dimanche 30 janvier 2011

Un autre envoyé spécial à Dijon

Un nouveau reportage de Kakrine sur la JER

Mon seul regret, et je tire les oreilles à Kakrine, j'essaie de ne pas être inacessible, il ne fallait pas hésiter à me dire un petit bonjour, cela m'aurait fait plaisir de vous voir pour de vrai !

Florent

Un petit billet tout court, pour faire place à un nouveau prénom de l'adoption découvert hier : Florent !

Alors qu'on venait de regarder un joli film sur les tagadas tagadas (j'ai plein de petits cavaliers à la maison), on a zappé et on est tombé sur la fin des championnats d'Europe de patins à glace, c'est pas un sport pour moi, pas de contacts virils, pas de ballon ovale... mais quand j'ai vu le petit gamin qui venait de ramener un belle médaille d'or à la France, j'ai eu un espoir, quand ce grand poète ahuri de Nelson Montfort nous a sorti "né dans la misère du Brésil, recueilli dans une famille d'accueil en France", j'ai vu que mes doutes étaient confirmés (j'avais traduit "adopté dans SA famille").
Et quand le petit Florent et ses parents (pas les vrais, les faux, ceux de la famille d'accueil de l'autre ahuri) se sont dit par téléphone, tout l'affection qu'ils éprouvent, j'en étais presque à aimer le patinage artistique.

Après, la journée Elisabeth Rousseau, où j'étais heureux de faire entendre des adoptés sereins, en voilà un autre qui nous montre un adopté heureux qui fait de grandes choses.

J'en appelle à vos témoignages, quels adoptés célèbres du sport autre que Florent connaissez vous ?

Je me rappelle dans le même sport de Surya Bonali, et en ski "un peu allumé", Gary Zebrowski, qui pousse le vice a être né sur la même île que mes chers petits !

Allez visiter le blog des copains.....

Depuis jeudi, je suis malade, peut être une gripouille, j'ai un peu oublié de me faire vacciner cette année....

Heureusement, vendredi, j'avais la forme, comme quoi l'adrénaline fait bien les choses...

Vous aurez bientôt mon avis sur la Journée Elisabeth Rousseau, mes remerciements émus à mes orateurs et sponsors et plus encore à la super super super Jeune Chambre Economique !

Mais là j'ai pas trop la force de m'y mettre, je préfère des petits messages plus courts.... et je me soigne pour ma garde de demain !

En attendant, vous pouvez aller chez Moushette pour avoir droit à un compte rendu plein d'humour...

Allez, aussi chez Julien, mon cher fidèle ancien padawan, son blog a une semaine de vie, et s'il évite les chansons ringardes, type Véronique Jannot qui regarde les navions, qu'il continue de parler de belles choses comme de la bonne musique (U2, S&G, ou le sublime Mandela day), et les explications qui vont avec, vous y verrez même les bêtises que je lui envoie, et que je n'ose mettre sur ce blog, ainsi que des explications théologiques sympas sur les plaies de l'Egypte par exemple, mais surtout je vous recommande ces billets sur l'adoption. Je suis quasiment toujours d'accord avec lui, mais Julien, lui il est adopté, donc il faut encore plus le lire et l'entendre que moi.... ou que d'autres, c'est son avis à lui, on peut bien sûr être en désaccord, mais sa culture et son histoire personnelle font qu'il est plus difficile à contester que d'autres.

jeudi 27 janvier 2011

Aubeline

Je n'aurai pas le temps de vous présenter tout le monde, jusqu'à demain, mais je continue encore un peu de construire "my private Hall of Fame" avec Aubeline.

Parfois, je me dis, que je dois vous sembler méfiant avec les psys.... pourtant, si j'en trouve certains trop fantaisistes, pas assez rigoureux, trop généralisateurs, il y en a des excellents !

L'exemple du trouble de l'attachement est assez évocateur là-dessus, c'est un sujet porteur, qui plaît, qui fait pleurer les ménagères sur ces pauvres enfants adoptés, qui fait parfois aussi rejeter toute la faute sur les enfants, qui fait vendre des livres.... tant et si bien que certains spécialistes de l'adoption, irrités par les chiffres gonflés par certains "pros" (de l'édition plus que l'adoption) refusent de reconnaître cette pathologie, et n'y voit qu'un moyen de dédouaner des parents trop rigides !
La vérité une fois encore est entre ces deux extrêmes, les troubles de l'attachement, cela existe bel et bien, c'est terrible pour les familles et les enfants qu'il faut soutenir, mais annoncer que 40 % des adoptés en souffrent, c'est du n'importe quoi !

Parmi, les vrais spécialistes de ce syndrome, qui sont d'une rigueur scientifique de grande qualité, qui s'appuient sur de vraies études, et non des petites impressions, nous avons la chance d'en avoir une des meilleures, je dirai même LA MEILLEURE à Dijon, comme quoi, dans cette ville qui n'est pas "le centre du Monde" (ou plutôt qui ne l'est plus depuis 1477..... une entrée gratuite à la Journée Elisabeth Rousseau, à celui qui découvre ce qui s'est passé ce jour-là) nous avons la chance d'être bien "équipé " en manière d'adoption.

Et cerise sur la gâteau, Aubeline, en plus d'être un grand puits de culture, de connaissance et de rigueur est parfaitement compréhensible.....

J'en profite, j'en abuse, elle intervient aussi dans mon "petit diplôme", et je la fait aussi "causer" en mai au grand rassemblement annuel des pédiatres !

Gisèle

Encore, un grand prénom, que j'appelle, dans la vraie vie, "Madame", et pour qui j'ai beaucoup de sympathie. Gisèle est la présidente d'EFA 21, et comme je l'avais fait il y a longtemps déjà, avec Monique, c'est à travers elle, à tous les présidents départementaux, à tous les bénévoles de l'adoption, d'EFA et d'autres associations (MASF, les APPO, et les associations d'adoptés bien sûr), que je tiens à rendre hommage !

Sans tous ses "actifs", les familles adoptives seraient isolées, et l'isolement et avec la généralisation, la bêtise, un des grands ennemis de l'adoption !

Depuis deux ans, Gisèle a toujours été un soutien pour la Journée Elisabeth Rousseau, comme elle est un soutien pour les familles adoptives de notre département, il était bien normal (et en plus cela me fait plaisir) de lui permettre de présenter le rôle de sa grande association !

Marianne

Demain soir, demain soir, Marianne sera grand prénom de l'adoption. Car une motivation comme celà, ça laisse encore prévoir de grandes grandes choses dans l'adoption !

Je l'ai vu débarquer il y a environ un an dans mon bureau, elle avait pris un rendez-vous au nom de la Jeune Chambre Economique. J'avais déjà entendu ce terme, mais je ne savais pas du tout à quoi il correspondait, je croyais que c'était les petits jeunes de la Chambre de Commerce et d'Industrie qui s'entraînaient à faire comme les grands.

La commission adoption de la jeune chambre économique de Dijon, dirigée par Marianne, voulait se lancer dans un projet, pour mieux faire connaître ce phénomène dans la société. Leur projet initial était de rédiger un petit livret, à l'intention des pédiatres et des médecins généralistes, afin de mieux faire connaître les particularités de l'adoption.
Manque de bol ! Le petit livret de la fondation Mustela, auquel je venais de participer activement, venait juste de sortir.

Je lui ai alors proposé le challenge de "La Journée Elisabeth Rousseau", mon vieux projet de rencontre interdisciplinaire sur l'adoption, qui sommeillait, faute de répondant.

Et, depuis ma joie, n'a d'égal que ma honte, Marianne et sa sympathique petite équipe se sont occupés de tout de main de maître : la salle, les sponsors, remotiver les intervenants, les 1001 petits (et gros) détails qui font la réussite ou l'échec cuisant d'un projet comme celui-là.

