lundi 28 décembre 2009

Attestation Universitaire Accueil et Santé de l'Enfant Adopté

Deux semaines et demi que la première session de "mon petit diplôme" a eu lieu, et avec le recul, j'en suis toujours ravi.
Mes "petits" étudiants étaient 26, et leur diversité a été, comme je l'espérais, un facteur de réussite !

Pas mal de médecins, mais pas tant parmi les plus bavards, des juristes, des enseignants, une reponsable d'OAA, des membres de cellule doption dans les Conseils Généraux, des membres d'associations de parents (EFA en particulier) et d'autres professionnels de la santé ou de l'enfance.

Même s'ils ne l'ont pas tous "avoués", une bonne proportion de ces "petits" étudiants, était représentée par des parent adoptifs ou postulants à l'adoption. Cela a pu se ressentir lors des débats qui furent "houleux juste ce qu'il faut" pour que chacun puisse exprimer ses opinions....

J'attends avec impatience la dexuième session, même si j'ai mis tout le week end à me remettre de la préparation et de la tension, car j'ai beau ne jmais avoir le trac, il y avait quand même de l'appréhension à l'idée de lancer ce nouveau et beau projet.

jeudi 17 décembre 2009

Adoption simple ou adoption plénière, malentendu au regard de la Polynésie Française

J'ai reçu hier le numéro de décembre de Tahiti Pacifique Magazine, mon article tant annoncé est paru. Je le fournis donc à votre sagacité.




Contrairement à la Polynésie française où l’adoption est séculaire, celle-ci n’est pas encore bien comprise en France, y compris par certaines autorités. Il est dommage que cette méconnaissance s’exporte parfois vers la Polynésie.
Le phénomène adoption est le prototype du sujet qui intéresse, qui émeut tout le monde. Mais, si tout le monde a son avis et n’a pas peur de l’exprimer, si certains débats font couler beaucoup d’encre, en fait peu de personnes ont véritablement les connaissances adéquates pour en juger.
Les débats récurrents et inadaptés entre les deux systèmes proposés par la loi, adoption simple ou adoption plénière, en sont la preuve. Pour le Français moyen, l’adoption simple serait un parent pauvre de l’adoption. Ce ne serait pas une adoption « pour de vrai » comme disent les enfants, mais plus une alliance avec une nouvelle famille, tout en maintenant des liens soutenus avec la famille de naissance. Si la réalité était celle-ci, l’adoption simple semble tout à fait adaptée à l’adoption d’adultes, à l’adoption dans un couple recomposé de l’enfant du conjoint, voir à l’adoption intrafamiliale en Polynésie (les fa’a’amu traditionnels). Elle est moins adaptée pour beaucoup d’adoption d’enfants, et tout particulièrement pour celle d’enfant adoptés en métropole et originaires d’autres région de la planète.
Contrairement à ce que beaucoup croie, rien dans le choix de l’un ou l’autre des modes adoptifs ne concerne l’affectif, et plus particulièrement le maintien de liens amicaux, ou affectueux. La différence entre ces deux modes est plus une question financière.

