lundi 28 décembre 2009

Attestation Universitaire Accueil et Santé de l'Enfant Adopté

Deux semaines et demi que la première session de "mon petit diplôme" a eu lieu, et avec le recul, j'en suis toujours ravi.
Mes "petits" étudiants étaient 26, et leur diversité a été, comme je l'espérais, un facteur de réussite !

Pas mal de médecins, mais pas tant parmi les plus bavards, des juristes, des enseignants, une reponsable d'OAA, des membres de cellule doption dans les Conseils Généraux, des membres d'associations de parents (EFA en particulier) et d'autres professionnels de la santé ou de l'enfance.

Même s'ils ne l'ont pas tous "avoués", une bonne proportion de ces "petits" étudiants, était représentée par des parent adoptifs ou postulants à l'adoption. Cela a pu se ressentir lors des débats qui furent "houleux juste ce qu'il faut" pour que chacun puisse exprimer ses opinions....

J'attends avec impatience la dexuième session, même si j'ai mis tout le week end à me remettre de la préparation et de la tension, car j'ai beau ne jmais avoir le trac, il y avait quand même de l'appréhension à l'idée de lancer ce nouveau et beau projet.

jeudi 17 décembre 2009

Adoption simple ou adoption plénière, malentendu au regard de la Polynésie Française

J'ai reçu hier le numéro de décembre de Tahiti Pacifique Magazine, mon article tant annoncé est paru. Je le fournis donc à votre sagacité.




Contrairement à la Polynésie française où l’adoption est séculaire, celle-ci n’est pas encore bien comprise en France, y compris par certaines autorités. Il est dommage que cette méconnaissance s’exporte parfois vers la Polynésie.
Le phénomène adoption est le prototype du sujet qui intéresse, qui émeut tout le monde. Mais, si tout le monde a son avis et n’a pas peur de l’exprimer, si certains débats font couler beaucoup d’encre, en fait peu de personnes ont véritablement les connaissances adéquates pour en juger.
Les débats récurrents et inadaptés entre les deux systèmes proposés par la loi, adoption simple ou adoption plénière, en sont la preuve. Pour le Français moyen, l’adoption simple serait un parent pauvre de l’adoption. Ce ne serait pas une adoption « pour de vrai » comme disent les enfants, mais plus une alliance avec une nouvelle famille, tout en maintenant des liens soutenus avec la famille de naissance. Si la réalité était celle-ci, l’adoption simple semble tout à fait adaptée à l’adoption d’adultes, à l’adoption dans un couple recomposé de l’enfant du conjoint, voir à l’adoption intrafamiliale en Polynésie (les fa’a’amu traditionnels). Elle est moins adaptée pour beaucoup d’adoption d’enfants, et tout particulièrement pour celle d’enfant adoptés en métropole et originaires d’autres région de la planète.
Contrairement à ce que beaucoup croie, rien dans le choix de l’un ou l’autre des modes adoptifs ne concerne l’affectif, et plus particulièrement le maintien de liens amicaux, ou affectueux. La différence entre ces deux modes est plus une question financière.

Deux éclairages peuvent aider à mieux saisir les enjeux de ce choix :
Le premier est historique (1). En France, depuis le déclin de l’empire romain jusqu’aux prémices de la révolution, l’adoption est inexistante. Souvent assimilée par l’Eglise à une reconnaissance d’enfants illégitimes, elle n’avait pas sa place dans le droit français, même si certains recueils d’enfants se transformaient en véritables adoptions. L’arrivée des grands principes révolutionnaires remet l’adoption au goût du jour, on veut même la rendre obligatoire ! Mais rien n’est fait (il y avait d’autres problèmes à traiter) et c’est finalement Napoléon qui, pour une raison personnelle (l’infécondité de son couple avec Joséphine et son désir d’adopter le fils de celle-ci, Eugène de Beauharnais) qui crée la première loi française sur l’adoption. Cette adoption est bien loin des grands principes révolutionnaires puisqu’elle ne concerne que des adultes consentants, et son principal objectif est la transmission d’héritage. Elle n’a donc rien d’affectif. Plus de 200 ans plus tard, la loi française sur l’adoption reste marquée par la transmission des biens, laquelle reste la principale différence entre les deux formes d’adoption. L’adoption simple reste très proche du désir impérial, alors que l’adoption plénière a peu à peu évoluée pour donner à un enfant adoptif les mêmes droits qu’à un enfant biologique.
Le second éclairage vient de la Polynésie. Ici, l’adoption est quelque chose qui est plus vécu que discuté, même si la situation évolue, si des dérives existent du fait des changements sociétaux des archipels. L’adoption y est restée pendant longtemps quelque chose de naturel, de fréquent. En bon anthropologue, j’ai souvent pensé que pour ce sujet l’expérience et la sagesse ma’ohi pouvait aider l’ignorance farani !
Malheureusement, le bon sens ne prend pas toujours la bonne direction et ce sont trop souvent des métropolitains qui ignorent certaines bases de l’adoption (en Polynésie mais aussi en France !) qui prennent les décisions sans avoir connaissance des bonnes raisons.
Lors de l’adoption d’un enfant polynésien par des popa’a, la décision du mode adoptif est parfois âprement discutée. Pour les parents adoptifs, l’adoption plénière apparaît comme le moyen de permettre une meilleure intégration de l’enfant dans sa famille et ils vont tout faire pour obtenir une adoption plénière. Celle-ci semble plus sécurisante pour l’enfant en matière d’héritage, surtout que l’obtention du nom de la famille adoptive est automatique. Si la plupart des magistrats et autres travailleurs sociaux font chercher la solution qui semblera la plus appropriée pour l’avenir de l’enfant, d’autres peuvent parfois se tromper lourdement. Sans vraiment avoir compris les tenants et aboutissants, ils vont demander une adoption simple, pensant qu’elle correspond mieux au maintien du lien de l’adoption « à la tahitienne ».
Et, bien souvent, entre ces protagonistes qui s’opposent, sont oubliés les intervenants essentiels : les parents biologiques. Or, ils sont les décideurs puisque ce choix n’appartient en théorie qu’à eux. Ce sont donc eux qui, à l’issue d’une délégation d’autorité parentale, doivent donner leur accord pour une adoption simple ou plénière. Chacun essaiera de les convaincre dans un sens ou un autre, mais sans donner tous les arguments.
La demande principale des familles de naissance, comme j’avais pu le constater lors de mon étude anthropologique sur le sujet en 2002, c’est d’avoir des nouvelles, de savoir de temps en temps comment évolue l’enfant qu’ils ont confié. Si j’ai pu constater que certains parents adoptifs, après le prononcé de l’adoption ne donnaient plus de nouvelles, le type d’adoption n’est en aucun cas une conséquence de ce fait. Des liens amicaux puissants existent souvent alors qu’une adoption plénière a été prononcée, et j’ai aussi vu que tout peut être rompu dans certaines adoptions simples. Ce serait bien naïf de penser le contraire.
Quant à la principale différence entre les deux modes d’adoption, la question de l’héritage, elle n’est évoquée que trop rarement. Seuls certains magistrats attentionnés et exemplaires prennent le temps de l’expliquer aux familles. Elle a pourtant son importance dans une région où la possession de la terre est primordiale. L’attachement au fenua dans toutes les traductions possibles de ce terme est très fort en Polynésie (2).
Prenons un cas concret : la famille Tetuanui a choisi de confier leur petit dernier à la famille Dupont habitant en métropole. Les Tetuanui ont déjà 3 enfants en bas âge, des revenus précaires et ont confiance en cette famille qui n’a pu avoir d’enfants et qui semble tout à fait disposé à rendre heureux ce petit enfant. C’est le moment de rappeler que si le don d’enfant (« tu ne peux avoir d’enfant, je te donne le mien ») existe bien, ou tout au moins a bien existé dans la société tahitienne, dans la plupart des cas actuel il s’agit plutôt d’un don fait à l’enfant (« je n’ai pas les moyens de t’élever convenablement, je te donne de nouveaux parents »).
Lorsque l’enfant atteint ses deux ans, l’adoption doit être prononcée. Se pose alors le choix : simple ou plénière ?
S’ils reçoivent une information honnête et claire sur les différences réelles entre les deux choix, l’argument qui les touchera le plus sera le partage des propriétés après la mort des parents biologiques. Ceux-ci préfèreront que les parcelles qui leur apportent un revenu soit divisées en trois, les trois enfants qu’ils ont élevés (ce qui se passera en cas d’adoption plénière), plutôt qu’en quatre, car se rajoute l’enfant qu’ils ont « donné » (si adoption simple). Ils estiment que l’enfant parti en France est déjà plus favorisé économiquement. Ce qui est souvent vrai, car si les Tetuanui n’avaient pas eu des problèmes sociaux, familiaux et surtout économiques, ils ne se seraient sûrement pas séparé de leur petit dernier. Et s’ils gardent de l’affection pour lui, ils ne souhaitent pas le voir « dépouiller » sa fratrie biologique. Or cette notion successorale de l’adoption n’est que trop rarement envisagée !
Prononcer des adoptions simples au nom d’un principe hypothétique d’un maintien du lien, sans informer les familles biologiques de la totalité des conséquences, peut donner des répercussions à long terme. Ce sont autant de cadavres qu’on enferme dans le placard. Les premières conséquences risquent de bientôt émerger, car c’est surtout dans les années 1980 et 1990 que des enfants polynésiens ont été adoptés par des Popa’a. D’ici quelques années, certains parents biologiques vont décéder et, à la surprise des familles polynésiennes, des héritiers oubliés vont refaire surface, rajoutant une couche aux inextricables problèmes fonciers de Tahiti. Beaucoup, s’ils se souviennent de ces enfants partis à l’autre bout du Monde, ne pensent plus à eux pour les questions de succession. Les adoptés n’y pensent sans doute pas non plus et renonceront peut-être à leur succession, mais cela ne sera pas sans conséquences, complications… quand on sait combien les Polynésiens sont attachés à leur fenua.
Il est temps de laisser tomber de fausses idées. Beaucoup ont été aveuglé par un maintien du lien affectif, qui répétons le encore, n’a rien à voir avec le lien juridique. Tous les spécialistes de l’adoption en France, qu’ils s’agissent des juristes spécialisés, des associations de parents, et surtout des associations d’adoptés devenus adultes (la sympathique et représentative association Racines Coréennes, présente au Conseil Supérieur de l’Adoption, par exemple) sont d’accord pour cela. Les statistiques aussi, puisqu’un récent rapport du ministère de la Justice française portant sur les adoptions en 2007 montre que la première cause de l’adoption plénière est une adoption internationale. Pour les adoptions simples c’est l’adoption intrafamiliale qui domine et l’adoption internationale n’est représentée que pour 2% par des adoptions internationales. Plus polémique, mais malheureusement assez proche de la réalité, les gens qui s’opposent à l’adoption plénière sont souvent des gens qui s’opposent à l’adoption, mais qui n’osent s’affirmer dans une position aussi radicale, et en jouant sur la méconnaissance ils essaient de mettre en échec tout le phénomène d’adoption. Peut-être, un jour, des parents ne seront plus obligés de se séparer de leurs enfants pour des raisons économiques, peut-être que l’adoption existera encore dans certaines régions comme la Polynésie, où ce n’est que depuis peu (25 ans tout au plus) qu’elle est une alternative à la planification familiale. En attendant, un foyer avec la présence de parents est encore le meilleur endroit pour s’épanouir pour un enfant.
Il est temps d’avoir un peu de bon sens, celui qu’on appelle le bon sens paysan, celui de l’homme ou de la femme attaché à sa terre.
Docteur Jean-Vital de Monléon.
Pédiatre – Anthropologue,
Membre du Conseil Supérieur de l’Adoption.