J'ai déjà eu un enfant adultérin.... avec une femme que je n'ai jamais rencontré (fort Zorro le Métèque), celà s'appelle "Les Deux Mamans de Petirou", demain j'en ai un autre (en tout bien tout honneur) avec Marianne, il s'appelle "La Journée Elisabeth Rousseau".... et là c'était vraiment comme une grossesse, le papa fait ça" à la va vite", et après il revient de temps en temps prendre des nouvelles et 9 mois après, lui aussi a droit aux félicitations, alors que c'est la maman qui a fait tout le boulot !

Merci à toi, Marianne, à Alexis, Kim, Caroline, Florence, Frédérique, Charlotte et Marie-Pierre, vous êtes formidables !!!

Christine

Encore un grand prénom de l'adoption, encore quelqu'un dont je suis tout heureux de son intervention demain.

Pourtant, elle aussi, lorsqu'elle a été nommée je me suis méfié.
Comment ! Quoi ! Encore un médecin nommé autour de l'adoption ! Et cette fois au Service de l'Adoption Internationale dépendant du Ministère des Affaires Etrangères !

Quand on parle des consultations d'adoption et des services qu'elles rendent, on nous explique qu'il n'y a plus de sous........mouaif..... Je dois dire que j'avais enragé, lorsqu'il m'avait été déclaré par un service ministériel : qu'en gros que j'étais bien gentil, que j'avais rendu des services effectivement aux familles, mais que trois médecins venaient d'être nommer dans la toute nouvelle Agence Française de l'Adoption, et que ma petite consultation et moi, et bien on ne servirait plus à rien ! Permettez-moi de m'esclaffer, de me gondoler, quand je constate combien ces trois médecins de l'AFA, m'ont pleinement remplacé, je n'ai jamais eu tant de demandes de consultation ou d'avis pour l'adoption depuis qu'ils sont là ! Car leur rôle n'a jamais été purement médical, et parce que la demande en matière de santé n'a fait qu'augmenter !

Donc quand Christine est arrivée, je me suis dit encore un docteur qui ne pas faire un boulot de docteur, et qui servira à justifier de ne rien nous donner.

Eh bien, pour l'instant, c'est tout le contraire. Christine fait un vrai boulot de docteur, son expérience du SAMU a été particulièrement précieuse pour faire revenir à la maison les « enfants du séisme » et pour différents rapatriements d'enfants malades en cours d'adoption.
Et, depuis sa nomination, Christine et sans doute la plus grande supportrice des consultations d'adoption. Tant et si bien que j'ai appris que son surnom dans les ministères était celui de Miss Coca.

En plus de cela, ajoutez un sourire quasi constant, une bonne humeur quasi inébranlable, et une perspicacité, qui lui permet de comprendre très vite les données du problème, mais aussi de faire la part des choses et de saisir la franchise et les véritables motivations de chacun.

Un être très précieux, cette Christine, maintenant que nous sommes amis, j'aime bien la taquiner et lui promettre un avenir ministériel. Ce serait bien une Christine ministre, avec toutes ses qualités intellectuelles ………… et toutes ses qualités humaines.

Plus que d'autres, elle a grandement sa place, demain dans le débat sur les consultations d'adoption.

Bébé né sous X confié aux grands-parents

Cela faisait partie des grands titres dans les journaux de ce matin, vous devez donc être au courant, à la surprise générale, un tribunal d'Angers, a donc décidé de confier un enfant né sous le secret à ses grands parents biologiques.

Je ne connais pas les détails de cette histoire, je ne suis ni l'intime de ses grands-parents, ni celui de sa mère biologique. Et, j'espère que cette décision, pour le moins surprenante, a vraiment été prise dans l'intérêt de l'enfant. Ce qui voudrait dire que sa mère est vraiment irresponsable, et que ses grands-parents sont vraiment des gens de toutes confiance, et de grande qualité.

Je l'espère sincèrement, tout particulièrement pour cet enfant, qui n'a déjà, que trop passé de temps dans des structures d'accueil, pour des histoires légales, d'idéologie, qui le dépassent largement.

Je me demande toutefois, si une telle décision ne va pas être cassée en Cour de Cassation, tant elle s'éloigne de la loi.

Je m'inquiète surtout, sur la motivation des magistrats, ont-ils vraiment sacrifié au fameux « intérêt supérieur de l'enfant », ou bien n'ont-ils pas fait un petit coup médiatique, comme certains aiment parfois bien le faire, pour se faire mousser, ou révolutionner un phénomène (l'adoption et l'accouchement sous X) qu'ils connaissent finalement bien peu !

Une fois encore, j'en viens encore à regretter que l'on parle de modification de loi, sans connaître celles qui existent. Tout comme il y a une semaine, je déplorais que la loi Leonetti, assez admirable quant à la fin de vie, est aussi peu connue des médecins, des politiques et des médias (lesquels se régalent à parler d'euthanasie à tort et à travers). Il serait bon de rappeler à tous, que le consentement à l'adoption existe, et qu'il est une bonne alternative à l'accouchement sous X. Quand il sera vraiment plus de tous, on pourra être sûr que le choix des mères qui accouchent sous le secret sera entier respectable, et plus personne ne pourra choisir pour elle.

mercredi 26 janvier 2011

L'adoption c'est vieux comme le monde...

... c'est mon ancien padawan qui vous le dit sur son blog tout neuf !


Cet ancien padawan, qui est devenu un grand maître et qui est encore plus fort que son vieux maître Jedi pour l'histoire de l'adoption !

mardi 25 janvier 2011

Jean-Paul

Voici encore un de Mes grands prénoms de l'adoption, que vous pourrez entendre vendredi. Mais pour ce monsieur, je dois vous avouer que je l'appelle plus "Excellence" que par son prénom.

Pour être franc, quand le président de la république a annoncé qu'il nommait un ambassadeur pour l'adoption internationale, j'avais pensé qu'il s'agissait encore d'un gadget. Il y avait peut-être de la jalousie, car dans mon enfance, je déclarais que je voulais être médecin (validé), écrivain (validé), et diplomate (non (encore) validé).

Lors de notre première rencontre, je dois vous avouer que j'ai été bien surpris par le « gadget ». Que nenni du langage diplomatique, que nenni de l'immobilisme, mais du concret, de l'envie de faire bouger les choses. J'avais été stupéfait et je l'avais exprimé, tant et si bien qu'à la fin de cette réunion, je m'étais fait traiter de midinette.... midinette... moi, alors que tout le monde sait que je suis une vieille rombière !

J'avais alors écrit un billet pour ce blog où je parlais de Vent nouveau. Depuis plutôt qu'un vent, c'est un séisme, qui a bouleversé le monde l'adoption. Et je peux vous dire, sincèrement, qu'à cette occasion, je l'ai vu "mouiller sa chemise", je l'ai vu payer de sa personne, prendre des risques. Et pour une grande partie, le rapatriement des enfants haïtiens, c'est lui ! Pour cela, chapeau bas Monsieur l'ambassadeur, je serai fier de vous accueillir vendredi.

Et, malgré tout le respect que je vous dois, je ne peux pas empêcher d'être espiègle, j'espère pouvoir vous garder, ne serait-ce que quelques instants après votre conférence, pour vous recevoir comme il se doit. Je sais que vous avez l'humour, et j'en profite.

Pour toi public !

Je vais encore mettre dans mon petit panthéon personnel : des grands prénoms de l'adoption, quelques-uns des orateurs de la journée Élisabeth Rousseau.