Deux éclairages peuvent aider à mieux saisir les enjeux de ce choix :
Le premier est historique (1). En France, depuis le déclin de l’empire romain jusqu’aux prémices de la révolution, l’adoption est inexistante. Souvent assimilée par l’Eglise à une reconnaissance d’enfants illégitimes, elle n’avait pas sa place dans le droit français, même si certains recueils d’enfants se transformaient en véritables adoptions. L’arrivée des grands principes révolutionnaires remet l’adoption au goût du jour, on veut même la rendre obligatoire ! Mais rien n’est fait (il y avait d’autres problèmes à traiter) et c’est finalement Napoléon qui, pour une raison personnelle (l’infécondité de son couple avec Joséphine et son désir d’adopter le fils de celle-ci, Eugène de Beauharnais) qui crée la première loi française sur l’adoption. Cette adoption est bien loin des grands principes révolutionnaires puisqu’elle ne concerne que des adultes consentants, et son principal objectif est la transmission d’héritage. Elle n’a donc rien d’affectif. Plus de 200 ans plus tard, la loi française sur l’adoption reste marquée par la transmission des biens, laquelle reste la principale différence entre les deux formes d’adoption. L’adoption simple reste très proche du désir impérial, alors que l’adoption plénière a peu à peu évoluée pour donner à un enfant adoptif les mêmes droits qu’à un enfant biologique.
Le second éclairage vient de la Polynésie. Ici, l’adoption est quelque chose qui est plus vécu que discuté, même si la situation évolue, si des dérives existent du fait des changements sociétaux des archipels. L’adoption y est restée pendant longtemps quelque chose de naturel, de fréquent. En bon anthropologue, j’ai souvent pensé que pour ce sujet l’expérience et la sagesse ma’ohi pouvait aider l’ignorance farani !
Malheureusement, le bon sens ne prend pas toujours la bonne direction et ce sont trop souvent des métropolitains qui ignorent certaines bases de l’adoption (en Polynésie mais aussi en France !) qui prennent les décisions sans avoir connaissance des bonnes raisons.
Lors de l’adoption d’un enfant polynésien par des popa’a, la décision du mode adoptif est parfois âprement discutée. Pour les parents adoptifs, l’adoption plénière apparaît comme le moyen de permettre une meilleure intégration de l’enfant dans sa famille et ils vont tout faire pour obtenir une adoption plénière. Celle-ci semble plus sécurisante pour l’enfant en matière d’héritage, surtout que l’obtention du nom de la famille adoptive est automatique. Si la plupart des magistrats et autres travailleurs sociaux font chercher la solution qui semblera la plus appropriée pour l’avenir de l’enfant, d’autres peuvent parfois se tromper lourdement. Sans vraiment avoir compris les tenants et aboutissants, ils vont demander une adoption simple, pensant qu’elle correspond mieux au maintien du lien de l’adoption « à la tahitienne ».
Et, bien souvent, entre ces protagonistes qui s’opposent, sont oubliés les intervenants essentiels : les parents biologiques. Or, ils sont les décideurs puisque ce choix n’appartient en théorie qu’à eux. Ce sont donc eux qui, à l’issue d’une délégation d’autorité parentale, doivent donner leur accord pour une adoption simple ou plénière. Chacun essaiera de les convaincre dans un sens ou un autre, mais sans donner tous les arguments.
La demande principale des familles de naissance, comme j’avais pu le constater lors de mon étude anthropologique sur le sujet en 2002, c’est d’avoir des nouvelles, de savoir de temps en temps comment évolue l’enfant qu’ils ont confié. Si j’ai pu constater que certains parents adoptifs, après le prononcé de l’adoption ne donnaient plus de nouvelles, le type d’adoption n’est en aucun cas une conséquence de ce fait. Des liens amicaux puissants existent souvent alors qu’une adoption plénière a été prononcée, et j’ai aussi vu que tout peut être rompu dans certaines adoptions simples. Ce serait bien naïf de penser le contraire.
Quant à la principale différence entre les deux modes d’adoption, la question de l’héritage, elle n’est évoquée que trop rarement. Seuls certains magistrats attentionnés et exemplaires prennent le temps de l’expliquer aux familles. Elle a pourtant son importance dans une région où la possession de la terre est primordiale. L’attachement au fenua dans toutes les traductions possibles de ce terme est très fort en Polynésie (2).