1- Pour plus de détails : Naître là-bas, Grandir ici de JV de Monléon, ed Belin 2003.
2- Le mot en langue tahitienne fenua peut se traduire tout à la fois par : « Le Monde entier », « La Patrie », « Une île Haute », « Le Terrain que l’on possède » et le mot assez proche pufenua signifie le placenta que l’on doit enterré dans son fenua pour prouver son attachement à la terre.
3- Voir le chapitre sur ce sujet de JV de Monléon dans le livre collectif De l’Adoption : des pratiques de filiation différente dirigé par Isabelle Leblic, éditions de l’Université Blaise Pascal de Clermont Ferrand 2003.

mercredi 16 décembre 2009

Professore de Monleon... non ma commendatore perché no, (secondo episode)

Comme je le disais dans le message précédent, quand on veut noyer son chien, on dit qu'il a la rage.... quand on veut éliminer un confrère, trop actif (voir hyperactif), trop populaire, trop entier, trop sale caractère... on dit qu'il veut être professeur !
Et c'est l'arme des mesquins pour tenter de me mettre hors-jeu.

En ce moment, il y a de grandes discussions sur les consultations adoption. On espère tous que cela va bouger, mais beaucoup tout comme moi sont prudents car trop souvent déçus. Les choses ont l'air de bouger sérieusement et l'effet "bulldozer" (moi je crois que les bulldozers sont plus efficaces que les solex pour faire bouger les inerties) développé par Madame Morano, repris par Monsieur Monchau et j'espère transformé par la" mystérieuse" CR2L commence à ébranler les forteresses. Ces trois personnes sont des obstinés, et quand ils ont compris que quelque chose pouvait être très utile pour les enfants, ils sont décidés à faire avancer ce quelque chose, parfois avec du franc parler, parfois avec un comportement un peu teigneux, choses pas forcément utiles ou bien vues, mais tellement plus agréables qu'un consensus mou ou une hypocrisie de salon.

Donc, avec ce mouvement en faveur des consultations spécialisées pour les enfants adoptés, chacun propose ce qu'il pense être le mieux, exprime ses opinions, et c'est très bien... même si certains qui ne connaissent pas grand chose, ou qui ont juste des comptes personnels à régler, devraient parfois la fermer !
Par mon expérience (la plus ancienne après celle de Jean-Jacques), par la taille de ma consultation, par l'estime des familles nombreuses (ou plutôt des nombreuses familles) qui me font confiance en consultations, par la confiance des associations d'adoptants ou d'adoptés qui me demandent des articles ou des conférences, par les idées originales que j'ai déjà eu et qui ont porté leur fruit (les consultations pré adoptions, le diplôme universitaire) ou qui devraient voir le jour dès que j'aurai eu un peu de temps (l'école des parents, l'école des ados), par la confiance que me font certains qui créent des consultations (plus de 10 confrères créant des consultations d'adoption m'ont demandés une formation d'une façon ou d'une autre) je crois avoir le droit de dire mon mot, je pense avoir une expérience pour m'exprimer.
C'était une page de publicité, j'vais pas me gêner, ça équilibrera un peu, avec ce que certains racontent dans mon dos en ce moment !
Et bien, si beaucoup me font confiance, certains aimeraient bien m'éliminer... Je sais mes défauts, trop gros (pas seulement sur la balance, mais par la taille de ma consultation), trop bavard, trop vite réactif, trop rapide à prendre la mouche, et à monter illico sur Tornado dès que je sens l'adoption menacée, trop passionné surtout. Mais sans cette passion, cela ferait longtemps que j'aurais jeté l'éponge et que je ne m'occuperai plus d'adoption.

Si l'on m'accuse de mes défauts j'assume. D'autres choses m'irritent bien plus : qu'on ne me reproche pas de tout vouloir pour moi et rien pour les autres, j'ai le plus grand respect pour notre grand frère à tous de Pau, et trop d'amitié pour mes gentilles petites soeurs de Brest, Versailles, Reims, Clermont, Nantes, le Nord, etc, etc... en en oubliant pleins d'autres dont le "petit" frère de Hyéres et bien d'autres encore...
Et qu'on n'essaie pas de faire croire que je suis obsédé par le désir d'être professeur de médecine. Ma principale ambition personnelle est d'avoir plus de moyens, pour pouvoir continuer et de ne pas avoir à dire NON. Car j'en ai marre, de dire NON aux familles qui attendent un RV avec moi, ou un avis urgent à distance sur le dossier de l'enfant qu'on leur propose. J'en ai marre de dire NON de n'avoir pas le temps de faire une formation. J'en ai marre de dire NON quand je n'ai pas le temps d'écrire un article qui permettrait de partager les connaissances et ainsi une meilleure prise en charge. J'en ai marre de me dire NON, et de n'avoir pas le temps de mettre en route l'école des parents et l'école des ados qui seraient si utiles !
Un autre désir, celui de ne pas voir la prise en charge des enfants adoptés galvaudée, voir des consultations d'adoption qui n'en auraient que le nom se multiplier, cela au détriment des familles. La quantité n'a jamais remplacé la qualité.

Jusqu'à maintenant par ma volonté, la bienveillance, la patience et la tolérance de mon chef de service et du directeur du CHU, je peux consacrer presque la moitié de mon temps aux petits adoptés. J'aurais de quoi y passer quatre fois plus de temps, rendre encore plus de service, juste pour le plaisir de ne pas dire NON, pas pour être Professor.
Jusqu'alors rien ne nous a été donné, tout sera bon à prendre, pourvu qu'il y ait un peu plus que des miettes !

Professore de Monléon... non ma dottore (primo épisode)

Âmes sensibles, passez votre chemin, ça va flinguer sec dans ce message, et je vais notamment dénoncer, trois confrères à la fin du billet : ils ont brisés ma carrière sans aucune pitié !

Quand on veut noyer son chien, on dit qu'il a la rage.... quand on veut éliminer un confrère, trop actif (voir hyperactif), trop populaire, trop entier, trop sale caractère... on dit qu'il veut être professeur !
Et c'est l'arme des mesquins pour tenter de me mettre hors-jeu.

Pas mal de parents de patients, même des confrères, quand ils me parlent ou m'écrivent me donnent du "professeur", cela leur fait sans doute plus plaisir qu'à moi.

Dans ce premier épisode, je m'en vais vous expliquer pourquoi je ne serai jamais professeur de médecine, et pourquoi je ne m'en porte pas plus mal.
C'est une petite étude anthropologique d'un monde mystérieux pour beaucoup...
Dans le second, je vous expliquerai pourquoi je gêne !

Médecine monde cruel !
Il n'y a pas beaucoup de professions, où l'entonnoir, ou plutôt les entonnoirs sont aussi serrés. Pour atteindre le nirvana, il faut cheminer, cheminer, cheminer encore...
Première étape le concours de première année : dans le meilleur des cas, seulement 1 étudiant sur 5 réussira le concours et pourra donc envisager de devenir médecin.
A la fin des études, l'internat qui s'appelle maintenant l'examen classant validant, permettra à un sur deux (au mieux à encore) de devenir spécialiste.
Ensuite un interne sur deux ou trois devient Chef de Clinique (autre titre prestigieux).
Parmi ceux-ci, de un sur deux à un sur cinq, en fonction des époques, devient Praticien Hospitalier en CHU dans les centres universitaires c'est encore mieux...
La prochaine marche semble le sommet pour beaucoup, il est dur d'aller plus loin, mais là ce n'est que 10 % des PH qui deviennent professeur !
Ensuite on peut envisager d'être doyen, mais là c'est le gratin du gratin.... puis ministre de la santé... etc, etc....

Pourquoi je ne serai jamais professeur, alors qu'il ne manque plus qu'une marche à franchir ?
Tout d'abord parce que je n'aime pas jouer à "Jacques a dit..." pour être professeur il faut suivre les règles du jeu à fond. "Jacques a dit..." faites vos preuves en recherche, "Jacques a dit..." inventez des choses originales... pour ces deux là j'ai gagné, des recherches en anthropologie voilà qui est original, développer une spécialité qui n'existait pas (la prise en charge des enfants adoptés) voila qui est encore mieux. Mais "Jacques a dit..." aussi, écrivez pleins d'articles en anglais pour montrer que vous êtes très fort. Et là ben je suis pas fort, et j'ai pas le temps. Je pourrai me le donner ce temps, mais cela voudrait dire moins de consultations, moins de conférences, moins d'articles de vulgarisation, moins de services concrets, et ben ça j'en ai pas envie ! Et puis il y a aussi une part de chance, être au bon endroit au bon moment, quand un poste se libère... Cette chance peut se provoquer, je ne l'ai pas cherchée.
La deuxième raison, qui n'en est pas moins importante, qui fait que je ne serai jamais professeur de médecine, c'est que je n'en ai pas envie, voir même je m'en fiche.

En dehors du prestige quels sont les avantages des professeurs : un salaire un peu meilleur, et puis théoriquement l'enseignement leur est réservé, or l'enseignement c'est intéressant, mais il y a tant à faire qu'un simple PH comme moi peut donner des dizaines d'heures de cours, mettre au point un enseignement universitaire et diriger des thèses (j'en ai 6 en ce moment !).