Si vous me prenez pour un vil flatteur, qui passe la pommade à ses invités pour qu'il parle gentiment de lui, vous vous trompez. C'est le contraire. Le programme de la première journée Élisabeth Rousseau existe depuis longtemps dans ma petite tête. Et les gens que j'ai invités, ne sont que des gens que j'aime bien. Ils me font l'honneur de venir. Je tiens à vous les présenter.

Je risque d'avoir du mal, même si je viens de passer à Dragon, de vous faire un billet sur tous d'ici vendredi, certains risquent d'arriver après.

Un petit mot, aussi, sur le public, ceux qui assisteront à cette journée. Je vous ai peut-être déjà dit, que je n'avais jamais le trac, j'aime bien public, j'aime bien tester ses réactions, l'endormir petit à petit, pour le réveiller brutalement. Aussi par avance, merci à tout le public qui sera là. Nous allons essayer de ne pas vous décevoir.

Je crois que je n'ai pas le droit de vous le dire, mais il reste quelques places, assez peu, d'autant plus que nous aurons des consignes de sécurité assez strictes et qu'il est toujours à craindre…… ou espérer…… que certains arrivent au dernier moment sans s'être inscrits !

Je sais qu'il y aura dans ce public, quelques personnalités, pas mal d'adoptés. Mais aussi, mais aussi, mais aussi………… Vous savez la dame qui a un joli site, un blog tout rose, un peu Hello Kitty, un blog qui est un must, pour ne pas dire LE MUST dans le petit monde de l'adoption. Vous savez, la dame qui doit son surnom à une allergie aux acariens, quand elle était petite, ce qui fait qu'elle avait toujours la goutte au nez.
Et oui je parle de Moushette, dont je me réjouis à l'avance de faire sa connaissance « pour de vrai ».

Fred

Ce n'est que son diminutif, mais tout le monde le connait comme ça.

C'est mon chef, parfois un grand frère, parfois (rarement... trop rarement ??? un engueuleur), c'est surtout un ami.... et encore plus une "tronche".

Plus jeune Professeur de Médecine de France (il y a quelques années), plus jeune Doyen d'une faculté de Médecine de France (en ce moment), vous aurez du mal à le coller sur n'importe quel sujet de pédiatrie.... ouf, j'y arrive sur les parasites... son point faible, il l'avoue. Un des grands noms de France de la lutte contre la mucoviscidose, du dépistage néonatal, de l'enseignement de la pédiatrie, j'en passe et des meilleurs !

Sur le sport aussi, il est incollable, demandez lui à combien est le record du monde mini-poussin du triple saut à cloche-pied, il vous le dira, de même pour le vainqueur de la coupe Gambardella 1937, avec le score et les demi-finaliste... ouf, j'arrive à le coller sur le rugby, quand même !

Mais (vous demandez vous chers lecteurs), pourquoi, est-ce un grand prénom de l'adoption ? C'en est un croyez-moi !

Deux raisons, la première, demandez à ses "nains", y m'énerve quand il parle comme çà !

La deuxième, c'est de me supporter, d'avaler les couleuvres avec moi, et de tolérer, qu'un Médecin des Hôpitaux qu'il a recruté pour pleins de choses, passe bien plus de la moitié de son temps... à s'occuper d'une fameuse Consultation d'Adoption Outremer ! Il a failli l'interdire, d'autres l'aurait fait, lui non, merci Fred, tu mérites bien mon Hall of Fame perso, et merci de venir animer le grand débat vendredi !

Chang





Un certain nombre de "mes" grands prénoms de l'adoption seront vendredi à la Journée Elisabeth Rousseau.

Je vous ai déjà parlé du fameux Bernardo, d'autres invités orateurs, auront bientôt droit aussi à figurer dans ma liste of Fame. Mais une des particularités que j'ai voulu pour la Journée Elisabeth Rousseau, c'est que les adoptés y soient représentés, le nom de la journée est celui de l'enfant étranger qui le premier a été adopté en France, et je me charge d'ouvrir les conférences en parlant de cette belle histoire. Céline sera là, et j'en suis fier et heureux. Julien aussi, le seul homme au monde que j'ai rencontré, qui soit plus mordu que moi sur l'histoire de l'adoption. Dommage qu'il n'en parle pas dans son blog tout neuf, où il préfère montrer des grands tubes de la chanson française (Aaaaaaaaaaaaaaaaaah Véronique Janot !), son blog, c'est , mais n'y allez, venez plutôt l'écouter vendredi !

Et, je tenais à ne pas oublier Chang, sans T, pas comme celui de Tintin.
Décrire Chang, impossible, une imagination débordante, un métier pour Chang, impossible, magicien, créateur d'une société de pousse-pousse (dont le slogan était : "le petit asiatique qui exploite les blancs", candidat joyeux et nullos dans des jeux télévisés imbéciles, entraineur de basket, éducateur des rues, exploitant de ses amis pour faire ses déménagements, trafiquant de saucisses de Morteau.... je n'invente rien il a tout fait !

J'attends avec impatience, le livre qu'il veut écrire : "Je suis adopté et je vais bien !", il a juste peur de ne pas en vendre, parce que ça n'interessera personne me dit-il, pour les lecteurs de ce blog, ce sera sans doute plus intéressant qu'un livre dont on parle pas mal en ce moment..... Vendredi Chang, vous fera un résumé de ce livre !

Et la deuxième photo, c'est quoi ? De face, c'est moi (et encore j'étais poli), quand Chang, m'annonçait (appuyé sur l'épaule d'un autre ami) qu'il s'était luxé le gros orteil et que j'allais devoir continuer le déménagement tout seul !

vendredi 21 janvier 2011

Total hors sujet adoption....

.... Quoique que je n'ai pas pu m'empêcher d'allumer un ancien ministre que beaucoup d'entre vous aiment bien !

Vous connaissez la vieille rombière que je suis, je ne peux manquer de m'indigner, et quand dans notre journal local, un médecin de campagne se vante d'avoir zigouillé 50 patients (aidé à mourir qu'il dit), cela m'horripile !

Pour deux raisons,la première est qu'il existe une loi sur la fin de vie, très bien faite (dite Loi Léonetti), où il est clairement expliqué que tout doit être mis en place contre la douleur, et que les soins doivent être raisonnables, sans acharnement thérapeutique.
La seconde c'est que des centres de soins palliatifs de très grande qualité, tout comme des centres de lutte contre la douleur existent dans notre région, comme dans beaucoup d'autres régions....

Mais lui, il ne connait pas la loi, manifestement ne cherche pas à la connaître et plutôt que de passer la main et confier ses patients en souffrance, il joue dans son coin au docteur tout puissant. L'ère du médecin-je sais-tout-je-suis-le-bon-dieu-écoutez-moi-ne-discutez-pas ne doit plus exister.

Nous avons chacun nos compétences et chacun nos lacunes, sachons les reconnaitre !

Ce qu'il a fait est répréhensible par la loi, mais plus encore, c'est son comportement de toute puissance qui est grave.... mais pour la presse, c'est encore un bon client !




Voici la réponse proposée au journal :

Qu'il est facile, d'autant plus sous le couvert de l'anonymat de se vanter d'être plus fort que la mort, d'abuser de ses connaissances pour décider de la vie et de la mort.

Qu'il est facile de ne pas véritablement accompagner nos patients dans la souffrance, de ne pas se donner les moyens de les soulager, mais d'aller au plus "direct" (au moins après on ne sera plus dérangé !), de ne pas leur prescrire des antalgiques forts, dont la loi Léonetti nous autorise à dépasser les doses usuelles dans le seul but de soulager les patients. Cette même loi qui nous autorise à refuser un acharnement thérapeutique, qui n'apporterait rien au patient.

Qu'il est facile de rester tout puissant dans son coin, et de ne pas accepter quand on ne peut plus soulager nos patients de passer la main, à des services compétents dans l'accompagnement, le soin paliatif, et la douleur.

