mardi 16 décembre 2008

Vent nouveau sur l'adoption ?

Jusqu'à maintenant.... j'étais un peu sceptique.... j'ai été tant de fois déçu par des promesses non tenues, on m'a dit tellement souvent que la structure pilote de prise en charge des enfants adoptés avec formation pour les intervenants que je proposais, ne coutait rien par rapport aux services qu'elle rendait, mais n'ayant toujours rien vu venir, j'ai de plus en plus de mal à croire au Père Noël.
Là, le doute est en moi (la force est déjà avec moi depuis longtemps sinon j'aurais tout laissé tombé il y a plusieurs années). Là, je me pose des questions, la première : suis-je trop naïf ?
Je suis comme l'enfant qui espère ces jours-ci avoir la fameuse console de jeux pour Noël, qui espère, qui espère mais qui sait quand même que rien n'est acquis (je vous rassure mes enfants n'y croient pas, je résiste encore et toujours pour l'arrivée d'une console de jeux chronophage à la maison, et ils l'ont bien compris !).
Mais, quelques dernières rencontres me donnent à penser qu'un vent nouveau se lève peut être sur l'adoption.

Premières choses entendues de la part de Madame Morano. J'en ai rencontré beaucoup des ministres de la famille, souvent d'une grande écoute, ayant un intérêt certain pour les soucis autour de l'adoption, mais préoccupés par d'autres choses. Le "bravo docteur, c'est très bien ce que vous faites, continuez, continuez" est très gentil mais il ne nous aide pas. Et c'est vrai pourquoi aider quelqu'un qui râle comme un putois, qui s'épuise parfois, se décourage de certaines trahisons mais continue coûte que coûte de faire le boulot (c'est de moi que je parle, je m'envoie des fleurs mais ça fait du bien).
Madame Morano donc, sait de quoi elle parle, et les consultations d'adoption elle en parle spontanément, sans qu'on la supplie. C'est un de ces objectifs à court terme et j'ai vraiment l'impression qu'elle ne lâchera pas le morceau. Cela a du bon un ministre bagarreur !
Son deuxième combat l'enfance délaissé et là j'ai bien aimé qu'elle laisse aussi tomber son discours ministériel pour parler en être humain et dire qu'elle en avait marre d'entendre sans arrêt parler de l'intérêt de l'enfant, mais que rien de concret ne se faisse. J'apprécie quand "on fait parler ses tripes" !

Deuxième personalité entendue, Monsieur Monchau, nommé il y a quelques mois ambassadeur pour l'adoption internationale. Et bien son discours a convaincu le grand sceptique que je suis ! Peut-être qu'au vu de la conjoncture son action n'aura que peu de résultats, mais trois choses qu'il a dit montre qu'il prend les choses par le bon côté.
-1° Il n'hésite pas à aller chercher les compétences où elles sont, plutôt que le "moi je sais tout", il est allé voir comment les OAA travailaient. Et ben, cela peut en étonner certains, mais sûrement pas moi, les OAA travaillent bien, les familles me le répètent chaque jour et il semble évident qu'elles ont établis de bons rapports directs avec les autorités locales. Il veut que tout le monde travaille ensemble, que tout se coordonne plutôt que de se tirer dans les pattes. Je me suis permis de lui conseiller d'aller aussi chercher l'expérience auprès des APPO.
-2° Il parle peu de la Convention de La Haye, ne se cache pas derrière ce machin (comme dirait mon idole politique) pour rester dans l'immobilisme et préfère que la France établisse des contacts directs avec les pays d'origine. Ce que j'ai écrit dans mon livre, et que j'ai dit il y a 6 ans au premier ministre de la famille que j'ai rencontré !
-3° Son premier voyage sera pour Haïti, là où il y a certainement le plus de problème, et le plus de risques de problèmes, il ne se voile donc pas la face.

Enfin, à ma consultation de ce matin, j'ai rencontré une famille très sympathique qui vient d'adopter un magnifique petit bout du Cambodge. J'avais déjà vu cette famille en consultation pré adoption et je leur avais expliqué combien il était important de ne pas rentrer dans des malversations. Je crois qu'il n'avait pas besoin de moi pour cela et que leur éthique les aurait empêché de franchir la ligne jaune. Pourtant dans certains pays ce n'est pas facile et les demandes de backchich se font pesantes. Cette famille a pu s'appuyer avec efficacité sur LA volontaire humanitaire de l'adoption, et celle ci leur a permis de mener à bien leur adoption en toute légalité. Cette aide a été réelle et concrète.
C'est là aussi quelque chose de tout neuf que ces volontaires s'occupant à la fois de missions humanitaires et d'aide aux parents en cours d'adoption. Elles ont été créées il y a quelques mois par nos deux ministres Mesdames Morano et Yade, et manifestement cela marche, il n'y en a qu'une pour l'instant, c'est LA volontaire, elle est au Cambodge mais une dizaine d'autres sont en formation pour d'autres pays.

Bienvenue à cette brise nouvelle que je remarque depuis peu, en espérant qu'elle devienne un puissant alizé pour aider les familles à grandir et surtout à le faire dans de bonnes conditions.
Madame Morano, Madame Yade, Monsieur Monchau et tous les autres décideurs, merci de continuer à jouer les éoles.

dimanche 14 décembre 2008

Le prénom : le changer ou le garder ?

Plusieurs personnes m'ont demandé récemment ce que je pensais du prénom des enfants adoptés, doit-on le changer ou le garder ?
J'en parle aussi parce que cela aurait été évoqué il y a quelques temps par le "psy de la télé". Le personnage parle très bien, il sait beaucoup de choses et a fait avancer pas mal de choses pour le bien des enfants et des familles, il a aussi beaucoup d'humour, ce qui est pour moi une grande qualité.
Le souci c'est qu'il parle très bien aussi de ce qu'il connaît moins bien. Et dans l'adoption, j'en ai un peu ras le bol des théories, des théoriciens, c'est avec de grandes théories que dans la médecine on dit (et fait) parfois n'importe quoi. Je crois beaucoup plus à l'expérience, à la pratique.
Je serais bref, et j'encourage ceux qui veulent en savoir plus à lire (ou relire) le chapitre assez long que j'ai écrit dans mon livre sur le sujet.
En bref, c'est bien joli et sans doute bien vrai de dire que cela peut troubler un enfant, déjà un peu grand de ne plus être appelé de la même façon. Mais cet enfant vient déjà de changer de culture, de parents, parfois de pays, le prénom ce n'est finalement qu'un détail de plus dans les changements.
Au contraire, garder son prénom, c'est parfois (je pense à quelques exemples, ce n'est ni de la théorie, ni du militantisme) le retenir un peu dans sa vie d'avant, l'empêcher de trouver sa place. Cette vie d'avant qu'il ne faut pas oublier, qu'il faut respecter, mais qu'il est important de laisser à sa place si on veut progresser.
Pour tout enfant quelque soit son mode de filiation, le choix du prénom par ses parents est quelque chose de capital, une façon parmi d'autres de créer un lien .... 
De plus les prénoms d'origine ne correspondent parfois à rien, ils ont pu être donné par une administration par toujours bienveillante, ils sont parfois impossibles à prononcer, sujet de moqueries, etc...
Mon conseil est de choisir le prénom qui vous plaira, et de garder en deuxième prénom, celui d'origine, sauf s'il a une consonance trop négative (j'ai connu un enfant dont le prénom signifiait malvenu).
Enfin, une petite pensée pour ces trois soeurs arrivées d'Ethiopie il y a quelques mois. Les parents avaient décidés de garder leurs prénoms d'origine, choix tout à fait respectables, ils aimaient ces prénoms. Trois mois après toutes trois avaient fait le choix de leurs deuxièmes prénoms, prénoms bien français, bien gaulois, elles y avaient vu une concrétisation de leur adoption, un moyen de trouver leur place à l'école, dans la société. Les parents se sont inclinés. Toujours écouter et accompagner les enfants !

Conseil Supérieur de l'Adoption

L'arrêté de nomination est par dans le Journal Officiel de hier. 
Je suis à nouveau titulaire au Conseil Supérieur de l'Adoption.
On me l'avait annoncé officieusement depuis quelques temps mais j'attendais un peu, ayant toujours peur d'éventuelles surprises (copinage, etc...). 
J'en suis bien évidemment fier, même si cela m'aurait permis d'avoir un peu plus de temps pour m'occuper de ma famille.
Mais je crois qu'il est tout à fait utile qu'un spécialiste du bien-être de l'enfant adopté soit représenté, quelqu'un qui concrètement passe du temps avec les enfants et les familles, pas un scribouillard ou autre politicard qui sait se placer.
Si mon ami Jean-Jacques Choulot avait été nommé à ma place, cela aurait été tout aussi bien, je crois que nous sommes les deux seuls à avoir cette expérience, plus que certains confrères qui pérorent sur les médias sans avoir jamais trop vu d'enfants adoptés.... ils parlent bien mais qu'est-ce qu'ils peuvent dire comme sottises (je reste poli).
J'espère que comme proposé dans le rapport Colombani, le CSA sera plus écouté que nos conclusions seront diffusés au grand public. Mais ne comptait pas sur moi, pour vous racontez ce qui s'y dit, je suis tenu aux devoirs de réserve, j'espère juste que ses rapports seront enfin rendus publics.

lundi 8 décembre 2008

Le grand méchant loup et Chabal

Trois messages en un jour, on ne m'arrête plus.
Deux petites anecdotes :

Une bien amusante qui m'a été racontée à Clermont par une famille amatrice de rugby comme il y en a beaucoup en Auvergne. Leur petite fille est arrivée en septembre 2007, période de coupe du monde de rugby. Elle a vite compris que c'était un grand moment que de partager avec ses parents et frères et soeurs de regarder les matchs ensemble. Un soir l'équipe de France jouait, et apercevant notre velu destructeur d'anglo-saxon, elle s'écrie : "Chabal", son premier mot en français ! Le papa était fier, je le comprends.


