dimanche 24 mai 2009

Retour en Ethiopie

Réagir à chaud ou prendre le temps bien tranquillement.
Je vais faire quelque chose qu'il ne faut pas faire, que j'essaie d'éviter comme "docteur très sérieux", mais que je fais souvent sur ce blog (faut bien qu'un peu d'émotion passe ma brav'dame) : réagir à chaud.
Il y a une dizaine de jours, j'ai reçu un DVD, et ce n'est qu'aujourd'hui, paralysé par la canicule de ce début d'après-midi que je l'ai visionné. J'aurais eu l'occasion de le regarder en vitesse ou à la dérobée à des heures tardives, mais je sentais bien que ce n'était pas un film à voir à la légère.
Il m'a gentiment été envoyé par Monsieur et Madame Bayon qui dirigent depuis sa création une de nos plus grandes OAA : les Enfants de Reine de Miséricorde. Je prévois pour bientôt un message général sur le formidable travail des OAA, et un autre sur l'adoption en Ethiopie. Quelques mots toutefois sur ERM, je ne connais cette association que par les nombreuses familles que je rencontre et qui ont adopté par son intermédiaire. J'ai pu avoir quelques petits points de désaccord sur certaines prises en charge médicales, mais très légers puisque je sais que ERM a depuis très longtemps une "fiche santé" très détaillée, où sont bien mis en avant (entre autres) gale, teigne et parasites intestinaux, petits désagréments qui peuvent gâcher la vie et qui sont trop souvent inconnus en France. Sur la prise en charge des familles et des enfants, les témoignages des familles sont unanimes. Une telle unanimité ne peut être un hasard. Si ERM accepte de s'occuper de vous, cela me semble être une Rolls-Royce, les enfants et les familles ne sont pas des numéros, l'apparentement est une réalité pour cette association et tout ne s'arrête pas à l'arrivée de l'enfant. La preuve en est donnée par ce film, j'y arrive....   

Ouuuuh, il me fallait bien cette longue introduction pour m'en remettre, car même si on fait son malin et qu'on tend gentiment les mouchoirs en papier à sa petite femme, le gros rustre que je suis a été bien secoué....

Avant tout, quelque chose que j'aime bien est mis en avant par la lettre qui accompagne gentiment le DVD, par la feuille de présentation du film et dès le générique du film, ces histoires bien réelles sont tout à fait particulières. L'hétérogénéité : principe essentiel de l'adoption, ne pas oublier que chaque histoire est différente.
N'empêche que ces histoires là, on s'en régale. Accompagnés par Monsieur Bayon, il s'agit d'une vingtaine de jeunes adultes éthiopiens (presque des grands ados) qui pour la première fois retournent en Ethiopie, certains pourront rencontrer des membres de leurs familles biologiques, et là c'est poignant, les regards, la joie, les pleurs, l'émotion, les regards, les dialogues, les étreintes, les regards, les regards, les regards.... encore une fois un témoignage pour ne plus utiliser à tort et à travers le mot abandon !
Tous ont pu découvrir ce magnifique pays, son peuple attachant et digne, revoir leur ancien orphelinat, je pense que c'est la fameuse "petite maison que l'on aperçoit (toute verte). Ils ont pu rencontrer aussi des enfants, aider dans un dispensaire... sans doute pas assez longtemps, mais ils l'ont fait et c'est déjà cela, ce n'était pas du tourisme humanitaire, c'était une façon de rencontrer ce peuple, quand la plupart des touristes occidentaux se contentent de camps de vacances "bien comme à la maison" avec le moins de contacts possibles avec "l'indigène". 

Mon seul regret, c'est trop court, on s'en prend pleins les dents pendant une heure, on regrette de ne pas les avoir accompagné, d'être là, discret dans un coin, à écouter tout. Heureusement il y a des bonus, dont par exemple l'histoire de Zeritu qui vaut à elle seule le film. La rencontre entre cette jeune femme  et celle qui l'a élevée (une tante si j'ai bien compris) plusieurs années avant son adoption m'a laissé sur ... (j'ai failli être vulgaire). Zeritu ne la reconnaît pas, mais le regard de cette femme, qui vient de faire plusieurs heures de marche parce qu'on lui a dit que quelqu'un avait des nouvelles de Zeritu à lui donner, est indescriptible, bouleversé, sidéré, que dire. Au bout de quelques heures, les échanges sont de plus en plus intenses, la barrière de la langue est là, mais deux phrases de la tante résument tout : "Comme elle ne parle plus l'amarhique, il nous reste le regard" "Pense-tu que tu reviendras ?".