Il y a quelques années, une infirmière avait avoué avoir "aidé" des dizaines de patients à mourir. Immédiatement de nombreux journalistes, le ministre de la santé de l'époque (récent ministre des affaires étrangères qui n'en est pas à une contracdiction près) avaient pris sa défense, déclarant qu'il ne fallait pas en faire un bouc émissaire, avant de s'apercevoir que sa mégalomanie était la principale cause de ses gestes, et que les patients qu'elle avait éliminés n'étaient pas tous à ce qu'on appelle la dernière extrémité.

Ne nous trompons pas de débat.
La science, la pharmacologie, la loi, nous permettent de soulager la quasi totalité des douleurs, les unités de soins paliatifs font un travail formidable.
La vie et la mort n'appartiennent pas aux médecins. Notre devoir, notre mission est avant tout : aider, guérir, soulager, accompagner, pas de jouer au Bon Dieu.

Pourquoi n'interroge-t-on jamais des patients des centres de soins palliatifs, et heureux de ce qu'ils ont pu vivre dans de tels endroits ?

Pourquoi les patients tetraplégiques, lourdement handicapés, mais tout heureux de vivre, ne sont jamais interviewés dans les médias. Ils sont pourtant nombreux, mais ils nous gênent, ils ne sont pas parfaits, ils nous coûtent chers ? Autant les éliminer...

Billet écrit en tant que citoyen par un pédiatre : Jean-Vital de Monléon,

mercredi 19 janvier 2011

Journée Elisabeth Rousseau... dernière chance...

Les inscriptions se remplissent vite, et comme nous sommes limités en terme de sécurité pour le nombre de places.... ce sera bientôt bouclé, si vous voulez vous inscrire, faites le très vite !

Je vous rappelle que cette journée de conférences aura lieu le vendredi 28 janvier de 9h à 17 h (voir plus si affinité dans la salle d'honneur du Conseil Général de Côte d'or.

Et voici quelques précisions du programme, pour cela je laisse la parole et l'honneur à la Jeune Chambre Economique de Dijon, dont le dynamisme a permis de relancer mon vieux rêve et cette journée.

Leur site est et dans le site, le programme plus détaillé de la journée ici.

samedi 15 janvier 2011

Les chiffres de l'adoption pour l'année 2011

Non il ne s'agit pas d'une faute de frappe pour le titre de ce billet, ce sont bien des chiffres de l'année 2011 dont je voulais vous entretenir.
Vous connaissez sans doute les chiffres de l'année 2010 et si vous ne les connaissez pas il vous suffit de cliquer ici.
On pourrait penser naïvement qu'il s'agit d'une bonne vie année. Mais une connaissance a minima des données de l'adoption internationale nous montre que ce que j'appelle l'entonnoir est malheureusement bien en place. J'avoue avoir beaucoup de commisération pour les familles qui sont actuellement dans un désir d'adoption, car cet entonnoir est de plus en plus resserré.
À mon âge avancé, je n'ai plus de désir d'adopter un nouvel enfant, mais, je pense à des amis, à des relations, ou tout simplement aux familles que je croise, qui ont ce fort désir de créer ou d'agrandir leur famille, et de faire cela par le biais de l'adoption.
L'analyse des chez adoption de 2010 chiffres aurait tendance à me rendre très pessimiste.
Les deux pays qui sont en tête des statistiques de 2010, on sait déjà, qu'ils risquent d'être fermés une grande partie de l'année 2011 voir peut-être même toute année. Je ne reviendrai pas sur Haïti, que j'ai déjà longuement évoqué dans mon article sur le gel. Pour le Vietnam où c'est sans doute, que ce pays croulant sous le nom de candidature et désireux de clarifier son système d'adoption a demandé un moratoire qu'elle accepte puis le nouveau dossier. Pour Haïti comme pour le Vietnam, les chiffres ont donc été gonflés en 2010, pour permettre d'une part le rapatriement, et d'autre part de finaliser les dossiers en cours avant le moratoire.
Le troisième pays et la Colombie, un grand final de l'adoption pour la France, toujours placé jamais gagnant, j'avais même surnommé ce pays le Poulidor de l'adoption. Ce pays est sans doute un des plus réglos au et des plus réguliers dans le domaine de l'adoption. Mais je ne sais pas si l'augmentation constatée en 2010 pourra se poursuivre.
Le quatrième pays, la Russie, est aussi un risque. Que je m'intéresse à l’adoption on annonce chaque année sa fermeture prochaine.
Encore une incertitude avec le pays numéro cinq : l'Éthiopie, ce pays est le premier visé par ce que j'appelle l'effet Obama. C'est-à-dire que les Américains, qui jusqu'alors n'étaient absolument pas intéressés par l'adoption en Afrique, trouvent maintenant tout à fait acceptable d'adopter un enfant rapprochement à la peau sombre. Ce que je vais dire, n’est peut-être pas politiquement correct, mais les Américains et leurs fameuses agences privées d’adoption ont débarqué avec leurs gros sabots dans ce pays et ont ainsi brouillé un petit peu les cartes. Cela a provoqué une réaction anti adoption en Éthiopie. La France et notamment ses OAA n'ont pas fait de forcing et j'espère que nous ne saurons pas loger à la même enseigne, et que les bonnes relations entretenues par nos OAA dans ce pays pourront refaire repartir l'adoption par des Français se base sur de bonnes bases.
Malheureusement, je ne vois pas de nouveaux pays pouvant être une nouvelle destination fiable des familles.
Malheureusement… ou heureusement… car il ne faut pas oublier, que l'adoption reste un mal nécessaire et une solution envisageable pour l'enfance démunie. Mal nécessaire, mais encore extrêmement utile, dans de nombreux pays du monde. Je pense aussi que de nombreux enfants pour être adoptés dans de nombreux endroits du monde, que cette solution serait sans doute la meilleure pour leur avenir et que des données de fierté nationale, de politique internationale ne rendent pas possible. Nous ne pouvons que nous incliner devant cela, et accepter le choix de chaque pays.

vendredi 14 janvier 2011

Gel

Entre 800 et 1000 enfants originaires de Haïti sont rentrés à la maison, j’ai été le premier à m’en réjouir, à me battre pour cela et à les accueillir, mais ce billet risque de ne pas me faire que des amis.

Encore quelques « cas particuliers « devraient arriver… et après… ???

Un « gel » a été décidé pour toute adoption en Haïti, et depuis la date du séisme, aucune nouvelle attribution n’est possible !

J’approuve cela, tout d’abord parce que c’est une règle de laisser du temps après une catastrophe pour ne pas adopter des enfants…. Avoir la pudeur « d’enterrer les morts », de faire les deuils, permettre aux familles dispersées de se retrouver. J’ai suffisamment attaqué ceux qui niaient à tort (et continuent de le faire) l’antériorité de l’attribution avant le séisme des enfants rapatriés en 2010, pour leur donner raison maintenant.

Est-ce qu’un an suffit comme temps, peut-être ?

Mais d’une part, la plupart des pays d’adoption a décidé d'envisager un moratoire commun, la France ne peut le briser unilatéralement sans concertations au risque de se déconsidérer sérieusement dans le monde de l’adoption…. Et puis, n’oublions pas que Haïti est à terre : sans président (quand aura lieu le deuxième tour ?), sans véritable aide, leur demander de s’occuper en premier lieu de fournir des enfants à adopter apparaitrai comme indélicat (je pèse mes mots !).