L'autre pourrait être drôle par son côté complètement ridicule, si ce n'était pas une nouvelle preuve de l'enfermement où sont cloîtrés les petits adoptés.
C'est une maman qui m'a demandé mon avis par mail. Comme elle expliquait à une psychologue que sa petite fille adoptée aimait beaucoup une histoire avec un grand méchant loup et qu'elle se passait et se repassait indéfiniment la cassette. La psy lui a expliqué l'attirance de cette petite fille pour ce conte était qu'elle s'imaginait être le loup. Le grand méchant, elle qui se voyait si méchante parce qu'elle avait été abandonnée.
Du grand guignol, à mon avis, quel besoin de tout interpréter ? Je me souviens d'une nièce qui réclamait sans arrêt la cassette de les cochons, où il y avait un grand méchant loup, pourtant elle était gentille puisque non-adoptée ! Mes enfants sont passionnés par les histoires de requins, notre grand méchant loup familial, oui c'est pas désagréable de se faire peur pour de faux.
Je ne suis pas du tout anti-psy, bien au contraire, je leur confie pas mal de patients, et il y a beaucoup de travail à faire en commun. Mais je crois plus en de la psy de soutien plutôt qu'à des délires psychanalytiques. 
La psychanalyse est très intéressante, elle a permis de progresser de comprendre des choses, mais à tout interpréter à tort et à travers, et à ne pas sortir des clous fixés par le vieux docteur Freud, on s'expose à de catastrophes !
Un exemple, une famille me dit s'inquiéter car ils ont remarqué que lorsqu'ils dorment à l'extérieur de leur domicile ils entendent leur enfant adopté grincer des dents. on leur a dit que c'est peu-être une angoisse d'être loin de chez lui, une perte de repères, une crainte d'une nouvelle séparation, d'un nouvel abandon. Pourquoi pas ne pas se demander, s'il ne s'agit pas encore d'un méchant loup et que cet enfant grinceur des dents ne se transforme pas en loup-garou dans son sommeil, peut-être faut-il surveiller le stade de la lune ? 
Je n'ai (presque) pas lu Freud, mais je suis fier de mon bon sens paysan. A mon avis, cet enfant grince tous le temps des dents pendant son sommeil, comme cela arrive à beaucoup de personnes, par contre quand il est à la maison, il dort seul dans sa chambre et personne ne l'entend, alors qu'à l'extérieur, ses parents se rappellent ont constaté le phénomène quand il partageait la même chambre qu'eux. CQFD

Mon fidèle Bernardo

Un tout petit mot, juste pour témoigner comme ça pour rien, de mon affection pour celui que je considère comme un grand monsieur de l'adoption, mon fidèle Bernardo. Pas très connu, mais il gagne à être connu Bernard. N'imaginez rien, je le crois et je l'espère en pleine forme, c'est juste une forme d'hommage gratuit  ce truculent personnage.

Je l'appelle comme cela, depuis que j'ai été Zorro le métèque, certains m'ont peut-être connu sous cette appellation, source d'éclats de rire, quand j'avais attaqué une proie facile, une journaleux de bas talent, d'idées étroites et à la droite hypertrophiée qui s'en prenait à l'adoption internationale. Bernard m'avait suivi et depuis comme pour le justicier masqué et son fidèle compagnon muet, nos liens se sont resserrés. 

Bernard, est tout en moustache, en sagesse et en humour, il a joué dans son jeune temps au rugby à bon niveau (ce qui est une grande qualité pour moi), et il est parmi les fondateurs d'une des plus belles associations de parents adoptifs, qu'il a dirigé très longtemps : l'APAEC.

La plus importante des APPO. Ces Association Par Pays d'Origine ont tout à fait leur place dans le monde de l'adoption, elles sont tout à fait complémentaires des associations généralistes (MASF, EFA). Il y en a d'autres, tout à fait agréables aussi : MAEVA pour la Polynésie (auquel mon coeur est particulièrement attaché et qui méritera un message entier), l'APAER et Adoption Russie, ainsi que Fleur Blanche pour le Vietnam et j'en oublie....

L'APAEC c'est la plus grosse, c'est pour la Colombie, et Bernard s'en est longtemps occupé avant de passer la main au non moins sympathique Jacques. Dans cette association, les familles peuvent trouver non seulement des conseils sur "comment adopter en Colombie" mais aussi comment aider son enfant à être français, mais à savoir aussi d'où il vient : face au racisme on est plus fort si on connaît son origine, plutôt qu'être un anonyme "métèque",  "bougnoul" ou "négro", ce sont les mots que nos enfants entendent chaque jour.
Grâce à Bernard, Jacques et leurs équipes, depuis plus de 20 ans, des petits français nés en Colombie peuvent comparer leurs expériences et jouer à la pignata sous le regard bienveillant du "costaud moustachu".

Il y a quelques années, Bernard a été décoré de l'équivalent colombien de la légion d'honneur, c'est dire combien lui-même et l'APAEC sont considérés en Colombie. Une médaille qui a dû lui faire plus plaisir que si cela avait été la légion d'honneur bien de chez nous.

Bravo encore fidèle Bernardo, je compte sur toi pour de nouveaux combats.

Vacanze romane

Bonjour chers lecteurs, 
Me revoilà après une période de présence peu régulière sur mon blog.
Comme souvent le travail s'accumule et on va au plus pressé, et c'est le blog qui en pâtit, vous avez quand même eu de mes nouvelles par la presse.

Travail, travail, travail, mais pas seulement, le docteur-on-line est aussi parti en vacances fin octobre avec toute sa petite famille à Rome. Une ville magnifique, que je ne connaissais pas, qui nous a tous émerveillé et qui est agréable même avec de jeunes enfants (pas seulement pour les gelati dont ils se sont gavés !)

L'Italie étant par ailleurs le seul pays en 2007 à avoir augmenté son nombre d'enfants adoptés à l'international, c'est d'un oeil curieux que je cherchais les familles adoptives. Que nenni, beaucoup de jeunes hommes du sous-continent indien, qui ont presque le monopole pour servir dans les restaurants, beaucoup de jeunes femmes des Philippines, qui elles trustent les magasins de souvenirs, mais pas le moindre petit vietnamien, haïtien ou éthiopien accrochés à leur mamma.
La seule famille adoptive croisée, cela a été à la sortie de la messe à Saint-Louis-des-Français. Oui, oui, j'ai un peu honte, pas d'aller à la messe, mais en tant qu'anthropologue, aimant se mêler aux coutumes locales, c'est quand même à San-Luigi-dei-Francesi que je vais à la messe quand je suis à Rome... Bon, bon , j'étais avec femme et enfants tout de même. A la sortie, nous sommes tombés sur une sympathique jeune famille (le papa est pilote de chasse, ce que mon coeur de midinette avait bien retenu), membre de l'association Fleur Blanche, qui m'avait gentiment accueilli et guidé, lors de ma conférence dans cette ville pour cette superbe association qu'est Fleur Blanche. Le monde est petit.

Après les vacances, doctor-on-line imite Madona et devient doctor-on-tour. Pas mal de tournées, dans l'ordre : Montceau-les-Mines, Clermont-Ferrand et Muhouse. Je sais, il y a plus touristique comme ville, mes charmants petits camarades pédiatres se sont déjà moqués de moi. Mais comme à chaque fois, il s'agissait de visites éclairs, ce que j'en ai vu m'a beaucoup plu. Des accueils chaleureux, qu'il s'agisse de personnels de conseils généraux ou d'associations comme les EFA locaux, des familles en attente et des échanges toujours passionnants.

Ce n'est pas fini, demain une conférence pour une association d'accompagnement et d'enquêtes judiciaires (éducateurs et assistants sociaux), vendredi 12 décembre, un petit passage dans un gros congrès de dermatologie et à nouveau une conférence pour un EFA départemental, à Tours, où l'accueil, une fois encore semble enthousiaste.

Pour 2009, sont prévus un passage chez les ch'tis, ce qui m'effraie un peu, moi qui est passé plus de la moitié de ma vie à Marseille, et un autre, toujours pour EFA dans mon département de naissance, là où sont mes origines maternelles... Je vous laisse deviner où cela se situe... une consultation on-line gratuite pour la première bonne réponse.

Je vais essayer de continuer dans le foulée et vous écrire quelques messages sur des polémiques récentes, le grand méchant loup et d'autres.

lundi 1 décembre 2008

Pediatrie Pratique

Inlassablement toujours remettre le couvert pour permettre à nos petits adoptés de trouver leur place. Après le grand public grace au biais de Libération, c'est maintenant les pédiatres grace à la sympathique et bien connue reuve mensuelle Pédiatrie Pratique :

Adoption : ni stigmatisation, ni banalisation
Jean-Vital de Monléon
Consultation d’Adoption Outremer
Pédiatrie 1 – CHU de Dijon


Pour ce numéro spécial de Pédiatrie Pratique consacré à la différence, la rédaction a réservé une place pour les enfants adoptés. Cela semble logique, mais pas de la même façon pour tous : les enfants adoptés sont porteurs de particularités, mais ce ne sont pas toujours celles auxquelles l’on pense.
Le récent rapport sur l’adoption de la mission Colombani parle de la nécessité dans le regard sur les enfants adoptés, d’un « ni-ni » : ni banalisation, ni stigmatisation. Depuis bientôt dix ans, la Consultation d’Adoption Outremer s’est imposé le même credo : lutter contre les a priori de l’adoption, et dépister les véritables problèmes. Malgré sa spécialisation, un des rôles essentiels d’une telle consultation est d’empêcher toute mise à l’écart, et de permettre à l’enfant adopté de trouver rapidement la même place que tout enfant dans la société.


