vendredi 22 mai 2009

Calendrier des colères

Pas mal d'enfants : nourrissons, petits, préados et ados ont tendance à faire des colères, des grosses, des petites.
Les causes en sont nombreuses, et plus encore chez les enfants qui ont vécus le grand chamboulement de l'adoption : enfants no-limit, intolérance à la frustration, angoisses diverses, les étiologies ne manquent pas et chacune d'entre elles mériterait un long exposé pour en expliquer les raisons.... ce sera le cas plus tard, ou dans une autre vie.

Je voulais juste vous faire partager une petite méthode que j'ai commencé à proposer il y a quelques mois, et dont les premiers retours que j'obtiens dépassent mes espérances. 

Il s'agit du calendrier des colères. J'ai un peu honte de vous dire comment j'y ai pensé... ce n'est pas dans la lecture d'un quelconque traité d'éducation bien-pensant ou d'un ouvrage de psychologie... c'est en copiant une méthode qui a fait ses preuves en pédiatrie générale : le calendrier du pipi au lit ! 

Ainsi, si vos petits ou vos grands font des colères épisodiques, ne vous en formalisez pas, la colère est quelque chose de normal, et laissez-les gentiment sortir de leurs gonds de temps en temps. Si celles-ci sont trop fréquentes, essayez le calendrier, sur une jolie feuille faites un petit calendrier en créant une petite case pour les jours à venir. Chaque soir, l'enfant dessine un petit bonhomme ou un petit visage selon qu'il y ait eu de grosses colères ou non. Un être hirsute tout rouge ou un petit visage souriant paisible. Pour un ado rebelle (pléonasme), on peut se contenter d'inscrire Zen ou Rage ! 
A tout âge, l'intéressé lui-même s'aperçoit mieux, lorsque c'est ainsi comptabilisé, quand il y a beaucoup (trop) de "colères". Première source de motivations pour les diminuer... que l'on peut compléter par des petites récompenses, une première quand il y a trois jours sans colères, puis une semaine, ou un mois sans (ou avec de très rares) colères.
La récompense doit être à la mesure de l'effort, plus que des cartes Pokemon ou une nouvelle Nitendo DS, offrez des choses qui limiteront les colères et qui sont bien plus précieuses : du temps. Cela permet aussi de montrer combien les disputes, les colères, les bouderies qu'elles entraînent sont dévoreuses de temps. Pensez que les cadeaux dont nos enfants se souviennent le plus ce sont une heure pour faire un jeu de société, un peu plus pour faire un tour de vélo, visiter un musée, un chateau-fort ou un parc, etc....

Si vous êtes concernés, essayez cette petite méthode qui a l'avantage de ne pas être dangereuse, Plutôt que se rassurer en donnant un médicament efficace, mais avec des effets secondaires ou un médicament sans effets secondaires mais sans véritables effets non plus (pour reprendre un débat précédent). Mais attention, si les colères sont trop importantes ou fréquentes, il faut ne pas hésiter à se faire aider pour essayer de trouver la cause. Bon courage.

12 commentaires:

lolotte a dit…

Bonsoir,
j'ai utilisé cette méthode avec un certain succès avec mes filles, il y a quelques années, avec à la clef au bout de 10 jours "soleils" l'achat d'un bouquet pour la maison: j'aimais bien l'idée d'une récompense pour nous trois, qui soulignait le plaisir que nous prenions alors à être ensemble. (j'avais pioché l'idée au même endroit que vous!)
Même que mes filles m'ont proposé d'elles mêmes de remettre la chose en usage concernant les disputes entre elles deux, qui comme toutes les soeurs du monde s'adorent et se chamaillent toute la journée!
Et même que je crois bien qu'on va s'y remettre!
Laurence

Evelyne a dit…

J'aime beaucoup l'idée du calendrier... Le temps manque souvent dans les relations adulte/enfant (je ne suis pas encore Maman, juste Maîtresse...) et je suis persuadée qu'on a tous à y gagner en prenant le temps...
Merci pour cette suggestion, et tout ce que vous faites pour nos enfants...