Et puis surtout, le séisme a révélé tout ce qui ne se passait pas bien dans ce pays. Et c’est peu de le dire, ceux qui ont si violemment critiqués les rapatriements jouent sur cela (des vérités) pour jeter le discrédit sur toutes les familles et toutes les crèches… Entendons-nous bien, toutes les adoptions en Haïti ne sont pas « limites », mais beaucoup des adoptions « limites » sont faites en Haïti.
Précisons encore… j’ai vu depuis que ma consultation existe près de 500 petits haïtiens et presque autant de familles qui les ont adoptées, et la plupart (une majorité écrasante) sont des familles formidables, de vraies familles, avec leurs défauts, leurs qualités, mais surtout le désir d’être de vraies familles, la plupart y arriveront avec succès, même s’il s’agit de mamans célibataires (contrairement à ce que pense d'autres), là aussi il y en a de formidables, même si les facteurs de risque sont plus importants.

Quant aux crèches, il y en a de très bonnes en Haïti, on sait aussi qu’il y a des catastrophes….

C’est aussi pour cela que je crois qu’il faut bien peser le pour et le contre avant d’autoriser à nouveau des adoptions en Haïti.

Cependant, j'ai une grosse inquiétude. Elle concerne les effets collatéraux du gel.
Des enfants sont encore dans des orphelinats en Haïti, sans les revenus des adoptions, ces lieux ne pourront pas subvenir au besoin de ces enfants…. Si quelques crèches à but très lucratif ferment, je ne vais pas les regretter, mais il y a aussi en Haïti, beaucoup d’endroit où le maximum est fait pour accueillir des enfants….. que deviendront-ils avec le choléra ? Des petits restavecs ?

mercredi 12 janvier 2011

12 janvier

Aujourd’hui, mon cœur est haïtien, pendant un an, j’ai été égoïste avec vous pour me battre pour permettre l’arrivée de petits français, car je le répète ce sont bien 800 petits français qui sont arrivés en France en 2010 depuis leur île natale meurtrie.

Mais aujourd’hui, c’est au peuple haïtien que je pense et que je ne veux pas oublier. Le choléra est toujours là, les bâtiments sont toujours par terre, l’aide peine toujours à arriver… et ce peuple que je ne connais que par les près de 500 timouns que j’ai accueilli tient encore debout !

Comme disait ce matin, en parlant de ses compatriotes et avec admiration, l’écrivain haïtien Dany Lafferrière : ce sont des « sinistrés professionnels » !
Ne les oublions pas, aidons les à ne pas s’effondrer.

Une nouvelle interview du Professeur Paul Larry-Soulant dans L'immonde

L'immonde : Professeur, merci tout d'abord de vous présenter à nos lecteurs qui lisent notre journal, habituel arbitre des élégances, comme a dû vous l'expliquer votre brillant éditeur...

Pr Paul Larry-Soulant : je suis taxidermiste clinicien, orientation Kirkegaard, ascendant de sagesse.

L'I : Rentrons tout de suite dans le vif du sujet, que pensez-vous du rapatriement des enfants de Sumatra suite à l'éruption du Krakatoa...
Je rappelle à nos sympathiques lecteurs que cette éruption a eu lieu en 1883 et que comme d'autres vous vous êtes offusqués de la rapidité avec lesquelles les autorités de notre présipauté on permit le rapatriement des enfants de Sumatra adoptés par des grolandais....

Pr PLS : oui, c'est une honte, 127 ans, de qui se moque-t-on ? Est on sûr que ces enfants étaient bien orphelins, a-t-on vraiment pensé à vérifier qu'il n'avait pas un ascendant, (voir un descendant depuis les temps) au moins au 12° degré...
avant d'imaginer une telle ignominie. Ce rapatriement est injustifié et beaucoup trop précipité...

L'I : Effectivement, rappelons à nos sympathiques lecteurs que la dernière vague de ces enfants est arrivée la nuit dernière en galère...
Pourtant certains de vos confrères, s'inquiètent de l'état de santé, des éventuelles épidémies que risqueraient ces enfants si leur séjour se prolongeait à Sumatra...

Pr PLS : il n'en est rien, je me rends chaque semaine à Sumatra, mon cabinet de taxidermie déborde d'enfants du volcan, ils vont tous très bien, je n'ai constaté sur 8346023 enfants que j'ai examiné qu'un seul cas de cor au pied et une légère (elle ne touchait que deux enfants) épidémie d'ispoiétose aiguë !

L'I : Enfin vous vous inquiétez, des capacités des parents adoptifs de notre présipauté à accueillir de tele enfants, ayant vécu de tels traumatismes.

Pr PLS : en effet, depuis 117 ans que les rapatriements des enfants de Sumatra ont débutés, j'ai assisté à tous les débarquements des galères dans le port de Toulon. J'ai donc pu constater que les parents qui attendaient ces enfants accumulent les facteurs de risque : 93% étaient polygames, 77% avaient un caniche nain, 23% un régime macrobiotique, 17% utilisent encore leur bidet, 31% envisagent de voter pour André Lajoinie, 57% utilisent le Chat Machine, 63% ont achetés à leur facteur un calendrier avec une photo de chatons, 28% écoutent des disques de Mika et seulement 0,0001% envisagent d'acheter mon livre..... et le premier geste de tous ses parents a été dès l'arrivée de leur enfant de leur mettre un ridicule collier en faux ambre, dans le seul but de limiter leur maux de dents.









J'ai écrit ce texte par provoc en pensant à celui que je respectais profondément pour ses profondes convictions pour l'adoption, pour en limiter les risques et pour aider l'accompagnement des familles.... convictions que je partageais et que je sais qu'il n'a pas oublié, je reste même persuadé qu'il les a encore. J'aimerai seulement lui montrer combien en mélangeant des réalités et des inepties on pouvait être ridicule !

lundi 3 janvier 2011

Un peu de littérature pour commencer l'année....

Je ne crois pas que je l'ai déjà passé dans le blog, mais voici un écrit qui date déjà de quelques années, qui a été publié dans mon journal préféré (à voir dans la rubrique "des blogs des sites", en bas, à droite).... la nouvelle des dernières pages est un des musts de ce journal... et je suis encore très fier d'y avoir figuré.


LE MENSONGE
(Parents fa’a’amu et parents fanau)
Une nouvelle de Polynésie
par Jean de MONLEON

- « Non ! » répéta-t-il d’une voix toute à la fois calme et forte, et c’était bien ce calme qui les inquiétait. Non il n’est pas question que je rentre !
- « Mais ta vie n’est pas ici, pense à tout ce qui t’attend, ton BTS, tes copains, nous ta famille, tu ne connais pas la Polynésie et, eux, tu ne les connais pas. Tu as bien vu, cette nuit, tu as dû mal dormir, d’ailleurs tu as l’air crevé. Ta place n’est pas ici ! »
- « Je ne sais pas où est ma place, mais ce dont je suis sûr c’est qu’elle n’est plus avec vous ! »
Julien leur faisait face avec toute l’arrogance de sa jeunesse et eux, face à une telle insolence, n’avaient jamais parus aussi âgés. La femme, âgée d’une cinquantaine d’années, n’avait pas parlé. Eloignée de quelques pas, elle pleurait en silence, son regard était désemparé, surtout depuis que le jeune homme s’était dégagé quand elle avait voulu l’étreindre. L’homme avait soixante ans, mais à ce moment-là il en paraissait beaucoup plus. S’il était en colère, il était surtout désespéré. Il ne savait plus que faire après ce que lui avait dit son fils. Mais était-il encore son fils, cet homme qui venait de le renier ? Depuis quelque temps, tout semblait s’effondrer, la famille qu’il avait eu tant de mal à construire était à l’agonie. Pour lui, il n’y avait point de doute : Julien était bien son fils et, malgré la dureté de ses paroles, il le resterait. C’était bien cela qui lui faisait si mal…