Prenons un cas concret : la famille Tetuanui a choisi de confier leur petit dernier à la famille Dupont habitant en métropole. Les Tetuanui ont déjà 3 enfants en bas âge, des revenus précaires et ont confiance en cette famille qui n’a pu avoir d’enfants et qui semble tout à fait disposé à rendre heureux ce petit enfant. C’est le moment de rappeler que si le don d’enfant (« tu ne peux avoir d’enfant, je te donne le mien ») existe bien, ou tout au moins a bien existé dans la société tahitienne, dans la plupart des cas actuel il s’agit plutôt d’un don fait à l’enfant (« je n’ai pas les moyens de t’élever convenablement, je te donne de nouveaux parents »).
Lorsque l’enfant atteint ses deux ans, l’adoption doit être prononcée. Se pose alors le choix : simple ou plénière ?
S’ils reçoivent une information honnête et claire sur les différences réelles entre les deux choix, l’argument qui les touchera le plus sera le partage des propriétés après la mort des parents biologiques. Ceux-ci préfèreront que les parcelles qui leur apportent un revenu soit divisées en trois, les trois enfants qu’ils ont élevés (ce qui se passera en cas d’adoption plénière), plutôt qu’en quatre, car se rajoute l’enfant qu’ils ont « donné » (si adoption simple). Ils estiment que l’enfant parti en France est déjà plus favorisé économiquement. Ce qui est souvent vrai, car si les Tetuanui n’avaient pas eu des problèmes sociaux, familiaux et surtout économiques, ils ne se seraient sûrement pas séparé de leur petit dernier. Et s’ils gardent de l’affection pour lui, ils ne souhaitent pas le voir « dépouiller » sa fratrie biologique. Or cette notion successorale de l’adoption n’est que trop rarement envisagée !
Prononcer des adoptions simples au nom d’un principe hypothétique d’un maintien du lien, sans informer les familles biologiques de la totalité des conséquences, peut donner des répercussions à long terme. Ce sont autant de cadavres qu’on enferme dans le placard. Les premières conséquences risquent de bientôt émerger, car c’est surtout dans les années 1980 et 1990 que des enfants polynésiens ont été adoptés par des Popa’a. D’ici quelques années, certains parents biologiques vont décéder et, à la surprise des familles polynésiennes, des héritiers oubliés vont refaire surface, rajoutant une couche aux inextricables problèmes fonciers de Tahiti. Beaucoup, s’ils se souviennent de ces enfants partis à l’autre bout du Monde, ne pensent plus à eux pour les questions de succession. Les adoptés n’y pensent sans doute pas non plus et renonceront peut-être à leur succession, mais cela ne sera pas sans conséquences, complications… quand on sait combien les Polynésiens sont attachés à leur fenua.
Il est temps de laisser tomber de fausses idées. Beaucoup ont été aveuglé par un maintien du lien affectif, qui répétons le encore, n’a rien à voir avec le lien juridique. Tous les spécialistes de l’adoption en France, qu’ils s’agissent des juristes spécialisés, des associations de parents, et surtout des associations d’adoptés devenus adultes (la sympathique et représentative association Racines Coréennes, présente au Conseil Supérieur de l’Adoption, par exemple) sont d’accord pour cela. Les statistiques aussi, puisqu’un récent rapport du ministère de la Justice française portant sur les adoptions en 2007 montre que la première cause de l’adoption plénière est une adoption internationale. Pour les adoptions simples c’est l’adoption intrafamiliale qui domine et l’adoption internationale n’est représentée que pour 2% par des adoptions internationales. Plus polémique, mais malheureusement assez proche de la réalité, les gens qui s’opposent à l’adoption plénière sont souvent des gens qui s’opposent à l’adoption, mais qui n’osent s’affirmer dans une position aussi radicale, et en jouant sur la méconnaissance ils essaient de mettre en échec tout le phénomène d’adoption. Peut-être, un jour, des parents ne seront plus obligés de se séparer de leurs enfants pour des raisons économiques, peut-être que l’adoption existera encore dans certaines régions comme la Polynésie, où ce n’est que depuis peu (25 ans tout au plus) qu’elle est une alternative à la planification familiale. En attendant, un foyer avec la présence de parents est encore le meilleur endroit pour s’épanouir pour un enfant.
Il est temps d’avoir un peu de bon sens, celui qu’on appelle le bon sens paysan, celui de l’homme ou de la femme attaché à sa terre.
Docteur Jean-Vital de Monléon.
Pédiatre – Anthropologue,
Membre du Conseil Supérieur de l’Adoption.