Aurèle a dit…

Super comme idée, moi je n'y avais pas pensé malheureusement... Bon d'un autre côté mon fils n'a jamais fait vraiment de colère, lui il boude ou fait des caprices !
J'ai tenté de lui expliquer que caprice était égal à moins voir maman car je le punis seul dans son coin lorsque cela arrive et depuis maintenant un peu plus d'un mois il semble avoir compris que cela ne servait à rien de capricer tout le temps.
Il y a encore quelques caprices mais rien de bien méchant, seulement des petites choses d'un enfant de bientôt 4 ans qui découvre tout le bonheur de la société de consommation après autant de privation.
Merci pour vos conseils en tout cas qui permettent toujours d'être accompagné à distance.

Aurèle et son fiston Nayenson

Angélique a dit…

Quelle bonne idée et si ça fonctionne c'est encore mieux !

Distribil a dit…

J'ajouterais que certains pourraient croire que l'enfant pourrait ensuite ne fonctionner que sur ce mode-là (je fais si je suis récompensé, je ne fais pas si je sais qu'il n'y a rien derrière), mais non, généralement, une fois que l'habitude est intégrée et le calendrier peu à peu délaissé, le "bon comportement" reste.
Testé avec mon fils (diagnostiqué TDAH) dans les périodes critiques, pas pour les colères mais pour d'autres choses à réguler, et plutôt efficace, cela nous a aidés à passer des caps difficiles.
Audrey, son fils ici et sa fille toujours en Haïti

Val a dit…

bonjour
je n'ai pas encore d'enfants donc pas d'occasion encore de tester cette méthode qui me semble intéressante !
Nous attendons notre enfant depuis plus de 3 ans en colombie !
Nous espérons partir cette année !
MErci d'écrire un blog si intéressant qui nous aide à poursuivre notre réflexion!
A bientot
Valérie (une nouvelle lectrice)

Mamaucy a dit…

Merci pour cette suggestion ! Mais la notion du temps arrive à quel âge ? J'ai parfois tenté de dire à ma fille que moins de temps en colère c'était plus de temps agréable pour elle (jouer, lire...) mais à deux ans, ça ne porte pas énormément !
A tester donc mais dans quelques mois ?
Je vous dirai en tous cas !
Merci aux autres commentateurs pour leurs témoignages, en particulier à Audrey.
Maya, maman parisienne de deux loustics

cath et stef +.petite Lilou a dit…

Bonjour,

Nous sommes toujours dans l'attente de notre première enfant et suivons régulièrement votre blog que nous trouvons intéressant.
Nous avons déjà lu votre livre "Naître là-bas...". Dans le même état d'esprit que cet article sur la colère, si vous aviez un livre à recommander sur la parentalité, lequel serait-il ?

Merci de votre réponse par avance

Catherine

Daniel a dit…

Recommander un livre :
Bonjour,
La méthode est sans doute efficace mais n'est-ce pas considérer que l'enfant (méchant?) porte l'entière responsabilité de sa colère? Sa colère est aussi dans notre relation et nos interactions avec lui. Notre fils Modley de 2 ans 1/2 faisait quasi quotidiennement des colères énormes : près de 1h (jour ou nuit) pendant près de 1 an. Elles commençaient par un désaccord ou un cauchemar et nous pensions qu'elles étaient surtout liées à son arrivée (2ans). Nous passons les détails et les consultations; mais notre salut est venu en juillet 2010 de la lecture d'un livre d'Isabelle Filliozat : "Au Coeur des Emotions de l'Enfant". En appliquant les conseils de cette thérapeute (Thérapie cognitive comportementale) l'intensité et la fréquence des colères ont diminuées (en 1 semaine!) et depuis 3 mois il n'en fait pratiquement plus. La technique est différente selon les âges, mais jusqu'à environ 3 ans l'enfant pense que sa colère va le détruire lui, sa mère et son père et sa relation avec eux; c'est donc un signal de détresse qu'il nous adresse alors que les adultes la voient comme une agression. Nous avons appris entre autres choses que les adultes doivent "accueillir" la colère (comme les autres émotions, au lieu de les réprimer) et rassurer le petit enfant. Depuis nous offrons ou conseillons ce livre à notre entourage et en avons d'excellents échos. Cette thérapeute a aussi un site : www.filliozat.net où elle se présente et explique sa démarche.
Daniel & Adriana, parents de Naïka et Modley