L’enfant adopté est différent, c’est certain, mais où commencent et s’arrêtent ces différences ?
La première n’est pas à proprement parler médicale, elle est physique, ethnique. De tout temps, l’homme a été surpris par ceux qui ne lui ressemblaient pas : les étrangers. Il l’est encore plus quand un enfant ne ressemble pas à ses parents. A ces étonnements ancestraux, se rajoute le fait que notre société, et plus encore notre spécialité pédiatrique, sont marquées par la génétique. Nous sommes fascinés par la double hélice de Crick et Watson, par le fait que tant de messages soient concentrés sur quelques paires de bases. Cette science, et son essor actuel, sont passionnants pour comprendre le mécanisme de nombreuses pathologies, pour comprendre l’Homme dans son entier. Mais elle ne doit pas être hégémonique et nous faire oublier que la parentalité ne se limite pas à quelques échanges de gamètes ou d’acide desoxyribonucléique.

Environ un enfant sur 150 est un enfant adopté. Pour beaucoup d’entre eux cette adoption nous saute aux yeux, rendue évidente par la différence physique.
Est-ce nécessaire pour autant de les cataloguer et de les enfermer dans un carcan immuable ?
Est-il utile de parler de « vrais » parents pour nommer les parents biologiques, comme si la loi du sang était la seule vérité, alors que la loi française, et surtout les liens créés depuis longtemps, ont permis à une « vraie » famille de se construire, même sans liens du sang ?
Est-il indispensable de supposer, comme cela s’entend encore trop souvent, que tout enfant adopté est un enfant volé ou acheté, alors que la plupart des adoptions se font sans malversations ?
Est-il bien fondé de croire « qu’il a son pays dans le sang », donc qu’il n’a pas sa place en France, alors que ni l’enfant, ni celui qui prononce cette phrase ne connaissent ledit pays ?
Est-ce une bonne idée de féliciter les parents adoptifs : « C’est bien ce que vous avez fait ! », pour un pseudo acte généreux, alors que, plus de neuf fois sur dix, l’adoption est motivée par un problème de fécondité, et que c’est bien un désir égoïste parental qui est le moteur de l’adoption ?
Est-il raisonnable de culpabiliser l’enfant : « Avec tout ce que vous avez fait pour lui ! », quand l’adolescence se passe mal, alors que, comme toute filiation, l’adoption est basée sur une réciprocité ? On ne fait pas des enfants dans le seul but de donner la vie ou de repeupler la planète, mais parce qu’on a envie d’être parent.
Est-il vrai de croire que chaque enfant ou adolescent sera obsédé par la recherche de ses origines, alors que ce problème qui fascine les média est loin d’être un souci majeur pour la plupart des adolescents adoptés ?

Toutes ces petites phrases sont destructrices, les enfants adoptés iront certainement mieux quand notre société les accueillera mieux. Cet accueil commence par nos mots, nos comportements. N’oublions pas combien, en tant que pédiatres, nous comptons dans la vie de nos petits patients : nous n’avons pas le droit de les mépriser.

Après ces considérations, qui nous touchent comme des acteurs de la société, voici quelques exemples plus médicaux, plus pédiatriques :
Presque tous les enfants adoptés souffrent de diarrhées à leur arrivée, on peut vite, pour un symptôme aussi fréquent, basculer vers la banalisation ou la stigmatisation. Penser, comme c’est souvent le cas, à une conséquence du changement alimentaire est bien naïf. Oublier la présence de parasites intestinaux est ennuyeux, car on les trouve avec une grande fréquence dans tous les orphelinats du monde. Mais, c’est tout aussi grave, après de longs mois d’évolution, de ne pas rechercher une maladie coeliaque, ou une autre pathologie sans rapport avec l’adoption.

Environ un quart des petites filles adoptées après l’âge de 6 ans développe une puberté précoce. Ce phénomène, dont l’étiologie est encore discutée commence à être bien connu, et les diagnostics ne tardent pas trop. Mais s’il est capital, pour préserver la croissance, d’intervenir vite sur une véritable puberté précoce, il ne faut être obsédé par ce seul diagnostic et se précipiter aveuglément sur les analogues de la LH-RH.
La banalisation serait de proclamer que l’âge annoncé est forcément faux, ou que « dans ces pays » on fait toujours sa puberté plus tôt. C’est une manière aisée d’éluder le problème.
La stigmatisation serait de dire que toute accélération de la croissance est une puberté précoce, et là aussi ne pas chercher plus loin, en oubliant d’autres causes toutes aussi réelles et fréquentes : rattrapage d’une carence nutritionnelle ou d’un nanisme psycho-social, puberté avancée simple, erreurs d’âge, etc…
Les enfants et les adolescents adoptés ont un risque bien réel de présenter des troubles du comportement. Le nier serait une banalisation tout à fait nocive. Mais, là encore, la stigmatisation est dangereuse, dès lors que l’on cherche dans l’histoire de cette adoption toutes les causes du problème. Dans le microcosme de l’adoption, on a assisté à des phénomènes de mode : au fil du temps, cela aura été la quête des origines, puis les troubles de l’attachement et enfin le syndrome d’alcoolisme fœtal qui furent accusés de tous les maux.
Tous ces désordres existent bel et bien. Quelques adolescents et adultes, sans doute parce que leur adoption ne s’est pas bien déroulée, souffrent de ne pas connaître leurs origines. Leur détresse est amplifiée car elle touche particulièrement ceux qui n’ont pas été adoptés et qui se sentent rassurés de connaître leur pédigrée. Mais cette détresse reste marginale.
Du fait de conditions de vie difficiles, d’une insécurité importante, des enfants avant leur adoption, ont perdu confiance envers les adultes. Ballotés depuis la perte de leur famille biologique d’institutions en familles d’accueil, ils ont du mal à créer des liens. Ces troubles de l’attachement plongent les familles en grand désarroi, avec des enfants qui refusent tout contact, toute affection et se limitent à des provocations. Pris en charge précocement, ils peuvent s’amender, le diagnostic doit donc être rapide. Posé en excès, il enferme parfois les enfants dans un fatalisme qui ralentit la prise en charge d’autres soucis…. comme un problème plus somatique ou une psychorigidité parentale.
Actuellement, c’est l’alcoolisme fœtal et ses conséquences qui sont à la mode, du fait de sa fréquence élevée en Europe de l’est. Pour certains pays, il faut effectivement avoir toujours en tête ce diagnostic. Mais il est excessif de l’évoquer en premier lieu pour tout enfant adopté qui présente des difficultés scolaires.
Se limiter à ces trois seuls diagnostics serait encore une fois négligent. D’autres causes sont possibles, on sait par exemple que certaines institutions sont maltraitantes, qu’elles peuvent ainsi détruire les enfants qui leur sont confiés. Mais plus encore, il ne faut pas oublier que l’adoption est parfois l’arbre qui cache la forêt. Et si l’enfant à des troubles du comportement, c’est parce que son papa a perdu son emploi, que sa maman soigne un cancer du sein ou que ses parents se séparent. Drames bien réels, qui touchent de nombreuses familles, mais que l’on n’évoquera pas toujours, par pudeur, devant le pédiatre. L’arbre cachant la forêt est parfois bien pratique.
Le « ni-ni » de l’adoption, c’est accepter que les enfants adoptés soient avant tout des enfants, différents mais pas trop ; c’est reconnaître que ces enfants possèdent des problèmes tout à fait particuliers, mais aussi d’autres plus banal pour leur âge.
Accueillir cette différence dans une famille, ou dans un cabinet de pédiatrie, c’est accueillir un enfant pour ce qu’il est.

Pour en savoir plus :
Colombani JM. Rapport sur l’Adoption. Paris, La Documentation Française ; 2008.
de Monléon JV. Naître là-bas, Grandir ici. Paris, Belin ; 2003.
et pour vos petits patients : Les deux Mamans de Petirou de JV de Monléon et R Dautremer. Paris, Gautier-Languereau ; 2001.

mercredi 26 novembre 2008

Libération

Je reviens bientôt pour de nouveaux messages, mais si vous passez chez votre magasin de journaux, la consultation d'Adoption de Dijon a droit a une page complète aujourd'hui, très sympa !

Un style vif et dynamique qui me plait bien, et une correction parfaite des journalistes de Libération qui tranchent avec d'autres médias


Un petit lien, mais vous raterez le dessin qui évoque le départ de l'arbre qui cache la forêt et nonpas le déracinement, enfin c'est ce que j'ai compris.

http://www.liberation.fr/vous/0101268867-chez-le-docteur-des-enfants-adoptes

jeudi 16 octobre 2008

Lait frelaté chinois

Quelques parents inquiets, à juste titre, m'interrogent sur le risque du lait frelaté chinois. Lequel aurait été mélangé de la Mélanine afin de rendre moins évident le fait que ce lait a été coupé avec de l'eau..... encore une preuve des bienfaits du totalitarisme à outrance !

