vendredi 28 mai 2010

De l'importance d'être un parent adoptif...

Allez pour une fois, je m'ouvre un peu sur ma vie privée, et je vais faire des révélations sur mon histoire et mes histoires d'adoption...

Je suis souvent un peu énervé quand on met souvent en avant, le fait que je sois un papa (entre autre) adoptif, vous n'avez qu'à taper mon prénom sur google pour voir apparaître : "Jean-Vital de Monléon, pédopsychiatre connu dans le suivi des enfants adoptés, lui même adoptant" ça m'énerve d'abord parce que je ne suis pas pédopsychiatre, ensuite parce que je préférerai pédiatre et anthropologue parce que je crois qu'une des grandes raisons du succès de ma consultation c'est mon deuxième métier : anthropologue qui me permet, bien que n'étant pas psy, d'avoir un certain bagage en sciences humaines et de pouvoir aider des familles en grande souffrance psychologique...

Et puis mettre en avant le fait que j'ai adopté m'énerve aussi, car dans les gens qui s'occupent bien d'adoption, il n'y a pas que des parents adoptifs, et le contraire est vrai.... parmi mes collègues et amis pédiatres du CHU de Dijon, nous sommes quatre et demi à avoir adopté (le demi est en cours), une grosse proportion, c'est sans doute contagieux, mais mes collègues qui sont aussi parents adoptifs n'y connaissent pas grand chose (dans l'adoption... ce sont d'excellents pédiatres, très compétents dans leur spécialité), si mon ordinateur m'explose à la gueule, personne à Dijon ne pourra me remplacer.
Donc il ne faut pas être parent adoptif pour être un spécialiste de l'adoption et vice-versa !
Pour mémoire, j'avais "recadré" gentiment Carole Gessler quand lors de son interview, elle insistait pas mal sur mes trois "petits" polynésiens, préférant mettre en avant l'expérience des 2000 enfants que je suis dans le cadre de ma consultation, plus que mes histoires personnelles.

Pourtant, pourtant, pourtant, depuis LE séisme, je reviens un peu sur cette question.
Parce que je suis papa adoptif, je me permets sans aucun complexe de critiquer les déviances de certains parents (aveuglement, malversation, etc). Tout comme par exemple, parce que je suis médecin, je critique plus facilement certains "confrères" pour des pratiques qui me font honte (malversation, surpuissance), et comme je suis catho, il m'est plus facile de critiquer certaines déviances de mes coreligionaires (manque de charité notamment), et tout comme je suis un ancien avant "au jeu viril" de rugby, je suis très critique vis à vis du manque de loyauté de certains joueurs (anglais et argentins notamment).
Mais, aussi, et là ce sont les remarques des familles rencontrées depuis LE séisme qui m'ont ouvert les yeux, parce que je suis papa adoptif, je suis peut être moins critique, plus tolérant, et surtout moins généralisateur ! Je crois que les familles savent que quand elles viennent me voir, même si elles ont fait des choses que je critique violemment, que je condamne, que je juge dangereuse, dans ma consultation, tout sera fait pour essayer de recoller les morceaux, sauver les meubles.
Et surtout, mon combat contre la généralisation est connu, je sais que des crèches en Haiti, si elles ne font véritablement du trafic (quoique...), elles peuvent entretenir les séparations, je sais aussi que quelques familles ont laissé leur éthique à la maison avant de partir adopter (en Haiti ou ailleurs), mais de manière complétement systématique, la famille qui se retrouve en face de moi lors d'une consultation, est avant tout une famille et ce même si je sais qu'elle a adopté dans la pire créche d'Haiti ou d'ailleurs je reste persuadé qu'elle l'a fait de bonne foi (ce qui est le cas dans la grande majorité).
J'ai été chagriné de découvrir dans des commentaires sur ce blog ou par des mails ou des témoignages directs en consultation, de ce que m'ont dit certains parents vis à vis de certaines consultations d'adoption (même si l'accueil reste presque partout chaleureux et bienveillant) où ils ont senti la suspicion.... les témoiganges des deux compères d'Orly ayant été pris à la lettre !

Et bien finalement, c'est peut-être ma sensibilité de papa adoptif qui me permet de savoir combien l'adoption est difficile, difficile la quête d'un enfant, difficile aussi émotionellement. Il est plus facile de juger que de comprendre la maladresse et d'aider à la faire disparaître. C'est aussi mon expérience d'avoir adopté dans un lieu particulier qui me montre combien nous occidentaux nous devons être modestes vis à vis de l'expérience d'autres cultures qui ont su gérer depuis des siècles la circulation des enfants de manière bien plus sereine, et que si la Convention de La Haye part de bons sentiments, elle peut sembler indécente à l'autre bout du Monde.

