mardi 23 octobre 2012

Les facteurs de risque

Dans mes grandes manoeuvres actuelles pour prendre position sur l'adoption dans une famille homoparentale, et plus particulièrement dans mes grands efforts pour me rendre impopulaire. J'ai l'impression que j'ai surtout fait fort en parlant de l'adoption par des célibataires comme d'un facteur de risque.

Il semblerait qu'à mon tour je sois passé du côté obscur de la force. Alors que jusqu'à maintenant, je défendais les familles, j'étais le gentil, voilà que je serais devenu vilain !

J'étais considéré comme Solo-friendly pour inventer un thème à la mode, tant et si bien qu'une chaîne de télé avait pour projet lors d'un reportage télévisé sur les adoptions par des célibataires, de m'interviewer "parce que vous vous êtes celui qui est pour" et interviewer mon grand copain JJ Choulot " car lui, il est contre".... ma réponse franche avait dû la décevoir car je n'en ai jamais eu de nouvelles ! Tellement simple de dichotomiser.

Pourquoi ne serai-je plus gentil avec les adoptions célibataires :

Aurai-je un livre à paraître ? Que nenni dans l'immédiat (au grand dam de mon éditeur).
Ma consultation serait-elle en train de péricliter, et ce serait une vengeance vis à vis des vilains adopteurs qui me snoberaient ? Non point, elle périclite pas franchement, beaucoup moins que l'adoption internationale (sic), et je suis presque étonné de mes chiffres qui restent bons face à cette peau de chagrin... et de toutes façons quand plus personne aura besoin de moi, je ferai autre chose.

La solution c'est que .... je n'ai pas changé....
Vous pouvez trouver dans mon livre, dans pas mal de mes articles, dans presque toutes mes conférences, à de nombreuses reprises dans ce blog.... que je décris un certain nombre de situations familiales, de comportement parentaux comme à risque.
Les moments, où je l'ai le plus exprimé, c'est comme toujours en réaction, quand d'autres (qui avaient sans doute des livres à vendre) mettaient tous les torts sur le dos des enfants ! Le "vous êtes parfaits, c'est la faute à vos gniards qui ont des troubles de l'attachement" m'a toujours profondément irrité !



Face aux facteurs de risque : je vois trois comportements (cochez la bonne réponse de votre choix) :


1° solution : C'est à risque on interdit !



2° solution :




3° solution : on l'identifie, on en parle, on s'en occupe et on fait tout pour le diminuer.... c'est déjà ce que j'avais dit dans ce vieux billet : relire en particulier ce paragraphe :
"Toujours dans les facteurs de risque, je sais et l'expérience nous le montre que l'adoption en solo et l'adoption individuelle sont des facteurs de risque, mais je connais des "wagons" d'adoption en solo par démarche individuelle qui sont de pleines réussites. Aussi il est trop facile à mon avis d'interdire purement et simplement cela plutôt que de proposer des accompagnements pour que les choses se préparent et se passent mieux, accompagnement d'ailleurs tout aussi utile pour les familles non à risque qui ne sont pas épargnées par les problèmes ! "

PS 1 : Même si je suis très inquiet par l'adoption homoparentale, car là le facteur de risque me semble énorme.... je sais (et j'en ai rencontrées) des familles homo heureuses et qui semblaient tenir la route. Le gouvernement fera bien ce qu'il veut, mais nier le risque serait la pire chose à faire.

PS 2 : Une des adoptions les plus réussies que je connaisse accumule un maximum de facteur de risque (parents âgés, adoption humanitaire, enfant âgée, ayant beaucoup souffert, etc), l'accumulation des risques, l'excellente préparation de cette famille et de cette enfant font c'est sans doute pourquoi cette adoption est si réussie !

PS 3 : un truc qui m'énerve encore à propos des adoptions solo, dans les médias (comme celui qui m'a interviewé récemment par exemple), on a l'impression qu'il ne s'agit que d'adoptions homosexuelles dissimulées... m'énerve... une femme seule c'est pas possible, ça nous cache quéqu'chose M'dame Michu, n'est ce pas ?


Petit rajout secondaire car c'est vrai que de parler de ma grosse inquiétude du gros facteur qu'est à mon avis l'adoption homo, j'ai expliqué à nouveau ce qu'était des facteurs de risque et l'exemple des célibataires commence à être un peu stigmatisant.... Dieu (et les mamans célibataires dont je suis les enfants) savent pourtant quel est mon accueil vis à vis d'elles !
Allez pour me faire de nouveaux ennemis (mais non, je plaisante), parlons d'un autre facteur de risque très souvent mis en avant : l'âge avancé de certains adoptants.
Si on me demande l'adoption par des gens âgés est elle un facteur de risque, je réponds sans hésiter OUI, on pourra dire que je généralise, ou que je dis la vérité, les deux sont exacts.
Mais dans ma consultation quand je suis face à un couple âgé, je leur pose pas mal de questions pour moins généraliser et mieux cerner le problème :
1 - De quand date votre vie de couple ?
2 - De quand date votre désir d'enfant (dans le couple) ?
3 - Si celui-ci est long, j'essaie de savoir pourquoi, parfois il y a de "bonnes raisons" (familiales, professionnelles, etc...)
Si  les réponses aux deux premières questions donnent des longues durées, et s'il n'y pas de "bonne raison" à la question 3, le facteur de risque est très élevé, mais même dans ce cas, je garde l'espoir... et surtout l'envie d'aider cette famille....