Je joins l'adresse du message de l'institut de veille sanitaire sur le sujet, le risque ne doit pas être écarté chez des enfants qui arrivent de Chine ou qui en sont arrivés récemment. Il convient de vérifier la fonction rénale par dosage dans le sang de l'urée et de la créatinine, et d'évoquer la présence de calculs rénaux en cas de douleurs abdominales. Pour une fois ce ne sera pas forcément les parasites et il sera nécessaire de faire une échographie.


http://www.invs.sante.fr/display/?doc=presse/2008/le_point_sur/melamine_141008/index.html

mercredi 15 octobre 2008

On Strike

Demain je suis en grève pour la première fois de ma vie, voici le mail que j'ai envoyé au syndicat des pédiatres hospitaliers qui nous proposait de distribuer un tract quant à notre retraite :

Personnellement je vais faire la grève pour la première fois de ma vie mais je ne distribuerai pas ce tract demain (ni celui du SNPEH, ni celui des anesthésistes), je le trouve trop « CGT », trop « SNCF » ; et si je suis admiratif quant à leur « expérience » je ne tiens pas à leur être comparé pour mon dépucelage !

Je ne demande pas un nouveau tract mais voila ce que j’exprime aux familles et aux membres du personnel qui m’interroge sur cette grève :

1- Il est clair que nous défendons notre retraite, et il est nécessaire de préciser qu’on nous demande un sacrifice qui n’a pas été demandé à d’autres.
2- Notre salaire est certes tout à fait correct (je n’ai pas honte de le dire, et les gens sont souvent surpris, nous imaginant tous de grands nantis) mais il y a 10 ans d’étude, 2 ans de clinicat payés au lance-pierres, des responsabilités, des stresses bien au-delà de la moyenne des autres professions. Je suis surpris par les revenus de certains amis (qui exercent des fonctions dans le domaine de la gestion ou du commerce) pour des niveaux d’étude, de responsabilité et d’heure de travail bien inférieurs.
3- Je n’ai pas encore parlé du nombre d’heure de travail : ma semaine se finit vendredi matin (après une garde où j’aurai été réquisitionné) et je viens de calculer cela fera 77 heures de travail depuis le vendredi matin précédent, sans compter les quelques publications et lectures d’articles que j’ai effectué en plus, à mon domicile !
4- Je ne me trompe pas de combat, je ne me sens aucune solidarité vis-à-vis de certains autres professionnels de santé (médecins ou non) et de leurs honoraires. Je reçois pour le domaine où je fais référence (l’adoption) des enfants de toute la France et je n’ai jamais voulu demander le moindre dessous de table ou dépassement d’honoraire (je fais bien la différence entre les deux). J’ai une consultation qui n’est que publique et qui ne me ramène aucun sou. Je pleure quand je vois ce que je débourse depuis quelques années et pour quelques années encore à l’orthodontiste qui fait un beau sourire à mes enfants. Il fait bien son boulot, mais pourquoi a-t-il plusieurs voitures, dont la moins chère coûte 50 fois plus que ma Ford Escort qui n’est plus côtée à l’argus ?
5- Nous sommes aussi découragés de voir que toute une partie de notre travail, au combien capital n’a pas la moindre reconnaissance ! Car même si elle fait faire de grandes économies à la société, elle n’a aucune reconnaissance dans tous les systèmes de cotation à la « con » et je pèse mes mots car mon expérience des dossiers russes (où l’enfant est un malade que la bonne médecine soviétique va guérir) me montrent notre régression. Passer une demi-heure à rassurer une famille après un malaise ne rapporte rien, alors que lui prescrire des examens sans intérêt…. Passer des jours à revoir une famille adoptive au bord de la rupture pour arriver à renouer les liens et à repartir sur de bonnes bases si cela peut éviter un placement permet d’éviter un coût de plusieurs centaines d’euros par jour à nôtre société (c’est le tarif d’un enfant en institution), mais cela ne rapporte rien à mon service et à mon CHU.
6- Enfin je rappelle que la passion est là, et avec l’affection que nous avons pour nos petits patients et qu’il n’y a pas beaucoup d’autres choses qui nous tiennent à l’hôpital.

Première fois que je participe au site de discussion, excusez mes aigreurs, et bien amicalement à tous amis pédiatres.
Je me trompe peut-être de combat pour la grève de demain, mais pour une première fois il fallait bien plus que des motifs CGT de pseudo défense du service public pour me motiver…

JV de Monléon – CHU de Dijon

jeudi 9 octobre 2008

"C'était pas l'adoption Maman !"

Pas mal de consultations en ce moment, et comme toujours beaucoup de témoignages.

L'un d'entre eux m'a particulièrement touché, une maman me raconte la maladie grave de son enfant, maladie rare, un peu mystérieuse qui n'a rien à voir avec l'adoption. Pourtant quand les symptômes ont commencé à l'adolescence, c'est à cela que beaucoup d'intervenants ont pensé devant la fatigue du jeune homme : il est ado, il est adopté, c'est forcément une dépression.
Quand de nombreux mois après, la maladie est enfin diagnostiquée, c'est une des premières choses que dira ce grand garçon à sa maman: "C'était pas l'adoption Maman !". Comme une délivrance, malgré le difficile diagnostic, que l'on ne nie plus sa filiation.

Dans le même style, l'histoire d'un petit bonhomme qui m'a suffoqué. Il va bien comme un petit garçon de 7 ans. Il vit bien son histoire d'adoption, il la connaît mais ça ne l'obsède pas. Il est un peu jaloux de sa petite soeur, aimerait parfois avoir son papa et sa maman rien que pour lui .... un petit bonhomme comme beaucoup d'autre !
Pourtant lorsqu'il est hospitalisé pour un petit souci, les médecins n'oublient pas de rappeler à ses parents qu'il est adopté. Pour eux, cela veut dire qu'il y aura des problèmes, que cela va "sortir", il vaudrait même mieux que cela sorte maintenant plutôt qu'à l'adolescence. Aussi il lui est prescrit du Laroxyl, un antidépresseur ! On croit rêver !
Ce serait presque risible, si une fois encore cela ne témoignait de la place de l'adoption et des enfants adoptés dans notre société ! Ils sont trop souvent enfermés dans un statut dans des lieux communs qui ne sont les leurs....

mardi 30 septembre 2008

Diarrhées chez un enfant adopté

Les diarrhées sont extrêmement fréquentes chez les enfants adoptés et peuvent devenir chroniques.

La première cause (et de loin) est la présence de parasites intestinaux.
Ils sont très fréquents, presque obligatoires et ce quelque soit le pays d’origine. Ils ne sont pas toujours identifiés par les laboratoires français qui n’ont pas l’habitude de telles bestioles.
Il ne faut pas hésiter à traiter même si rien n’a été identifié. Les traitements ne sont pas dangereux et peuvent bien soulager.
La deuxième cause est l’intolérance au lactose, très fréquente en particulier chez les petits africains et les petits asiatiques. Il s’agit d’une incapacité à digérer ce sucre trouvé essentiellement dans le lait. Cela peut être entretenu par une parasitose, c’est le plus souvent transitoire et cela passe au bout de quelques semaines ou quelques mois, mais cela peut aussi durer plus longtemps.
Il ne faut pas se contenter des explications trop souvent fournies, "c'est le changement de régime alimentaire" ou "c'est parce qu'il mange trop". Non, non et non, avant tout toujours penser aux parasites et touit faire pour les éliminer.


Voici la marche à suivre que je conseille.

1 – Faire réaliser un examen de Parasitologie des selles, en faire au moins trois répartis sur 10 jours en amenant à chaque fois les selles les plus fraiches possibles au laboratoire. En privilégiant un gros laboratoire, plutôt que le labo de quartier qui ne voit de telles bestioles que tous les 36 du mois. L’idéal ce sont les services de parasitologie que l’on trouve dans les CHU.


2 - Une fois ces examens faits, et sans en attendre le résultat il faut traiter :
- Fluvermal 1 cuillère à café matin et soir pendant 3 jours
- et Flagyl : 40 mg par kilo et par jour pendant 5 jours

3- Si cela persiste refaire une nouvelle série de parasitologies au bout d’un à deux mois, et refaire non pas une fois mais deux fois le traitement déjà décrit en laissant 15 jours entre les deux cures.

4- en cas de persistance il faut envisager l’intolérance au lactose. Les tests pour objectiver cette anomalie sont à mon avis peu fiables et d’utilité modérée.
Il faut arrêter toute alimentation lactée pendant un mois et voir ce qui se passe. Le lait doit être remplacé par un lait sans lactose pour nourrissons que l’on trouvera en pharmacie ou par du lait de soja pour nourrissons (voir la note plus bas sur les laits de soja). Les yaourts et les fromages peuvent être continués car le lactose y est digéré par la fermentation (qui a transformée le lait en yaourts ou fromage).
Si cela s’améliore au bout d’un, deux ou trois mois, on peut tenter de réintroduire petit à petit du lactose.

5- en cas de persistance, il faut envisager les autres causses de diarrhées chroniques qui sont aussi fréquentes chez les petits gaulois que chez les petits adoptés : allergie au protéines du lait de vache, maladie coeliaque, etc... maladies que tous les pédiatres connaissent bien.