Si vous êtes encore là après cette longue oraison qui ne va pas me faire que des amis, c'est le moment de deux révélations qui vont vous expliquer pourquoi je suis devenu Zorro le Météque, spécialiste de l'adoption et grand défendeur du phénomène.
La première n'est pas une grande révélation, quand on me demande pourquoi je suis devenu un spécialiste de l'adoption, c'est ce que j'explique : la concordance presque concommitente de trois découvertes.
1- Jeune pédiatre spécialisé en endocrinologie pédiatrique, je découvrais cette puberté précoce si particulière aux petites filles adoptées et si dangereuse et j'étais surpris et inquiet de découvrir qu'elle était aussi méconnue dans le monde médical.
2- A la même époque je devenais, juste après mon internat et pour 3 mois (en remplacement) le chef de service de pédaitrie des Iles sous le Vent, et je découvrai l'adoption à la polynésienne et combien nous avions des oeillères sur ce sujet en Occident.
3- Ceci explique cela, c'est aussi à ce moment là que nous adoptions l'ainé de nos enfants !

La deuxième révélation vous l'avez peut être lue dans les premières pages de Naître là-bas, Grandir ici (l'ouvrage indispensable sur l'adoption), car c'est une histoire que je raconte sans dire que c'est la nôtre. Je parle d'un couple qui vient d'adopter un peit enfant polynésien, qui en est tout ému, tout inquiet, mais qui a aussi un gros complexe de culpabilité face à la maman qui leur a confié ce bébé.... jusqu'à ce que cette maman vienne leur dire "Depuis que je sais que c'est à vous que je confie cet enfant, je recommence à dormir", le don était partagé, les consciences apaisées, l'adoption débutait sous de bons auspices. Sans cette petite phrase, je ne serai jamais devenu un spécialiste de l'adoption !

Comme quoi, être parent adoptif quand on s'occupe d'adoption n'est pas si anodin que cela.

Anne-Marie

Après la Suisse, avec Hervé, voici la Belgique que j'ai envie de mettre à l'honneur avec Anne-Marie dans ma série des grands prénoms de l'adoption...

Un des avantages de l'anthropologie c'est d'être en dehors d'une société et ainsi de mieux se rendre compte de sa diversité, de ses défauts et de ses qualités...

Anne-Marie est un petit peu la Madame-Adoption-de-la-Wallonie (elle va hurler quand elle va lire cela, déjà qu'elle a dû dire, le salaud, il parle de moi sur son blog !), elle a une expérience immense dans l'adoption internationale, tout particulièrement dans les relations avec les pays d'origine.

Elle les connaît bien, sait ce qui s'y passe bien et ce qui y est plus catastrophique !
Elle sait voir aussi ce qui est bon dans notre pays. Dans l'adoption "à la française", elle aime beaucoup les consultations d'adoption pleines d'expériences, et ce quand nos politiques et décideurs ne savaient même pas que Jean-Jacques et moi existions (certains ne le savent toujours pas...... et d'autres doutent encore de notre originalité...).

Là, où elle plus critique (doux euphémisme) c'est par rapport à l'accompagnement des familles sur le chemin de l'adoption. L'adoption individuelle lui apparaît scandaleuse, pas comme le disent certains en ce moment parce que les parents qui adoptent en individuel font n'importe quoi, mais parce qu'on abandonne les parents, ne leur laissant parfois pas d'autres moyens que de faire n'importe quoi.... et elle n'a pas tort, si tous les parents en Haiti avaient été réellement accompagnés dans leurs démarches, la situation serait plus claire, on n'en serait pas à attendre des rapatriements et à laisser des parents dans l'angoisse et des enfants en danger.

Une autre chose la choque profondément, dans certains discours franchouillards où toute la faute est mise sur le dos des parents adoptifs, je rajoute à cela le discours de certains qui au nom de l'attachement mettent tout sur le dos des enfants, et on oublie une cause encore plus importante pour expliquer le mal-être de nos familles adoptives : la place de l'adoption dans notre société...

Enfin revenons à Anne-Marie, continue à nous engueuler, tes coups de gueule nous secouent, nous remuent, nous vexent mais plus que tout nous font avancer.... et si jamais comme le propose certains de tes compatriotes, la Wallonie doit être rattachée à la France, je vote pour toi pour faire le ménage chez nous !

Qui est cette petite fille ? Nouvel indice




Le premier indice était : adoption internationale

Le deuxième est : Barbe

vendredi 21 mai 2010

Gnaka

C'est mon billet sur le comportement à avoir avec les proches et les moins proches pour aider l'enfant à favoriser les liens avec ses parents, et vos réactions sur le sujet qui me font écrire ce nouveau message qui portera sur les Gnaka.