C'est la rentrée

Ce jour, j'avais pris mon cartable neuf, mon stypen tout neuf, mon ardoise magique, mon cahier à grands carreaux et en route pour le ministère pour l'installation du Conseil Supérieur de l'Adoption.

Je ne vous raconterai rien sur le fond, car nous sommes tenus au devoir de réserve.... promis dans 30 ans, à la retraite, avec la prescription, je vous dirai tout et là ça va rigoler....

Juste un peu vous parler de la forme.

Et surtout mon grand choc... de découvrir.... que du haut de mes 47 ans, j'étais (avec Monsieur Muller, le représentant des pupilles) le plus ancien... ça me rajeunit pas ma bonne dame. Il y a aussi des gens que je connais et j'apprécie de plus en plus, comme Fanny Cohen-Herlem, Monsieur le Procureur Fichot, les responsables de l'adoption du Val d'Oise, de la Somme, du 77, du 78, etc.... les Racines Coréennes, j'en parle même pas.

Cette fois, en particulier, pleins de petits nouveaux.... les 4 politiques.... on y reviendra....

Mais aussi, une nouvelle présidente d'EFA "ma" 3°, Madame Parent qui m'avait fait parlé dans son département ( Haut Rhin) il y a quelques années.

Mais aussi, une nouvelle présidente du MACSF, "ma" 3°, et non cette fois la présidente est un président, et quoique parigot, son accent qui sent le rugby me fait penser qu'on va bien s'entendre !

Mais aussi, Monsieur Denechere, professeur d'histoire moderne à l'Université d'Angers.... vous connaissez ma passion de l'histoire, je suis content de voir arriver ce monsieur, dont j'avais bien aimé le bouquin.

Mais aussi des représentants des OAA, que je n'ai pas encore trop vu...

Dans les politiques, une nouvelle présidente : Madame Chapdelaine, députée, fraîchement élue de Rennes. Je ne la connaissais pas, j'avais imaginé qu'avec le changement de majorité ce serait l'expérimentée Madame Adam (encore une bretonne) qui hériterait de ce poste.... et bien non.... mais j'ai trouvé cette Madame Chapdelaine très sympa, avec un vrai désir de faire avancer les choses, et une vraie pensée pour les enfants d'abord.

Bien content le docteur c'est le 3° président que je croise dans cette institution que j'aime bien, j'espère avoir des liens amicaux avec elle comme pour les précédents. Il y a de vrais, bons politiques, qui pensent avant tout au bien commun, des plus faibles en particulier.... en dehors des appartenances politiques et des idéologies.







Allez, je ne peux pas m'en empêcher, pour Julien c'est aussi la rentrée, il m'a montré son film de vacances... au programme bronzette, boite de nuit, ascenceur, mais surtout équitation... désolé fiston, mais il te ressemble vraiment trop le mec de la danse du cheval.

Adoption homo, le psy qui dérange

C'est un article du Point du 18 octobre. Je n'arrivais pas à trouver un lien, et grand merci et bravo à Mulatu qui l'a trouvé, voici le lien.

C'est une longue interview de Pierre Lévy-Soussan.  Vous savez que depuis "Haïti", mes relations avec lui, se sont "quelque peu distendues".
Avant Haïti, nous nous entendions bien, étions très souvent d'accord. Certains amis-connaissant-bien-l'adoption qui ont lu son livre m'ont dit qu'il y avait dedans plein de choses vraies... mais je ne l'ai pas lu, et je crois que je ferai toujours un blocage dessus.

Je suis presque persuadé qu'avec PLS, la brouille sera éternelle. Je ne suis pas prêt d'oublier le risque qu'il a fait prendre aux enfants en faisant interrompre le rapatriement des petits haïtiens, pour une raison qui me reste incompréhensible. Et, si je ne lui ai plus parlé depuis, je me doute qu'il n'est pas prêt d'oublier la façon dont je l'ai éreinté, avec colère et parfois cruelle ironie.

Mais, voilà que je tombe sur cet article du Point.... et je ne peux que dire que je suis d'accord avec ses arguments.

Deux nuances tout de même :
- d'autres psys qui connaissent aussi bien l'adoption que lui, qui mettent bien les maisn dans le cambouis, en passant beaucoup de temps avec les enfants et lerus familles, disent la même chose... et on ne les entend pas (il faudra qu'il me dise comment il fait pour attirer les journalistes)... je pense à Fanny Cohen-Herlem, et cela enferme encore PLS dans son rôle de seul contre tous.
- dans l'article il est dit qu'il a fait stopper les procédures d'adoption que MAM avaient précipitées... ce n'est pas MAM, mais Kouchner.... quant à "précipitées" toujours pas d'accord mais on ne va pas relancer le débat d'il y a deux-trois ans.

samedi 20 octobre 2012

A lire ensemble

Trois billets d'un coup, sur le blog, sur le même sujet la place à laisser aux enfants (en particulier aux enfants adoptés)..... mais trois billets bien sectorisés pour faire la part des choses.

Le premier directement sur le sujet actuel de polémique.

Le deuxième sur la colère que j'éprouve devant le mépris de notre société par rapport à ses enfants.

Le troisième plus joyeux sur une grande nouvelle, avec un dernier lien, un peu farceur, mais c'est bon de rire.

Les adoptés y a qu'ça de vrai ! (les enfants d'abord 3° partie)





A mon avis, c'est une grande nouvelle dont on n'a pas assez parlé.... cela dérange toujours.