Vous êtes encore là ?
Foncez !
Cliquez sur le lien ci dessous et vous tomberez directement sur le site pour commander ce film, vous verrez même une bande annonce. Profitez en pour faire d'autres commandes, cela permettra de plus d'aider des actions en Ethiopie ou a Burkina.


http://laboutique.jeparraine.com/fr/shop_product_details.php?productID=898

Merci à tous ces jeunes, de nous avoir permis de voir leurs histoires bien particulières, merci à ERM d'avoir fait ce film et surtout de les avoir accompagné, avant, pendant et après leur adoption.

vendredi 22 mai 2009

Calendrier des colères

Pas mal d'enfants : nourrissons, petits, préados et ados ont tendance à faire des colères, des grosses, des petites.
Les causes en sont nombreuses, et plus encore chez les enfants qui ont vécus le grand chamboulement de l'adoption : enfants no-limit, intolérance à la frustration, angoisses diverses, les étiologies ne manquent pas et chacune d'entre elles mériterait un long exposé pour en expliquer les raisons.... ce sera le cas plus tard, ou dans une autre vie.

Je voulais juste vous faire partager une petite méthode que j'ai commencé à proposer il y a quelques mois, et dont les premiers retours que j'obtiens dépassent mes espérances. 

Il s'agit du calendrier des colères. J'ai un peu honte de vous dire comment j'y ai pensé... ce n'est pas dans la lecture d'un quelconque traité d'éducation bien-pensant ou d'un ouvrage de psychologie... c'est en copiant une méthode qui a fait ses preuves en pédiatrie générale : le calendrier du pipi au lit ! 

Ainsi, si vos petits ou vos grands font des colères épisodiques, ne vous en formalisez pas, la colère est quelque chose de normal, et laissez-les gentiment sortir de leurs gonds de temps en temps. Si celles-ci sont trop fréquentes, essayez le calendrier, sur une jolie feuille faites un petit calendrier en créant une petite case pour les jours à venir. Chaque soir, l'enfant dessine un petit bonhomme ou un petit visage selon qu'il y ait eu de grosses colères ou non. Un être hirsute tout rouge ou un petit visage souriant paisible. Pour un ado rebelle (pléonasme), on peut se contenter d'inscrire Zen ou Rage ! 
A tout âge, l'intéressé lui-même s'aperçoit mieux, lorsque c'est ainsi comptabilisé, quand il y a beaucoup (trop) de "colères". Première source de motivations pour les diminuer... que l'on peut compléter par des petites récompenses, une première quand il y a trois jours sans colères, puis une semaine, ou un mois sans (ou avec de très rares) colères.
La récompense doit être à la mesure de l'effort, plus que des cartes Pokemon ou une nouvelle Nitendo DS, offrez des choses qui limiteront les colères et qui sont bien plus précieuses : du temps. Cela permet aussi de montrer combien les disputes, les colères, les bouderies qu'elles entraînent sont dévoreuses de temps. Pensez que les cadeaux dont nos enfants se souviennent le plus ce sont une heure pour faire un jeu de société, un peu plus pour faire un tour de vélo, visiter un musée, un chateau-fort ou un parc, etc....

Si vous êtes concernés, essayez cette petite méthode qui a l'avantage de ne pas être dangereuse, Plutôt que se rassurer en donnant un médicament efficace, mais avec des effets secondaires ou un médicament sans effets secondaires mais sans véritables effets non plus (pour reprendre un débat précédent). Mais attention, si les colères sont trop importantes ou fréquentes, il faut ne pas hésiter à se faire aider pour essayer de trouver la cause. Bon courage.

mardi 19 mai 2009

Le monde est petit : le retour d'Olivier Bernard

A la lecture de la presse de hier soir (ce matin au ptit dej), j'apprends qu'un noveau président de Médecins du Monde (pas seulement pour l'adoption mais pour toute cette structure) vient d'être choisi.