C'est quoi les Gnaka, ce ne sont pas les parasites que j'ai montré en photo, il s'agissait d'un ascaris comme plusieurs d'entre vous l'avez deviné.

Les Gnaka, c'est un peu des ayatollahs qui pensent que l'adoption est bien formatée et avec beaucoup de Gnaka tout ira bien :
- Gnaka pas l'envoyez à l'école pendant ses 6 premières années (les Norzaméricains)
- Gnaka le mettre à l'école dès la semaine prochaine (les spys du sas de Guadeloupe !)
- Gnaka le laisser pleurer, finira bien par s'endormir
- Gnaka le prendre dans votre lit, entre Papa et Maman (comme quoi l'adoption est souvent provoqué par une infécondité..... qu'elle entretient !)
- Gnaka pas emmener les grands dans le voyage pour aller chercher les petits
- Gnaka y aller nombreux sans oublier le Tonton Marcel
- Gnaka pas aller le voir avant l'adoption
- Gnaka y retourner tous les jours dans son orphelinat jusqu'à l'adoption

Bon, je vous ai déjà détailler comment s'isoler plus ou moins à l'arrivée, je ne vous détaille pas tout ça d'un coup, sinon Zench va encore m'accuser (à raison) si ce n'est d'être trop léger, sinon de survoler, mais je vais essayer pendant le week-end de vous en détailler un, à vos votes, c'est celui qui aura la plus de voix qui va gagner (je vais tenter d'installer le gadget vote).

jeudi 20 mai 2010

Tu as vu Haïti, c’est terrible…. mais c’est peut-être le moment pour adopter….

Une brève non de consultations, mais plus de salon, elle m’a été rapportée par une de mes meilleures amies, son mari et elle sont en démarche d’adoption, et cela fait plusieurs personnes qui lui ont glissé cette petite phrase, qui a hérissé le poil de mon amie, chose qui rendu encore plus fier d’être son ami.
Effectivement se jeter sur Haïti actuellement pour satisfaire sa quête d’enfant se serait donner raison à tous ceux qui ont fait arrêter le rapatriement, à tous les humanitaires qui ont comparé systématiquement les parents adoptifs à des vautours ou des voleurs.
Et je me demande si ce n’est pas de cette catégorie de personnes dont parlait récemment notre Ministre des Affaires Etrangères, ce qui explique que je n’ai pas critiqué ses paroles à l’assemblée, paroles malheureuses, choquantes, et généralisantes mais que j’espère plus maladroites qu’autre chose.
Je l’avais dit dans un article il y a plusieurs sortes d’enfants haïtiens. Il y a aussi plusieurs sortes de postulants à l’adoption.

Ceux pour lesquels les démarches étaient bien avancées et pour les enfants desquels, je me suis battu pour un rapide rapatriement. Deuxième catégorie, ceux dont l’apparentement date d’avant le séisme et pour lesquels je souhaite que les processus puissent être accélérés et les enfants protégés d’ici-là.

Et puis il y a ceux qui envisageaient ou envisagent seulement depuis le séisme (poussés par de telles petites phrases) d’adopter en Haïti et qui n’ont pas encore d’enfants attribués. Si je comprends ce désir, j’en appelle à la plus grande prudence et je ne peux pas les encourager.

Raisonnement économique (au sens propre du terme) : Haïti était un des pays les plus pauvres et défavorisés de la planète, le séisme n’a fait qu’accroître cela, il y avait déjà, il y aura encore plus d’enfants « adoptables », car laissés pour compte, et dont l’adoption peut être une solution.

Mais ce n’est pas si simple, voyons maintenant un côté plus éthique. Il faut que l’Occident aide Haïti, les haïtiens et les enfants de Haïti. Même si je sais ce qu’est le désir d’enfant, même si je ne suis pas un adversaire de l’adoption individuelle, je crois que vu tout ce que le séisme a mis à jour, envisager actuellement une adoption individuelle en Haïti serait dangereux. Même si cela veut dire que dans un monde déjà assez sinistré de l’adoption avec déjà beaucoup de portes qui se sont fermées, pendant quelques temps le principal pays d’origine va être quasiment clos, c’est je crois la voie d’une certaine sagesse, de prendre un peu plus de recul, peut-être un peu plus de temps (mais du temps utile pas utile pas de l’attente pour rien) pour clarifier un peu la situation. Et je crois que la solution sera de passer par les OAA qui doivent déjà se mobiliser….. et puis l’AFA… l’AFA si décriée, si critiquée, à qui je veux encore une fois, laisser le bénéfice de la jeunesse, mais pour l’AFA travailler intensément pour permettre la réalisation d’adoptions claires, pas trop longues, ni trop rares en Haïti pourrait être un bon challenge, quelques chose qui la rendrait (enfin) populaire, un train à ne pas rater pour notre OAA public.