Pourtant, il y a quelques jours le Centre National des Adoptés a été créé. Vous trouverez en cliquant ici un article sur ce sujet du Huffington Post. Ils ont aussi un site tout neuf.

Et en cliquant ici, ici et , les sites des associations qui se sont regroupées pour créer le CONSEIL NATIONAL DES ADOPTES, mais c'est encore sur ce FAMEUX site qu'on en parle le mieux !

Ils en ont marre qu'on ne les entende pas, qu'on se serve du fameux intérêt supérieur de l'enfant pour faire avaler n'importe quoi.
Ils en ont marre, que (c'était il y a quelques années, j'espère que c'est du passé) les associations de parents les voient de haut, comme des enfants bien sympathiques, mais qui ne sont pas assez sérieux, voir comme des petits jeunes qui font se réunissent pour faire la fête....

Ce ne sont plus des enfants, mais ils ne sont pas si loin de leur enfance et cette enfance, ils ne l'ont pas oubliée.

Il est plus que temps de leur donner la parole aux adoptés, de les écouter avec respect et non condescendance, car comme je leur dis toujours, dans une formule un peu humoristique : "L'adoption, c'est vous qui la vivez, c'est nous qui en vivons !".

Les premiers que j'ai rencontré ce sont "les" Racines coréennes, à mes débuts au CSA, il y a 8-9 ans, c'étaient les seuls plus jeunes que moi, et j'ai des relations amicales avec tous leurs présidents : Hervé, Kim, David et maintenant Hélène, j'ai aussi rencontré Yolaine la "fondatrice", et pleins d'autres chevilles ouvrières : Anne-Lyse et beaucoup d'autres. Les seuls reproches que je leur faisait, c'est quand ils manquaient les réunions du CSA et que d'autres parlaient à leur place !
Ils ont été bien présents dans la Journée Elisabeth Rousseau, je les ai fait entendre au Congrès de la Société Française de Pédiatrie, Hélène m'a demandé ma collaboration pour la lettre ouverte-tribune dans Libé.
Je ne serai jamais leur porte-parole, ils n'en ont pas besoin, mais je suis heureux d'avoir été par moment leur mégaphone.

Pour mémoire, il y avait en ces temps ancestraux, comme représentant des adoptés : Racines coréennes et une mamie, qui avait été adoptée pendant la guerre de 39-40, qui avait écrit il y a de longues années son histoire dans un livre.... elle était complètement larguée, ne pigeait rien à rien, et surtout son histoire qu'elle généralisait sans excès était la sienne point à la ligne.

Les associations c'est des centaines, des milliers d'histoire, c'est aussi ce qui les rend fortes.

Ensuite, il y a eu, "les" Voix des Adoptés, que j'ai vu naître, grandir, ils ont "envahis" mon Attestation Universitaire" et cette invasion a été de celles que l'on souhaite, tant leur franchise, leur vérités et plus encore leurs expériences ont été riches pour les débats.

Ces deux associations se sont alliées (avec une 3° que je ne connaissais pas), attention, ne cherchons pas à les faire taire !

Et puis... il y a Julien.... mon fils, mon petit frère plutôt, au moins petit frère d'esprit, un peu mon fils aussi puisque son adorable 2° fille m'appelle "pépé". Il est membre de ces deux assoc, et un membre important.
J'ai été son directeur de thèse, mais l'élève dépasse largement le maître (normal, il avait quand même pris de l'avance lui l'adoption, il y baigne depuis les années 70). Son blog est un puits d'érudition.
L'autre jour, désespéré de ne pas trouver grand chose sur l'histoire de l'adoption en Russie, je lui envoie un mail, deux heures après : il me fournissait 4 références d'article. Ce mec est impressionnant !

On le demande de plus en plus pour parler et on fait bien !
Pour admirer sa performance lors de sa dernière conférence à l'AFA, cliquez ici, et vous comprendrez pourquoi les enquêtrices des services sociaux ne jurent plus que par lui.... et son jeu de jambe.

Les enfants d'abord... deuxième partie

Là, je peux vous dire, que sur beaucoup de mes derniers billets (sur l'adoption homosexuelle, mais aussi sur la grande loterie) beaucoup de vos commentaires m'ont mis en rogne, ou plus encore attristés. Relisez ces commentaires et voyez la place faite à l'enfant.
On lit notamment qu'il ne faut pas prendre sa parole trop au sérieux.... bien sûr, ils n'ont pas la même expérience de la vie que les adultes, leur capacité de raisonnement est moindre... mais eux aussi, ils souffrent et ils sont oubliés dans tellement de lois et de débats.

Je le répète qui a pensé aux enfants dans les débats sur le rythme scolaire.... quand on sait que le mieux serait de les laisser se reposer le mercredi et de les envoyer à l'école le samedi matin. Mais non ! On sait qu'un grand week-end est bien mieux pour les parents (moi aussi, j'avoue, je l'apprécie ce week-end de deux jours en famille), les enseignants et les professionnels du tourisme.

Qui a pensé aux enfants pour la garde alternée ? Qui pense aux enfants dans des familles explosées ?
On n'y peut souvent rien, et il vaut mieux que les parents se séparent plutôt que se déchirent, mais parler de nouvelles familles (tout nouveau = tout beau), c'est aussi nier la détresse des enfants.

La publicité Renault m'énerve, cette image que l'on nous donne des nouvelles familles idéales, séparées, recomposées, réinventées, vantées par beaucoup de politique et de journalistes m'horripilent. Oui, l'enfant sans père de telle vedette de la chansonnette est peut-être très heureux (tout au moins je l'espère)., oui les enfants de tels et tels politiques qui déménagent chaque semaine entre papa et maman, le vivent sans doute très bien (tout au moins je l'espère).
Mais qui entend la douleur de l'enfant ?