1- Pour plus de détails : Naître là-bas, Grandir ici de JV de Monléon, ed Belin 2003.
2- Le mot en langue tahitienne fenua peut se traduire tout à la fois par : « Le Monde entier », « La Patrie », « Une île Haute », « Le Terrain que l’on possède » et le mot assez proche pufenua signifie le placenta que l’on doit enterré dans son fenua pour prouver son attachement à la terre.
3- Voir le chapitre sur ce sujet de JV de Monléon dans le livre collectif De l’Adoption : des pratiques de filiation différente dirigé par Isabelle Leblic, éditions de l’Université Blaise Pascal de Clermont Ferrand 2003.

mercredi 16 décembre 2009

Professore de Monleon... non ma commendatore perché no, (secondo episode)

Comme je le disais dans le message précédent, quand on veut noyer son chien, on dit qu'il a la rage.... quand on veut éliminer un confrère, trop actif (voir hyperactif), trop populaire, trop entier, trop sale caractère... on dit qu'il veut être professeur !
Et c'est l'arme des mesquins pour tenter de me mettre hors-jeu.

En ce moment, il y a de grandes discussions sur les consultations adoption. On espère tous que cela va bouger, mais beaucoup tout comme moi sont prudents car trop souvent déçus. Les choses ont l'air de bouger sérieusement et l'effet "bulldozer" (moi je crois que les bulldozers sont plus efficaces que les solex pour faire bouger les inerties) développé par Madame Morano, repris par Monsieur Monchau et j'espère transformé par la" mystérieuse" CR2L commence à ébranler les forteresses. Ces trois personnes sont des obstinés, et quand ils ont compris que quelque chose pouvait être très utile pour les enfants, ils sont décidés à faire avancer ce quelque chose, parfois avec du franc parler, parfois avec un comportement un peu teigneux, choses pas forcément utiles ou bien vues, mais tellement plus agréables qu'un consensus mou ou une hypocrisie de salon.

Donc, avec ce mouvement en faveur des consultations spécialisées pour les enfants adoptés, chacun propose ce qu'il pense être le mieux, exprime ses opinions, et c'est très bien... même si certains qui ne connaissent pas grand chose, ou qui ont juste des comptes personnels à régler, devraient parfois la fermer !
Par mon expérience (la plus ancienne après celle de Jean-Jacques), par la taille de ma consultation, par l'estime des familles nombreuses (ou plutôt des nombreuses familles) qui me font confiance en consultations, par la confiance des associations d'adoptants ou d'adoptés qui me demandent des articles ou des conférences, par les idées originales que j'ai déjà eu et qui ont porté leur fruit (les consultations pré adoptions, le diplôme universitaire) ou qui devraient voir le jour dès que j'aurai eu un peu de temps (l'école des parents, l'école des ados), par la confiance que me font certains qui créent des consultations (plus de 10 confrères créant des consultations d'adoption m'ont demandés une formation d'une façon ou d'une autre) je crois avoir le droit de dire mon mot, je pense avoir une expérience pour m'exprimer.
C'était une page de publicité, j'vais pas me gêner, ça équilibrera un peu, avec ce que certains racontent dans mon dos en ce moment !
Et bien, si beaucoup me font confiance, certains aimeraient bien m'éliminer... Je sais mes défauts, trop gros (pas seulement sur la balance, mais par la taille de ma consultation), trop bavard, trop vite réactif, trop rapide à prendre la mouche, et à monter illico sur Tornado dès que je sens l'adoption menacée, trop passionné surtout. Mais sans cette passion, cela ferait longtemps que j'aurais jeté l'éponge et que je ne m'occuperai plus d'adoption.