PS : alors que je suis en train de relire cet article, une nouvelle me donne raison, je le voyais « gros comme une maison » je ne l’attendais pas si vite : les députés haïtiens viennent de voter en première lecture l’arrêt des adoptions individuelles. Si je pouvais avoir raison sur tout la ligne… et aussi pour l’AFA !

Vas faire Causette

Aujourd’hui en début d’après-midi, il s’est passé un évènement exceptionnel…. Vous ne devinerez jamais… je suis allé prendre le train pour une réunion chez les parigots…. Là rien d’exceptionnel…. Et en attendant mon train, je suis allé dans le magasin de journaux… toujours rien d’exceptionnel…. L’exceptionnel le voici… non, non, vous n’allez pas me croire…. Allez j’ose, j’avoue, j’accouche….. je me suis acheté un magazine féminin !

Pas un que j’achète pour ma femme, non un rien que pour moi. J’ai acheté « Causette », journal dont le sous-titre est « plus féminine du cerveau que du capiton ».

L’essentiel du magazine n’est pas fait pour moi. C’est trop féminin, trop féministe (féministe américain qui plus est même pas féministe scandinave), trop parigot, et moi je suis trop plouc et trop ubersexual pour apprécier de tels journaux.

Mais dans ce journal, il y a un vrai bon article, avec du recul, des infos, des questionnements sur l’adoption en Haïti. L’article n’apporte pas des réponses, il le dit d’ailleurs, mais il a le mérite de parler de ce sujet, de faire un bon petit tour du panorama, avec de la profondeur et non du fast food ! J’en avais déjà parlé quand je l’avais (honteusement) feuilleté ce magazine en attendant le train encore, et que j’avais découvert que les psys des CUMP avouaient sans s’en rendre compte leur méconnaissance sur l’adoption.

Une interview qui me plait bien, celle de l’ambassadeur en Haïti, pas de langage bien diplomatique notre diplomate, mais du bon sens qui mérite que Zorro lui tire son coup de chapeau.

Allez une petite anecdote : je ne fanfaronnais pas dans le train pour lire mon magazine si un peu en harmonie avec mon image (là les « filles » vont se déchaîner sur le vilain macho) je le cachais sous le super Atlas Historique en Méditerranée que je m’étais aussi acheté.
En plus en face de moi, les hasards de la SNCF ont fait qu’il y avait une personnalité dont on parle comme une possible présidentiable, elle est féministe, féministe scandinave pas américaine (ça c’est un gros indice pour trouver de qui je parle !), et elle voyageait en deuxième classe, bien pour une présidentiable !
Cela vous fait encore une devinette ! Fastoche toutefois avec l’indice.

Et des spés à 4 sous, Un, deux et d'autres à la pelle !

Attention ça va allumer, Zorro dégaîne, le dragon va cracher les flammes !


On commence par une brève, non pas de comptoir, ni de cosultation, mais de garde, comme je vous l'ai déjà dit pendant mon repas vite avalé (ah le plat de coquillettes réchauffé au micro-ondes et la tranche de jambon) lors de mes gardes, je lis attentivement la grande presse philosophiuqe qui traîne dans nos services et que de généreuses mamans oublient dans les chambres.

Là c'était un numéro de Voici, on n'est jamais déçu, il y a toujours quelques lignes sur l'adoption. Cette fois ci c'était un reportage de plusieurs pages qui racontait que Manon des Sources revenait d'Ethiopie avec son petit bout adopté, ce qui est tout à fait son droit en espérant que sa famille bénéficiera de l'intimité nécessaire pour se construire (c'est quel cercle les papparazzi ?). D'autant plus que j'avais lu dans d'autres blogs que Manon contrairement à d'autres stars avait adopté tout à fait régulièrement par une OAA, en respectant les régles et son tour. Si telle est la réalité, et qu'elle en soit félicitée.

Ce qui m'a foutu en rogne, c'est le commentaire du psy de Voici (un tire ça ! j'espère qu'il en est fier !) qui explique que l'adoption est un geste généreux et que ce beau geste de la fille de Jean de Florette est en NaRmonie avec ses actions humanitaires.
Pov'Mickey, quand on ne sait pas on la ferme !
Cela me fait me poser une question, que je poserai peut-être comme une lettre ouverte aux responsables de l'Unicef. Que cette association privilégie le maintien et l'aide aux familles dans leur intégrité plutôt que l'adoption internationale je le comprend tout à fait (ce que le Père Pedro exprime en disant "nous préférons adopter les familles"), mais leur discours sur l'adoption est souvent à... vomir.... pourquoi alors, recrutent-ils (comme me l'ont fait remarquer des commentaires pleins de sagacité) toutes les mamans stars qui adoptent ?