Ce qui est certain c'est que je ne suis pas dans l'anti-professorite comme peuvent l'être certains (aigris ?) : j'ai pleins d'amis qui sont professeurs, je les respecte, je les admire pour leurs qualités pus que pour leurs titres (c'est le cas par exemple de mon patron de Marseille qui m'a appris tellement de choses, et de mon patron actuel qui est plus un ami qu'un patron), mais je ne les jalouse pas, je suis serein. J'ai vu trop de confrère aigris parce qu'il leur manquait un petit quelque chose, ou parce qu'ils ne sont pas trouvés au bon endroit au bon moment, pour m'en rendre malheureux.
J'ai pleins d'autres bonheurs (ma famille, le lien direct avec les adoptés et les familles adoptives) qui me rendent heureux sans chercher cette couronne de plus.

Attention, éloignez les enfants, je vais maintenant dénoncer les trois salopiots qui par leurs actions perverses font aussi que je ne serai jamais professeur. Le prénom de ces trois enfoirés : François, Gilbert et Jean-Jacques. Ils se sont mis à trois pour briser mon avenir, pour empêcher cette promotion que je mérite, les pourris !
Qu'est-ce qu'ils ont fait ? Ils m'ont montré l'image d'un Praticien Hospitalier, serein, heureux, brillant, inventif, pas le moins du monde aigri et sans aucun regret de ne pas être professeur. François vient de partir à la retraite, mais il n'est pas prêt d'être oublié dans son CHU de Tours, où il a formé tant de monde. Gilbert, lui aussi a une grande expérience clinique, j'étais son interne, puis son chef de clinique à Marseille et c'est lui qui m'a tout appris en endocrinologie pédiatrique, non pas dans des livres, mais auprès de nos petits patients. Jean-Jacques, vous le connaissez, il a été dans ces lointaines Pyrénées, et sa bonne ville de Pau, le fondateur, pour dire combien il était important d'amener des soins spécifiques aux petits adoptés.

Merci à eux trois, j'ai juste un petit regret pour l'un d'entre eux, Jean-Jacques, qui est avec mon ancien professeur de Marseille, celui qui m'a le plus poussé à être professeur. Il me disait et il a raison que les enfants adoptés méritaient bien un professeur, et en ça il n'a pas tort !

lundi 14 décembre 2009

Revue de presse

Deux revues reçues récemment avec quelques articles notables :

Accueil, la revue d'Enfance et Familles d'Adoption (EFA pour les intimes) avec un fougueux éditorial-plaidoyer de Madame Miral, présidente de la-dite association en faveur des consultations d'adoption (que je n'aime appeler COCA), en espérant qu'elle sera entendue et que des consutlations de qualité auront enfin les moyens qu'elles méritent.

Dans la revue de l'APAEC (le journal trimestriel de la bande à Bernardo : Hugues, Jacques, Guylaine et les autres...), j'ai découvert avec surprise en page 2, un reportage extrêmement gentil sur ma conférence de septembre dans l'Ain, conférence organisée de pair par EFA 01 et l'APAEC Rhône-Alpes. Les mots utilisés m'ont profondément touchés. Dans ce même journal un hommage à Aline, la déléguée Bourgogne de cette même association, hommage plus que mérité car si je vois autant de petits colombiens c'est qu'ils sont nombreux en Bourgogne parce que le relais dans cette région pour fournir des renseignements aux postulants est de bonne qualité...

dimanche 13 décembre 2009

Anthropologie à quatre sous !

Pour finir mes reportages et réflexions suite à ma mission à Madagascar, je voulais vous faire part de quelques réflexions anthropologiques. Il s’agit quand même d’anthropologie à quat’sous, mais ces petites concordances entre deux régions bien aimées méritent d’être signalées.

Il y a plusieurs siècles, pour des raisons difficiles à préciser de manière certaine : famine, guerre… il y a eu de grandes vagues d’émigration dans l’archipel indonésien. Ceux qui ont choisis de partir étaient de formidables marins, ils ne se sont pas contentés d’une petite traversée à la Christophe Colomb, puisque au moins milles ans avant ce grand découvreur, ils partaient à l’assaut de deux gigantesques océans. Des marins formaidables !
Cela s’est passé en plusieurs vagues et certains partant vers le Sud-Ouest sont arrivés à Madagascar, alors que d’autres prenaient la route Est et se disséminaient dans toutes les îles du gigantesque Pacifique.

Les Malgaches et les Polynésiens sont donc des cousins, cousins éloignés mais cousins.

Je le savais mais sur place de nombreuses similitudes m’ont sauté aux yeux :
- Une ressemblance physique : en dehors d’une différence de gabarit, c’est assez frappant, une jeune collègue pédiatre malgache m’a d’ailleurs signalé que pendant sa formation en France tout le monde la prenait pour une tahitienne. Plus que la Polynésie, Madagascar est très métissé, après les indonésiens (la génétique nous a même permis de découvrir que leur origine serait l’île de Bornéo) sont arrivés des africains, des arabes, etc….. Mais la ressemble entre les Malgaches de Hautes Terres (de la région d’Antananarivo) et les Polynésiens est frappante.
- Similitude de langue : baragouinant un peu le tahitien, je ne comprenais pas un mot de malgache, mais ces deux langues appartiennent au groupe des langues malayo-polynésienne, et les similitudes, comme la construction des phrases sont évidentes. Pour mémoire, en Polynésie comme à Madagascar, Maeva est un prénom féminin très courant, mais s’il signifie « jolie » ans la grande île, il veut dire "bienvenue" dans la multitude d’archipels du Pacifique.
- Beaucoup moins drôle, la mise en retrait des pères : ces deux régions ont cette même « réaction » face aux mutations de la mondialisation. A Madagascar, l’homme a pour mission de faire vivre sa famille, et face à la misère de plus en plus de pères, de maris n’arrivent à faire face et abandonnent leur famille. En Polynésie aussi, de plus en plus, malgré une certaine domination masculine, les femmes, les mères apparaissent comme l’élément le plus solide pour maintenir la famille et s’occuper des enfants, mais c’est sans doute le cas dans beaucoup d’autres pays en transition.
- La situation politique instable : depuis quelques années, ces deux pays depuis quelques années changent trop souvent de gouvernements sans jamais trouver le bon ! Ce qui est désastreux, et me fait penser que si les polynésiens veulent leur indépendance, le choix leur appartient, mais l’aide économique de la métropole et parfois (comme très récemment) l’aide juridique évite de trop gros dégâts.

Pas le plus joli des points communs...

samedi 12 décembre 2009

La parole aux adoptés


En 1981, un député avait déclaré en pleine assemblée nationale, à l'opposition, une vérité qui trahissait son sectarisme, mais qui n'en était pas moins une vérité : "Vous avez juridiquement tort, car vous êtes politiquement minoritaires". Lorsque je croise des adoptés adultes, mes amis de Racines Coréennes ou les plus jeunes mais tout aussi sympathiques de La Voix des Adoptés, j'ai envie de leur dire "Vous avez foncièrement raison car vous avez réellement vécu l'adoption". Leur légitimité est entière et ils ne doivent pas être timides, quand ils ont des choses à dire ! D'autant plus quand les opinions qu'ils expriment se font au sein de telles associations : témoignages d'expériences diverses, de vécus différents, lorsque les médias s'attachent trop souvent à nous montrer des souffrances bien réelles, mais parfois trop caricaturales.

Aussi en découvrant La Croix de ce jour je suis heureux de ces 4 pages consacrées aux adoptés, dont la couverture, représentée en partie ici.

Trois adoptés adultes avec des histoires bien différentes sont longuement interviewés, à lire ici. Parmi eux, il y a un de mes chouchous : Guilherme-Luc. J'ai déjà croisé ce jeune homme "chez Delarue", j'avais remarqué sa gentillesse rare, il a beaucoup d'autres qualités, dont une grande sagesse. Celle-ci est bien visible dans cet article, et je le remercie pour ce témoignage.

Il y a aussi l'interview d'une autre personne que j'aime bien : Céline Giraud, fondatrice et présidente de la Voix des Adoptés. Pour lire cet article c'est . Je vous reparlerai bientôt de Céline, car je viens enfin de retrouver son livre qu'elle m'avait gentiment donné et que je suis en train de lire. Son interview me fait plaisir, avec son cri pour une prise en charge de la post-adoption. Depuis quelques années on parle beaucoup de l'avant adoption, de la quête de l'enfant, etc, etc, avec la création de l'AFA, le débat actuel sur l'adoption individuelle, mais l'après de l'adoption est toujours un peu en sommeil. Des consultations comme la mienne n'existent que par la volonté de leurs créateurs, même parfois par une abnégation. Grâce à l'efficacité de l'équipe de Monsieur l'ambassadeur Monchau (et tout particulièrement de super CRLL) les choses bougent et commencent à être reconnues. Jusqu'à quels points le seront-elles ? Certains n'ont pas encore compris qu'une consultation adoption n'est pas que l'endroit où on fait un bilan d'arrivée, mais aussi doit être une ressource pour aider après l'adoption, pour former les futurs spécialistes de l'adoption, mais aussi les parents adoptifs dans leur boulot de parents.

Trois projets d'école sont dans mes cartons depuis longtemps et si j'ai pu en lancer qu'un cette années, l'école des professionnels (qui vient d'avoir lieu hier et avant hier), l'école des parents pour former les postulants à l'accueil et l'école des enfants pour permettre à des ados adoptés de communiquer n'ont pas les moyens de voir le jour ! reste à savoir qui va gagner la guerre entre la qualité et la quantité ? Merci beaucoup Céline et Guilherme-Luc de nous rappeler que l'adoption est une histoire qui dure.

vendredi 4 décembre 2009

Feno

Un petit message intimiste ou "Hello Kitty", je ne parle pas trop de ma vie privée, mais j'avais envie de dire un mot sur ce bonhomme.

Je crois que je ne vais pas trop vous étonner, mais depuis quelques semaines avec ma femme et mes enfants nous sommes devenus les parrains d’un petit garçon. Il se prénomme Feno, a bientôt 6 ans, il habite (vous l’auriez deviné) à Akany Sambatra, je pense que ce qui a été fait pour lui là-bas a permis de lui sauver la vie, tant son petit frère et lui étaient dans un état catastrophique il y a 6 mois en arrière. Depuis ils ont fait leur petit trou, et sont redevenus joyeux.

Il est très beau, mais je ne vous montrerai pas sa photo (pas de raisons ! Je ne vous ai jamais montré celles de mes enfants !).
Ce que j’ai vu à Akany Sambatra, m’a enlevé tous mes doutes sur le parrainage (besoin de voir des choses concrètes le docteur !), je suis content de le faire avec FSF, et touché qu’un enfant d’Akany Sambatra ait eu besoin de nous, peu de temps après mon retour en France.