Les produits parfois donnés pour des diarrhées en France n’ont jamais véritablement fait preuve de leur efficacité dans ces « diarrhées françaises bien gentilles » ils sont encore moins efficace sur les diarrhées tropicales, donc ce n’est pas la peine d’en gaver vos petits.

Les laits à la mode : amande, châtaigne, noisette et j’en passe ne sont absolument
pas adaptés à l’alimentation d’un nourrisson ils ont pour principal intérêt d’enrichir leur prescripteur et leurs fabricants. Je préfère les proscrire.

Il y a lait de soja et lait de soja. Ceux que l’on trouve au rayon bébé, fabriqués par les grandes marques de nutrition infantile (Guigoz, Gallia Nestlé, etc) correspondent à une alimentation équilibrée pour un nourrisson. Ce que l’on trouve au rayon diététique sont plus proches de l’eau que du lait par leurs qualités diététiques (quantité de protéines, de calories, de calcium) comme les laits à la mode précédemment décrits ils peuvent être dangereux. Les enfants ont aussi besoin de calories pour reconstituer leur tube digestif abimé et entre autres défauts ces produits n’en amènent pas assez.

lundi 15 septembre 2008

Entretiens de Bichat

Jeudi, je suis allé parler de la santé des enfants adoptés aux entretiens de Bichat.
Il s'agit du congrès sans doute le plus médiatique de France, celui dont on parle à la télé, un de ceux qui réunissent le plus de personnes, et notamment pleins de généralistes.

Jeudi il y en a eu 800 !

Aussi j'étais ravi d'y participer et je remercie les organisateurs d'avoir laissé cette place aux enfants adoptés.

La décéption a été à la hauteur de ma joie, même sans doute plus importante : il n'y avait que dix personnes pour m'écouter !!! Dix médecins très intéréssés et très sympathiques. Mais où étaient les autres : en même temps une conférence sur le suicide (je veux bien que beaucoup soient allés écouter cela, c'est un problème angoissant) et un sujet très pointu d'ORL que j'ai du mal à imaginer comme passionnant pour les généralistes !

Ce n'est pas pour moi que j'ai été déçu, j'ai déjà fait des conférences devant des centaines de personne, je sais que je suis écouté, mais c'est bien pour nos enfants !
Mon exposé était très pratique, inspiré de mon expérience et des vôtres, pour que les généralistes qui m'auraient entendu ne disent plus (cf le message précédent) "il va bien ce n'est pas la peine de faire un bilan" ou " c'est normal qu'elle fasse sa puberté si tôt" ou encore "la diarrhée c'est le changement de régime"etc, etc....

Les consultations spécialisées pour les enfants adoptés ont encore de grands jours devant eux. Cela me passionne et je ne m'en plaindrais pas si cela n'était pas significatif de la place des petits adoptés dans nôtre société.

mercredi 10 septembre 2008

Le bilan d'arrivée

Quand un enfant est adopté et à de rares exceptions (enfant né en France ou venant d'un endroit particulièrment sûr), il nécessite un bilan médical.

Dire qu'il va bien et que c'est inutile de l'embêter n'est pas approprié : beaucoup de pathologies sont discrètes mais plus on s'en occupera tôt moins elles risquent de faire des dégâts. En France, la plupart des nouveaux-nés vont bien et pourtant ils ont droit à toute une batterie d'examen avant et après la naissance.

Dire que tout a été fait dans son pays d'origine témoigne d'une grande naïveté : la fiabilité des laboratories d'origine laissent à désirer, et en orphelinat on se contamine facilement.... quelques jours après les examens !

Dire qu'il faut lui laisser le temps de se poser est très gentil et serait une bonne chose si cela ne faisait pas perdre de temps, pour traiter une maladie qui peut évoluer défavorablement et..... être contagieuse.

Très important ce bilan d'arrivée peut être prescrit par n'importe quel médecin mais il n'est qu'une petite partie d'une VRAIE consultation d'arrivée qui ne peut être fait que par quelqu'un qui a de l'expérience dans l'adoption.

Ce bilan doit être précédé d'un examen médical complet qui pourra donner des indications sur d'éventuelles maladies et l'état nutritionnel.

Que dépister dans ce bilan :
-Des maladies graves d'évolution parfois discrètes : Sida, hépatite B, hépatite C, syphillis et tuberculose. En dehors de la tuberculose (voir le message consacrée à ce sujet) les autres maladies se dépistent par une sérologie (prise de sang).
-L'efficacité des vaccinations, parfois on a de très beaux carnets de vaccination complètement faux ! Pas la peine de tout contrôler mais les maladies qui ont les meilleurs taux d'anticorps (diphtérie et tétanos) et en fonction de ce taux on voit s'il faut repartir à zéro, se contenter d'un seul rappel ou de rien du tout pour l'instant.
- Un petit bilan général (numérationde formule, ionogramme sanguin, dosages des transaminases, de marqueurs nutritionnels) est aussi à faire.
-Si l'enfant a moins d'un an, il faut aussi rechercher les pathologies dépistées chez tous les bébés pendant la grossesse ou le séjour à la maternité : recherche d'une hypothyroïdie, d'une phénylcétonurie, d'une rubéole, d'une toxoplasmose.
-En cas d'origine asiatique ou africaine il faut dépister une malformation de l'hémoglobine (principal constituant des globules rouges) par une éléctrophorèse. Un prochain message fera le point sur ces maladies.
-Chez les petites filles âgées de plus de 4 ans, du fait du risque de puberté précoce (là aussi il y aura un message sur le sujet) un âge osseux est à faire de manière très rapide. Cet examen est utile aussi en cas de doute sur l'âge. Mauis ATTENTION l'âge osseux n'est jamais une parole d'évangile pour définir l'âge réel d'un enfant.
-Pour tous une série de trois examens parasitologiques des selles, en amenat des selles fraiches (et oui, c'est poétique) à un laboratoire qui a l'habitude de ces bestioles. Même en Europe de l'Est il y a pleisn de parasites dans les orphelinats.
-En fonction de l'examen clinique et au cas pas cas d'autres examens peuvent bien sûr être rajoutés.

vendredi 5 septembre 2008

Réponse particulière à propos de l'accouchement sous le secret

Je ne fais pas du favoritisme envers le message de koan zen, mais les questions qu'ils posent sont intéressantes à débattre. Je n'ai d'ailleurs pas compris si le message venait directement du juge pour enfants qui a écrit ce texte ou de quelqu'un qui l'a fait passer. Quoiqu'il en soit vu les questions qu'ils soulèvent et qu'il se trouve sur mon blog, je tiens à répondre.

En commençant par ce qui fâche :

-Quand on dit que la loi (par l'acc sous X) privilégie le lien affectif au détriment de la filiation. Ce n'est pas le but de ce mode d'accouchement qui a été fait pour protéger l'enfant et la mère. De plus les derniers textes encouragent à privilégier le consentement à l'adoption en maternité qui est comme le sous X sauf que l'identité est transmise, on peut regretter que le personnel des maternités, les services de planning familiaux, les assistantes sociales .... mais aussi les juges ne le savent pas.
Autre petite remarque acerbe, la plupart des lois de France privilégient le droit du sang au détriment des enfants, et quand c'est le contraire, il est tout à fait dommage que certains juges mettent des bâtons dans les roues et trainent la patte. Les enfants rendus inadoptables car malgré une absence de contact prolongé de plusieurs années avec leurs parents bio, n'ont pas vu la déchéance des droits parentaux prononcée peuvent en témoigner.

-L'argument typique qui m'énerve : seul la France et le Luxembourg reconnaissent l'adoption sous X donc ce n'est pas bien. L'autre argument qu'on sort c'est qu'il a été mis en place par le gouvernement de Vichy...
La France a été le premier pays à dire que la guerre en Irak ne correspondait à rien quand d'autres faisaient les moutons, j'étais fier d'être français.
Quand je vois que les tours réapparaissent en Allemagne, Suisse et Italie, je suis heureux d'être français et d'avoir l'accouchement sous X à proposer pour la sécurité des mères et des enfants.


-Supprimer l'adoption plénière qui nie la filiation biologique. Je me suis battu avec des magistrats (y compris au CSA) pour montrer que la différence entre adoption simple et plénière était une affaire d'héritage avant tout, et en aucun cas une affaire de rupture de liens affectifs. Les représentants du ministère de la justice m'ont donnés raison sur ce point. Il n'y a qu'à voir ce qui se passe en Polynésie, dans certaines adoptions simples les liens sont rompus entre les deux familles et dans beaucoup d'adoptions plénières ils sont maintenus. Je ferai un message plus détaillé sur ce point.
J'ai quand même vu aussi une juge en Polynésie expliquer que les polynésiens n'avaient rien compris à l'adoption.... ben voyons cela ne fait que quelques siècles qu'ils la pratiquent (1966 pour nous), parce que des parents bio ne voulaient pas que leur enfant soit adopté en adoption simple pour ne pas prendre une part d'héritage aux enfants qu'ils gardaient auprès d'eux.

-La quête de l'identité : si on entend très fort ce qui ne peuvent pas vivre car ils ne connaissent pas leurs origines, et qu'ils le crient très fort, je peux vous dire qu'ils sont peu nombreux? Cela excite les journalistes, peut être aussi certains juges qui connaissant bien Pôpa et Môman pensent qu'ils seraient très malheureux de ne pas les avoir. MAIS CE N'EST PAS UN PROBLEME POUR LA MAJORITE DES ADOPTES. Je ne dis pas cela pour faire joli mais parce que des ados adoptés qui vont mal j'en vois des tas et des tas, ça ce compte en centaines, et je les interroge toujours sur ce sujet.
La réponse est dans l'immense majorité presque toujours la même : je voudrais bien les recontrer (mes parents bio) mais je vis bien sans et ce n'est pas mon problème, et cela malgré que notre société leur rabache les "vrais" parents.