Au début des années 80, il s’était battu pour que Julien devienne son enfant. Toutes les thérapeutiques médicales existantes, Martine et Gérard les avaient essayées en vain puis la quarantaine approchant, effrayés de se sentir vieillir sans enfants, ils avaient commencé à envisager l’adoption. Pour ce couple d’intellectuels les choses ne se font jamais à la légère. Ils s’étaient bien renseignés, avaient beaucoup lu et beaucoup questionné. Un cousin, enseignant aux Îles-sous-le-Vent, leur avait alors parlé de l’adoption dans cette région du monde : c’était fréquent, cela semblait rapide et les enfants adoptés étaient tout petits. Il avait trouvé pour eux et les avait hébergés, voici 18 ans, quand ils étaient venus chercher le bébé. Ce cousin n’avait pas eu trop à chercher : Mareva la mère biologique de Julien était sa femme de ménage. Elle habitait avec toute sa famille à Haamene, sur l‘île de Taha’a et lorsqu’une huitième grossesse avait débutée, elle l’avait bien acceptée, tout comme Teri’i son tane (mari). Le Seigneur leur envoyait un nouvel enfant et il n’était pas question de ne pas l’accepter, d’autant plus qu’ils étaient fiers des sept aînés. Mais tous deux avaient eu pitié de ce couple sans enfants dont leur avait parlé le patron, et ils avaient accepté de leur donner cet enfant.
Gérard et Martine avaient bien compris toute la générosité de ce geste ; ils n’étaient pas comme certains Popa’a (étranger) persuadés que les Polynésiens n’aiment pas leurs enfants puisqu’ils s’en séparent ainsi. Face à Teri’i et Mareva, la reconnaissance se mêlait à la gêne, un complexe de culpabilité bien européen et ils étaient bien vite partis avec le merveilleux cadeau. Dès leur retour en France, comme ils l’avaient promis, ils envoyaient fréquemment des nouvelles, des photos. Julien grandissait, il avait l’air d’être aimé, il avait l’air d’être heureux sur les photos, il était un magnifique enfant, de tout cela Mareva et Teri’i n’ont jamais douté.
A leur confiance répondait la reconnaissance de Gérard et Martine. Ils chérissaient leurs amis de Taha’a qui avaient donnés un nouvel essor à leur vie. Pourtant toute leur famille autour d’eux, tous leurs amis étaient effrayés par leur histoire, par les liens affectifs qui semblaient unir ces deux familles : « Ne croyez-vous pas qu’il faille se détacher, couper le cordon ? Ce n’est pas sain pour Julien d’avoir deux mères et deux pères ! ».
Aussi, lorsque Teri’i dut se faire opérer en France, Gérard et Martine n’hésitèrent pas une seconde pour faire 400 km afin de venir le voir, pour lui rendre visite et ils lui apportèrent de petits cadeaux. Teri’i était heureux de voir ses amis, mais il était tout surpris de constater qu’ils arrivaient sans Julien qui alors avait 8 ans. Il demanda des nouvelles, on lui montra des photos, mais il n’osa pas demander pourquoi il ne pouvait le voir. Il se doutait de la raison, et en eut la certitude quand Moana, son fils aîné, partit faire son service militaire à Fontenay-le-Comte, au sein d’une joyeuse compagnie de Tahitiens. A deux reprises, lors de permissions, Gérard et Martine l’avaient accueilli dans leur grand fare (maison) du fenua farani (France). Il avait été reçu comme un roi, trouvant le ma'a (nourriture) que lui préparait Martine bien meilleur que celui de la garnison, mais à aucun moment Moana ne put voir le petit frère autrement qu’en photo. Des photos de Julien, il y en avait partout, mais pas de petit frère à embrasser. « Il est en vacances » disaient ses parents. En vacances chez ses grands-parents de l’autre côté de la ville. Car tous leurs amis et la famille les avaient encouragés : « Cela perturbera Julien, il n’a qu’une famille, c’est vous ! L’autre vous devriez l’oublier, il ne faut pas lui en parler ! »
Et même s’ils en éprouvaient des remords et un peu de honte, Gérard et Martine coupèrent les ponts de manière définitive autour de Julien et, petit à petit à leur tour, ils oublièrent Mareva et Teri’i. Ils pensaient faire ce qu’il y avait de mieux pour Julien. Maintenant, ils formaient une vraie famille et cela avait été dur d’arriver à ce résultat ; il fallait tout faire pour la préserver.

Mais, Julien n’allait pas le aider. Sa petite enfance avait été calme et paisible, un bébé joyeux, un petit garçon sans soucis qui ne se posait pas de questions. Mais plus il grandissait, plus il remarquait sa peau sombre par rapport à celle de ses parents, plus il remarquait qu'il était grand et fort, le plus grand de sa classe, le plus costaud aussi, alors que sa maman était minuscule et son papa tout fluet. Jamais on ne lui avait parlé spontanément de son histoire. Et lorsque, à dix ans, il interrogea sa maman sur le fait qu’il ne lui ressemble pas : « Tu as été adopté dans un pays très loin, tes parents sont morts » lui avait expliqué rapidement Martine pour couper à l’avalanche de questions.
La réponse avait surpris Julien, mais sur le coup, il n’avait pas voulu en savoir plus. Qu’allait-on lui annoncer comme nouvelles catastrophes ? Cependant, après plusieurs mois de réflexions, cette affirmation sommaire ne lui suffisa plus. Il voulut quand même savoir, il repartit à l’assaut « Comment ils sont morts mes autres parents ? Dans quel pays je suis né ? ».
Martine, mal à l’aise, se déchargea sur son mari. Celui-ci expliqua à son petit garçon de douze ans qu’il était maintenant presque un homme, et qu’il pouvait comprendre des choses trop difficiles pour un bébé. Il lui raconta une version exotique du petit Poucet ; le pays, d’où il venait, s’appelait Tahiti et ses parents qui étaient très pauvres avaient préféré l’abandonner.
- Ils avaient d’autres enfants ?
- Je ne crois pas.
- Et, s’ils m’ont abandonnés, c’est qu’ils ne m’aimaient pas ?
- Je ne sais pas tu sais, on ne les a pas vus, on ne les connait pas, peut-être que c’est juste parce qu’ils n’avaient pas de sous.

Si Julien ne doutait pas de cette version, elle lui laissait un goût amer. Tahiti c’était loin, il ne connaissait pas mais imaginait : cela devait être très pauvre, les gens devaient être foncés comme lui. Il venait d’un endroit misérable, et face aux réflexions racistes qui arrivait parfois, il préférait s’écraser malgré son gabarit impressionnant. C’était normal qu’on le méprise, il avait été abandonné, ses parents de naissance ne l’avaient pas aimé, il était quelqu’un de méprisable. Ces pensées le hantaient et, une idée commençait à germer, bientôt elle devint une obsession, il y pensait à chaque fois que cela n’allait pas. Il aurait voulu voir ses parents biologiques, il fallait qu’il leur demande, pourquoi ne l’avaient-il pas gardé. Il avait besoin de savoir, mais il se heurtait à un mur, ses parents lui avaient dit qu’ils ne les connaissaient pas, cela serait dur de retrouver leur trace.
A 17 ans, il venait de passer le bac et commença un BTS en action commerciale. Ses résultats étaient bons, lorsqu’au milieu de l’année scolaire, une jeune prof sympa, un peu excentrique, osa l’interroger sur ses origines. « Tu viens de Tahiti, tu as été adopté là-bas, mais c’est génial, je m’en doutais, ma sœur vient d’adopter une petite Tahitienne, j’ai trouvé super comment l’adoption se passait là-bas, avec les deux familles qui gardent des liens. »
Julien hocha la tête, mais ne répondit pas. Les cours étant finis, il rentra chez lui comme un robot, prenant son bus de manière automatique. Dès qu’il se retrouva face à ses parents il demanda des comptes. Gérard et Martine finirent par lui avouer qu’effectivement, ils avaient rencontré ses parents, mais à peine juste une fois et que, oui, ils étaient allés chez eux.
Julien serra les poings, les dents et se retint de ne pas exploser. Que lui cachait-on encore ? Plus jamais il ne demanderait, il voulait du concret, il voulait voir pour tout savoir. Dès ce jour, il harcela ses parents pour qu’ils lui permettent le voyage en Polynésie et malgré la panique que cela leur inspirait, ils comprirent qu’ils ne pourraient refuser. Ils furent obligés de céder, se bornant à mettre comme condition de meilleurs résultats scolaires. Julien ne pensait plus à ses études, obsédé par la recherche de ses origines : « Si tu passes en deuxième année, pour tes 18 ans, nous partons tous cet été pour te montrer le pays d’où tu viens. »
L’été fut vite là, Julien ayant repris son travail pour ne pas laisser passer sa chance.