Si l'on m'accuse de mes défauts j'assume. D'autres choses m'irritent bien plus : qu'on ne me reproche pas de tout vouloir pour moi et rien pour les autres, j'ai le plus grand respect pour notre grand frère à tous de Pau, et trop d'amitié pour mes gentilles petites soeurs de Brest, Versailles, Reims, Clermont, Nantes, le Nord, etc, etc... en en oubliant pleins d'autres dont le "petit" frère de Hyéres et bien d'autres encore...
Et qu'on n'essaie pas de faire croire que je suis obsédé par le désir d'être professeur de médecine. Ma principale ambition personnelle est d'avoir plus de moyens, pour pouvoir continuer et de ne pas avoir à dire NON. Car j'en ai marre, de dire NON aux familles qui attendent un RV avec moi, ou un avis urgent à distance sur le dossier de l'enfant qu'on leur propose. J'en ai marre de dire NON de n'avoir pas le temps de faire une formation. J'en ai marre de dire NON quand je n'ai pas le temps d'écrire un article qui permettrait de partager les connaissances et ainsi une meilleure prise en charge. J'en ai marre de me dire NON, et de n'avoir pas le temps de mettre en route l'école des parents et l'école des ados qui seraient si utiles !
Un autre désir, celui de ne pas voir la prise en charge des enfants adoptés galvaudée, voir des consultations d'adoption qui n'en auraient que le nom se multiplier, cela au détriment des familles. La quantité n'a jamais remplacé la qualité.

Jusqu'à maintenant par ma volonté, la bienveillance, la patience et la tolérance de mon chef de service et du directeur du CHU, je peux consacrer presque la moitié de mon temps aux petits adoptés. J'aurais de quoi y passer quatre fois plus de temps, rendre encore plus de service, juste pour le plaisir de ne pas dire NON, pas pour être Professor.
Jusqu'alors rien ne nous a été donné, tout sera bon à prendre, pourvu qu'il y ait un peu plus que des miettes !

Professore de Monléon... non ma dottore (primo épisode)

Âmes sensibles, passez votre chemin, ça va flinguer sec dans ce message, et je vais notamment dénoncer, trois confrères à la fin du billet : ils ont brisés ma carrière sans aucune pitié !

Quand on veut noyer son chien, on dit qu'il a la rage.... quand on veut éliminer un confrère, trop actif (voir hyperactif), trop populaire, trop entier, trop sale caractère... on dit qu'il veut être professeur !
Et c'est l'arme des mesquins pour tenter de me mettre hors-jeu.

Pas mal de parents de patients, même des confrères, quand ils me parlent ou m'écrivent me donnent du "professeur", cela leur fait sans doute plus plaisir qu'à moi.

Dans ce premier épisode, je m'en vais vous expliquer pourquoi je ne serai jamais professeur de médecine, et pourquoi je ne m'en porte pas plus mal.
C'est une petite étude anthropologique d'un monde mystérieux pour beaucoup...
Dans le second, je vous expliquerai pourquoi je gêne !

Médecine monde cruel !
Il n'y a pas beaucoup de professions, où l'entonnoir, ou plutôt les entonnoirs sont aussi serrés. Pour atteindre le nirvana, il faut cheminer, cheminer, cheminer encore...
Première étape le concours de première année : dans le meilleur des cas, seulement 1 étudiant sur 5 réussira le concours et pourra donc envisager de devenir médecin.
A la fin des études, l'internat qui s'appelle maintenant l'examen classant validant, permettra à un sur deux (au mieux à encore) de devenir spécialiste.
Ensuite un interne sur deux ou trois devient Chef de Clinique (autre titre prestigieux).
Parmi ceux-ci, de un sur deux à un sur cinq, en fonction des époques, devient Praticien Hospitalier en CHU dans les centres universitaires c'est encore mieux...
La prochaine marche semble le sommet pour beaucoup, il est dur d'aller plus loin, mais là ce n'est que 10 % des PH qui deviennent professeur !
Ensuite on peut envisager d'être doyen, mais là c'est le gratin du gratin.... puis ministre de la santé... etc, etc....

Pourquoi je ne serai jamais professeur, alors qu'il ne manque plus qu'une marche à franchir ?
Tout d'abord parce que je n'aime pas jouer à "Jacques a dit..." pour être professeur il faut suivre les règles du jeu à fond. "Jacques a dit..." faites vos preuves en recherche, "Jacques a dit..." inventez des choses originales... pour ces deux là j'ai gagné, des recherches en anthropologie voilà qui est original, développer une spécialité qui n'existait pas (la prise en charge des enfants adoptés) voila qui est encore mieux. Mais "Jacques a dit..." aussi, écrivez pleins d'articles en anglais pour montrer que vous êtes très fort. Et là ben je suis pas fort, et j'ai pas le temps. Je pourrai me le donner ce temps, mais cela voudrait dire moins de consultations, moins de conférences, moins d'articles de vulgarisation, moins de services concrets, et ben ça j'en ai pas envie ! Et puis il y a aussi une part de chance, être au bon endroit au bon moment, quand un poste se libère... Cette chance peut se provoquer, je ne l'ai pas cherchée.
La deuxième raison, qui n'en est pas moins importante, qui fait que je ne serai jamais professeur de médecine, c'est que je n'en ai pas envie, voir même je m'en fiche.