Il y a quand même des points d'accords avec ce texte :

L'adoption sous X devrait être améliorée. Pour moi, elle ne devrait rester qu'une dernière solution pour protéger la maman quand le consentement à l'adoption en maternité avec remise d'identité n'est pas possible.

Tout compte dans la construction d'un individu ses gênes et son éducation. Des droits de visite ou des transmissions de nouvelles devraient être accordé en certains cas aux parents et aux grands-parents. C'est ce qui se passe en Polynésie une fois encore. Mais l'enfant d'abord et toujours en le préservant en ne l'écartelant pas. J'ai dit et je répète il vaut mieux avoir 4 parents que pas du tout.
Et comme le dit ganesh46 dans le message suivant il n'y a pas de vrais et de faux parents. Souvent il y a des parents qui ont aimés l'enfant qui ont comptés pour pas mal de choses, qui souvent lui ont fait le don d'un avenir et d'autres parents qui sont là pour s'occuper, éduquer, aimer et protéger pour toujours.

Réponses à tous vos "vieux" messages

Petites révisions de tous vos vieux messages auxquels je donnerai une réponse générale :

- merci tout d'abord de tous vos encouragements

-je suis allé visité tous vos sites, et c'est bien intéressant, mais je n'ai pas encore fait de liens vers ses sites, cela viendra...

-vous pouvez mettre mon blog en lien ou me citer sur vos sites sans aucun soucis, la connaissance et l'expérience n'ont de valeur que si elles sont partagées. Mais, si j'assume tout ce que je dis sur le blog, je tiens quand même à dire que cela vient de moi. Je n'aime pas trop me faire tondre la laine sur le dos, et certains ont abusé de moi et mon travail sans aucun retour (mais non, mais non, je ne parle pas du Figaro Madame, ni de certains dirigeants d'une grande association de parents...)

jeudi 4 septembre 2008

Tuberculose en Ethiopie

Un petit message d'alerte, je vais tenter de joindre aussi les OAA qui travaillent en Ethiopie.

Il y a depuis le début de l'année, une recrudescence des cas de tuberculose en Ethiopie. De 1 ou 2 cas par an que je dépistais, nous sommes passé de 5 à10 !

Principalement pour les enfants qui sont passés par le Toukoul mais d'autres orphelinats sont aussi touchés.

La tuberculose est une maladie difficile à diagnostiquer, elle peut se traduire :

- soit par une primo infection, c'est à dire que la bacille est latent et qu'il attend une bonne occasion pour se manifester. En ce cas le traitement durera 3 à 4 mois.

- soit la tuberculose maladie, qui n'est pas que pulmonaire, elle peut être aussi ganglionnaire, méningée, uro-génitale, osseuse, etc. En ce cas le traitemen sera bien plus long de 6 à 12 mois.

Pour chaque enfant qui arrive d'Ethiopie (mais aussi pour les autres, il y a de la tuberculose un peu partout dans le monde), il est nécessaire de faire une intra dermo réaction. C'est à dire une petite piqure sous la peau (appelée autrefois cuti) et d'en lire le résultat 3 jours après.

Si la réaction est importante, cela veut dire que le bacille est là, et il faut dans ce cas hospitaliser l'enfant quelques jours. Il aura alors des radios, scanners analyse de sang, d'urine et des tubages dans l'estomac à la recherche de ces sécrétions. Cette hospitalisation est indispensable pour faire la différence entre les différents formes de tuberculose et adapter le bon traitement.

Pour tous : l'examen important est bien l'intra Dermo Réaction, une radio des poumons ne suffit pas, la tuberculose n'est pas que pulmonaire.

mercredi 3 septembre 2008

Maladie de Chagas

A lire attentivement si vous avez adopté un enfant en Amérique latine continentale.

La maladie de Chagas, est une maladie parasitaire qui est transmise par une punaise sud américaine. Elle peut entrainer, après une dizaine d'années où elle se fait oublier, des lésions importantes notamment au niveau du coeur et de l'oesophage.

Un traitement peut être proposé pendant cette période de latence.

Jusqu'à il y a peu, on pensait qu'elle ne sévissait que dans la forêt humide (Amazonie), or on s'aperçoit qu'elle s'est répandue depuis quelques années de manière très rapide dans les villes.

Des cas ont été découvert du sud des Etats Unis jusqu'à la Patagonie (les Caraïbes sont exclues)dans des populations urbaines.

Donc les enfants peuvent être touchés. Si votre enfant vient d'Amérique continentale (Colombie, Brésil, Guatemala, Mexique, Chili, Bolivie, etc..) mais non pas s'il vient des îles (Haiti, Dominique), je vous conseille de lui faire réaliser (sans urgence, mais à l'occasion d'un contrôle d'une prise de sang), une sérologie de la Maladie de Chagas.

Pas de panique il vaut mieux prévenir que guérir.

Mediatic Man

Pendant mes vacances, en Bretagne j'ai découvert l'annonce du plan adoption, je me suis fait une petite revue de presse, de tous petits articles dans le Figaro et Libération, et deux pages dans la Croix, dont une interview de mon ami d'enfance (d'ailleurs plutôt ami d'enfance de ma grande soeur, moi j'étais le bébé) Bernard qui habite maintenant en Corse et papa d'un petit Thomas du Mali, un moyen sympa d'avoir des nouvelles....

Et peu après mon retour, demandes de toutes parts des journalistes, car les ministres ont dit qu'il fallait developper les consultations d'adoption, ENFIN !!! Mais j'attends de voir pour y croire. Donc vous m'avez peut être vu sur France 3 (national et régional) me lamenter, et c'est vrai que ma consultation survit et qu'elle ne rend qu'un dixième des services qu'elle pourrait rendre !

Canal Plus et M6 se sont annoncés, mais elles n'avaient pas assez de cameramen car les athlétes revenaient de Pékin au même moment, l'adoption attendra et ils reviendront me voir quand Laure Manaudou ou Nelson Montfort voudront adopter.

Des articles sympas dans le Bien Public le journal de Dijon et dans Libération, pour ce dernier journal une petite précision : je l'ai souvent critiqué pour des prises de positions très déplaisantes sur l'adoption avec des clichés catastrophiques (je l'ai d'ailleurs déjà allumé dans ce blog), mais là je tiens à remercier vivement la journaliste Elise Brissaud qui a su aller à l'essentiel et qui a eu la gentillesse et la politesse (exceptionnelle dans le monde du journalisme) de me faire relire l'intervie avant de le publier (ça change du Figaro Madame !).
Mais je n'oublie pas les deux petits jeunes journalistes bourguignons qui m'ont fait plaisir et ont su faire passer de l'émotion.

Séance de ce rattrapage qui veulent lire ou voir le docteur, voici les liens

http://www.liberation.fr/actualite/societe/347994.FR.php
http://www.bienpublic.com/actu/region/20080830.BPA5101.html
http://jt.france3.fr/regions/popup-test.php?id=b21a_1214part1&video_number=0

Coucou me revoilou

Trois mois sans nouvelles, c'est bien la peine de faire son malin avec son blog pour le laisser tomber, mais il faut me pardonner avant de aprtir en vacances j'ai fait le choix de partir sans retard de courrier au détriment de mon blog.

Et depuis que je suis revenu, je rattrape le courrier qui s'est accumulé pendant les vacances et je vois les petits adoptés qui attendent depuis longtemps de me voir.

Mille pardons fidèles lecteurs...

Je vais essayer de faire revivre mon blog ces jours-ci avec queqlues articles et en particulier un pour répondre à vos remarques sur mes textes.

mardi 3 juin 2008

Allo docteurs, vu à la télé

Petit passage à la télé ce jour en direct sur la 5, en début d'après-midi, dans le cadre du journal de la santé.
Une équipe sympa, et l'autre invité était mon amie Anne de Truchis, "ma petite soeur" dans l'adoption, puisque nous travaillons de la même façon et qu'elle est venue me voir à Dijon, avant de lancer sa consultation de Versailles.
Les questions des téléspectateurs étaient finalement assez peu médicales au sens propre du terme.

L'émission est visible sur internet.

vendredi 16 mai 2008

Adoption en Bulgarie

http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/05/14/radka-boris-et-maria-orphelins-bulgares-seront-bientot-adoptables_1044750_0.html

Encore un article du Monde, qui traite de l'adoption, celui-ci est paru le 14 mai, et me plait beaucoup mieux. CAr il s'attache à une réalité concrète qui touche des milliers d'enfants... en Bulgarie, mais la même chose existe dans d'autres pays.
On "découvre" que dans ce pays les orphelinats ne sont pas toujours humains (malgré certaines institutions modèles) que les enfants y sont délaissés et souvent non adoptables. Et c'est tout à l'honneur des autorités bulgares de chercher à modifier les conditions d'adoption, afin d'éviter des catastrophes quant au comportement futur des enfants.