Le début du voyage fut tendu. Après une semaine à Tahiti et quatre jours à Moorea, Julien ne regardait rien des magnifiques paysages, ne se baignant ni dans le lagon ni dans les superbes piscines. Seuls les Polynésiens l’intéressaient, il les dévisageait tous avec insistance comme si par ce regard pénétrant il essayait de comprendre l’âme de ce peuple qui abandonnait ses enfants. Son regard ne baissait que lorsque les jolies vahine, qui avaient remarqué son insistance, lui répondaient par un sourire. Tout en étant ému, il ne pouvait s’empêcher de rougir, gêné par son impoltesse mais heureux de cette gentille réponse. Par contre, il était plus inquiet quand c’était l’inévitable mahu (travesti), assurant le service dans chaque restaurant, qui lui rendait son regard par une œillade provocante. Avec ses parents, il ne s’exprimait que pour poser toujours la même question : « Quand est-ce qu’on les voit ? ».
Martine et Gérard, qui avaient espéré qu’il se dégonfle une fois sur place, étaient à nouveau acculés et ne purent se dérober. Ils se décidèrent à téléphoner à Taha’a, où ils n’avaient plus donnés de nouvelles depuis 6 ans.
- « Tu quittes pas », répondit la voisine au téléphone après que Gérard se fut présenté. Après cinq bonnes minutes d’attente, ce fut la voix de Teri’i qui répondit :
- Eh, qui c’est ?
- Teri’i, c’est Gérard, le papa de Julien !
- Aue, Gérard, c’est bien de t’entendre, comment ça va ? Il faut beau en France ?
- Je ne suis pas en France, je suis à Moorea.
- A Moorea, tout seul ?
- Non, Martine et Julien sont avec moi.
- Eeee iiia, vous êtes tous là, et quand tu viens à Taha’a ?
- On peut venir après-demain, si tu veux, mais tu crois que c’est bien ?
- Eh, ça fait peine que tu dises ça, tu parles comme on sera content de vous voir, surtout le tamaroa (petit garçon). Vous restez longtemps ? On va tout préparer !
- Non, on ne peut pas, nous ferons l’aller-retour dans la journée, nous rentrons en France à la fin de la semaine. »

Deux jours après, sur le port d’Uturoa, en attendant le départ de la navette pour Taha’a tandis que Gérard et Julien sirotaient un jus de papaye à la terrasse du Quai des Pêcheurs, Martine téléphonait à Mareva. Elle avait minutieusement préparé cet appel avec Gérard, il valait mieux que ce soit elle qui appelle : de femme à femme, elles se comprendraient mieux.
« - Tu quittes pas dit la voisine ».
Après dix minutes, elle reconnut la voix de Mareva
- Eh, Martine, copine, excuse-moi, je préparais le ma’a, on vous attend, où tu es ?
- On est à Raiatea, on arrive, la navette sera à Haamene à midi.
- On sera tous là, ça fait plaisir !
- Nous aussi, on est heureux de vous voir, mais je voulais te demander quelque chose.
- Tout ce que tu veux copine, je suis heureuse de te revoir avec Gérard et de revoir mon petit dernier.
- Tu vois c’est... que... pour nous.... c’est plus facile... si avec Teri’i, vous pouvez dire que vous l’avez.... euh... abandonné...
- Ai’a, Martine, tu peux pas me demander ça, mon fils je te l’ai donné parce que tu me l’as demandé. Avec Terii on avait compris quand les taote (médecins) l’ont envoyé en France, puis quand Moana est allé chez vous et que vous vouliez pas qu’il nous voit. On a compris, on a respecté. Quand vous nous donniez plus de nouvelles on était malheureux, on s’est dit c’est comme ça chez les Popa’a. C’était fiu (pénible), mais Julien on était d’accord pour vous le donner alors on disait rien. Mais aujourd’hui, c’est toi qui me le ramène, mon fils, je peux pas lui mentir ! Ça fait honte ; s’il me demande je lui dis. »

Sur le quai de Haamene, deux heures plus tard, il n’y avait jamais eu tant de monde. Alors qu’il était encore sur le bateau, Julien vit un colosse se précipiter vers lui, lui mettre un collier de tiare (fleurs) autour du cou, le serrer dans ces bras à lui rompre les os, et prononcer avec émotion : « Ia ora na (bonjour), mon fils ». Puis ce fut une femme d’une quarantaine d’années, encore belle, qui se blottit contre lui en larmes, sans pouvoir prononcer le moindre mot. Puis le défilé continua : les grandes sœurs, les grands frères, leurs maris, leurs femmes, leurs enfants, les cousins, les voisins. Julien croulait sous les couronnes, qui l’aveuglaient, qui l’enivraient par leur lourde odeur. Il ne parvenait plus à voir où on l’amenait. Arrivé au fare MTR (maison anti-cyclone) tout neuf, tout le monde s’assit dehors, Teri’i et Moana ouvrirent le four tahitien. Julien voulait parler, poser des questions, mais il ne savait pas comment commencer. C’est Moana qui lui donna la première indication :
- « Tu sais, quand tu es parti, on était tous à l’aéroport et quand Martine est passé devant moi pour dire au-revoir, je t’ai pris dans mes bras, je pleurais. J’avais dix ans, j’étais fier de mon petit frère qui partait en France, moi qui ce jour-là quittais Taha’a pour la première fois pour t’accompagner jusqu’au bas de l’avion. Mais c’était triste de te voir partir ».

Gérard et Martine restèrent tendus pendant tout le repas. Eux aussi avaient été bien accueillis ; Moana à côté de Gérard lui racontait son service militaire, et le jour où la neige était tombé dans son régiment en Vendée « Eh, tu sais, on était en train de nettoyer les armes, quand j’ai vu ça qui tombait du ciel, je n’ai pas pu résister, je suis sorti, j’ai ouvert la bouche, j’ai penché ma tête en arrière et j’essayais de manger la neige pendant qu’elle tombait. L’adjudant, c’était un salaud mais ce jour là il m’a pas engueulé, il riait trop à me voir ». Teumere, la plus grande sœur avait offert un magnifique tifaifai (couvre-lit en broderie) à Martine. Celle-ci avait été touchée par toutes ces attentions. Mais comme Gérard, elle ne quittait pas Julien des yeux. Assis face à eux, il était coincé entre Teri’i et Mareva et après être resté silencieux, il leur parlait. La table était pleine, ils n’arrivaient pas à comprendre ce qu’il disait, mais ils n’avaient pas besoin d’entendre pour comprendre. Il était évident qu’il posait des questions et sans doute LA question.