Voilà c'était un tout petit message pour Feno, pour lui dire combien je suis très fier d’être son parrain et que nous espérons pouvoir l’accompagner tout le temps où il aura besoin de nous !
Et puis il faut vite retourner à Mada pour le voir "pour de vrai", car il était à la piscine quand je suis allé chez lui !

lundi 30 novembre 2009

Généraliste de l'adoption

En ce moment cela parle pas mal de l'adoption simple versus l'adoption plénière.
De l'intérêt et du sens de l'un et l'autre qui ne sont pas toujours bien perçu.
Depuis le temps d'ailleurs que je vous annonce un article sur le sujet, il est d'ailleurs écrit, mais j'attends juste qu'il soit paru dans le journal où je l'ai écrit, c'est la moindre des politesses tout de même !

A propos de ces discussions, quelqu'un que j'aime bien (et qui par ailleurs est adoptée, personne n'est parfait) râlait contre des psychologues qui se lançaient dans de grandes théories sur le sujet. Il faut dire que les-dits spikologues conseillaient quand même de transformer les adoptions plénières déjà prononcées, en adoption simple : agréable et douce idée.
Une juriste haut placée qui a entendu cela s'est écrié : "Quand les psychologues s'occupent de problèmes judiciaires on court à la catastrophe !". Elle n'avait pas tout à fait tort, elle avait même souvent raison, mais je me suis mordu la langue pour ne pas répondre : "C'est comme quand les magistrats s'occupent de problèmes psychologiques et sur le même sujet !".
Je ne l'ai pas dit, je suis très courageux, très grande gueule, très intransigeant pour défendre l'adoption, mais très poli avec certaines catégories professionnelles.

Car il y a des magistrats (pas cette dame qui est une spécialiste de l'adoption) qui décident parfois qu'une adoption sera simple au nom d'un lien affectif qui n'a rien de juridique et rien à voir avec la réalité de la différence des deux modes d'adoption (vous le saurez bientôt grâce à ce fameux article (hein que j'arrive bien à vous faire languir ?).

Tout ça pour vous dire que quand on s'occupe d'adoption, on ne peut s'en occuper à moitié et les spécialistes de l'adoption dans tous les domaines (médicaux, sociaux, judiciaires, etc...) doivent devenir des généralistes de l'adoption.
Si vous êtes le meilleur médecin du monde sur les pathologies d'arrivée, mais que vous ne connaissez rien d'autre à l'adoption (comment se déroule un agrément, une adoption, une rencontre entre parents et enfants, etc, etc...) cela n'ira pas. Si vous êtes un excellent juge qui connaît tout le code civil et les lois de la famille sur les bouts des doigts, mais que vous ne savez rien des causes de la séparation ou de l'adoption vous courrez à la catastrophe. Si vous êtes un excellent psychologue, le meilleur sur la création des liens, les phénomènes de l'attachement, mais que vous ne savez pas ce qui se passe dans un orphelinat, ni sur le chemin que doivent franchir les parents avant d'adopter, vous risquez de faire plus de mal que de bien.

J'encourage ceux qui veulent s'intéresser à l'adoption de le faire, mais de bien réfléchir avant. L'adoption devient vite une passion. Cette Passion est la meilleure des armes, pour ne pas se décourager et continuer son chemin, malgré les embûches, les découragements. On ne reste pas au bord de la rivière adoption, on tombe dedans et on se fait emporter par le courant, en tentant de ne pas (trop) s'y noyer.

samedi 28 novembre 2009

Risques, facteurs de risque et interdictions dans l'adoption !

J'écris ce billet en urgence suite à toutes les réactions que je reçois ce jour sur les 4-5 derniers messages et qui parlent de certaines particularités : pour ou contre, les promouvoir ou les interdire.

Je vais vous dire ce qu'il faut :
Tout enfant adopté doit être adopté par deux parents de sexe différent, suffisamment égoïstes pour avoir ce fort désir d'enfants, mais suffisamment généreux et ouverts sur le monde pour transmettre cela à leur enfant. Ils doivent aussi donner beaucoup d'amour à cet enfant, tout en n'ayant pas peur d'user de la fermeté si nécessaire pour qu'il ne devienne pas un ado no-limit. De plus, il faut qu'ils soient suffisamment riches pour arrêter de travailler tous deux, pour avoir beaucoup de temps pour s'occuper de lui, et surtout ne pas l'envoyer trop tôt à l'école. Mais en le laissant ouvert sur le Monde et sans l'enfermer dans un cocon. Ils doivent aussi, apprendre la langue du pays de naissance de leur enfant pour pouvoir communiquer avec lui dès les premiers instants pour le comprendre et calmer ses angoisses. Par contre, ils doivent lui parler français dés le début pour lui permettre de vite acquérir cette langue et favoriser sa meilleure intégration. L'adoption devra être faite par l'intermédiaire de l'AFA et d'au moins deux OAA reconnues publiquement de grande valeur, mais en même temps, les parents devront se rendre dans le pays d'origine pour avoir des contacts rapprochés avec le dit pays et les parents biologiques si possible. Ils doivent même tenter de créer avec ceux-ci des liens d'amitié et de confiance... et je rajoute se taper toutes les démarches et formalités pour juger de la compléxité du-dit pays !

Vous êtes dans ce cas, tout va bien.
Vous n'y êtes pas, courrez dans un centre de vaccination vous faire vacciner afin d'enrichir Donald Rumsfeld et de dépeupler la planète comme nous le dit l'ancienne "ministre de la santé" finlandaise ! Car croyez moi vous courrez au devant de grandes catastrophes et la vie ne vaut plus la peine d'être vécue !

Tout ça pour nous faire réfléchir qu'il y a un pas (de mamouth) entre facteurs de risques et réalité.
Suite à la mort d'un jeune acteur on découvre qu'il est risqué d'utiliser un petit bolide jusqu'alors en vente libre, oh ben quelle surprise ? Pourtant il y a des morts chaque jour dans les volvo type char d'assaut avec des pare-chocs plus gros que les dents du Prince Charles et des Air-Bag plus volumineux que les nez de Bernardo et moi !

Allez, je suis généreux, un autre scoop : même si vous êtes la famille idéale (?) que je viens de décrire l'adoption que vous allez faire peut être une catastrophe.

"Incredibile, Mamma, tou entends ce qu'il dit il dottore, nous qui apprenons l'italiano depuis cinque mois pour accueillir le petit Vénitien."

L'adoption individuelle est-elle plus à risque qu'une adoption par OAA ou AFA : ma réponse (statistique) sans hésiter est OUI, pourtant les plus belles histoires d'adoption sont souvent des adoptions individuelles (les plus moches aussi) et adopter par le biais d'un intermédiaire ne préserve pas des catastrophes.

L'adoption solo est elle plus à risque que l'adoption par des couples : ma réponse (statistique) sans hésiter est OUI, pourtant chaque jour je découvre des mamans (je n'ai vu qu'un Papa adoptant célibataire, très sympa et super papa au demeurant) qui ont adopté toutes seules qui sont des super mamans, qui ont bien conscience de ce risque font un maximum d'effort pour le diminuer et sont bien plus responsables que beaucoup de mamans célibataires qui "ont fait un bébé toute seule" sans trop réfléchir à l'après ! La plupart des Mamans adoptives solo sont beaucoup plus responsables que quelques couples (heureusement rares) dont je me demande comment ils ont fait pour avoir l'agrément. C'est ça le but de l'agrément : accompagner, aider à corriger les risques, mais aussi éliminer quand ceux-ci sont insurmontables !

Chaque jour on a de nombreuses de conduites à risque. Traverser une rue, c'est un risque, prendre l'ascenceur chez Bernardo qui ne veut pas l'entretenir c'est un risque (héhéhé). Certains jeunes cons ou vieux crétins (c'est souvent ces deux catégories là) traversent sans regarder en se foutant des voitures qui arrivent. Mais la plupart des gens savent le risque et regardent à droite et à gauche. Parfois le risque est vraiment important, l'état intervient et met un feu rouge, parfois le risque est encore plus important, l'état met une passerelle, parfois l'état clôture complétement la rue pour les piétons on ne peut plus traverser (une autoroute par exemple) et ceux qui traversent malgré tout... et bé il n'y en a pas beaucoup qui survivent ! Parfois, on peut trouver aussi que l'état a été ridicule de mettre un feu rouge alors qu'il en passe que deux voitures par heure ou un piéton tous les trois jours.... mais c'est l'état qui l'a décidé donc on est obligé de respecter cela !
Vous la suivez ma parabole ? On peut facilement l'appliquer à l'adoption !

"Reviens Mamma, il dottore il dit tout le contrario maintenant, et pouis régardé la contradizione qué nous avons faites c'était pas vénitien, c'est vietnamien qu'ils ont écrit chez l'organizatione agregato per l'adottione Destinato !"

Entre faire l'autruche face à un risque ou vouloir supprimer à tout prix tous les risques il y a, à mon avis, un sacré espace où chacun peut trouver son bonheur.

Et pour parler d'une voix avec mon fidèle Bernardo : la généralisation est le pire ennemi de l'adoption !

Ai-je été clair ?

Deux petits clins d'yeux hors sujet et gratuits pour mon amour de la langue italienne et mon amitié pour la sympathique OAA Destinées !

vendredi 27 novembre 2009

L’adoption à Madagascar comment ça marche ?

Si j’ai tout compris mais je ne suis pas toujours dans le secret des dieux, suite à quelques trafics, quelques gros soucis dans certains orphelinats (avec des fermetures et des gens emprisonnés), dont fait probablement partie l’histoire évoquée par Zench dans les commentaires du message Hervé, Madagascar a signé la Convention de La Haye. Celle-ci part de grands principes tout à fait respectables et essentiels pour lutter contre le trafic d’enfants. Mais comme je l’ai déjà dit, cela reste un gros machin…. Particulièrement lourd pour des pays qui ont peu de moyens comme Madagascar et tant d’autres… d’où la nécessité pour les pays d’accueil (riches) d’aider à sa mise place dans les pays d’origine (moins favorisés), sinon elle sera très dur à mettre en place, c’est ce qu’on a vu à Mada où sa signature a entraîné une longue interruption des adoptions.