Merci à la journaliste par ce petit reportage de nous montrer que le maintien des liens et l'adoption nationale a ses limites... qui sont le bien-être et la santé des enfants.

lundi 5 mai 2008

Va, vis et deviens

Ce soir à la télé,
Un des plus beaux films sur l'adoption.
Sans doute pas complètement crédible, beaucoup dans le conte de fées des temps modernes.
Beaucoup d'autres sujets forts que l'adoption y sont traités : le racisme, le mensonge, le tiraillement entre deux cultures, deux religions, etc...
Mais un film qui reste à mon avis magnifique, bien loin du reportage plus sordide et plus véridique, qu'était Holy Lola, sorti en même temps.
Pour ceux qui ne l'ont jamais vu, à vos écrans ce soir.
La toute dernière image du film, vous dira pourquoi par respect pour les familles de naissance des enfants adoptés, je ne parle que très rarement d'abandon, pournommer la séparation des familles de naissance !

samedi 3 mai 2008

Syndrome d'alcoolisme foetal

Cette pathologie concerne essentiellement les enfants russes, mais aussi ceux originaires des états baltes, de Pologne, un peu moins ceux d'Ukraine. Mais on peut aussi rencontrer des SAF dans d'autres pays et notamment en France.

La Cause : essentiellement les cuites, plus que l'alcoolisme chronique, mais toute prise d'alcool pendant la grossesse peut faire du mal.
La transmission au foetus reste elle aussi mystérieuse, des jumeaux peuvent être plus ou moins atteint : un très touché, l'autre presque indemne alors qu'ils baignent dans le même liquide amniotique.

La Fréquence : En Russie, on pense parfois que près de 10% des enfants qui naissent dans ce pays seraient porteurs de SAF. Ce qui se traduit par 50% des enfants proposés à l'adoption porteurs de ce syndrome. Cela peut se comprendre car les mêmes raisons sociales et économiques qui poussent une femme enceinte à boire pendant sa grossesse vont aussi la pousser à se séparer de son enfants quand celui-ci sera là. Il ya encore 2 ou 3 ans, près d'une enfant sur deux que je voyais arrivant de Russie était porteur de SAF. La fréquence a bien diminuée (20% environ) depuis. Je ne pense pas qu'il y ait moins de SAF chez les petits russes, mais les postulants sont mieux informés, il y a eu mes conférences (notamment à l'APAER et Adoption-Russie) et celles de confrères.

Les Signes : Avant tout il faut que je vous dise que le SAF ne peut JAMAIS être éliminés de manière certaine.
Forme majeure :
faciès particulier filtrum (relief entre nez et bouche) long, plat et bombé ; une base du nez large
gros retards d’acquisition
gros retards de taille et encore plus de poids
grandes difficultés à faire manger
tendance à l'hyperagitation

Mais un seul de ces signes ne permet pas de faire le diagnostic de manière isolée

Formes mineures :
signes discrets, voir peu de signes parmi ceux décrits plus hauts
le SAF n’est suspecté qu’à l’âge des apprentissages (au cours préparatoire) car les enfants ont à ce moment là de grosses lacunes.

Le Diagnostic : il reste clinique aucun examen ne permet de confirmer ou d'infirmer le daignostic. Même s'il est rarement évoqué dans les dossiers, les médecins russes connaissent bien cette maladie et il faut les interroger sur la possibilité que l'enfant que l'on vous présente en soit porteur.

Le Traitement : tous les SAF sont améliorales mais avec une prise en charge adapté : soutien psychologique, orthophonie, scolarité spécialisée, psychomotricité. Mais l'amélioration reste parfois minime. Certains SAF majeurs ne seront jamais parler par exemple.


Il y a toujours une part d’inconnu important. Je suis désolé de ne jamais pouvoir rassurer complètement mais je suis obligé à cette vérité.

A venir....

Une série de petits spots sur certains problèmes de santé des enfants adoptés.

vendredi 2 mai 2008

Pierre ou Constantin

Des membres de mon association préférée (Racines Coréennes, dans une prochaine chronique je vous expliquerai pourquoi, c'est mon assoc. préférée) m'ont prévenu de la sortie de deux articles(les liens sont en fin de message).
Je ne parlerai pratiquement pas de l'histoire en elle-même. Je comprends la détresse des grands-parents qui ayant perdu un enfant aimerait avoir ce petit-fils, je comprends encore mieux la famille adoptive qui s'inquiète justement de cette médiatisation. L'article laisse espérer de plus des contacts, au moins à distance, ce qui serait le mieux pour cet enfant.
La loi en plus est vraiment claire sur ce sujet, et tant mieux pour cet enfant.

Ce qui m'interroge plus c'est la médiatisation, comme par hasard, cela apparait dans Le Monde, arbitre habituel des élégances avec Libération dans notre France bien pensante !

Et vlan, une fois encore, n'est reconnue que la vraie bonne filiation, ne sont cités surtout que des spécialistes de la lutte contre le secret, car ils n'osent avouer que leur lutte véritable et violente est contre l'adoption en général.

Y en a un peu marre, de toujours faire pleurer le citoyen sur le vrai parent ou le vrai grand-parent privé de ces chers petits.
Cela fait verser sa petite larme au bourgeois, mais en même temps cela le rassure lui qui a ses parents à lui, ses enfants à lui. Et le brave homme s'identifie tout de suite aux pauvres malheureux privés de leur VRAIE filiation. Est-ce qu'il pense à l'enfant, le bourgeois abonné au Monde ?

Y en a marre de ne parler que de la quête des origines quand on parle d'adoption.
Je sais de quoi je parle 1300 enfants suivis, dont une grande partie d'ados. Et bien beaucoup (pas tous, il y a quelques refractaires) vraiment beaucoup aimeraient bien savoir d'où ils viennent. Beaucoup, tout au moins dans ceux que je suis, car les ados en pleine santé physique et morale ne viennent pas trop me voir, ne vont pas parfaitement bien, sont mal dans leur peau.
Mais pour beaucoup, la question des origines n'est vraiment pas primordiale. Même s'ils balancent le fameux "t'es pas ma mère", parce qu'ils savent bien taper où ça fait mal, ils m'avouent en aparté que "c'était pas pour de vrai".
Ce qui me désole c'est qu'en généralisant sur la quête des origines, à d'autres moments c'est sur l'attachement, on s'engouffre dans des impasses et on n'en sort pas. Il faut des années pour découvrir que si l'ado va mal c'est par exemple parce qu'il est maltraité par des petits camarades racistes.

Des enfants, des ados, des adultes adoptés sont en quête de leurs origines, certains (bien rares dans mon expérience) en ont besoin pour avancer, mais ne généralisons pas.
Des enfants, des ados, des adultes adoptés ont des troubles à établir un lien avec leur famille, mais ne généralisons pas.
Des enfants, des ados, des adultes adoptés souffrent de racisme, mais ne généralisons pas.
Des enfants, des ados, des adultes adoptés ont du mal à se remettre des souffrances de leur vie antérieure, mais ne généralisons pas.
Des enfants, des ados, des adultes adoptés ont été elevés par des parents adoptifs psychorigides, mais ne généralisons pas.

Tous ces problèmes existent comme bien d'autres, n'en voir qu'un pour faire avancer son idéologie est dangereux, ce n'est pas comme cela que les enfants iront mieux.

Comme pour tous les messages de ce blog, celui ci peut être reproduit en me citant dans un groupe de discussion ou autre moyen de diffusion, mais il doit être reproduit dans son intégralité.
Si quelqu'un sait comment faire passer cet article à la journaliste du Monde, qu'il n'hésite pas, je n'y suis pas arrivé et je n'aime pas taper dans le dos.

Lemonde.frhttp://www.lemonde.fr/archives/article/2008/04/28/pourquoi-pierre-ne-sera-pas-constantin_103926! 0_0.html

Lemonde.frhttp://www.lemonde.fr/archives/article/2008/04/28/accouchement-sous-x-le-droit-de-savoir-contre-le-droit-de-cacher_1039261_0.html

jeudi 1 mai 2008

Un tout petit mot pour vous remercier, je crois qu'il a suffit d'une chronique dans Agoravox pour faire connaître l'existence de ce site, dont je n'ai parlé à personne auparavant.

Je prépare un message sur l'affaire dite de Pierre Constantin dont le Monde fait tout un plat. Toujours le même problème et la primauté de la biologie sur le social.


En attendant c'est jour férié, avant un gros week end de garde, le docteur des petits adoptés passe du temps avec femme et enfants et à repiquer ses tomates.