En dehors du prestige quels sont les avantages des professeurs : un salaire un peu meilleur, et puis théoriquement l'enseignement leur est réservé, or l'enseignement c'est intéressant, mais il y a tant à faire qu'un simple PH comme moi peut donner des dizaines d'heures de cours, mettre au point un enseignement universitaire et diriger des thèses (j'en ai 6 en ce moment !).

Ce qui est certain c'est que je ne suis pas dans l'anti-professorite comme peuvent l'être certains (aigris ?) : j'ai pleins d'amis qui sont professeurs, je les respecte, je les admire pour leurs qualités pus que pour leurs titres (c'est le cas par exemple de mon patron de Marseille qui m'a appris tellement de choses, et de mon patron actuel qui est plus un ami qu'un patron), mais je ne les jalouse pas, je suis serein. J'ai vu trop de confrère aigris parce qu'il leur manquait un petit quelque chose, ou parce qu'ils ne sont pas trouvés au bon endroit au bon moment, pour m'en rendre malheureux.
J'ai pleins d'autres bonheurs (ma famille, le lien direct avec les adoptés et les familles adoptives) qui me rendent heureux sans chercher cette couronne de plus.

Attention, éloignez les enfants, je vais maintenant dénoncer les trois salopiots qui par leurs actions perverses font aussi que je ne serai jamais professeur. Le prénom de ces trois enfoirés : François, Gilbert et Jean-Jacques. Ils se sont mis à trois pour briser mon avenir, pour empêcher cette promotion que je mérite, les pourris !
Qu'est-ce qu'ils ont fait ? Ils m'ont montré l'image d'un Praticien Hospitalier, serein, heureux, brillant, inventif, pas le moins du monde aigri et sans aucun regret de ne pas être professeur. François vient de partir à la retraite, mais il n'est pas prêt d'être oublié dans son CHU de Tours, où il a formé tant de monde. Gilbert, lui aussi a une grande expérience clinique, j'étais son interne, puis son chef de clinique à Marseille et c'est lui qui m'a tout appris en endocrinologie pédiatrique, non pas dans des livres, mais auprès de nos petits patients. Jean-Jacques, vous le connaissez, il a été dans ces lointaines Pyrénées, et sa bonne ville de Pau, le fondateur, pour dire combien il était important d'amener des soins spécifiques aux petits adoptés.

Merci à eux trois, j'ai juste un petit regret pour l'un d'entre eux, Jean-Jacques, qui est avec mon ancien professeur de Marseille, celui qui m'a le plus poussé à être professeur. Il me disait et il a raison que les enfants adoptés méritaient bien un professeur, et en ça il n'a pas tort !

lundi 14 décembre 2009

Revue de presse

Deux revues reçues récemment avec quelques articles notables :

Accueil, la revue d'Enfance et Familles d'Adoption (EFA pour les intimes) avec un fougueux éditorial-plaidoyer de Madame Miral, présidente de la-dite association en faveur des consultations d'adoption (que je n'aime appeler COCA), en espérant qu'elle sera entendue et que des consutlations de qualité auront enfin les moyens qu'elles méritent.

Dans la revue de l'APAEC (le journal trimestriel de la bande à Bernardo : Hugues, Jacques, Guylaine et les autres...), j'ai découvert avec surprise en page 2, un reportage extrêmement gentil sur ma conférence de septembre dans l'Ain, conférence organisée de pair par EFA 01 et l'APAEC Rhône-Alpes. Les mots utilisés m'ont profondément touchés. Dans ce même journal un hommage à Aline, la déléguée Bourgogne de cette même association, hommage plus que mérité car si je vois autant de petits colombiens c'est qu'ils sont nombreux en Bourgogne parce que le relais dans cette région pour fournir des renseignements aux postulants est de bonne qualité...

dimanche 13 décembre 2009

Anthropologie à quatre sous !