Il s'agit d'Olivier Bernard, chef de service de pédiatrie à l'hôpital d'Aubagne dans la proche périphérie de Marseille.
C'est une surprise, car je connais bien Olivier mais je n'avais plus de ses nouvelles depuis longtemps.

Nous étions internes de pédiatrie au CHU de Marseille en même temps. Je crois avoir commencé mon internat un an avant lui. Nous nous étions croisé la première fois à Gap, où il commençait à peine sa pédiatrie et où jouant les vieux anciens (un an de plus ça compte en début d'internat) je jouais les super copter en venant chercher par les airs un petit prématuré haut-alpin. J'avais d'emblée trouvé sympa ce jeune mec...

Je me souviens ensuite d'un interne sympa, bosseur, aimant son boulot et les enfants, un vrai pédiatre quoi !
Et nous avions été tous fasciné par son service nationale au Népal en tant que médecin d el'ambassade où il occupait son temps libre à soigner des enfants. C'est là que sa vocation dans l'humanitaire a dû naître. Il en était revenu transformé !

Cela fait 11 ans que j'ai quitté Marseille et je n'avais plus trop de ces nouvelles, celles-ci me font plaisir.

Tous mes voeux Olivier !


PS : il ne faut pas confondre Olivier Bernard le pédiatre avec Olivier Bernard le pédiatre. Il y en a un autre chef de service au Kremlin-Bicêtre qui est le grand spécialiste mondial (si si on peut le dire) du foie de l'enfant, il a une génération de plus que mon copain. Deux même noms deux mêmes prénoms, mais deux grands confrères.

lundi 18 mai 2009

Médecins par trop parallèles....

Un petit post pour réagir à une des actualités de ce matin.
Parmi les titres à la une, des inquiétudes sur certaines pratiques se reconnaissant de la médecine ou plutôt d'une certaine forme de la médecine.

Avant tout il faut rappeler que nous médecins (moi comme les autres) ne sommes pas exempts de tout reproche, loin de là. La médecine a énormément progressé, elle s'appuie de plus en plus sur des preuves certifiées et solides, elle permet de soigner plus de monde. Mais, les médecins sont souvent de plus en plus techniques, ont de moins en moins de temps pour s'exprimer (entre les nécessités de se tenir à jour, les charges administratives, ce n'est pas toujours évident). Et alors qu'ils tendent à être de plus en plus fiables, ils sont de plus en plus contestés. Ce n'est pas forcément un souci si cela doit nous pousser à être encore plus performant. Notre grave faute est de ne plus prendre le temps (car souvent nous ne l'avons plus) d'expliquer, de rassurer, de répondre aux questions. Le problème c'est que face à nos incompétences (on ne peut pas tout guérir), face à nos manques de temps ( des durées de consultations de plus en plus courtes)... certains en profitent pour s'installer et proposer une autre médecine.

Certains sont animés de bonnes intentions, soulager avant tout et par n'importe que moyen. D'autres sont un peu illuminés et croient posséder un don qui .... peut être efficace, d'autant plus si un celui qui le reçoit y croit...
Mais pour d'autres c'est l'appât du gain, et profiter de la faiblesse du malade ou de sa famille.

Ce que je crains le plus c'est la "patamédecine", des choses ridicules qui s'appuient sur un pseudo discours scientifique qui a l'air très sérieux. On est alors capable de faire avaler n'importe quoi.... que des gri-gri miraculeux appaiseraient le mal de dents, qu'une médecine exotique permettrait de guérir sans médicaments, j'en passe et des meilleures. Mon ancien professeur d'anthropologie, Monsieur Jean Benoist, qui faisait référence dans le domaine de l'anthropologie médicale mondiale, s'amusait toujours de voir quelques gogos ou bobos foncer vers des médecines exotiques, il avait une jolie formule pour cela : "C'est comme un non-chrétien qui penserait retirer de l'ingestion de l'hostie, toutes les grâces de la communion, alors qu'il n'en comprend aucun des rites !"