Donc si j’ai tout bien compris comment cela va-t-il se passer pour adopter à Madagascar, je crois que les adoptions individuelles ne seront plus possible. Passage obligé par l’AFA ou les OAA. Pour les enfants, ils doivent passer 6 mois dans une institution avant d’être adoptables et encore trois mois avec leurs parents adoptifs dans le pays.

Pour les parents, cela risque d’être compliqué… même si vous comprenez que passer trois mois à Madagascar ne me déplairait pas (je vous rassure, je n’ai pas de désir d’adoption), je sais que très peu de gens auront les moyens financiers, professionnels et familiaux d’habiter 3 mois loin de chez eux.
Pour les enfants, je suis un peu inquiet, car même un super orphelinat reste un orphelinat et les six mois sur place seront sans doute un peu longs…. Tous ne sont pas aussi bien qu’Akany et je m’inquiète pour la santé des enfants, en cas d’épidémie de rougeole de gastro, si leur orphelinat manque de moyen et que les enfants sont dénutris les risques sont énormes.

J’attend vos commentaires mais qui tout comme ce billet ne serviront à rien … la décision appartient à chaque pays qui est souverain.
Commençons à balayer devant chez nous :
- Ne mettons pas trop la pression sur des pays moins favorisés
- Regardons à quel âge sont adoptés les petits nés sous le secret qui devraient l’être en théorie à deux mois !

mercredi 25 novembre 2009

Où va-t-on ?

Dans La Croix daté du 24 novembre, un terrible petit reportage sous le titre de :
Au Ghana, les orphelins donnent lieu à des trafics lucratifs.

Je n'arrive pas à vous trouver le lien car il serait important que vous puissiez lire ce papier. Si un "fortiche" en informatique et en recherche d'article y arrive qu'il en soit remercié !

En bref, il est décrit des conditions désastreuses où des nourrissons passent leurs journées sur des nattes qui regorgent d'excréments et de vomi, où tous sont livrés à eux-mêmes : personne ne les berce, les câline, ni les soignent ou même les nomment !

"Les enfants tombent régulièrement de leur lit et sont laissés sur le sol, gisant et pleurant sans que personne n'y prête attention".

Pourquoi ?
"C'est le nouveau business lucratif à la mode" puisque ces orphelinats font la course à la subvention... mais "seuls 30% des subventions versées sont effectivement consacrés à la garde des enfants".

Où va-t-on ?
Après la lecture de cet article, discret, en pages intérieures, mais qui a le mérite d’être là. J’en profite pour m’en faire l’écho (au sens propre du terme) et le répercuter dans le microcosme français de l’adoption français. Son titre accrocheur m’a un peu inquiété, je m’attendais encore à une dénonciation de trafics d’enfant au profit d’adoptants, choses qui existent qui doivent être dénoncés, et sur lesquels les journalistes sont souvent assez friands. Là c’est aussi grave, une forme de nouveau trafic qui m’effraie : de l’orphelinat pour l’orphelinat… ou plutôt pour ses subventions ! Ce qui est décrit égale ou dépasse ce qui a été vécu dans les orphelinats roumains de l’ère Ceaucescu. Et cela se passe en Afrique.

Où va-t-on ?
Si un continent très défavorisé économiquement mais jusqu’alors connu pour sa chaleur humaine, se comporte ainsi.

Où va-t-on ?
Si un continent où la richesse n’est pas l’argent, mais le nombre d’enfant traite ainsi ses plus petits. Je sais que la corruption existe, qu’elle fait un peu tourner la tête. Je sais aussi que certains enfants ont pu être maltraités ou tout au moins négligés "à la roumaine" dans des orphelinats africains, mais il s’agissait de cas isolés, d’enfants qui n’appartenaient pas à la bonne ethnie !

Où va-t-on ?
A la lecture de ces lignes, je me demande quel avenir pour ses enfants ? N’est-ce pas la conséquence de phrases dangereuses, du style "Mieux vaut rester dans son pays sans parents que d’être déraciné" ? Il semble en effet évident que dans les orphelinats du Ghana, les racines sont profondes : Naître et Vivre au Pays, devient là : Naître et Mourir aux pays, car nul n’est besoin d’être spécialiste pour estimer l’espérance de vie dans un tel endroit !
N’est-ce pas la conséquence de ce que nous imposons (lourdeur administrative, etc) à des pays bien moins favorisés que le nôtre, sans les aider. Sans les aider que par des subventions non contrôlées et qui sont, comme cela est dit dans l’article détournées à 70%. Sans les aider par des simplifications administratives qui seraient aussi utiles qu’un aide alimentaire et bien moins coûteuses.

Où va-t-on ?
Quel est ce but insidieux anti-Adoption Internationale, où se rejoignent toute sorte d’idéologies : racistes refusant toute arrivée d’étranger, obsédés du droit du sang, assez proches des précédents, Tiers-Mondistes se trompant de combat et refusant ainsi à certains enfants, la seule chance d’avoir des parents.

Où va-t-on ?

lundi 23 novembre 2009

Clin d'oeil (bridé)


Je viens de recevoir, je pense comme tous les pédiatres ce petit livret de quelques pages. Assez utile, assez bien fichu, pour nous aider à mieux appréhender en tant que médecins de l'enfant les difficultés scolaires de nos petits patients.

Ce qui m'a fait sourire, c'est la photo de couverture. Tous les autres enfants représentés dans ce livret sont "gaulois de chez gaulois" contrairement à cette très jolie petite fille !

On parle souvent pour critiquer la catégorisation (ou la caricaturisation) par l'origine de "l'africain qui n'a pas le rythme dans la peau" ou qui n'est pas bon en sport, Gaston Kelman nous l'a dit encore samedi aux Assises d'EFA.

Je me sers aussi de cet exemple, mais depuis au moins un an j'en rajoute un autre : celui du petit enfant d'origine asiatique qui a du mal à l'école. J'en suis quelques uns dans ce cas, et je peux vous dire qu'ils ont beaucoup de mal à trouver leur place. Pour le français moyen, le petit asiatique est très sérieux, au premier rang, travaille bien et veut réussir. Pourtant, j'en connais qui sont des cancres, qui sont des chahuteurs, et il faut bien le dire, cela gêne, le petit africain ou le petit maghrébin qui a des difficultés scolaires, ce sera normal pour un Bidochon (bon je caricature un peu quand même), mais le petit asiatique.... ça surprend plus et c'est difficile à admettre.

Aussi, cela m'a amusé de voir cette petite fille en couverture de ce fichier.

J'ai essayé d'en connaître les causes :
- Première possibilité : c'est un clin d'oeil personnel qu'ils ont voulu me faire, suite à cet exemple que je propose à chacune de mes conférences (j'en ai encore parlé samedi dernier). Malheureusement, le docteur Zorro le métèque n'est pas (encore) autant une référence incontournable, mais je ne désespère pas d'être un jour calife à la place du calife !

- Deuxième possibilité : ils ont voulu faire une bonne blague et il ne manque plus que la bulle de pensée comme dans les BD où cette petite fille devant le tableau noir est en train de se dire : "C'est du chinois !".

- La troisième possibilité est la bonne et j'ai utilisé la machine à remonter le temps personnelle pour m'en rendre compte, et je suis retourné il y a quelques mois dans l'agence de com' qui était chargé de cette mise en page.....

"- Bonch, il faut bosser làch sur le truc de la santéch sur les enfants qui ont du mal à l'écolech... voilach j'ai ces photos d'enfantsch qui a une idéech ? Ouais Franck...
- Tu 'ois, moi j'pense qu'la petite noireuh avec les lunettes rouges ce serait bien, on l'a voit d'loin et puis l'côté exotique ça attire l'oeil des provinciaux...
- Nul, nul, Franky, stop ton brain tu want nous faire schlasser, t'es noc ou koi ?
- Calme toi Soph', mais t'as raisonch, Franck faut pas làààà, c'est pas l'espritch, là il nous faut un truc politiquement correctch, déja ton idée pour Banania, on s'est fait alluméch, là on se calmech.
- Yes euh, ta petite black aux red lunettes tu want tjr nous la rebooker stop your train !
- Calme ta joie euh Soph', j'fais pas d'la'daube, euh non hein, mais d'la diversité sociale, et c'est toi Phil qui nous a dit d'y penser !
- Ouich, là tu as raisonch Franck, faut d'la divesitéch, qu'est ce qu'on a d'autre comme pas de chez nousch dans le castingch... non Franck repose cette photoch du petit beur !
- Moi,I think que la little viet l'est assez good en headlines, en plus coté provoc you see, tout le mode know, the yellows are good in école ?
- Bon planch, Soph, tout le monde est d'accord pourch qu'on choisisse la p'tite gniack, au moins là on nous accuserach pas de racisme. Arrête de bouder Franck t'es lourdch."




Mon Dieu, par pitié, faites que j'exagère !

dimanche 22 novembre 2009

Epigénétique, ressemblance et adoption...

Il y a quelques mois ( je n'ai pas retrouvé le lien direct) sur un blog ami, il y a eu un billet sur les petites phrases que l'on n'aime pas entendre pas quand on est une famille adoptive. Je n'étais pas intervenu mais j'étais assez d'accord avec tout ce qui était dit, les "comme vous êtes généreux" "il vient d'où? " etc, etc...
Il y a juste une phrase que l'on entend parfois qui ne me choque pas trop, même si elle semble parfois un peu lourdingue, c'est "Il (ou elle) vous ressemble" que l'on dit aux parents gaulois d'un petit éthiopien ou vietnamien. Cette phrase ne me gêne pas trop car d'une part, elle fait souvent plaisir et d'autre part elle est parfois un peu vrai. C'est ce que j'ai tenté d'expliquer hier aux Assises Régionales d'EFA.

Un petit mot sur ces assises qui se sont bien déroulées avec une assistance sympathique et nombreuse et des intervenants intéressants, en dehors de vot'bloggeur il y avait Gaston Kelman (l'auteur de "Je suis noir et je n'aime pas le manioc"), une représentante de la meilleure assoc sur l'adoption : Hélène Charbonnier (vice-présidente de Racines Coréennes), et Michel Combe, un travailleur social qui nous a décrit les deux modèles familiaux qui coexistent en France depuis 30 ans les modèles consensuels et autoritaires. Des sujets bien passionnants....

J'avais pour ma part revêtu mon habit d'anthropologue et j'ai parlé des différences en général d'une ethnie à l'autre, à l'intérieur d'une ethnie, comment elles étaient vécues, etc etc.... Et de la façon de vivre ces différences à l'intérieur d'une famille adoptive où enfants et parents ne se ressemblent pas. Quand l'enfant parait tout le monde recherche à qui il ressemble : le nez de son père, les yeux de sa mère et les fameuses oreilles décollées de Tonton Marcel.... Pour l'enfant adopté, c'est presque gêné que quelqu'un annonce : "C'est drôle mais il vous ressemble.." on peut en être irrité, surpris, heureux... Ce que je voulais vous dire c'est qu'il y a du vrai !

