autorité centrale communautaire qui est chargée de l'«apparentement» entre les parents d'ici et les enfants de là-bas: envoi de documents à l'étranger; réception de la proposition d'enfant envoyée par l'autorité compétente du pays d'origine; accord sur l'adoption envisagée.

Objectif de la réforme: respecter l'éthique de la Convention de La Haye de 1993 sur la protection des enfants et la coopération en matière d'adoption internationale.

Il s'agit de garantir que l'enfant qui arrive en Belgique n'a été ni volé, ni acheté, ni fait sur mesure... «Ce n'est pas une vue de l'esprit. Cela existe», indique encore Mme Crine.


Source: La Libre Belgique 2005

OlivierM a dit…

Réponse pour Misou.
L'adoption par OAA n'est pas si rose que tu le penses. La procédure est bien gérée par l'OAA, mais dans ce cas, le sentiment d'impuissance est d'autant plus grand que tu ne gères rien : tu attends, tu attends et tu attends... Il n'y a pas de contact direct avec les crêches, donc pas de nouvelles de son (ses) enfant(s), sauf celles collectées avec l'ensemble des autres enfants ( un petit temps dans la masse des infos). Les OAA sont souvent débordés de procédures,le temps qu'il dispose pour vous est donc limité. Même s'ils font de leur mieux, notre attente (détresse au fil du temps) de parents adoptifs est par ailleurs trop forte...
Comme tu le dis, la disparition de l'adoption individuelle fermera la porte à beaucoup de postulants, par manque de place dans les listes d'attente des OAA. Certaines,toutes je pense, sont déjà submergées de candidats, mais la porte sera aussi fermée pour une catégorie de postulants (les solos) qui ne rentre pas dans les critères de sélection conformistes ou hypercathos de certaines OAA.
Est ce normal qu'après avoir eu un agrément, on doit repasser des test psy etc ??? Par ailleurs, pourquoi certaines OAA imposent le pays d'accueil sans tenir compte des volontés des futurs parents (tous;je sais c'est déplorable mais cela existe; ne sont pas préparé à adopter des enfants de couleurs...et puis il y a aussi des affinités avec certains pays)

Pour ma part, j'ai eu la chance d'avoir été retenu par une OAA très ouverte (les critères du pays d'origine sont les critères de retenu de l'OAA) mais pour l'avoir vécu toutes ne sont pas ainsi...

Pour l'instant, l'AFA ne semble pas en mesure de prendre en charge tout les postulants refusés par les OAA.

Olivier

Misou a dit…

Merci Zench pour ces précisions sur la procédure belge. L'aspect préparation à l'adoption semble bien organisé et ça manque en France. Mais j'aimerais connaître le nombre de candidats à l'adoption en Belgique, par rapport au nombre de 500 demandes par an prévues par le système belge. Et la phrase "l'organisme d'adoption choisi par les futurs parents" me fait sourire : les futurs parents peuvent vraiment choisir leur organisme en Belgique ? En France, les adoptants ne choisissent pas l'organisme : ils ont la chance pour quelques uns d'être choisis par un organisme et pour la plupart d'être refusés par tous...

Olivier, je ne crois pas que l'adoption par OAA soit rose. Mais il me semble qu'avec un OAA on peut mieux se consacrer à la rencontre avec l'enfant lors du voyage que lorsqu'on doit se débrouiller seul avec les formalités administratives dans un pays dont on ne connait pas la langue. Mais la période de l'attente est aussi difficile avec OAA ou en individuel. Et tout ça est à nuancer en fonction de l'OAA et du pays.

marie a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
marie a dit…

Un vrai accompagnement et une vraie préparation des parents adoptants, on en rêve. Si seulement les AS et psy des CG pouvaient suivre une petite formation.... Pour avoir rencontré la Dame, elle mérite effectivement une place dans les grands noms de l'adoption. Mais qui sera le prochain...?

z e n c h a dit…

@ Misou.

Je confirme.

En Belgique, les futurs parents adoptants peuvent vraiment choisir librement leur OAA.