Vous pouvez ne pas être d'accord avec moi, mais ce que vous ne pouvez pas me reprocher c'est de ne pas passer de temps avec les enfants, de ne pas les écouter, de ne pas leur parler.
Je ne compte plus les enfants qui m'ont dit : "je veux que Papa revienne", "je veux que mes parents soient encore ensembles", "je ne veux pas aller chez Papa, car je n'ai pas de chambre chez lui", "chez Maman, maintenant, je dois partager ma chambre avec Lucie... et on ne s'entend pas"....
Je le répète la séparation était peur être la bien meilleure (la moins mauvaise) solution, mais à banaliser de telles situations familiales, on ne dit plus aux enfants " Papa et Maman ne s'aiment plus, ils n'arrivent plus à s'aimer, mais toi, ils t'aiment encore, tu comptes beaucoup pour eux"... et parfois on ne leur montre même plus combien ils comptent encore ! Ils sont petits, ils sont fragiles, ils ont besoin de mots, de gestes de preuves.
Sur la souffrance de l'enfant, je vous conseille le livre autobiographique de Frédéric Beigbeder : Un roman français, j'ai trouvé très juste le livre plein d'émotions de ce mec, que je considérais un peu comme foldingo.


Autre exemple du mépris de notre société pour les enfants.
Les deux dernières années, j'ai suivi un cours de santé publique de l'enfant, j'ai eu la chance d'écouter quelques grands noms.
Deux descriptions de faits m'ont profondément touché... le grand spécialiste (dont j'ai mangé le nom) de l'enfant et des nouvelles technologies nous a dit que s'il ne fallait pas avoir peur des média, de l'internet, un contrôle était nécessaire, et qu'il était dramatique de laisser l'enfant (ou l'adolescent) seul face à un écran. Sans le fliquer, contrôler tous les sites sur lesquels il va.... il faut laisser les télés et les ordis dans des lieux ouverts (salon, salles de jeux, etc...).
Quant à Maurice Berger, il nous a dit que si les parents passaient chaque jour au moins 20 minutes à jouer avec leur enfant à un jeu non excitant, les enfants .... et la société iraient beaucoup mieux.

On est fatigué quand on rentre du boulot, quand on s'est tapé le ménage, la cuisine, mais gardons le courage et un peu d'énergie pour vider les chambres de nos enfants des télés, des wii, et prenons sur nous de prendre quelques instants pour jouer au playmobil, au lego, ou faire un tour de vélo ou une partie de badminton.... et plus encore écoutons nos enfants et parlons leur !


Le doc JVM en colère, vieille rombière assumée.

Les enfants d'abord.... première partie

Le célèbre dessin de Caran d'Ache, que j'avais mis en illustration révèle que je n'avais que peu d'illusions sur la sérenité du débat. On essaie quand même !

Avant tout, je précise à nouveau et de manière très claire, que je ne nie en rien la souffrance, des homosexuels dans une société qui n'est pas bienveillante pour eux.

Des adolescents qui s'interrogent sur leur sexualité, j'en vois dans ma consultation d'endocrinologie pédiatrique... en dehors de quelques cas, le bilan hormonal ne sert à rien... mais il est toujours bon de passer du temps avec eux et de les soutenir, face à l'ostracisme dont ils souffrent.

Des homosexuels qui ont un mal d'enfant, et qui ont la capacité de rendre heureux des enfants, je sais qu'ils existent.... j'en ai même rencontré... mais je le demande si les revendications actuelles ont finalement un rapport avec cela.

Des adultes homosexuels, j'en reçois aussi, dans ma consultation (avant ou après adoption), et je comprends leur désir d'enfant. Je les rencontre soit parce qu'ils ont déjà adoptés, soit parce qu'ils envisagent de le faire... aucun d'entre eux ne peut dire que je les ai mal reçu.
Et, souvent, j'ai trouvé dans ces familles particulières, un désir de dialogue, un besoin d'informations, de conseils, une lucidité face aux risques que représentent cette filiation particulière qui m'ont rassurés....loin des débats où comme l'autre jour à la télé, quand je parlais de filiation à risque, on m'a taxé d'avoir de "vieux relents d'homophobie viscérale".... bien comme remarque pour alimenter un débat... on a les manipulations que l'on peut.... dans les années 1980, Moscou avait tenté de faire croire que Lech Walesa était homosexuel pour le discréditer.... j'ai aussi rencontré des familles catastrophiques.... mais dans des familles "standards"" aussi...

Dans beaucoup de familles homosexuelles que j'ai rencontrée, j'ai vu un désir d'enfant fort, et un respect de l'enfant, peu de militantisme...  par rapport aux débats, auxquels je participe et que j'entends.... je me demande de plus en plus si les "leaders" que l'on entend ont vraiment un désir d'enfant ?

Le désir idéologue entendu dans les débats m'effraie, l'égalité pour l'égalité nie finalement la différence et ne fait pas vraiment avancer le respect (je parle bien de respect et non de tolérance) que l'on doit aux familles homosexuelles. Une phrase très à la mode : "une fois cette loi votée, je serai heureux d'avoir le droit de ne pas me marier !", excusez-moi, mais dans le style ringard, il est interdit d'interdire, on fait pas mieux... et dans le style mépris pour cette institution que l'on réclame... difficile de faire mieux... "ce machin (le mariage) ne m'intérese pas.... mais je ne vois pas pourquoi on me l'interdit".