Pour finir mes reportages et réflexions suite à ma mission à Madagascar, je voulais vous faire part de quelques réflexions anthropologiques. Il s’agit quand même d’anthropologie à quat’sous, mais ces petites concordances entre deux régions bien aimées méritent d’être signalées.

Il y a plusieurs siècles, pour des raisons difficiles à préciser de manière certaine : famine, guerre… il y a eu de grandes vagues d’émigration dans l’archipel indonésien. Ceux qui ont choisis de partir étaient de formidables marins, ils ne se sont pas contentés d’une petite traversée à la Christophe Colomb, puisque au moins milles ans avant ce grand découvreur, ils partaient à l’assaut de deux gigantesques océans. Des marins formaidables !
Cela s’est passé en plusieurs vagues et certains partant vers le Sud-Ouest sont arrivés à Madagascar, alors que d’autres prenaient la route Est et se disséminaient dans toutes les îles du gigantesque Pacifique.

Les Malgaches et les Polynésiens sont donc des cousins, cousins éloignés mais cousins.

Je le savais mais sur place de nombreuses similitudes m’ont sauté aux yeux :
- Une ressemblance physique : en dehors d’une différence de gabarit, c’est assez frappant, une jeune collègue pédiatre malgache m’a d’ailleurs signalé que pendant sa formation en France tout le monde la prenait pour une tahitienne. Plus que la Polynésie, Madagascar est très métissé, après les indonésiens (la génétique nous a même permis de découvrir que leur origine serait l’île de Bornéo) sont arrivés des africains, des arabes, etc….. Mais la ressemble entre les Malgaches de Hautes Terres (de la région d’Antananarivo) et les Polynésiens est frappante.
- Similitude de langue : baragouinant un peu le tahitien, je ne comprenais pas un mot de malgache, mais ces deux langues appartiennent au groupe des langues malayo-polynésienne, et les similitudes, comme la construction des phrases sont évidentes. Pour mémoire, en Polynésie comme à Madagascar, Maeva est un prénom féminin très courant, mais s’il signifie « jolie » ans la grande île, il veut dire "bienvenue" dans la multitude d’archipels du Pacifique.
- Beaucoup moins drôle, la mise en retrait des pères : ces deux régions ont cette même « réaction » face aux mutations de la mondialisation. A Madagascar, l’homme a pour mission de faire vivre sa famille, et face à la misère de plus en plus de pères, de maris n’arrivent à faire face et abandonnent leur famille. En Polynésie aussi, de plus en plus, malgré une certaine domination masculine, les femmes, les mères apparaissent comme l’élément le plus solide pour maintenir la famille et s’occuper des enfants, mais c’est sans doute le cas dans beaucoup d’autres pays en transition.
- La situation politique instable : depuis quelques années, ces deux pays depuis quelques années changent trop souvent de gouvernements sans jamais trouver le bon ! Ce qui est désastreux, et me fait penser que si les polynésiens veulent leur indépendance, le choix leur appartient, mais l’aide économique de la métropole et parfois (comme très récemment) l’aide juridique évite de trop gros dégâts.

Pas le plus joli des points communs...

samedi 12 décembre 2009

La parole aux adoptés


En 1981, un député avait déclaré en pleine assemblée nationale, à l'opposition, une vérité qui trahissait son sectarisme, mais qui n'en était pas moins une vérité : "Vous avez juridiquement tort, car vous êtes politiquement minoritaires". Lorsque je croise des adoptés adultes, mes amis de Racines Coréennes ou les plus jeunes mais tout aussi sympathiques de La Voix des Adoptés, j'ai envie de leur dire "Vous avez foncièrement raison car vous avez réellement vécu l'adoption". Leur légitimité est entière et ils ne doivent pas être timides, quand ils ont des choses à dire ! D'autant plus quand les opinions qu'ils expriment se font au sein de telles associations : témoignages d'expériences diverses, de vécus différents, lorsque les médias s'attachent trop souvent à nous montrer des souffrances bien réelles, mais parfois trop caricaturales.