Béatrice a dit…

Bonjour, j'adore votre blog et je le lis attentivement pour y puiser matière à réflexion. A propos de la colère, je suis assez d'accord pour dire qu'il faut être attentif à ce que l'enfant ne pense pas que c'est de sa faute quand il est en colère et que, par conséquent, si ça "fout en l'air" les relations familiales, ce sera également de sa faute.
Je tiens également à ajouter que le principe de récompense ne me choque pas dans la mesure où il s'agit d'une récompense "morale" si je puis dire à l'inverse de cadeaux matériels. Quoi de plus logique que de se dire qu'effectivement, la bonne humeur et les sentiments positifs sont contagieux et rapportent plus que la colère, les cris, la force etc... (que ça rapporte par exemple, le plaisir d'être ensemble, la bonne humeur des autres,...) ? Non ? Je ne sais pas, je ne suis pas encore maman, je parle plutôt en tant que personne en fait :-) Bonne journée à tout le monde.

Béatrice

Sylvie a dit…

Bonjour
Ma fille, arrivée l'année dernière de Brazzaville, a 9 ans et demie. Je pense que pendant cette année, nous avons été assez cools avec elle et tout se passait bien jusq'ici. Elle aime l'école, s'est fait de nombreux ami(e)s, elle passe au CE2 à al rentrée. Bref, pendant les vacances de cet été, impeccable, aucun souci avec elle. Depuis qu'on est rentrés et qu'elle est retournée au Centre de loisirs, c'est la croix et la bannière tous les soirs, elle me prend pour la bonne et quand je lui dis quelque chose, elle me répond "Vas-y, làà" ou "C'est bon..." et refuse le NON. Hier soir, elle s'est également permis de me donner une claque (oui, vous ne rêvez pas), du coup je lui en ai mis une aussi (désolée mais bon).
Le calendrier, j'y ai pensé aussi et appliqué un moment, mais elle n'apprécie pas de dessiner des bonshommes qui font la tête...
Elle est complètement déroutante. Par moments, elle fait la tête pour un oui ou un non, surtout pour un non d'ailleurs :) , et à d'autres, elle est câline et me fait des bisous et me dit qu'elle m'aime très fort et s'excuse pour les bêtises et réflexions qu'elle a pu faire...
Je culpabilise quand je la dispute ou crie parce qu'elle me met les nerfs à fleur de peau et je lui répète le soir que je l'aime et qu'elle est ce qui m'est arrivé de plus beau dans la vie...
Merci de m'avoir lue.
Merci pour vos conseils judicieux sur votre blog.
Sylvie (de Seine-et-marne)

Anonyme a dit…

Ma fille est arrivée dans la famille à l'âge de huit ans et faisait des colères envahissantes plus ou moins deux fois par semaine. Elle cassait des choses, parfois se griffait ou me frappait (rarement) Plusieurs choses nous ont aidées elle et moi à sortir de ce problème:
pendant la colère:
-lui demander d'expliquer pourquoi elle était en colère, trouver le besoin non entendu ou la peur réveillée, lui permettre de parler
-parfois s'arranger pour la laisser seule un moment le temps de se calmer car elle refusait le contact pendant la colère
-faire chacun la moitié de l'effort pour se calmer
après la colère:
-la méthode du calendrier
-on ajoutait un petit dessin de thermomètre pour noter l'intensité de la colère
Quand ma fille après plusieurs mois a pu parler de ses colères quand elle était petite avant son adoption, bref quand elle a pu expliquer les mauvais traitements subis et comment ses premiers parents géraient ses colères:
-consulter un thérapeute spécialisé pour accorder toute l'attention nécessaire à ces mauvais souvenirs , pour faire le lien entre le passé et les colères du présent et pour ensuite pouvoir tourner la page...
Les colères ont quasi disparu en quasi un an et demi...
D'autres séquelles des mauvais traitement sont parfois apparues (comme le manque de confiance en soi) mais c'est une autre histoire, un autre combat...Avec le temps, les difficultés s'atténuent une après l'autre je trouve...