D'autres aussi ont fait fort et on sait les conséquences que cela a pris : ils l'écrivent clairement dans un autre magazine que j'ai découvert par hasard suite à son titre en première page qui annonçait une enquête sur l'adoption en Haiti après le séisme (ça s'appelle Causette et ça fait beaucoup moins People). Les responsables des CUMP d'Orly et de Guadeloupe disent qu'ils n'avaient jamais vus des familles (parents et enfants) dans un état de stress comme lors de ces rencontres !
Mis à part le fait qu'ils généralisent car si je ne nie pas que certaines de ces rencontres ont été baignées d'émotion, de stress et de tout ce qu'on veut, c'est tout de même un bel aveu : on n'avait jamais vu ça. Mais comme ils sont malins, plutôt que de faire part de leur inexpérience (les CUMP ça a été créé pour aider en urgence les victimes d'attentat, l'adoption c'était pas leur rayon !) ils ont préféré faire le scandale et appeler "les deux compères" à la rescousse (vrais spés de l'adoption, un peu hors sujet ce jour là et dont je n'ai toujours pas compris la démarche).... pendant ce temps d'autres psys ouvraient leur consultations très grandes : il y a des familles en détresse, mettons nous en 4 pour les aider !

Je tire encore une fois mon chapeau à ceux (et notamment le SAI) qui ont organisés le rapatriement dans de bonnes conditions, la grosse erreur a été de ne pas faire appel à des gens qui connaissaient l'adoption, certains n'ont pas pu être professionnels et ont été submergés par l'émotion, quand ils n'ont pas interprétés de travers !

La même erreur a aussi été faite au SAS de la Gaudeloupe, c'est en dehors de la presse, mais j'ai eu de sacrés témoignages : les premières familles qui se sont retrouvées dans le sas. Ils me décrivent un personnel adorable, gentil prévenant, à part les psys.... qui étaient.... (roulement de tambour).... ceux des CUMP, et qui n'ont pas eu peur de leur déclarer, on est content de voir des parents parce que cela nous permettra de comprendre certaines choses. Est-ce nécessaire d'aller plus loin.... ç'm'énerve, ç'm'énerve.... La seule chose qui me rassure c'est d'imaginer leur tête quand certains parents qui n'avaient pas froid aux yeux, n'ont pas eu peur de leur dire que la principal cause de leur stress, ce sont les psys qui encfaisant arrêter les raptriements ont mis leurs enfants en danger !

Ce n'est pas contre les psys, je vous dis quelques noms de la majorité qui à défaut d'avoir été silencieuse n'en a pas moins été moins médiatique : je cite (en étant sûr d'en oublier Mesdames Cohen-Herlme, Pérouse de Montclos, Scarpa et Rosset par exemple) qui ont tenu un discours plein de modération et qui ont surtout ouvert en très grand les portes de leurs consultations aux petits haitiens et leur familles.

Plus encore que les psys, je l'ai déjà dit, mais certains discours pédiatriques (ma profession, ma famille) m'ont encore plus déçu. Je vise celui que j'ai comparé à Dick Rivers, le pigiste de France Soir qui sans avoir vu d'enfants adoptés à affirmer que toux ceux qui arrivaient de Haiti allaient très mal, infiniment mal, il nous a même sorti une équation (à mourrir de rire) sur la relation entre le mauvais état psychologique et la distance de l'épicentre !
Cela m'amène à une brève de consultation : "Je vous l'amène parce qu'elle va trop bien, quand est ce que ça va sortir ?". La maman qui m'a dit cela avait traversé une grande partie de la France, elle venait d'une des deux capitales bretonnes, où elle avait une de mes jeunes confrères qui quoique toute jeune dans l'adoption avait réalisé une consultation d'adoption de bonne qualité avec dans le bilan tout ce qui était nécessaire (c'est à dire que par exemple la plombémie et la sérologie de la syphillis n'avaient pas été oubliées) sans rien d'inutile (c'est à dire que le taux de choléstérol ou d'autres inepties n'avaient pas été demandés), mais cette maman avait besoin de l'avis du doc-qu'on-voit-à-la-télé (à défaut de Voici mais je ne désepère pas) car il a été tellement dit qu'aucun enfant n'allait pas, Merci Dick !