Un autre argument est RIDICULE (il n'est là que pour rassurer le bourgeois : ne vous inquiétez pas, on va leur faire un jolie loi qui ne servira à rien) et montre encore combien tout est fait pour que le fond de cette réforme ne soit pas discuté (et le fond de la réforme c'est l'enfant).
Cet argument mis en avant, vous l'avez compris : c'est le fait que très peu d'homosexuels pourront adopter. C'est vrai ! Quand on voit, combien il est dur au jour d'aujourd'hui d'adopter, on sait que les homos auront encore plus de mal que les autres. Aujourd'hui c'est vrai, mais demain ? Qui le sait de manière certaine ? Dire "de toutes façons, ils ne pourront pas adopter, laissons cette loi, sans discuter, de toutes façons, elle ne servira à rien", c'est non seulement ne pas voir plus loin que le bout de son nez, mais c'est aussi pour moi signe d'un grand mépris les homosexuels.... en acceptant de leur donner un jouet cassé.... sans réfléchir si à un moment ou un autre cet objet (une fois réparé) pourrait être dangereux.


Le plus grave de tout, dans ce débat reste peu de place de l'enfant, et des choses m'effraient. Par exemple, la banalisation de ce qu'on appelle la coparentalité, au risque de me faire traiter d'homophobe, il s'agit d'une instrumentalisation de l'enfant. Cette démarche est pourtant facile de "bricoler" un enfant entre un couple gay et un couple lesbien.... la plupart des familles homosexuelles ne le font pas par respect pour le futur enfant dont ils rêvent, cela est tout à fait respectable : un enfant, oui, mais pas à tout prix !
Alors quelles solutions ?

Il y a encore de vraies discussions à lancer, plutôt que de la précipitation.

Par exemple, il y a quelque chose que j'approuve complètement, c'est que des "adultes qui comptent" pour un enfant puissent recevoir de manière tout à fait officielle, un statut leur donnant des droits mais plus encore des devoirs vis à vis d'un enfant auprès duquel ils ont un attachement fort, mais pas de lien de filiation. Je pense beaucoup au beau-parent dans les familles homosexuelles, mais aussi dans les familles standards. Ce statut de "l'adulte qui compte" est à inventer, et les enfants, comme les familles hétéro ou homosexuelles, méritent un véritable débat, plutôt qu'une loi vite pondue, où la discussion est refusée, au nom du principe de l'égalité pour tous.... pour tous... mais pas forcément pour les enfants.

Personnellement je pense que la famille mérite mieux qu'une loi révolutionnaire et vite écrite.
Personnellement je pense que les homosexuels méritent mieux qu'une égalité de tolérance (la tolérance il y a des maisons pour cela disait Paul Claudel), mais un véritable respect de leur différence, sans forcément un égalitarisme béat (dont ils n'ont peut être pas envie).
Personnellement je pense surtout que les enfants méritent mieux que cela.

Attendez la 2° partie, elle parlera plus des enfants, de leur parole et de pourquoi vous m'avez mis en rogne.

jeudi 18 octobre 2012

Un petit tour par Iekaterinbourg, Irkoutsk, Perm et Saratov




Vous m'avez manqué.... je suis un peu show-man, et j'aime le contact avec une salle. J'aime bien faire rire, indigner, émouvoir, j'aime bien sentir les vibrations d'un public lors d'une conférence.... mardi soir, j'ai été gâté....pourtant je m'inquiétais un peu, pas très en forme, une après-midi déjà remplie de palabres, du mal à trouver la salle de la conférence (l'AGECA, rue de Charonne à Paris 11)... j'avais peur d'endormir le public.

Ajoutez à cela, un début retardé, car la conférence était retransmise à l'autre bout de la France, et la liaison avait du mal à se faire.... l'organisatrice (merci Bénédicte pour votre gentillesse, votre dynamisme et votre accueil) perturbée par ces retards, qui bafouille un peu ma présentation... ce qui m'a fait rire et a achevé de complètement me détendre.

Malgré cela, ou à cause de celà.... ou tout simplement parce que vous m'avez manqué, j'ai beaucoup aimé cette conférence.

Deux heures pour parler de l'histoire de l'adoption (sans oublier la Russie et ses besprinzorniki sur la photo), de la façon dont elle est vécue dans les différentes cultures et des conséquences de tout cela sur notre société actuelle.... et sa malveillance pour les adoptés.

Une heure de débat, par la suite, sur le sujet de la conférence, mais aussi sur la santé, les facteurs de risque... tiens le débat a été serein.... plus facile de se faire comprendre par la parole que  par les écrits...

Un public très agréable.... merci à vous les adhérents de l'APAER.... même si c'est épuisant... j'attends goulûment les prochaines conférences débats à Saint Etienne, dans le 78 (vers Dammarie les Lys, je crois), avant un retour dans la salle de l'AGECA pour l'APAERK..... ouais vous m'avez manqué !

jeudi 11 octobre 2012

Pourquoi, j'en ai parlé !




Je m'étais dit que je n'en parlerai pas .... surtout parce qu'il m'arrive de suivre des familles homoparentales, de les voir en consultations, avant ou après l'adoption, de les conseiller, de parler avec eux librement, d'évoquer en toute confiance les facteurs de risque. J'ai, sans doute, dû voir aussi d'autres familles homoparentales, mais qui n'ont osé m'en parler... c'est dommage, car j'ai toujours fait la distinction entre le cas individuel et le cas collectif, et aussi j'ai toujours essayé d'aider lors des situations installées.