A quatre heures, ils étaient toujours attablés lorsque Gérard annonça qu’il était temps de partir, qu’il ne fallait pas manquer la navette ni l’avion pour Tahiti. Il fallait dire au-revoir, et commencer à se diriger tranquillement vers l’embarcadère. C’est alors que Julien lui annonça sa décision de rester.
Gérard ne broncha pas ; cela lui passera vite, pensa-t-il. Une nuit dans le fare et il regrettera vite le confort qu’il avait toujours connu. Il la joua à la “père compréhensif” : « Oui c’est normal, on aurait dû prévoir plus de temps, tu as sans doute encore envie de parler avec tout le monde, nous allons donc rester, on reviendra te chercher demain ». Malgré l’insistance de Mareva, ils ne voulurent coucher dans la famille. La saison touristique était calme et ils trouvèrent une place dans une petite pension.
Le lendemain, de bonne heure, il arriva avec Martine. Il ne restait plus que Teri’i et Mareva avec Julien. Ces derniers s’éloignèrent quand la discussion commença à s’échauffer, mais Mareva entoura Martine de ses bras quand elle vit que celle-ci s’en allait avec tant de détresse sur son visage. Julien venait de leur expliquer que plus jamais il ne pourrait les considérer comme ses parents, que désormais sa vie se déroulerait sans eux.

Avant leur retour en France, ils appelèrent plusieurs fois par jour. Jamais Julien ne voulut leur répondre.
Il découvrait une nouvelle vie, s’il avait été aveugle aux Îles-du-Vent, pour lui Taha’a ressemblait au paradis. Tous les matins, il partait pêcher avec Teri’i et Moana qui s’esclaffaient de la maladresse du petit “Popa’a”. Puis ils explorèrent les montagnes, André voulant que Julien sache reconnaître chaque arbre et qu’il apprenne à marier la vanille. Plusieurs fois par semaine, la voisine venait le chercher :
- « Julien, niuniu (téléphone), Papa fa’a’amu (adoptif) »
- « Aita (Non) ! » répondait-il et c’est Teri’i qui allait répondre « Non Gérard, je sais ça fait pitié, pei, mais il veut pas te parler, laisse faire le temps ».
Au bout de trois mois, Julien savait pécher, mais il commençait à se poser des questions. Il avoua que cela faisait deux mois que la rentrée avait eu lieu pour sa deuxième année et cela l'inquiétait. Il n’avoua pas que Martine et Gérard lui manquaient, mais tout le monde l’avait compris.
« - Tu sais mon garçon, dit Mareva, nous n’avons jamais cessé d’être tes parents et dès que tu reviendras en Polynésie, nous serons encore tes parents. Mais ici on ne peut pas faire les études comme il faut, tu vois Teumere, Moana et les autres, souvent ils auraient voulu continuer l’école, mais c’était fiu. Toi, tu as cette chance, et nous on est fier de toi. Toi, tu as la chance d’avoir des parents en France qui t’ont aimé et qui t’ont tout donné. Eux, c’est tes parents en France et nous, toujours nous t’attendrons, toujours nous t’accueillerons. Mais je crois qu’il est temps de rentrer là-bas. »
Julien ne répondit pas, il ne voulait pas pleurer, mais il hocha la tête.
Le soir même, quand la voisine vient signaler le coup de téléphone, c’est Julien qui alla répondre.
« - Allo Teri’i », dit Gérard, entendant quelqu’un déplacer le combiné.
- « Non c’est moi… Papa…je rentre…, tu me passes Maman ? ».
- Quand Martine raccrocha, elle se tourna vers Gérard, celui-ci qui avait pris dix ans en trois mois, et qui venait d’en perdre vingt en dix minutes. « Je crois », dit-il, « que nous avons de la chance d’avoir notre fils et je crois que lui il a de la chance d’avoir quatre parents ! »

Une semaine plus tard, toute la famille avait envahi le hall de l’aéroport de Raiatea. En mettent un collier de coquillages autour du cou de son petit frère, Moana lui fit remarquer : « Tu as vu cette fois, je pleure pas, je sais que tu reviendras ».
Julien se tourna vers Teri’i :
- « Quand j’aurais mon BTS, je ferai une école de commerce, et après je vais créer une société pour importer ta vanille et toute celle de Taha’a, cela s’appellera : “Vanille sous le Vent”.
- “Vanira i te Raromata’i (Vanille des Iles sous le Vent)”, c’est un beau nom, mon garçon ! Fa’a ito’ito (litt : sois courageux, forme d’adieu)! »

AFP

Bon, je n'ai pas été tendre avec la journaliste car son parisianisme m'avait un "peu" enervé, et j'étais inquiet sur la retranscription de mes propos..... sur ce point j'ai eu tort, et je m'en excuse platement.

Grace à une gentille maman lectrice, je viens d'avoir la dépêche AFP et je vous la fais partager :


PARIS, 22 déc 2010 (AFP) - "La maladie de l'adoption, c'est la maladie du chamboulement", prévient le pédiatre Jean-Vital de Monléon, conseillant aux parents qui viennent d'accueillir un petit Haïtien de "faire l'escargot" pendant quelques temps au sein de la coquille familiale.

Le Dr de Monléon a fondé en 1999 au CHU de Dijon la Consultation d'Adoption Outremer qui a déjà reçu une centaine de petits Haïtiens arrivés en France depuis le séisme du 12 janvier.



Q : Les circonstances de ces adoptions sont-elles un problème ?

R : "La maladie de l'adoption c'est la maladie du chamboulement. Et là le chamboulement est encore plus fort avec le séisme et toutes ses conséquences.

Pour beaucoup de familles, l'arrivée des enfants est un soulagement. Il faut voir clairement que ces enfants étaient en danger en Haïti. C'est sûr que tout le monde aurait préféré qu'ils puissent être préparés à l'adoption dans de bonnes conditions, ce qui n'était pas le cas avant le séisme et l'est encore moins maintenant. Entre deux maux, il faut choisir le moindre.

Avant ou après le séisme, il y a des adoptions qui se passent mal, soit parce que l'enfant n'est pas prêt pour être adopté parce qu'il a vécu des choses trop difficiles, soit parce que des parents, même s'ils ont obtenu un agrément, ne sont pas faits pour adopter. Il y a enfin les erreurs de cigogne, l'amalgame qui n'arrive pas à se faire entre tels parents et tel enfant".



Q : A quelles difficultés doivent s'attendre les parents ?

R : "Les enfants dits du séisme que j'ai déjà vus étaient un peu plus sidérés les premiers jours que les enfants que je vois d'habitude. Ils étaient un peu sidérés par ces chamboulements, toute cette accélération. Mais j'ai pu constaté que très vite ça se passait bien dans leur famille adoptive.

Globalement, sur le plan psychologique, je n'ai pas vu beaucoup de différences entre les enfants du séisme et les autres.

Où cela se passe plus mal, c'est au niveau sanitaire proprement dit. Le taux de gale, de teigne, de tuberculose a explosé. Et ce sont des maladies dont les médecins français n'ont plus du tout l'habitude. Tous les enfants qui arrivent après le séisme ont plein de parasites intestinaux. Certains souffrent de dénutrition".



Q : Quels conseils donnez-vous aux parents ?

R : "Chaque cas est particulier, mais on peut conseiller beaucoup de patience avec les enfants.

Ce sont des parents qui depuis un an se battent, sont dans le militantisme, il faut maintenant qu'ils oublient tout ça et profitent à fond de leur enfant. Ils doivent cocooner, passer beaucoup de temps en famille. Ce premier Noël doit être passé tranquillement, dans la petite cellule familiale, sans être envahi par les amis, les connaissances.

L'idée, c'est de faire l'escargot, rentrer dans sa coquille pendant quelques semaines, mais ne pas hésiter à se faire aider par des gens qui ont de l'expérience, associations et consultations spécialisées.



(propos recueillis par Véronique Martinache)