Je rappelle chaque jour à mes étudiants que le premier service que l'on doit à ses patients c'est que quand on ne sait pas, on doit leur dire. Je l'avoue humblmeent et honteusement quand des familles viennent me voir par exemple pour des problèmes d'épilepsie et d'orthopédie qui me dépassent complètement, je ne suis pa ssûre qu'elle m'en veulent.

mercredi 19 mai 2010

La prévention des troubles de l'attachement : l'enfant adopté, enfant public !

La mode est un peu moins présente, la fièvre est un peu retombée et les troubles de l'attachement monopolisent un peu moins l'attention qu'il y a quelques années.
C'était bien une mode avec tous ses excès quand des associations de parents déclaraient de manière inéluctable et incontestable que 40% des enfants adoptés souffraient de tels troubles !

Il n'empêche que les troubles de l'attachement existent bel et bien dans l'adoption et que pour la famille qui en souffre c'est terrible. Je ne peux en un simple billet vous décrire cette pathologie terrible mais ce sont les questionnements répétés de nombreuses familles qui provoquent cette réponse collective.

Il est nécessaire que très vite l'enfant adopté fasse la différence entre SES parents et le reste du Monde.

Or, trop souvent, l'enfant adopté est un enfant public. Ce n'est pas une théorie vaseuse, mais une réalité, j'en profite pour tirer un coup de chapeau au MASF et sa sympathique président Hélène Mahéo, dont ce sujet est un important cheval de bataille !
Le "petit black", le "petit chinois" est trop mignon, et comme SES parents ne sont pas les vrais, qu'ils ne l'ont pas fabriqués, le moindre quidam pense avoir le droit de l'attraper pour lui faire un câlin, de le prendre dans ses bras, et encore plus d'avoir son mot à dire. Comme (l'expérience nous le montre chaque jour) : TOUS LES ENFANTS ADOPTES SONT SOURDS, ne craignez rien vous pouvez dire les pires inepties devant lui, il ne les entend pas. On ne compte plus les petites phrases d'une grande délicatesse : "C'est quelle race", "il vous a compté combien ?", "j'admire votre générosité" et en ce moment " il est resté combien de jours sous les décombres" !

Il convient de protéger vos enfants et même si on est très fier d'eux, de ne pas trop les exposer au grand monde et aux commentaires populaires.

Il pourrait être tout aussi dangereux de les isoler dans une tour d'ivoire, de leur cacher la réalité de la vie, et de les priver de proches essentiels comme les grands-parents.
J'ai eu parfois à consoler des grands-pères, qui étaient à mon avis des grands-pères gâteaux, disponibles, affectueux et pas trop envahissants qui se plaignaient de n'avoir en deux ans, vus que quatre fois, leurs petits-enfants alors que ceux-ci n'habitaient qu'à quelques minutes de chez eux. Parce que leur belles-filles (parfois encore plus terribles que les belles-mères) appliquaient à la lettre les consignes des livres Norzaméricains !

Comme souvent dans l'adoption, il y a un juste milieu à trouver.
J'essaie d'expliquer aux familles que nous avons trois cercles familiaux.
Le premier cercle est ce qu’on appelle la famille-nucléaire (papa – maman – et le ou les enfants). Il faut que ce petit cercle passe un maximum de temps ensemble pour bien s’habituer les uns aux autres. Les deux parents doivent apprendre à se libérer du temps de loisir avec leurs enfants !

Le deuxième cercle sera constitué des très proches (la vingtaine de personnes qui compte beaucoup pour vous). Ce sont souvent les parents, les frères et sœurs (grands-parents et oncles/tantes de l’enfant) ou les amis très proches. Il ne faut pas avoir trop peur d’eux et il serait dommage qu’au nom de la prévention des troubles de l’attachement par exemple, un enfant soit complètement privé de ses grands-parents et vice et versa.

Ceux dont il faut se méfier est plus le troisième cercle, c'est-à-dire les copains, les cousins éloignés, les gens qui tout à coup, par curiosité et sympathie, vous trouvent beaucoup plus sympathiques et vous proposent des invitations, de débarquer tout à coup chez vous pour admirer la petite merveille. On peut se laisser un petit peu griser et accepter toutes ces invitations, tellement on est fier de la petite merveille, mais le gros risque est de ne plus avoir d’intimité et que l’enfant mette plus de temps à trouver ses bons, ses vrais repères. C’est quelque chose qui est tout à fait possible et malheureusement fréquent chez les enfants qui ont eu l’habitude de ne pas avoir trop d’adulte référent ou d’en avoir au contraire trop et qui n’ont pas su trop s’attacher à ses piliers.

Ce que je conseille déjà, c’est pendant les six premiers mois où l’enfant arrive, de se méfier de ceux qui ne sont pas très proches. Pour ne pas se fâcher avec tout le troisième cercle, vous pouvez dans ce cas-là vous cacher derrière les conseils du méchant docteur de l'adoption pour refuser poliment ces invitations.