Si je suis très (trop penseront certains) préoccupé, par certaines pratiques, conduites, et que je n'hésite pas à le dire, j'essaie d'être toujours accueillant avec chaque famille (le cas particulier), et de croire que même en accumulant de nombreux facteurs de risque, cela va quand même marcher.
Et puis, quand les enfants sont là, il faut bien s'en occuper, et penser à eux, à leur avenir, encore et toujours.

Un exemple : l'adoption sans agrément. Dans le cas collectif, je condamne cette pratique, je comprends la sévérité des autorités, ne serait-ce que pour défendre les familles, car en se lançant dans la recherche d'un enfant sans agrément, on est une vraie bonne cible pour toutes les sources d'adoption mafieuse. Quand je rencontre avant l'adoption des familles, dans cette situation (et qui peuvent être de bonne foi, et avoir été mal jugées), qui me demandent conseil, je leur recommandent tous les moyens légaux, et en particulier les recours gracieux. Je leur déconseille plus que fortement de se lancer dans l'aventure sans le fameux sésame. Mais, il m'est aussi arrivé de suivre des enfants qui ont été adoptés sans agrément. Dans ce cas, j'oublie tout jugement, et j'essaie d'aider au mieux cette famille dans son histoire, pour son avenir.
Fin de la parenthèse, voilà pourquoi "je ne voulais pas en parler", afin de ne pas laisser à penser que je fermais la porte de ma consultation aux familles homos.

Si j'en ai parlé c'est à cause de deux "petites adoptées". L'enfant d'abord et toujours, et si je ne veux pas prendre la place des adoptés, je veux bien être leur mégaphone.

Ces deux petites adoptées :
- c'est d'abord cette petite pré-ado, l'histoire est dans l'article du Parisien Libéré, et je vous en ai déjà parlé ici.. Cette petite fille m'a donné une bonne leçon d'humilité. On croit toujours qu'ils n'écoutent pas les infos, que cela leur passe au-dessus, qu'ils s'en fichant.... et bien non. Depuis, d'autres enfants et adolescents adoptés m'ont aussi exprimé leur "chance" de ne pas avoir des parents homosexuels.
- j'étais encore sous le coup de ces apostrophes, quand j'ai été contacté par une autre petite adoptée (quand même beaucoup plus grande), Hélène Charbonnier, qui me faisait part de son désarroi par rapport à l'oubli des adoptés, et l'oubli du CSA.
Nous avons donc pondu notre lettre ouverte, et quand on ouvre le débat, on tombe dedans.

On n'a pas le droit d'oublier de donner la parole aux adoptés. Et face à l'adoption, ce sont nous, les non-adoptés, qui sommes tous petits.

On n'a pas le droit non plus d'oublier que jusqu'à ce jour, l'adoption (par l'agrément et d'autres textes législatifs) est une des rares lois qui donnent la priorité à l'enfant par rapport à l'adulte.
Parce que vous m'excuserez, mais dans une loi qui institutionnalise la garde alternée, je me demande où il est passé le fameux intérêt supérieur de l'enfant. Et dans les discussions sur le rythme scolaire, là on n'en parle même pas.... l'essentiel étant de ne pas toucher au week-end, si utile pour les parents, les enseignants et les professionnels du tourisme !

A venir un article sur la création du CNA.... voilà une initiative qu'elle est belle !

mardi 9 octobre 2012

Lettre ouverte à Madame la Garde des Sceaux et à Madame la Ministre déléguée à la Famille,


Mesdames,

Présidente de l’association Racines coréennes, et Pédiatre, responsable de la principale consultation d’accueil des enfants adoptés de France, nous nous permettons de vous interpeller respectueusement pour manifester notre souhait que, dans le débat actuel sur l’adoption par les couples de même sexe, l’enfant soit replacé au centre des débats. En théorie, et dans les paroles de chacun, il est proclamé que l’adoption a pour but de trouver une famille à un enfant et non le contraire. Nous nous demandons quelle est la place donnée à l’enfant adopté dans les débats actuels. Entre un désir d’égalité entre les couples, quelle que soit leur composition, et les réactions émises par des mouvements philosophiques, politiques, ou religieux, que fait-on de l’adopté ? Qui s’interroge sur la « famille » ou la parentalité se doit de cheminer pour mieux connaître ou comprendre la personne adoptée.

Représentant les adoptés adultes, ou suivant chaque jour en consultation des enfants et adolescents adoptés, nous savons qu’il n’est pas toujours facile en France, dans une école ou dans la rue, d’être le seul à avoir « cette » couleur de peau, d’être le seul à avoir « cette » histoire précédant l’arrivée en France, faite de séparations et de chamboulements. La loi peut-elle rajouter une nouvelle différence sans concertation aucune des experts de l’adoption, sans évoquer l’avenir des adoptés en recueillant leurs ressentis ?

A ce jour, trop peu d’études fiables renseignent sur le devenir des enfants adoptés en France et sur le devenir des enfants élevés dans des familles homosexuelles. Nous savons déjà que les adoptions internationales réalisées par des célibataires, des couples âgés, des couples plus fragiles ou plus exaltés sont autant de facteurs de risque. Nous pensons que l’adoption par des couples de même sexe est un facteur de risque. Nous aimerions pouvoir en parler, sans polémique, en toute objectivité, et nourrir l’échange d’un diagnostic à jour sur l’adoption nationale et internationale.