Dans le domaine de l'adoption, beaucoup de familles sont encore plus démunies, du fait de la mauvaise connaissance du phénomène. Aussi je comprends que des familles en souffrance, ont pu se tourner vers des ahuris ou escrocs de tout poil, quand personne ne reconnaissait les troubles de l'attachement par exemple.


Quelques petites histoires :
J'avoue être inquiet car quand je vois ce que des gens d'un niveau d'instruction, d'éducation (bac + beaucoup beaucoup) sont capables d'ingurgiter comme bêtises en matière médicale, je me dis que certains doivent être capables de me faire croire n'importe quoi sur des domaines qui me sont inconnues. Un garagiste doit pouvoir me faire avaler ce qu'il veut sur l'état de ma voiture. Et je m'inquiètais de savoir si l'argent placé pour ma retraite (que l'on m'a garanti être très sûr) est à sa bonne place, mais depuis l'affaire Madoff (à qui les meilleurs économistes mondiaux avaient confié de l'argent), j'ai bien compris que personne n'y connait rien pour faire fructifier de l'argent.


Une des meilleures : un enfant souffrait d'oxyures, les petits vers bien français qui excitent les anus de nos petits car ils viennent s'y accrocher et pondre le soir tombé (une petite cure de Fluvermal permet à vos petits d'être parfois moins excité). Le cycle de ces bestioles entre chaque génération (naissance, âge adulte, accouplement, ponte, décés des adultes, éclosion des petits) est de 28 jours, donc les épisodes de démangeaisons excitations reviennent tous les 28 jours. Un éminent patamédecin avaient expliqué à une famille que cela était dû à la Lune qui réveillait à chacun de ces cycles les petits Vers-Garous. Dans les semaines qui ont suivis les parents (ingénieur et professeur agrégé) avaient pu constater la véracité de cet évenement, c'est chaque fois à la même phase de la Lune que survenaient lesdits bestiaux. Ils en étaient admiratifs et ne regrettaient pas les quelques centaines d'euros versés au grand docteur gourou.

Ouvrez les yeux !

mercredi 13 mai 2009

Jean-Jacques

Il travaille dans les Pyrénées et il est un peu ours, le surnom pourrait vite être trouvé. J'aime bien aussi le comparer à Dorian Gray, il a environ 20 ans de plus que moi et parait plus jeune... ça vexe, même si je sais que depuis ma naissance on me donne 10 ans de plus que mon âge, mais il fait incroyablement jeune Jean-Jacques.

Certains pourraient croire que l'on ne s'aime pas, car pendant de nombreuses années, dans de nombreuses revues médicales ou de nombreux congrès du même nom, nous avons fait un numéro de duettistes restés célébres à propos de la puberté précoce des enfants adoptés. L'un d'entre nous disant combien il fallait s'en méfier, l'autre affirmant que cela n'existait pas et que ce n'était que des erreurs d'âges... Ni l'un, ni l'autre nous ne craignons la polémique, et l'un pour l'autre nous avons un respect et une amitié qui nous permet toutes ces querelles. Mon respect pour lui, n'en est pas moins grand. Et la plupart des polémiques, des querelles que nous avons affrontées c'est côte à côte que nous avons combattu ! Je suis l'aîné de ses "petits frères et soeurs dans le métier" et quand il y a une dizaine d'années, j'ai commencé à écrire et à travailler sur le sujet de l'adoption, son accueil m'a fait chaud au coeur : "Enfin je ne suis plus seul !" m'a-t-il écrit. Notre première rencontre quelques années après lors d'un congrés a été un grand moment. Pendant des heures, nous avons échangé... c'est chaque fois le cas dès que nous nous revoyons.

Il n'est peut-être pas très médiatique, préfère les vestes noires, aux chemises à fleur, mais les enfants adoptés, les familles adoptives, les consultations d'adoption n'imaginent pas tout ce qu'ils lui doivent. Jean-Jacques a hurlé dans le désert, seul pendant des années pour faire reconnaître le droit à la différence, les particularités et la non-stigmatisation des enfants adoptés.

J'ai encore une bonne vingtaine d'années avant ma retraite, j'espère d'ici là écrire au moins une bonne centaine d'articles sur ce sujet. Pour chacun d'entre eux il y aura une référence pour un article de Jean-Jacques, pas seulement par respect pour le personnage, mais parce que son travail est une référence.