Si c’est auprès de gens dans la rue que votre va aller, il faut dès le début aller le chercher et lui expliquer gentiment que le monsieur et la dame ne sont pas papa et maman et qu’il faut rester avec papa et maman, et expliquer aussi poliment mais relativement fermement aux gens qui ne le connaissent pas et qui vont tout de suite le prendre dans leurs bras qu’il vient juste d’arriver et qu’il faut l’aider à trouver à ses repères.

J’espère vous avoir donner quelques éclaircissements.

mardi 18 mai 2010

Blog

Je me doutais que mon blog devait être pas mal lu, et avoir un grand nombre de connections, car il est bien référencé sur les sites de recherche (malgré "google" qui me vend comme pédopsychiatre !), je reçois sans arrêt des demandes pour y inclure de la pub (je résiste encore et toujours) et des messages s'immiscent pour faire de la pub pas très jolie (les messages en chinois notamment !), des spés de l'adoption me demandent une tribune libre, d'autres me supplient de ne jamais y parler d'eux !

J'en ai eu la confirmation, et peut-être certains pros des blogs l'auront découverts caché dans un coin (merci à Marraine la bonne fée d'avoir une fois encore dépanné ma nullité informatique) : mon classement dans les 100 premiers des blogs société.

Mon blog est un peu atypique, ce n'est pas trop un journal intime, même si je pique des gros coups de gueule, même si je m'épanche sur mes ras le bol. Vous ne savez même pas le prénom de mes titous ni ce qu'ils font comme loisirs, etc, etc...
Et je ne vous parle que d'adoption, ou presque .... le Père Pedro n'a rien à voir avec l'adoption, mais comme je crois que des personnages comme lui il n'en existe que 5 sur la Planète, je trouve que la pub il la mérite.

Il y a environ 2 ans, j'ai créé ce blog pour avoir moins de réponse par mail à faire, je donne (même si en ce moment c'est très très très en retard, des avis par internet) et plutôt que d'expliquer sans arrêt les parasites, ce qu'est un SAF ou le saturnisme (il y a 3 messages qui ne vont pas tarder car il y a urgence c'est la puberté, le sommeil et l'hépatite B), je préférais l'écrire bien lisible sur un support que tout le monde peut aller voir quand il le souhaite !

Voila, et bien je suis assez heureux que mon blog qui n'en est pas un pour de vrai soit maintenant considéré comme un média, et croyez bien que je vais continuer à m'en servir pour aider familles et enfants à trouver l'amalgame et à faire mon Zorro pour pourfendre cette société si peu bienveillante avec les petits adoptés actuellement.

Encore une devinette




Bien plus facile que l'autre, c'est quoi ? Je vous promets que je ne l'ai pas retiré de mon compost, je remercie la famille qui m'a envoyé cette photo, bravo à cette famille qui n'a eu même pas peur et qui a fait le diagnostic toute seule.

J'aime bien les enfants adoptés et bien les familles adoptives et de temps en temps, je ne peux m'empêcher d'être taquin, je suis resté assez gamin dans mon humour et parfois encore le petit garçon qui fait peur aux petite filles avec une fausse araignée !

Donc quand des mamans (un peu BCBG, c'est encore plus drôle) m'amènent la dite bestiole qu'on trouve dans tous les orphelinats du monde en me disant "Oh mon Dieu Docteur regardez ce que j'ai trouvé dans ses couches c'est affreux ! " Je ne peux pas m'empêcher de prendre un air très sérieux et savant et de dire "vous avez de la chance Madame, il aurait pu le vomir ou cela aurait pu sortir par son nez !"

Bon appétit.




PS : c'est fréquent, pas grave et cela se traite facilement !

samedi 15 mai 2010

Mais qui est cette petite fille ?




La devinette du week-end du mois, allez si vous ne trouvez pas je ne réponds pas avant un mois et un indice dans une semaine pas avant !

Il faut trouver qui est la petite fille au premier plan à droite, avec son petit air sévère.

Désolé je n'ai pas trouvé de représentation en couleur.

dimanche 9 mai 2010

L'Homme qui déplace les montagnes.



Pedro Opeka aurait pu naître en Slovénie, le pays de ses parents.... mais fuyant le régime de Tito ( et ses massacres) ceux-ci ont dû se réfugier en Italie.
Il aurait alors pu naître en Italie, mais les réfugiés slovènes étaient envoyés vers le Nouveau Monde.
Il aurait pu naître au Canada où ses parents souhaitaient aller, et où son look "bucheron" aurait passé inaperçu.
Il est finalement né en Argentine !