Du vrai parce qu'un enfant va copier les expressions, les petites manies, les habitudes de ceux qui l'entourent et pour qui il a de l'affection.

Et, du vrai qui s'appuiera peut être dans quelques années, sur la science, la vraie, la dure, c'est une hypothèse à laquelle j'ai pensé en préparant cette intervention : du vrai à cause de l'épigénétique. Cette science est toute neuve, elle montre que l'environnement peut influencer sur la génétique ! L'ADN que l'on voyait encore comme une base inviolable qui nous donnait notre morphologie, et que l'on ne pouvait modifier, et bien il semble de plus en plus évident que certains gênes de notre capital inné peuvent varier, s'exprimer différemment en fonction de l'environnement. Cela semble évident par exemple chez les fourmis, selon l'alimentation qu'elles reçoivent dans leurs premiers jours, les soins, les fourmis deviendront soit des reines (pondeuses), soit des ouvrières (esclaves bêtes et soumises), soit des soldats (belliqueux) etc, etc....
Et bien chez l'homme c'est pareil, ainsi on peut mieux comprendre pourquoi les enfants stressés, maltraités, dans des environnements peu sûrs (comme c'est le cas de bien des enfants adoptés...) ont pu exprimer certains gênes, qui leur ont permis de survivre dans cet environnement hostile, alors que dans un environnement plus rassurant, ces gênes seraient rester en sommeil ! Ainsi, on peut expliquer sans doute pourquoi il y a plus d'hyperactivité chez des enfants adoptés.
Je vous répète que c'est bien une hypothèse, peut-être une hypothèse de savant fou, mais à l'intérieur du noyau de certaines de ses cellules, pourquoi ne pas penser que le petit adopté va exprimer certains gênes jusqu'alors en repos ?
Bon, il ne pourra se changer la couleur des yeux ou des cheveux, mais sa façon de sourire, de se comporter, pourquoi pas ?

Cela donne un peu le vertige, non ?

Encore tant de choses à découvrir chez l'homme.

vendredi 20 novembre 2009

Hervé



Mais qui est Hervé ?
Et bien vous pouvez l'apercevoir coincé entre le panier de jujube et ma carcasse !
Il est suisse... mais a beaucoup d'humour (ça c'est la blague gauloise du jour).
Et il est si je ne me trompe, le directeur du service développement au Service Social International. Pour en savoir plus sur le SSI, le mieux est de cliquer . C'est une sacrée ONG, comme seuls les suisses savent en inventer. Pas aussi gros que la Croix Rouge, mais spécialisée dans les droits de l'enfant surtout si ceux doivent passer d'un état à l'autre. Tout ça pour vous dire que l'adoption internationale ils connaissent. Ils aident à la faire connaître, à la rendre compréhensible.

Hervé était donc venu parler de l'adoption internationale et de la Convention de la Haye aux responsables malgaches de l'adoption... et il m'a d'emblée beaucoup plu, car il est presque arrivé à le rendre humain ce gros machin (quand je parle du gros machin, je parle de la CDLH, pas de JVM). D'habitude cette CDLH on nous la présente comme un dogme, qu'il faut suivre aveuglément, même si elle ne convient pas aux pays d'origine, même si elle écrase tout sur son passage. Hervé est arrivé à nous la montrer moins rigide.

On a bien sympathisé et trouvé pas mal de points communs, le même amour transi familial pour Mada, la même culpabilité de découvrir ce pays sans nos femmes, des origines dans le même massif montagneux, le même hôtel, mais plus sérieusement, un désir que les adoptions se fassent dans de bonnes conditions, qu'enfants et parents y soient préparés, la lutte contre tous les trafics, etc...

Le seul petit point de désaccord est quant à la durée avant l'adoption. Hervé est un jusqu'au-boutiste que les choses soient claires, honnêtes bien posées, moi je suis un jusqu'au-boutiste de faire tout pour que l'adoption se passe vite, et que l'enfant ne reste pas trop longtemps dans des orphelinats, ceci afin d'éviter des séjours trop longs et potentiellement dangereux.

En fait nous ne sommes ni l'un ni l'autre jusqu'au-boutistes, et l'un comme l'autre nous savons que la vérité est quelque part entre nos deux opinions...

Je serai heureux de continuer travailler sur ce sujet et bien d'autres avec lui....

Adoption et Parrainage


Je suis de retour à Madagascar, si ce n'est "pour de vrai" (hélas, trois fois hélas), c'est dans mon blog, car je n'ai pas fini de vous faire part de toutes les réflexions que m'a imposé ce voyage.
Après une vie intense, j'ai un peu déserté mon blog cette semaine, il faut bien que j'écrive un peu mon livre et puis j'ai fait une escapade, en rapport avec une autre passion, plus en relation avec mon deuxième blog....

Souvent, dans des congrès, des réunions sur l'adoption, il y a toujours un ahuri qui dit : "Et pourquoi ne parle-t-on du parrainage, c'est un autre moyen de venir en aide aux enfants en détresse !". Ces ahuris ne le sont en fait pas, je crois qu'ils font cela sciemment pour déconsidérer l'adoption, essayer de lui "faire honte". Ce sont les mêmes qui la bouche en coeur déclarent être contre l'adoption plénière, font une grande différence (qui n'existe pas) entre celle-ci et l'adoption simple, parce qu'ils n'osent pas dire qu'ils sont contre l'adoption en général. Je vous en dirai plus dans un prochain post, mais retenez que quelqu'un qui se déclare contre l'adoption plénière n'est que quelqu'un qui est contre l'adoption en tout et pour tout.

Une des phrases que j'ai dite (et même écrite dans un article pour La Croix) m'est souvent reprochée, et plus elle m'est reprochée, plus je suis heureux de l'avoir dite, car cela veut bien dire qu'elle porte à réflexion et, j'espère à moyen terme, changer les avis sur l'adoption. Cette phrase c'est : "L'adoption est un geste égoïste !". Pour la petite histoire, elle ne m'est jamais reprochée par les adoptants mais par tous les quidams qui ne connaissent pas trop le sujet. Et oui pour beaucoup l'adoption reste un geste humanitaire, c'est sur cette fausse vérité que surfent les trafiquants d'enfants comme l'Arche de Zoé ou ceux qui pour diverses raisons cherchent à détruire et à déconsidérer l'adoption.
Ainsi en parlant de parrainage dans une réunion consacrée à l'adoption, on plombe l'ambiance, on fait honte aux parents adoptifs, aux postulants, et on cherche à détruire petit à petit le principe de l'adoption : créer ou agrandir sa famille par un désir (bien égoïste d'enfants).

Cette différence entre adoption et parrainage doit être faite. Il est maladroit, inutile, voir cruel de parler de parrainage à des gens qui veulent adopter. Par contre à des gens qui veulent adopter pour aider un enfant (sans de véritables désir d'enfant derrière) il est nécessaire de leur proposer plutôt un parrainage.

Le rapport avec Madagascar : Akany Sambatra et Familles sans Frontières

Si j'ai dit que les parents qui veulent adopter doivent être mus par un désir égoïste, rien ne les empêchent comme tous parents à être généreux. Je vais même vous dire un secret : c'est plutôt mieux pour des enfants d'être élevés par des gens généreux (ça c'est du scoop) !
En plus de se marquer vers leurs propres enfants la générosité des parents adoptifs se tournent parfois vers d'autres enfants. Il est rare de revenir indemnes après une adoption. Et beaucoup de parents adoptifs s'investissent selon leurs compétences, leurs désirs... Cela peut se traduire par une implication dans une OAA, une association de parents (APPO, EFA, Etc...), des dons pour des associations d'aide à l'enfance, la création d'une consultation spécialisée... et un parrainage.
Beaucoup de parents adoptifs sont impliqués dans le parrainage d'enfants, souvent dans le pays d'origine de leur enfant mais pas forcément. Certains ont même créer ou sont directement impliqués dans des associations de parrainage comme c'est le cas pour FSF.

Dans ce petit havre de paix qu'est Akany Sambatra, j'ai vu un beau lien entre adoption et parrainage, puisque de centre d'accueil (parfois d'urgence) s'occupent des deux choses ! Certains enfants (souvent les plus petits) peuvent espérer une adoption, ce qui est une chance, car en dépit des tristes sires qui nous parlent parfois de déracinement, voir de déportation pour l'adoption internationale, malgré le dévouement d'Irena, Jack et de tout leur personnel, il vaut mieux avoir des parents pour de vrais qui ne nous ressemblent pas, qui habitent peut-être loin de notre lieu de naissance mais qui seront des "vrais" parents. D'autres enfants (les plus grands mais pas toujours), pour tout un tas de raison, âge, parents biologiques en difficulté mais encore bien présents, ne peuvent être adoptés (ou pas à court terme), le parrainage est alors le moyen de leur permettre de vivre à Akany, d'être scolarisés, d'avoir des parrains lointains qui veillent sur eux... et ceci pour longtemps, car certains filleuls devenus de jeunes adultes peuvent poursuivre leurs études, être logés hors d'Akany grâce à l'aide poursuivi de leurs parents.

Une autre histoire, bien différente de l'adoption, mais tout aussi belle !

mercredi 11 novembre 2009

Réunion sur l'adoption à Dijon

Encore une incartade hors de Madagascar....

Cette année, il n'y a pas de congrès national pour Enfance et Familles d'Adoption, mais une multitude de réunions régionales.
Pour la Bourgogne c'est

Comme vous le voyez j'interviens dans ma région "d'adoption", j'avais été aussi demandé ailleurs, mais les amis d'EFA 21 m'avait réservé de très longue date.

Comme vous le voyez encore, et moi aussi, car je ne le découvre que tout récemment à cette réunion grand public du samedi après midi, se greffe une réunion de professionnels, essentiellement psychologues le vendredi toute la journée et le samedi matin !

Pour le grand public c'est donc le samedi après-midi, ma technique (une heure que j'essaie de recopier...) m'empêche de vous communiquer le programme détaillé de cette après midi grand public où pour ma part, vous aurez droit à un petit exposé de la différence avec quelques données génétiques, mais surtout anthropologiques (je laisserai la pédiatrie à la maison). Avec un titre comme je les aime : "Il ne vous ressemble pas trop le p'tit dernier !"