Il m'en a appris, il m'en a raconté des choses. Parmi toutes ses histoires, je vous raconte celle qui m'a le plus touché. Il était externe (j'étais pour ma part nourrisson... c'était avant-hier) dans un service de maternité. Il y avait encore des salles communes, partagées par une vingtaine de femmes qui venaient d'accoucher. Arrive alors une mère, venant accoucher sous X, la fille de salle qui pousse son fauteuil lui fait faire le tour de la pièce en criant : "Regardez cette salope qui vient abandonner son bébé !"
France du milieu des années 1960... le jeune Jean-Jacques, choqué venait de découvrir sa vocation, qu'il appliquera toute sa carrière avec humanisme : celle du premier pédiatre des enfants adoptés.

Je suis fier d'être son ami.

mardi 12 mai 2009

Consultation à distance avant l'adoption

Quelques explications car certains d'entre vous me laissent des messages sur la messagerie du blog. Ce n'est pas grave, je ne leur en veut pas, mais n'est pas le lieu :
D'une part, je pense qu'une consultation doit être un échange entre une famille et un soignant (ou des soignants : des jeunes confrères assistent parfois à mes consultations) et non pas être exposé (sans anonymat) à la vue de tous.
D'autre part, je ne sais pas (et ne veux pas savoir) comment répondre directement à ceux qui m'ont joint sur le blog. Ce blog est un espace publique, les consultations à distance sont un espace privé.

L'éthique de ces consultations est très délicat. Je passe sur le côté médico-légal et les délires de mon vautour préféré qui aime bien raconter partout que j'ai eu des ennuis avec l'ordre des médécins à cause de ces consultations. Je n'ai jamais eu de soucis avec le conseil de l'ordre (avec qui j'ai des rapports tout à fait cordiaux) et j'attends qu'on me reproche de rendre des services que peu de monde peut assurer, et qui plus est de le faire gratuitement au péril de mon sommeil ...
Ce qui est délicat c'est qu'on nage sans arrêt entre l'angélisme et l'eugénisme.
L'angélisme ce serait que le médecin pense : "Cet enfant a sans doute des problèmes, mais l'adoption lui fera sans doute du bien. Je vais donc pousser les postulants à l'adopter." C'est souvent vrai, mais pousser une famille à faire un trop grand écart entre l'enfant réel et l'enfant rêvé arrive à la pire des catastrophes : le deuxième abandon...
L'eugénisme ce serait le médecin qui pense : "Cette famille qui me consulte a confiance en moi. Je vais les pousser à n'adopter qu'un enfant parfait." L'enfant parfait n'existe pas et le dossier (russe notamment) n'est pas toujours évocateur.

Ce jonglage entre ces deux concepts, et la necessité d'une expérience sont essentiels.

Pour des problèmes qui semblent banaux, un médecin de vos connaissances peut vous expliquer certains diagnostics. Mais la consultation avant l'adoption nécessite une expérience notable. J'encourage ceux qui créent des consultations d'adoption, à attendre d'avoir un peu de bouteille avant de se lancer là-dedans. Le bilan d'arrivée on peut y arriver assez vite, la consultation à distance de l'adoption quand il y a des soucis c'est déjà moins fastoche, la consultation avant l'adoption : très casse-gueule ! Il est logique que devant n'importe quel dossier russe, un médecin s'écrie "Surtout pas, le handicap est majeur !" Mais j'ai déjà parlé du dossier russe...

Ce qui est capital aussi, c'est que le choix doit rester celui des parents. En aucun cas le médecin doit dire "Surtout pas çui-là" ou "Foncez, il est nickel-chrome". Le docteur doit donner des explications le plus claires possibles sur le diagnostic et les traitements possibles, en fonction des renseignements dont ils disposent tout en sachant la faible fiabilité de ceux-ci. Et vous parents ne nous mettez pas la pression par la petite phrase qui tue : "Si c'était vous docteur k'es k'vous feriez ?". Le docteur n'est pas vous, méfi comme on dit à Marseille, si vous saviez mon propre parcours familial, vous vous mordriez la langue plutôt que de me poser cette question !