Pedro Opeka aurait pu devenir maçon, le métier que son père lui apprend depuis son enfance.
Il aurait pu être footballeur professionnel (sport où il excelle encore) et où comme tout gamin de Buenos Aires il a appris à jouer en même temps qu'il apprenait à marcher.
Il est finalement devenu prêtre.

Pedro Opeka aurait pu être un prêtre paisible dans une paroisse en Argentine, ou dans la Slovénie redevenue libre et démocratique ou même en France, pays de ses études, qu'il apprécie et connaît bien.
Il aurait pu être le responsable du séminaire de Tananarive, poste qu'il a brièvement occupé.

Brièvement car il y a 21 ans, en mai 1989, il découvre : la décharge !

La décharge en banlieue de Tananarive où on dépose les ordures et.... les indésirables, les plus pauvres parmi les pauvres, ceux que le gouvernement malgache de l'époque ne veut plus.
Les morts sont nombreuses, insupportables, on meurt de faim, de maladie, d'éboulement car les gens habitent dans des "terriers" creusés dans les ordures.

Sortir les gens (et plus encore les enfants) de la décharge va être le but de Pedro Opeka, son combat.

Combat difficile, être sans arrêt sur la brèche, mais Pedro Opeka a su déplacer des montagnes. Une belle expression au figuré, mais lui il l'a fait "pour de vrai" !

Sur une montagne tout à côté de la décharge il a construit son premier village. Une autre montagne a servi de moyen de survie en la creusant, la taillant et en extrayant pierres , moellons et gravier, elle est devenue une grande carrière.

Depuis 20 ans et la fondation de son association (Akamasoa : les Bons Amis) c'est 300 000 personnes en détresse qui ont été prises en charge. 18 villages construits dans tout Madagascar, qui comptent 72 écoles, 3 collèges, 3 maternités, 6 hôpitaux et 10 000 enfants scolarisés et chaque années des centaines de bacheliers.

Un homme est-il capable de faire ça ?

Je n'en connais qu'un et je vous invite à le rencontrer !

A Dijon le 1er juin.

Que vous ayez la Foi ou non en Dieu, j'espère que vous avez la Foi en l'homme et au-delà des religions, il y a des hommes et des femmes qui nous montrent combien cette Foi en l'Humain elle peut exister et nous donner de l'espoir et croire à un monde meilleur.
Pour moi ces hommes sont Mère Teresa, Nelson Mandela, Ghandi, Martin Luther King et quelques autres, pas tant que cela.

J'ai eu la chance d'en rencontrer un, et je vous propose de le rencontrer.

Croyez moi cela vaut le coup de faire des Kilométres pour le voir, l'entendre cet homme.

Si vous ne pouvez venir à Dijon, d'autres dates sont possibles. Ne le ratez pas, et transmettez l'info !

Dimanche 30 Mai: MONTBELIARD; conférence à 20h à l'Eglise de Sochaux
Lundi 31 Mai: BESANCON; conférence à 20h au Centre Diocésain, 20 rue Mégevand
Mardi 1 Juin: DIJON; conférence à 20h30 à l'Eglise Sainte Bernadette, rue des Martyrs de la Résistance
Mercredi 2 Juin: NANCY; conférence à 20h aux grands salons de l'Hotel de Nancy
Jeudi 3 Juin: rencontre à 19 h avec le Lyons Club du Kochersberg à la Wantzena
Vendredi 4 Juin: SCHILTIGHEIM; conférence à 20h salle Kléber, près de l'Eglise de l'Immaculée Conception, rue du Général de Gaulle
Samedi 5 Juin: MONT STE ODILE; conférence à 10h, puis messe et prédication à 11 h sur le même lieu puis à 20h, le même jour, conférence à TRUCHTERSHEIM (espace Terminus)
Dimanche 6 Juin: TRUCHTERSHEIM à 10h45: messe et prédication

Toujours là

Chers Lecteurs, Chers Amis,
15 jours sans message et de nombreux mails gentils me demandent si je vais bien.

Oui je vais bien, mais j'ai attaqué à fond mon retard de courrier, j'ai "bouffé" de la garde, je me suis pas mal occupé de ma petite famille (ballades, vélo, potager, visites, etc...) et puis moi qui ai l'habitude de faire des conférences toutes organisées, là je suis en train d'en organiser une et le Monsieur pour qui je l'organise, les enfants qui grâce à lui mangent, sont éduqués et dignes méritent que cette conférence soit une réussite !

Je vais vous en parler même si c'est hors-sujet sur l'adoption.

Je n'en oublie pas moins l'attrait de l'adoption et même si je suis sous le charme et la sainteté du Grand Homme que je vais bientôt recevoir, vous verrez que j'ai encore un peu de hargne et de méchanceté pour les vilains...