Grippe A H1N1 : vacciner ou pas ?

Je quitte le temps d'un message Madagascar... pour mieux y revenir.

Mais je reçois pleins de messages de parents inquiets me demandant si à mon avis il vaut mieux vacciner leurs enfants contre la fameuse grippe A.

C'est plus un problème de santé publique qui n'a pas trop de choses à voir avec l'adoption, si ce n'est que certains enfants adoptés qui arrivent sont plus fragiles du fait de leurs diverses carences. Je ne suis pas un spécialiste pur et dur de cette maladie, un peu plus un connaisseur des vaccinations, je vous donne mon avis tout en sachant que vous pourrez en faire ce que vous voulez, la décision de vous vacciner et de vacciner vos enfants n'appartient qu'à vous. Ce n'est pas pour ce vaccin que je vendrai mon âme, ce sera plutôt pour celui de l'hépatite B quand on voit la souffrance sociale des enfants et des familles touchée par cette maladie ! Mais on me demande mon avis, je le donne en faisant part de mes réflexions.

Quelques impressions générales :
- La médiatisation de cette maladie a été lamentable, on en a parlé sans doute trop et trop tôt, ce qui fait que l'homme de la rue ne sait pas quoi en penser et le docteur moyen en a le ras le bol d'entendre parler de ce bestiau.
- La plupart des craintes exprimées en général au sujet des vaccinations frisent le ridicule. On a l'impression que le seul but de ceux qui vaccinent est d'engendrer de nouvelles maladies et de se remplir les poches puisqu'ils sont tous à la solde des affreux laboratoires. Pour info, et pour ma pomme, aucun des laboratoires qui fournissent la France contre l'H1N1 ne m'a jamais fait le moindre cadeau (pas même un bic, pas même un pin's).
- La grippe saisonnière tue chaque année quelques milliers de personnes, plutôt des sujets âgés et fragiles.
- Cette grippe là aura au moins la même proportion de décès parmi les sujets atteints. Au moins c'est à dire plus : un peu plus ou beaucoup plus, ça personne en le sait ?
- A la différence de la grippe saisonnière, la grippe H1N1 touchera plus de monde, car ce type de virus n'avait pas provoqué d'épidémie depuis 1957. Donc tous ceux nés après cette année là ne l'ont jamais rencontrés et risquent d'être plus touchés à défaut d'être plus malades. Donc plus de monde touché et sans doute un peu plus grave, donc il est possible qu'il y est beaucoup plus de morts, et qu'ils soient plus jeunes ...

Deux remarques plus personnelles :
- Je suis vacciné depuis plus de 15 jours, j'ai signé l'autorisation de vacciner mes enfants lors de la campagne de vaccination à l'école. Pour moi, afin de me protéger, étant au contact des malades du fait de mon métier, et pour protéger mes patients en n'étant pas vecteur de ce germe. Pour eux, car face à une bestiole un peu nouvelle ou plutôt revenante, je n'ai pas trop envie qu'ils aient peu d'immunité et encore moins qu'ils fassent partie des victimes potentielles.
- J'ai beaucoup apprécié la chronique de mon collègue le docteur de France Info, qui a eu beaucoup de franchise et comme il l'a annoncé ne va pas se faire que des amis, quand il dit à propos des médecins qui ne veulent pas se vacciner : "Ils font ça mais ils ont tous du Tamiflu à portée de main, ce qui en terme économique et catastrophique et en terme de santé publique encore plus, car ils seront les vecteurs de cette maladie vis à vis de leurs patients !"

mardi 10 novembre 2009

Antonin

Peut être que cela s'écrit Anthonin d'ailleurs. Beaucoup de choses restent un peu mystérieuses pour ce petit bout, qui était placé, à la demande des services malgaches, depuis seulement quelques heures à Akany Sambatra quand j'y suis arrivé.
En tout cas, c'était un sacré beau bébé, de deux mois et demi, particulièrement vif et éveillé. Curieux et assez désireux de se faire de nouveaux amis.

Je te souhaite plein de bonheur gros bébé, j'ai été très content de discuter un grand moment avec toi, de provoquer tes "Areuh". Pendant 6 mois, tu seras bien, tout le gentil personnel d'Akany Sambatra va te gâter, te câliner comme ils le font déjà avec les copains. Ensuite, cela devrait être encore mieux, je te souhaite de rencontrer un Papa et une Maman qui seront tout heureux de te faire une grande place dans leur vie et dans leur coeur, pendant encore quelques mois tu seras avec eux sur ta grande île rouge, avant de gagner la France ou la Suisse.

Mon rêve serait de te revoir pour un bilan d'arrivée, pour reprendre nos grandes conversations....

lundi 9 novembre 2009

Akany Sambatra




Après Akamasoa, le village du Père Pedro, le mercredi à midi, j'ai eu l'impression de pénétrer à nouveau dans un havre de paix, loin de l'agitation, de la frénésie, de la pollution et de la misère criante de Tana.
Akany Sambatra cela veut dire la maison du bonheur, cette structure a été créée par l'association suisse Familles sans Frontières une association créée par une famille adoptante, tombée amoureuse (comme il se doit) de Madagascar et décidée à faire quelque chose pour les enfants de ce pays. FSF soutient des projets éducatifs, des projets médicaux et s'occupe de cette petite structure en banlieue d'Antananarivo, et qui a deux buts principaux, s'occuper de l'adoption d'enfants et fournir un lieu d'accueil à des enfants sans parents ou dont les familles sont en grande détresse sociale.
Ce n'est pas une famille, c'est bien plus grand qu'une famille, il n'y a pas de foyer nucléaire comme dans un famille telle que nous la connaissons en Occident, c'est plus une sympathique tribu, un "foyer" aussi tant on sent une harmonie, un esprit de corps dan ce petit groupe humain.
Pour donner quelques chiffres, c'est actuellement 26 enfants, divisé en deux catégories. Les grands, qui sont parrainés, chacun a sa famille suisse (ou française) qui verse environ 50 francs suisses chaque mois pour assurer l'hébergement, la nourriture et l'éducation de cet enfant. Parrainage qui se poursuivra, même quand l'enfant deviendra plus grand et qu'il quittera cette structure. Il la quittera mais y reviendra chaque mois pour faire le point avec les responsables et pour recevoir son parrainage qui lui permettra de poursuivre ses études et de s'installer dans la vie. Et puis, les petits : le plus jeune a deux mois et bénéficiera bientôt d'un article rien que pour lui... Je ne vais pas vous montrer des photos des plus jeunes, pour respecter leur intimité, celle de leur futures familles et parce que même si j'espère être à cent lieues de cela, je ne veux pas que mon blog puisse à être assimilé au moindre catalogue... Ma crainte concrète serait qu'après avoir vu tous ces petits qui sont magnifiques, de nombreux postulants se battent pour que FSF leur permette d'en adopter un. Un prochain post vous expliquera les nouvelles modalités d'adoption à Madagascar, et qu'il est impossible maintenant de passer directement par un OAA pour se voir proposer un enfant donné, la Haute Autorité Malgache centralisant tous les apparentements. Tout cela pour vous dire que ces petits sont bien traités qu'ils ont leur dose de biberons, de riz, de viande et de légumes et plus encore de câlins.
Akany Sambatra c'est aussi si je ne me trompe 17 employés, des nourrices, une cuisinière, une intendante, une secrétaire, une lingère, des gardiens, une institutrice, un chauffeur, et j'en oublie. Les enfants vont à l'école du village, mais l'institutrice leur permet de faire leur devoir, d'aider ceux qui ont de mal à rattraper un bon niveau.
Et les rôles sont parfois, si ce n'est interchangeables, tout au moins adaptables. Je vous ai déjà parlé de Monsieur Tina, le chauffeur, choisissant le riz sur le marché, lors du repas pris en commun j'ai pu aussi admirer sa patience et sa gentillesse de père de famille pour faire manger une petite "terrible".
Il y a même en ce moment une jeune femme japonaise, volontaire humanitaire qui, entre autres soins, dispense quelques cours de japonais aux jeunes pensionnaires !
Et puis il y a Irena et Jack, ce jeune couple de retraités, elle de l'enseignement, lui de l'armée, qui, se sentant encore en forme et utiles, plutôt que de pêcher à la ligne, se lancer dans la collection de capsules de bière ou faire une autre activité tout aussi intéressante, on fait ce choix. Je vais vous dire un truc : si je les admire, je les envie encore plus, la gestion de ce lieu qu'ils assurent bénévolement, est une merveilleuse aventure. J'espère que ma retraite ne sera pas trop aux alentours de 70 ans,et que je serai en forme, car cette aventure me tenterai bien.
Irena et Jack sont particulièrement actifs, depuis leur arrivée, ils ont mis en place des nouveautés, un terrain de volley pour des parties endiablées, un jardin pédagogique que vous voyez en photo, où chaque enfant a sa petite parcelle où il fait pousser ce qu'il veut (les filles ont choisi légumes et fleurs, les garçons que des légumes, tiens donc !). Ils ont une attention de chaque instant pour tous ces enfants, qu'ils connaissent si bien. Ils sont la Tati et le Tonton, c'est ainsi que les enfants les appellent et ont une bienveillance toute maternelle et paternelle vis à vis de toutes leur petite tribu. C'est à dire de l'affection mais aussi des règles, des barrières qui sont parfois nécessaires pour des "grands" qui débarquent de la rue, c'est à dire de la jungle.
Et tout cela combien ça coûte, et bien Jack m'a dit arriver à boucler son budget avec à peu près 5000 euros chaque mois, ce que toucherait en France un directeur d'orphelinat... 5000 euros pour assurer la location des lieux, la nourriture pour tous, les frais d'habillement, et et le salaire des 17 employés ( qui sont d'après ce que j'ai compris, bien payé pour Madagascar)... 5000 euros pour environ 45 personnes, ça fait pas très cher pour tant de bonheur !

jeudi 5 novembre 2009

Macho(s) honteux à Antananarivo

Message très personnel, presque Hello Kitty pour reprendre le terme consacré !

Depuis mon retour je vous parle beaucoup de Hervé (mais qui est Hervé ?), de Jack (dont vous en savez un peu plus, et dont vous en saurez encore plus bientôt), mais pas beaucoup des dames...

Pourtant à Mada (comme en France), il y a des dames qui tiennent sacrément la route. A tous les niveaux et au niveau le plus bas, on a même l'impression sur place, que beaucoup d'hommes ont baissé les bras, quand les mamans se battent encore pour leur famille et leurs enfants.