Pour la petite histoire, il ya quelques années j'hésitais beaucoup avant de me lancer, et d'accepter des consultations avant l'adoption. Un jour, une famille est arrivé à me joindre par téléphone, à une époque où tous les tirs de barrage pour me protéger de passer mes journées au téléphone n'étaient pas aussi efficaces. Ils m'ont dit : "Voila docteur, on nous a proposé un enfant qui est HIV positif, qu'est ce que cela veut dire ?". Pour la plupart d'entre vous chers lecteurs c'est clair, cet enfant était porteur du SIDA, ça ne l'était pas pour ces parents. J'ai toujours pensé que le savoir n'a de valeur que s'il est partagé. Avons-nous le droit de laisser des tomber des familles de ne pas combattre l'ignorance ? Je ne leur ai pas raccroché au nez et je suis tombé dans la marmite des consultations avant l'adoption.

Comme je n'avais alors que très peu de temps je n'ai pu créer de vraies consulations pré adoption (qui existent maintenant) et je répondais à distance à ces nombreuses demandes.



Des renseignements plus pratiques : si vous voulez avoir mon avis sur le dossier d'un enfant qu'on vous propose, la consultation directe, une vraie consultation pré adoption, où on se voit, où on peut discuter pour de vrai, est 10000 fois préférable.
Si cela n'est pas possible, que je n'ai pas d'amis dans votre région, vous pouvez m'envoyer un mail à cao@chu-dijon.fr
J'y réponds dès que j'ai un peu de temps, parfois j'en ai très peu...
Vous recevrez d'abord un message expliquant mon éthique, les raisons et les conditions de cette consultation. Je l'ai écrit comme je le pense (un peu brut de décoffrage à la JVM), il peut vous sembler sec, voir impoli, ce que m'a dit une brave dame très en colére, il y a quelques jours mais il correspond à une réalité.
Une fois que vous accusez réception et que vous me donnez votre accord, j'essaie de vous répondre... pas trop en retard (sic).

mardi 5 mai 2009

Bienvenue à Gattaca

Film de science fiction (mais dans un futur très proche) américain (mais pas bêtement Hollywoodien), j'ai découvert ce film en vidéo quelques années après sa sortie. Cela faisait déjà quelques années que la Consultation d'Adoption Outremer existait, et s'il ne m'a pas trop influencé, je le conseille à mes jeunes collégues qui se lancent dans les consultations adoption.

Ce film m'a profondément troublé car il montre du doigt ce que des consultations avant l'adoption peuvent devenir.

Un post suivra bientôt sur ce sujet, mais en résumé, dans ce monde pas si lointain dés sa naissance, un peu de sang est ponctionné sur le talon de chaque enfant et passé immédiatement dans une grosse machine qui annonce en direct aux parents (la mère vient d'accoucher, sic), tous les diagnostics à venir, par exemple :
risque de myopie 63 %, risque de dépression 48 %, risque de pathologies cardiaque précoce 82%, risque de tabagisme 57%, espérance de vie : 31 ans.
C'est le cas du héros qui est un enfant de l'amour (fait non pas sous la couette mais à l'arrière d'une voiture) et non sélectionné génétiquement, ce qui désespère ses parents. Du fait de cette analyse, et malgré des talents exceptionnels, il sera confiné à des fonctions subalternes...

Je n'en dis pas plus et vous conseille de visionner ce superbe film....

Monsieur Cinéma

Allez, j'ai envie d'écrire un post sur la réponse à la devinette posée il y a quelques messages.

C'est un film de cinéma, et sans doute celui qui m'a fait le plus réfléchir sur ma fonction de docteur des petits (et des grands) adoptés, plus particulièrement pour ce qui est de la consultation pré adoption.

Ce film n'a pas des enfants pour héros, ne tourne pas du tout autour de l'adoption, il n'est pas franchement Hello Kitty ou Fleur Bleue.

Qu'est ce qu'on gagne : les 2000 pesos virtuels qui sont la récompense de celui qui arrive à démasquer Zorro.

Ce n'est pas ni Holy Lola, ni Les Enfants de Kaboul, ni L'enfnat Sauvage, ni La Grande Vadrouille qui ont déjà été proposés.

Indice promis, l'actrice principal est Uma Thurman