mardi 9 octobre 2012

Lettre ouverte à Madame la Garde des Sceaux et à Madame la Ministre déléguée à la Famille,


Mesdames,

Présidente de l’association Racines coréennes, et Pédiatre, responsable de la principale consultation d’accueil des enfants adoptés de France, nous nous permettons de vous interpeller respectueusement pour manifester notre souhait que, dans le débat actuel sur l’adoption par les couples de même sexe, l’enfant soit replacé au centre des débats. En théorie, et dans les paroles de chacun, il est proclamé que l’adoption a pour but de trouver une famille à un enfant et non le contraire. Nous nous demandons quelle est la place donnée à l’enfant adopté dans les débats actuels. Entre un désir d’égalité entre les couples, quelle que soit leur composition, et les réactions émises par des mouvements philosophiques, politiques, ou religieux, que fait-on de l’adopté ? Qui s’interroge sur la « famille » ou la parentalité se doit de cheminer pour mieux connaître ou comprendre la personne adoptée.

Représentant les adoptés adultes, ou suivant chaque jour en consultation des enfants et adolescents adoptés, nous savons qu’il n’est pas toujours facile en France, dans une école ou dans la rue, d’être le seul à avoir « cette » couleur de peau, d’être le seul à avoir « cette » histoire précédant l’arrivée en France, faite de séparations et de chamboulements. La loi peut-elle rajouter une nouvelle différence sans concertation aucune des experts de l’adoption, sans évoquer l’avenir des adoptés en recueillant leurs ressentis ?

A ce jour, trop peu d’études fiables renseignent sur le devenir des enfants adoptés en France et sur le devenir des enfants élevés dans des familles homosexuelles. Nous savons déjà que les adoptions internationales réalisées par des célibataires, des couples âgés, des couples plus fragiles ou plus exaltés sont autant de facteurs de risque. Nous pensons que l’adoption par des couples de même sexe est un facteur de risque. Nous aimerions pouvoir en parler, sans polémique, en toute objectivité, et nourrir l’échange d’un diagnostic à jour sur l’adoption nationale et internationale.

Le fort désir d’enfant, s’il est essentiel pour dépasser les obstacles de l’adoption et donner amour et protection à son enfant, ne suffit pas toujours.


Nous avons aussi été surpris de voir combien l’adoption et ses problèmes sont actuellement occultés. Pour être très polémique, pour interroger sur les fondements de la famille, ce débat n’a finalement qu’une faible importance dans le quotidien des familles adoptives, des personnes adoptées, et de la plupart des postulants à l’adoption internationale. La diminution de l’adoption internationale a pour conséquence de voir arriver des enfants plus âgés, ayant vécu plus de situations difficiles, en moins bonne santé, en fratrie, ce qui, plus que jamais, nécessite une meilleure préparation des professionnels, des futures familles adoptives, et un accueil adapté à leur arrivée.

Le principe d’accompagnement post-adoption ne parvient pas à s’imposer. Les consultations d’adoption qui sont, pour les pays d’origine, le gage d’une qualité de l’adoption en France, ne bénéficient toujours d’aucune aide, d’aucune reconnaissance officielle alors que, malgré la chute du nombre d’adoptions, de plus en plus de familles et d’adoptés veulent faire appel à leurs compétences avant ou après l’adoption.


Enfin, nous sommes tous deux membres du Conseil Supérieur de l’Adoption (CSA). Cette instance, constituée d’experts, des différents intervenants et acteurs de l’adoption, et représentant le peuple par le biais de ses élus, semble en sommeil. Malgré les nombreux soucis et débats évoqués par l’adoption, cela fait trop longtemps qu’il n’a pas été réuni. Alors que le rapport Colombani déclarait la nécessité de lui donner une meilleure écoute, il a été constamment oublié ces dernières années.

En 2007, la condamnation de l’Arche de Zoé, unanime et sans ambiguïté par le CSA n’a pas été diffusée.

Fin 2009, lors d’une réunion consacrée aux différences entre les modes d’adoption plénière et simple, le CSA concluait que l’adoption plénière était la forme la mieux adaptée à l’adoption internationale, en terme d’obtention de la nationalité et de sécurité pour l’enfant qui arrive. Depuis, les tribunaux n’ont jamais autant délivré d’adoptions simples.