Le fort désir d’enfant, s’il est essentiel pour dépasser les obstacles de l’adoption et donner amour et protection à son enfant, ne suffit pas toujours.


Nous avons aussi été surpris de voir combien l’adoption et ses problèmes sont actuellement occultés. Pour être très polémique, pour interroger sur les fondements de la famille, ce débat n’a finalement qu’une faible importance dans le quotidien des familles adoptives, des personnes adoptées, et de la plupart des postulants à l’adoption internationale. La diminution de l’adoption internationale a pour conséquence de voir arriver des enfants plus âgés, ayant vécu plus de situations difficiles, en moins bonne santé, en fratrie, ce qui, plus que jamais, nécessite une meilleure préparation des professionnels, des futures familles adoptives, et un accueil adapté à leur arrivée.

Le principe d’accompagnement post-adoption ne parvient pas à s’imposer. Les consultations d’adoption qui sont, pour les pays d’origine, le gage d’une qualité de l’adoption en France, ne bénéficient toujours d’aucune aide, d’aucune reconnaissance officielle alors que, malgré la chute du nombre d’adoptions, de plus en plus de familles et d’adoptés veulent faire appel à leurs compétences avant ou après l’adoption.


Enfin, nous sommes tous deux membres du Conseil Supérieur de l’Adoption (CSA). Cette instance, constituée d’experts, des différents intervenants et acteurs de l’adoption, et représentant le peuple par le biais de ses élus, semble en sommeil. Malgré les nombreux soucis et débats évoqués par l’adoption, cela fait trop longtemps qu’il n’a pas été réuni. Alors que le rapport Colombani déclarait la nécessité de lui donner une meilleure écoute, il a été constamment oublié ces dernières années.

En 2007, la condamnation de l’Arche de Zoé, unanime et sans ambiguïté par le CSA n’a pas été diffusée.

Fin 2009, lors d’une réunion consacrée aux différences entre les modes d’adoption plénière et simple, le CSA concluait que l’adoption plénière était la forme la mieux adaptée à l’adoption internationale, en terme d’obtention de la nationalité et de sécurité pour l’enfant qui arrive. Depuis, les tribunaux n’ont jamais autant délivré d’adoptions simples.

En outre, d’autres débats, comme l’adoption individuelle, son évolution, son encadrement, restent toujours en chantier.

En janvier 2010 a eu lieu le tremblement de terre en Haïti, qui fut un séisme pour ce pays mais aussi pour le monde de l’adoption. Des mesures allant à l’encontre de l’intérêt supérieur de l’adopté ont été prises alors que le CSA n’était pas convoqué.

Au Conseil Supérieur de l’Adoption, il y a des adoptés, des familles adoptives, des psychologues et travailleurs sociaux des Départements, ainsi que des soignants. Tous connaissent l’adoption, et plus encore, les enfants qui ont été adoptés et qui sont aujourd’hui vos concitoyens.

Il serait dommage de l’oublier encore dans les débats actuels.

Il serait dommage également de mettre le CSA au travail trop tardivement ou pour le principe.

Recevez Mesdames, l’expression de nos salutations les plus respectueuses.




Hélène Charbonnier, Présidente de Racines coréennes, Membre du Conseil Supérieur

de l’Adoption

Jean-Vital de Monléon, Pédiatre, Anthropologue, Membre du Conseil Supérieur de

l’Adoption

vendredi 5 octobre 2012

Qui se préoccupe de l'enfant adopté ?

On l'a attendu longtemps, le voilà, dans sa version article, je vous le communiquerai bientôt dans sa forme initiale qui est une lettre ouverte, masi j'attends que les destinataires l'aient reçue.

Cliquez vite ici..

Je suis très fier de ce pavé dans la mare, encore plus de l'avoir écrit avec une association d'adoptés.... Racines Coréennes et la Voix des Adoptés resteront toujours mes associations favorites

jeudi 4 octobre 2012

Le doc en tournée




Toute cette année, j'ai un peu manqué de temps, nous n'avions pas de chef de clinique, et j'ai dû mettre la main à la pâte pour m'occuper des "petits bourguignons" dans notre service de nourrissons !

J'ai eu beaucoup de demande de conférences, et j'ai donc demandé de la patience... et j'ai pris des rendez-vous pour cette fin d'année, quand la chef de clinique toute neuve sera là.... j'en ai peut être pris un peu trop des rendez-vous, donc si vous voulez m'écouter, voici la liste :

Le 17 octobre à Paris, une conférence pour l'APAER, et sa sympathique présidente Katia (elle n'était que vice-présidente lors de notre première rencontre, elle a grandit) mais sur un thème qui intéresse tout le monde : L'histoire de l'adoption et le regard de la société sur l'adoption. Pour plus de renseignements c'est là.

Le 25 novembre au matin, là aussi c'est chez des vieux amis (Clarisse et toute son équipe.... et Monique, la plus expérimentée des expérimentés), les formidables d'EFA 77. Pour plus de renseignements c'est là.

Le 30 novembre, c'est encore en terrain amical que je me rends pour retrouver les stéphanois d'EFA 42. Je n'arrive pas à ouvrir leur site, mais on parle de moi ici, dans la rubrique Sorties-Spectacles. Le thème sera la santé et le bine-être.

Enfin le 13 décembre, c'est vers une association, que je n'ai jusqu'alors que croisée, que je vais : l'Apaerk, là encore à Paris et sur le thème de la santé. Pour les renseignements,il faut leur écrire ici : contact@apaerk.org. Comme la conférence de l'APAER, celle de l'APAERK aura lieu dans les locaux de l'AGECA, rue Charonne.


