samedi 20 octobre 2012

Les enfants d'abord.... première partie

Le célèbre dessin de Caran d'Ache, que j'avais mis en illustration révèle que je n'avais que peu d'illusions sur la sérenité du débat. On essaie quand même !

Avant tout, je précise à nouveau et de manière très claire, que je ne nie en rien la souffrance, des homosexuels dans une société qui n'est pas bienveillante pour eux.

Des adolescents qui s'interrogent sur leur sexualité, j'en vois dans ma consultation d'endocrinologie pédiatrique... en dehors de quelques cas, le bilan hormonal ne sert à rien... mais il est toujours bon de passer du temps avec eux et de les soutenir, face à l'ostracisme dont ils souffrent.

Des homosexuels qui ont un mal d'enfant, et qui ont la capacité de rendre heureux des enfants, je sais qu'ils existent.... j'en ai même rencontré... mais je le demande si les revendications actuelles ont finalement un rapport avec cela.

Des adultes homosexuels, j'en reçois aussi, dans ma consultation (avant ou après adoption), et je comprends leur désir d'enfant. Je les rencontre soit parce qu'ils ont déjà adoptés, soit parce qu'ils envisagent de le faire... aucun d'entre eux ne peut dire que je les ai mal reçu.
Et, souvent, j'ai trouvé dans ces familles particulières, un désir de dialogue, un besoin d'informations, de conseils, une lucidité face aux risques que représentent cette filiation particulière qui m'ont rassurés....loin des débats où comme l'autre jour à la télé, quand je parlais de filiation à risque, on m'a taxé d'avoir de "vieux relents d'homophobie viscérale".... bien comme remarque pour alimenter un débat... on a les manipulations que l'on peut.... dans les années 1980, Moscou avait tenté de faire croire que Lech Walesa était homosexuel pour le discréditer.... j'ai aussi rencontré des familles catastrophiques.... mais dans des familles "standards"" aussi...

Dans beaucoup de familles homosexuelles que j'ai rencontrée, j'ai vu un désir d'enfant fort, et un respect de l'enfant, peu de militantisme...  par rapport aux débats, auxquels je participe et que j'entends.... je me demande de plus en plus si les "leaders" que l'on entend ont vraiment un désir d'enfant ?

Le désir idéologue entendu dans les débats m'effraie, l'égalité pour l'égalité nie finalement la différence et ne fait pas vraiment avancer le respect (je parle bien de respect et non de tolérance) que l'on doit aux familles homosexuelles. Une phrase très à la mode : "une fois cette loi votée, je serai heureux d'avoir le droit de ne pas me marier !", excusez-moi, mais dans le style ringard, il est interdit d'interdire, on fait pas mieux... et dans le style mépris pour cette institution que l'on réclame... difficile de faire mieux... "ce machin (le mariage) ne m'intérese pas.... mais je ne vois pas pourquoi on me l'interdit".

Un autre argument est RIDICULE (il n'est là que pour rassurer le bourgeois : ne vous inquiétez pas, on va leur faire un jolie loi qui ne servira à rien) et montre encore combien tout est fait pour que le fond de cette réforme ne soit pas discuté (et le fond de la réforme c'est l'enfant).
Cet argument mis en avant, vous l'avez compris : c'est le fait que très peu d'homosexuels pourront adopter. C'est vrai ! Quand on voit, combien il est dur au jour d'aujourd'hui d'adopter, on sait que les homos auront encore plus de mal que les autres. Aujourd'hui c'est vrai, mais demain ? Qui le sait de manière certaine ? Dire "de toutes façons, ils ne pourront pas adopter, laissons cette loi, sans discuter, de toutes façons, elle ne servira à rien", c'est non seulement ne pas voir plus loin que le bout de son nez, mais c'est aussi pour moi signe d'un grand mépris les homosexuels.... en acceptant de leur donner un jouet cassé.... sans réfléchir si à un moment ou un autre cet objet (une fois réparé) pourrait être dangereux.


Le plus grave de tout, dans ce débat reste peu de place de l'enfant, et des choses m'effraient. Par exemple, la banalisation de ce qu'on appelle la coparentalité, au risque de me faire traiter d'homophobe, il s'agit d'une instrumentalisation de l'enfant. Cette démarche est pourtant facile de "bricoler" un enfant entre un couple gay et un couple lesbien.... la plupart des familles homosexuelles ne le font pas par respect pour le futur enfant dont ils rêvent, cela est tout à fait respectable : un enfant, oui, mais pas à tout prix !
Alors quelles solutions ?

Il y a encore de vraies discussions à lancer, plutôt que de la précipitation.

Par exemple, il y a quelque chose que j'approuve complètement, c'est que des "adultes qui comptent" pour un enfant puissent recevoir de manière tout à fait officielle, un statut leur donnant des droits mais plus encore des devoirs vis à vis d'un enfant auprès duquel ils ont un attachement fort, mais pas de lien de filiation. Je pense beaucoup au beau-parent dans les familles homosexuelles, mais aussi dans les familles standards. Ce statut de "l'adulte qui compte" est à inventer, et les enfants, comme les familles hétéro ou homosexuelles, méritent un véritable débat, plutôt qu'une loi vite pondue, où la discussion est refusée, au nom du principe de l'égalité pour tous.... pour tous... mais pas forcément pour les enfants.

Personnellement je pense que la famille mérite mieux qu'une loi révolutionnaire et vite écrite.
Personnellement je pense que les homosexuels méritent mieux qu'une égalité de tolérance (la tolérance il y a des maisons pour cela disait Paul Claudel), mais un véritable respect de leur différence, sans forcément un égalitarisme béat (dont ils n'ont peut être pas envie).
Personnellement je pense surtout que les enfants méritent mieux que cela.

Attendez la 2° partie, elle parlera plus des enfants, de leur parole et de pourquoi vous m'avez mis en rogne.

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