Et oui moi qui ne suis pas bricoleur, le jardinage est mon violon d'Ingres.

mercredi 30 avril 2008

Agoravox

ça y est après le blog me voici sur un autre média virtuel, voici le lien pour mon premier article sur Agoravox

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=39373

jeudi 10 avril 2008

L'adoption n'est pas un geste humanitaire

Ce jour dans La Croix mon papier qui j'espère rétablira quelques vérités sur l'adoption et l'arche de Zoé.
Voici ce texte pour ceux d'entre vous qui n'ont pas eu ce journal dont j'aime le recul :


L’adoption n’est pas un geste humanitaire
«C’est bien ce que vous fai­tes ! » Trop souvent des parents adoptifs en­tendent cette phrase, prononcée par des proches ou des inconnus. Cela peut faire plaisir, mais cela ne correspond en rien à la réalité de l’adoption. Beaucoup trouvent charmantes ces petites têtes plus ou moins bronzées, aux pommettes hautes, aux yeux bridés, aux cheveux crépus, ac­crochées à des mamans blondes et des papas au visage pâle.D’aucuns pensent que les parents adoptifs sont très généreux d’ac­cepter une filiation qui n’est pas la leur, de donner un coup de main à des enfants défavorisés. Ces réactions traduisent une grande méconnaissance de l’adoption. Elle n’est ni une recherche d’exo­tisme, ni un acte de générosité. Dans neuf cas sur dix, la princi­pale motivation pour adopter est de corriger une infécondité (que l’on soit célibataire ou vivant dans un couple stérile). Pour les 10 % de parents adoptifs qui n’ont pas ces soucis de fécondité, c’est bien le désir d’agrandir sa famille qui doit motiver l’adoption et non celui de sauver des vies.L’adoption découle le plus souvent de la rencontre de deux égoïsmes. Égoïsme d’un adulte ou d’un couple qui souhaite créer ou agrandir une famille, égoïsme d’un enfant en recherche d’un père et d’une mère pour s’occuper de lui. C’est bien la rencontre de ces deux désirs égoïstes qui permet souvent d’arriver à un bonheur commun. D’autres sociétés – en Afrique sub­saharienne ou dans le Pacifique – l’ont compris depuis longtemps. Il n’y a pas le même regard sur les familles adoptives, et les « liens du sang » y sont moins sacralisés. Notre puissance économique et militaire nous fait souvent oublier que les bons exemples sont parfois ailleurs.Les membres de l’Arche de Zoé viennent d’être libérés. J’ai peur que leurs déclarations, afin de tenter une fois encore de se présenter en héros, ainsi que le traitement médiatique qui en sera fait, entretiennent encore cette ambivalence. Évoquant des faits réels sur le sort des enfants du Darfour – les enfants meurent sans que cela soulève des vagues d’indignation dans notre monde –, ils ont justifié la nécessité d’in­tervenir pour tenter d’en sauver quelques-uns. Le problème est qu’on ne s’improvise pas famille d’accueil d’un enfant avec un aussi lourd bagage de souffrance si on ne s’est pas préparé. Des agréments existent en France, ils sont obligatoires, tant pour les familles adoptives que pour les fa­milles d’accueil. Ils sont justifiés : que se passerait-il, pour un enfant déjà ballotté par la vie, si au bout de trois mois, une famille « d’ac­cueil », surprise par les difficultés, ne pouvait plus assumer sa prise en charge ?Pour le cas des familles de l’Ar­che de Zoé, je crois que la plupart attendaient bien un enfant à adop­ter. On pouvait donc se rassurer sur l’avenir des enfants, mais cela montre qu’il s’agissait bien d’une adoption déguisée et le terme de trafic n’est pas inopportun. Cette association n’avait, elle non plus, aucun agrément pour permettre et organiser des adoptions : profiter de l’instabilité d’un pays pour en faire sortir des enfants sans con­trôles fiables est bien la preuve d’un manque de clarté. Le flou existait aussi sur le pays d’origine : Tchad ou Soudan ?Plutôt qu’au sort des membres de cette association, je pense à celui de leurs petites victimes. Ces enfants ont, pour la plupart, retrouvé leur famille, j’espère que cette longue errance ne les aura pas trop traumatisés.J’ai aussi plus de commisération pour tous les enfants adoptés qui, depuis le début de cette affaire, se sont entendu dire en cour de ré­création que leurs parents étaient des voleurs d’enfants. J’aurais sou­haité entendre les médias évoquer ces drames quotidiens.S’il faut sans doute condamner, il faut aussi comprendre pour­quoi des familles ont accepté de prendre un tel risque, de « fran­chir la ligne jaune » : lorsque l’on veut adopter, on se heurte à des parcours de plus en plus longs et de plus en plus compliqués. Cela peut s’expliquer par des raisons géopolitiques : tel ou tel pays ne veut plus que ses enfants partent à l’étranger. Cela est aussi justifié pour que les adoptions soient propres, irréprochables. Mais l’excès serait de tomber dans la suspicion systématique, la plu­part des adoptions n’ont rien à voir avec quelques aventuriers illuminés.Il faut aussi garder en mémoire que chaque jour des enfants meurent dans des orphelinats du tiers-monde : mourir de ne plus avoir d’espoir, mourir de n’avoir jamais de sourire, mourir de diar­rhées parce qu’il n’y avait pas une maman ou un papa pour donner patiemment à boire à chaque ins­tant. Cela n’est pas tolérable, c’est encore moins tolérable quand on sait que cet enfant était attendu par une famille française, et qu’il ne manquait parfois qu’un tout petit bout de papier, dont l’im­portance paraît bien futile, pour entrer en France. Je ne pense pas que l’Arche de Zoé leur ait rendu service.

lundi 7 avril 2008

Edifiant, voilà quelques jours que les membres de l'arche de Zoé sont libres. A peine quelques mois de prison pour kidnapping et voici ce soir leur leader paradant sur France Info, se présentant comme un héros.
A pleurer quand on pense au mal que ces individus ont fait et à leur impunité.

Jeudi dans le quotidien La Croix doit paraître une opinion que j'ai rédigée à ce sujet.
A savoir si elle intéressera autant que le grand cirque de ces zozos.

mercredi 19 mars 2008

Bienvenue à Madame Morano

Jour où on parle de l'adoption ce 19 mars.
Deux nouvelles
Nous avons enfin une ministre de la famille, et le rapport de la Mission Colombani a été revélé.
Enfin pas encore complètement, on ne connaît que ces conclusions par bribe, donc ce sera l'objet d'une prochaine chronique.

Bienvenue donc à notre ministre (ou plutôt secrétaire d'état) à la famille. Il était évident que ce poste avait été oublié.
Pour le problème de la santé des petits adoptés, cela fait un intervenant de plus avec son ministre de tutelle (Xavier Bertrand), le ministère des affaires étrangères, et la ministre qui a en charge l'adoption internationale (Rama Yade), et le ministre de la santé (Roseline Bachelot). Si les cabinets ministériels sont assez souvent de bonne volonté et comprennent qu'il y a des choses à faire. Les institutions qui en dépendent et dont l'objectif principal est souvent l'immobilisme s'en donnent à coeur joie, devant une telle dispersion. On va entendre parler de courrier en partance (terme que ces institutions adorent) d'une administration à l'autre. Mais malheureusement il semble que les courriers ne sont jamais en "arrivance".

Là n'est pas la question de la chronique du jour, bienvenue donc à madame Morano. En surfant sur le web, on s'apperçoit que notre ministre ne laisse pas indifférent : entre ceux qui parlent d'un clin d'oeil au FN pour justifier sa nomination et ceux qui à l'opposé lui reproche ses prises de positions favorables à l'euthanasie et à l'adoption par les homosexuels, on voit qu'elle ne laisse pas indifférent.

J'ai pour habitude de ne jamais juger sur la première impression et j'attends pour en savoir plus...
Pour l'instant, sans me douter un jour que madame Morano aurait à s'occuper du sujet qui me tient à coeur, j'avais apprécié son franc-parler. J'ai toujours préféré une bonne polémique aux coups de poignard dans le dos, et je pense que notre ministre fraîchement nommée ne maniera pas la langue de bois. Si cela pouvait faire avancer le schmil blick....

vendredi 14 mars 2008

Mon confrère de l'Arche de Zoé

Un des principaux responsables du Conseil de l'ordre de mon département a voulu mon avis de spécialiste de l'adoption à propo de l'Arche de Zoé.
Son souhait était qu'au nom 'un sentiment confraternel, les médecins se mobilisent pour notre confrère pris dans cette affaire et emprisonné au Tchad, puis en France.
"C'est un confrère nous nous devons de l'aider à sortir de là", ma réponse n'a pas été délicate (mais je suis rarement tiède) : "Le docteur Petiot lui aussi était notre confrère !"
Dès le mois de juillet j'ai été contacté par cette association et notamment par le-dit confrère. Même avec très peu de connaissances sur le sujet, il était facile de voir combien l'affaire sentait le souffre. Pas franchement des braves gens, ni des sauveurs d'enfants, nos aventuriers.
"On y va pour sauver des vies et faire ce que les gouvernements n'ont pas osé faire", mais quand je m'inquiètais de l'état de santé de ces enfants des risques de malnutrition grave, d'hépatite, de stress, il m'a été répondu que les enfants seraient séléctionnés par des sérologies et mesures soigneuses et que seuls les bien-portants seraient gardés...
Quand je m'inquiète sur le fait que les familles d'accueil qui se déclarent prêtes à recevoir ces enfants n'y sont pas préparées, on me rassure en me déclarant que la plupart ont un agrément pour adopter délivrés par leur conseil général !
L'adoption n'est pas un principe humanitaire. Pour l'Arche de Zoé, si l'on gratte un peu, ce n'est pas de l'humanisme mais bien un trafic d'enfants et beaucoup de mégalomanie que l'on découvre.

Je succombe à la mode

ça y est je me lance, mon blog est créé.
Un peu fou comme idée, moi qui n'ai jamais assez de temps.
Mais on me demande tellement d'avis que je trouve souvent dommage de ne pas les diffuser pour faire naître des réfléxions, même éventuellement des polémiques.
L'exemple en est l'affaire de l'Arche de Zoé, depuis bientôt 6 mois que l'affaire a explosé, il ne se passe pas une semaine sans qu'on me demande ce que j'en pense pourquoi ils ont fait cela, etc etc...

J'aime bien m'exprimer en toute indépendance, sans dépendre d'aucune association, même si beaucoup d'entre elles me sont très sympathiques et si certaines m'en veulent de ne pas être "leur" adhérent.

Donc ça y est le blog de l'adoption est lancé, je n'en parle à personne on va voir comment il va se diffuser.