Une petite explication : depuis ma plus tendre enfance, sans doute parce qu'un de mes oncles et une de mes tantes habitaient là-bas, Madagascar est le pays qui me fait le plus rêver. Et c'est aussi le pays qui fait le plus rêver ma femme, pour nous le voyage à Madagascar est mythique, tellement mythique que quand nous avons habité 6 mois à La Réunion, nous avons fait l'impasse sur Madagascar, car n'ayant pas la possibilité de se libérer les 3 semaines minimales pour avoir un aperçu de la Grande île, nous avons remis notre voyage à plus tard.
Résultats des courses, je viens de partir, un peu (beaucoup) honteux seul dans ce pays de rêve, rêve qui se confirme entre les coups de coeur et les coups dans l'estomac, qui me donnent envie de revenir au plus tôt !

Sur place je suis tombé sur Hervé (mais qui est Hervé ?), encore plus bourlingueur que moi, aussi fou amoureux transi de Madagascar que moi, qui découvrait lui aussi cette île. L'épouse d'Hervé fait aussi partie du club des foux amoureux de Madagascar et qui rêvent de connaître cette Grande Île, et elle aussi était restée à la maison ! Nous étions donc deux observateurs célibataires honteux, prenant pleins de photos, et trouvant un peu d'artisanat pour nous faire pardonner au retour à la maison. On n'a pas eu trop le temps de faire du shopping, mais le magnifique artisanat malgache on le trouve au coin de chaque rue !

Mais, l'un des deux machos honteux de Madagascar voulait profiter de ce post pour rendre hommage à pas mal de grandes dames rencontrées à Tana :

Irena : c'est la femme de Jack et dans le prochain post vous découvrirez tout l'excellent travail de couple qu'ils font, car c'est vraiment un travail de couple. Si Irena n'était pas avec nous au marché d'Anosi be, c'est qu'elle était au colloque elle !

Emmanuelle : la volontaire de l'aide internationale et à l'adoption pour Madagascar. Une Rama's girl, elle aussi passionnée de Mada et volontaire (c'est le cas de le dire) à tout faire pour aider les enfants. C'était la cheville ouvrière de ce très beau colloque.

Annick : Madame le Professeur Robinson, chef de service du côté pédiatrique de la maternité d'Antananarivo, qui est en train d'harmoniser, la prise en charge médicale des enfants dans les orphelinats. Nos échanges ont été bien instructifs, et me donnent envie de créer une association (ou une amicale ce serait encore mieux) des médecins de l'adoption, avant et après.

Monique : elle a été la présidente de séance de notre session médicale. Une grande dame de Madagascar, qui aime son pays, son peuple et qui se dévoue pour les enfants (création d'orphelinat, etc).

Je rajouterai Hélène qui n'était pas à Madagascar (c'est d'ailleurs dommage son témoignage aurait lui aussi eu du poids pour les responsables malgaches), mais dont les conseils m'ont accompagnés. Hélène est la présidente du Mouvement pour l'Adoption Sans Frontières, qui regroupe beaucoup d'APPO. Elle est aussi la fondatrice de l'AFAENAM, sigle que j'estropie régulièrement qui est l'APPO des parents de petits malgaches.
SI Hélène n'était pas à Madagascar, je crois qu'une partie de son coeur et de son âme y est encore.

Orphelinats de Madagascar

J'ai toujours pensé, et je l'ai répété aux malgaches que les orphelinats de ce pays sont des endroits biens, des lieux où il y a de la chaleur humaine, ingrédient indispensable dans un orphelinat.

Une phrase que j'aime à répéter : "Je préfère un orpheliant malgache où les apports nutritifs ne sont pas toujours optimaux, mais où il y a chaque jour des câlins et des sourires, à un orphelinat roumain où les enfants sont bien nourris mais où ils n'ont même pas un échange de regard !"

Sans généraliser bien sûr, il y a des orphelinats roumains tout à fait humain, mais c'est malheureusement historiquement dans ce pays que l'on a vu des choses assez terribles.

Bien avant le Rova, ou un marché (quoique vous avez pu constater combien se ballader dans un marché peut être remuant), mon souhait de "visite" pour mon court séjour malgache était de voir et de passer du temps dans un orphelinat.

Grace à Jack et Irena (mais qui est Irena ?), et accompagné par Hervé (mais qui est Hervé ?) j'ai pu en visiter un... peut être la Rolls des orphelinats, je n'ai pas de points de comparaison... mais encore un endroit où mon enthousiasme a enflé...

La suite demain...

mardi 3 novembre 2009

Le jour où je t'ai rencontrée



Je ne t'ai dit que quelques mots, pour te demander la permission de te prendre en photo, tu as gentiment accepté, prenant une pose grave, sérieuse, puis tu as jeté un coup d'oeil à la photo sur l'appareil avant de repartir à ton boulot. Je ne sais ni ton nom, ni ton âge. Pourtant ta photo est maintenant sur mon bureau à l'hôpital, au milieu de toutes celles de ma famille, avec celle où je suis avec le Père Pedro. Ces deux photos m'aident à me secouer, à en faire plus quand je m'endors sur mes lauriers, à me rappeler l'urgence.
Tu es belle, pour ne pas dire magnifique, et chaque fois que je te vois, j'ai "la grosse boule" à l'estomac, et des picotements dans les yeux, et en même temps de la motivation pour le travail, pour ne pas se décourager et tenter d'en faire toujours un peu plus pour les enfants, pour tous les enfants du Monde, pour que des êtres humains ne soient plus obligés de faire le même boulot que toi.
C'est quoi ton boulot, si je l'ai mis en devinette, c'est pour marquer le coup, que vous soyez aussi surpris que moi en découvrant cela, un grand coup de poing dans l'estomac, ça fait mal, mais ça réveille ! Ce boulot donc : ramasser la poussière avec ta pelle et ta balayette, autour des étals, des sacs de riz (comme en voit derrière la photo de ton "collègue"). Glisser cette poussière dans un petit sac en plastique pour en faire après le tri et récupérer les quelques grains de riz qui constitueront ton repas.
Je n'étais qu'un vazaha que tu as croisé, que tu as vite oublié sans doute, tu as d'autres soucis, moi je ne suis pas près d'oublier ton regard.

Que dire de ton "collègue" qui fait le même boulot que toi ? Son regard est si doux, il a l'air si gentil qu'on a envie lui aussi de le prendre dans nos bras, de le protéger, de tout faire pour le sortir des tentacules de la misère et éviter qu'il ne tombe pas dans des mains mal intentionnées.

Chers lecteurs ne soyez pas juste voyeurs, j'espère que cette petite fille va vous toucher comme elle m'a touchée et me touche encore. Il n'est pas donné à tout le monde d'être un Père Pedro, mais chacun à notre échelle nous pouvons faire quelque chose pour que la vie de tous les enfants soit un peu meilleure.
Excusez ma sensiblerie, mais la rencontre de cette puce et de ce petit bonhomme qui a duré moins d'une minute m'a bouleversé. Avec celle du Père Pedro, ces rencontres auront été les plus marquantes de mon voyage.

Les gavroches d'Anosi be






Ils étaient tous tout excités de se faire photographier.
De quoi vivent-ils ? Ont-ils une famille ?
Beaucoup d'interrogations, d'inquiétudes, mais leur joie faisaient plaisir à voir... et les mangues étaient bonnes !
La rencontre avec d'autres petits gavroches vus dans ce marché m'a marqué pour longtemps. Prochain message....

Marché d'Anosi be, suite des photos





Ambiance.

L'achat du riz





L'intendante a la charge des courses, mais pour le riz, élément essentiel (60 % de l'alimentation malgache) c'est de la responsabilité de Monsieur Tina, le chauffeur.
Il va examiner chaque sac, soupeser les grains rechercher les impuretés, et négocier le prix.
Quand le choix est fait, c'est le porteur qui rentre en action. Les petits porteurs : ils se sont tous disputés pour être choisis quand nous sommes arrivés, Jack et Monsieur Tina en ont choisi un, pas le plus costaud, mais un habitué, un qu'ils aiment bien, c'était une faveur de le choisir. Son gabarit : pas plus d'un mètre soixante et soixante kilos à tout casser !
Encore une devinette, devinez quel est le poids d'un sac de riz, et n'oubliez pas qu'il en a deux sur le dos ?

Le marché d'Anosi be






A Madagascar, encore plus qu'ailleurs dans le monde, les marchés sont un élément essentiel de la vie. Il y a eu pendant longtemps dans le centre d'Antananarivo, un marché mythique : le zoma (littéralement : vendredi) qui était le plus grand marché du monde et qui comme son nom l'indique avait lieu le vendredi. Le guide du routard décrit une dizaine de marchés dans la ville, où il semble y en avoir pour tous les goûts... pourtant il manque le marché d'Anosi be.
Peut-être le plus grand marché de Tana, sans doute pas très touristique, mais tellement vrai. Pendant deux heures sur place nous avons croisé des milliers de personnes mais avec Jack et Hervé nous étions les seuls vazaha.
Notre sympathique colonel en retraite, nous avait évoqué le "Tana interdit", recommandant de ne pas trop nous éloigner, de faire attention à nos affaires, etc, etc... Après une grande période de surprise, d'étonnement, c'est plus le "vrai Tana" que j'ai découvert, avec de la générosité, des sourires, de la joie de vivre, mais aussi des grandes détresses.
Jack est donc venu nous chercher avec Monsieur Tina, le chauffeur de l'orphelinat, ainsi que l'intendante, responsable des courses. Nous avons tous donc embarqué pour l'approvisionnement de 10 jours pour les 45 personnes de l'orphelinat.

Les photos vous décriront mieux ce lieu incroyable que les mots. Les couleurs sont éblouissantes. Les éclats de rire fréquents surtout quand les vazaha demandent la permission de prendre des photos. Cette permission était toujours accueillie gentiment, et les gens qui découvraient les appareils numériques étaient tous contents et même carrément hilares de se découvrir sur le dos de l'appareil. Quant aux odeurs, par moment on s'en passerait bien, surtout devant les étals de poissons séchés, encore plus chez le boucher... et encore c'était le début de la matinée et vous ne voyez pas les mouches, les grosses mouches vertes.

PS : au cas où vous vous demanderiez qui est ce Tana dont je vous parle sans arrêt c'est le surnom d'Antananarivo, la capitale de Madagascar (Mada pour les intimes) connue auparavant sous le nom de Tananarive. Le vazaha c'est le "blanc" littéralement cela voulait dire pirate !