Rajoutez à cela autant de conférences pour les professionnels.

Et à venir en 2013, de tous nouveaux EFA pour moi : 26+07, 73, 78, etc, etc

mercredi 3 octobre 2012

L'adoption, la roue de la fortune : même combat ?




Ce qu'il y a de bien dans la Consultation Adoption Outremer, c'est que je n'ai jamais fini d'apprendre des choses, et ces dernières semaines, deux exemples m'ont mis face à une pensée, un ressenti, une inquiètude que peuvent avoir certains enfants adoptés. Chose que mes petits patients et mes grands amis adoptés ne m'avaient jamais évoquée.


La première histoire est celle d'une grande fille, une ado un peu (beaucoup) rebelle, je la vois seule, le courant passe bien, elle se confie pas mal... je la titille sur les plus ou moins "grands" sujets que je vérifie toujours :
- La quête des origines : pas son problème
- Son pays d'origine : pareil
- Le racisme : elle n'en souffre pas
- Le regard sur l'adoption, la façon dont elle en parle avec ses copines : sereinement
- Ses relations, son attachement à sa maman : "je l'aime bien, c'est ma mère, mais une minute après, c'était à une autre qu'on me proposait"


Le deuxième exemple m'a été exprimé par plusieurs enfants entre 12 et 16 ans, l'âge où on découvre pleins de choses, où on entend (parfois même, on écoute) les infos. Et le débat sur l'adoption par les homosexuels, ils l'écoutent aussi. Contrairement à ce que croient toutes les Madames Michu qui vous apostrophent dans la rue, pour savoir "c'est quel race ?" "combien il vous a coûté ? " "et sa VRAIE mère l'était pas trop triste", la plupart des enfant adopté ne sont pas sourds !
Donc des enfants (des pré-ados plutôt) m'ont récemment demandé si "c'est vrai qu'un enfant il pourra être adopté par un couple avec deux monsieurs ou deux madames ?". Et quand je leur ai répondu par l'affirmative, plusieurs m'ont répondu : "oh, ben j'ai eu de la chance, moi alors !"

Cela fait réfléchir !
On aura l'occasion de débattre sur l'adoption homosexuelle quand le journal qui a promis de faire paraître notre lettre ouverte va enfin la sortir...

On se limite pour l'instant au ressenti des enfants par rapport à ce côté loterie qu'a pu être leur adoption.

Aucun enfant ne me l'avait clairement exprimé auparavant, même si pour certains ados, leurs parents étaient des "vieux cons", "qu'ils sont chiants" et autres gentillesses, voir même qu'on aimerait bien s'en débarrasser, ils ne m'ont jamais exprimé ce côté loterie qui pouvait nous faire tomber selon la chance du moment sur Madona ou la belle-soeur-de-la-concierge-à-Madame-Michu (je dis bien à-Madame-Michu et non pas de-Madame-Michu)... quoique dans ces deux cas, c'est peut être pas ce dont on rêve le plus !

Jusqu'à ces quelques cas, les enfants me parlant de leur famille adoptive ne trouvait pas de caractère hasardeux dans celle-ci. Même, quand je diagnostiquais ce que j'appelle une erreur de cigogne, les enfants se voyaient dans leur famille comme un signe du destin.... ce n'est malheureusement pas toujours le cas de certains parents, j'ai entendu des "si c'était pour c'lui-là, on n'aurait pas dû adopter !" exprimé clairement ou de manière sub-liminale.

Dans le premier exemple, si cela m'a un peu stupéfait, j'ai vu une réflexion de la part d'une "gamine" particulièrement intelligente, ... et une certaine vérité, car elle a été adoptée dans un pays et à une époque, où les adoptions étaient particulièrement fréquentes... elle avait trouvé ça peut-être pour ennuyer sa mère, à qui elle était très attachée malgré tout.. et je n'ai pas trop d'inquiétudes qu'après les soubresauts de l'adolescence, ces deux-là se retrouvent vite et bien.

Le deuxième exemple m'a encore plus surpris, car ce sont plusieurs enfants qui me l'ont exprimé. Et, ce débat actuel, dans lequel les enfants n'ont pas la parole.... où d'un côté comme de l'autre des gens se déchirent sans trop penser à eux.... certains enfants le ressentent comme étant un peu des cobayes.... comme s'ils n'étaient pas de vrais enfants....

Pourtant on nous martèle sans arrêt des grandes théories à propos de l'intérêt supérieur de l'enfant, et comme quoi, l'adoption serait faite pour donner une famille à un enfant et non le contraire .... ah bon ?

Quelle est la capitale de l'Ethiopie ?

Parfois je relis mes courriers dictés, un peu trop vite, et il peut m'arriver de laisser passer des coquilles.

Là j'en ai évité une particulièrement belle !

C'est pas la faute de la secrétaire, elle est toute nouvelle, et je n'articule pas, de plus elle m'a mis de bonne humeur pour la fin de journée !

Dans un courrier, j'avais (cru) dicté : "ces deux enfants sont arrivés d'Ethiopie.... ils ont passés environ un an, dans un petit orphelinat que je connais bien de réputation ( bonne) situé dans la capitale de ce pays, ....."

Et après la virgule le nom de cette capitale, vous attendiez quoi, vous ?



Parce que ce qui était écrit, c'était : Luxeuil les Bains !!!



Bon c'est vrai quand on voit les photos on peut confondre !