Aussi en découvrant La Croix de ce jour je suis heureux de ces 4 pages consacrées aux adoptés, dont la couverture, représentée en partie ici.

Trois adoptés adultes avec des histoires bien différentes sont longuement interviewés, à lire ici. Parmi eux, il y a un de mes chouchous : Guilherme-Luc. J'ai déjà croisé ce jeune homme "chez Delarue", j'avais remarqué sa gentillesse rare, il a beaucoup d'autres qualités, dont une grande sagesse. Celle-ci est bien visible dans cet article, et je le remercie pour ce témoignage.

Il y a aussi l'interview d'une autre personne que j'aime bien : Céline Giraud, fondatrice et présidente de la Voix des Adoptés. Pour lire cet article c'est . Je vous reparlerai bientôt de Céline, car je viens enfin de retrouver son livre qu'elle m'avait gentiment donné et que je suis en train de lire. Son interview me fait plaisir, avec son cri pour une prise en charge de la post-adoption. Depuis quelques années on parle beaucoup de l'avant adoption, de la quête de l'enfant, etc, etc, avec la création de l'AFA, le débat actuel sur l'adoption individuelle, mais l'après de l'adoption est toujours un peu en sommeil. Des consultations comme la mienne n'existent que par la volonté de leurs créateurs, même parfois par une abnégation. Grâce à l'efficacité de l'équipe de Monsieur l'ambassadeur Monchau (et tout particulièrement de super CRLL) les choses bougent et commencent à être reconnues. Jusqu'à quels points le seront-elles ? Certains n'ont pas encore compris qu'une consultation adoption n'est pas que l'endroit où on fait un bilan d'arrivée, mais aussi doit être une ressource pour aider après l'adoption, pour former les futurs spécialistes de l'adoption, mais aussi les parents adoptifs dans leur boulot de parents.

Trois projets d'école sont dans mes cartons depuis longtemps et si j'ai pu en lancer qu'un cette années, l'école des professionnels (qui vient d'avoir lieu hier et avant hier), l'école des parents pour former les postulants à l'accueil et l'école des enfants pour permettre à des ados adoptés de communiquer n'ont pas les moyens de voir le jour ! reste à savoir qui va gagner la guerre entre la qualité et la quantité ? Merci beaucoup Céline et Guilherme-Luc de nous rappeler que l'adoption est une histoire qui dure.

vendredi 4 décembre 2009

Feno

Un petit message intimiste ou "Hello Kitty", je ne parle pas trop de ma vie privée, mais j'avais envie de dire un mot sur ce bonhomme.

Je crois que je ne vais pas trop vous étonner, mais depuis quelques semaines avec ma femme et mes enfants nous sommes devenus les parrains d’un petit garçon. Il se prénomme Feno, a bientôt 6 ans, il habite (vous l’auriez deviné) à Akany Sambatra, je pense que ce qui a été fait pour lui là-bas a permis de lui sauver la vie, tant son petit frère et lui étaient dans un état catastrophique il y a 6 mois en arrière. Depuis ils ont fait leur petit trou, et sont redevenus joyeux.

Il est très beau, mais je ne vous montrerai pas sa photo (pas de raisons ! Je ne vous ai jamais montré celles de mes enfants !).
Ce que j’ai vu à Akany Sambatra, m’a enlevé tous mes doutes sur le parrainage (besoin de voir des choses concrètes le docteur !), je suis content de le faire avec FSF, et touché qu’un enfant d’Akany Sambatra ait eu besoin de nous, peu de temps après mon retour en France.

Voilà c'était un tout petit message pour Feno, pour lui dire combien je suis très fier d’être son parrain et que nous espérons pouvoir l’accompagner tout le temps où il aura besoin de nous !
Et puis il faut vite retourner à Mada pour le voir "pour de vrai", car il était à la piscine quand je suis allé chez lui !