En outre, d’autres débats, comme l’adoption individuelle, son évolution, son encadrement, restent toujours en chantier.

En janvier 2010 a eu lieu le tremblement de terre en Haïti, qui fut un séisme pour ce pays mais aussi pour le monde de l’adoption. Des mesures allant à l’encontre de l’intérêt supérieur de l’adopté ont été prises alors que le CSA n’était pas convoqué.

Au Conseil Supérieur de l’Adoption, il y a des adoptés, des familles adoptives, des psychologues et travailleurs sociaux des Départements, ainsi que des soignants. Tous connaissent l’adoption, et plus encore, les enfants qui ont été adoptés et qui sont aujourd’hui vos concitoyens.

Il serait dommage de l’oublier encore dans les débats actuels.

Il serait dommage également de mettre le CSA au travail trop tardivement ou pour le principe.

Recevez Mesdames, l’expression de nos salutations les plus respectueuses.




Hélène Charbonnier, Présidente de Racines coréennes, Membre du Conseil Supérieur

de l’Adoption

Jean-Vital de Monléon, Pédiatre, Anthropologue, Membre du Conseil Supérieur de

l’Adoption

24 commentaires:

Jean-Vital de Monléon a dit…

Voici le tetxe original tel qu'envoyé à nos ministres, et dont Libération a publié un résumé

Anonyme a dit…

bonjour,je trouve ce texte, très complet, très bien écrit, très riche. je suis une maman, qui a 2 enfants adoptés, en bonne santé et très bien intégrés. Mais naivement j'ai envie de dire que le principal pour un enfant adopté est certainement une famille, et que beaucoup d'orphelinats sont remplis de petits ou grands enfants qui attendent une famille. Et pour moi la question de savoir si c'est un couple agé, ou un couple de meme sexe qui va élever cet enfant n'est pas le plus important, et que c'est l'amour et la famille. Désolee je parle avec mon coeur et c'est mon ressenti cordialement Nathalie

Anonyme a dit…

Merci à vous deux d'ouvrir le débat et de rappeler que rien n'a été réglée ces dernières années. Quelque soit l'opinion que l'on peut avoir, il convient de se soucier de l'intérêt supérieur de l'enfant et d'écouter les uns et les autres. Bien Cordialement Béatrice, maman de la jolie petite fille de 9 ans rencontrée début septembre et de son petit frère

Anonyme a dit…

Le problème c'est que vous ouvrez le débat en prenant position. Vous n'avez aucun support pour démontrer que l'homoparentalité est nocive pour l'enfant, aucun témoignage négatif, quant aux témoignages positifs vous les jugez non-crédibles... on ne peut pas faire un diagnostique pour un problème qui n'existe pas, que l'on préjuge simplement selon des critères psycho-socio-judéo-chrétiens. Par ailleurs, vous êtes très mal informé car vous devriez savoir que le mariage homo est le meilleur moyen pou fermer totalement l'adoption à ces couples. Cela ne concernera que les enfants déjà adoptés par le conjoint, qui vivent déjà ensembles donc qui ont déjà 2 papas ou 2 mamans. Dans cette logique, votre prochain cheval de bataille sera t il l'adoption par des célibataires ?

Anonyme a dit…

Merci beaucoup pour votre texte qui recentre le débat sur l'ENFANT et pas sur nos désirs d'adultes. On nous rabache pendant toute la procédure de l'intérêt supérieur de l'enfant et là, pour certains projets, on partirait du postulat inverse et du droit à l'enfant au nom d'un droit à l'égalité. Ce ne serait pas très juste à mon sens. De +, dans ce débat de société, comment ignorer les spécialistes du sujet (associations et personnes impliquées) ? Un débat sur l'adoption sans les partenaires habituels de l'adoption ? bizarre ...
Marie maman de Raphaël made in Kinshasa adopté à 5 ans

Anonyme a dit…

C'est en effet un désir d'adulte de vouloir légitimer un enfant par le mariage mais c'est pour le protéger d'un éventuel décès de l'autre conjoint. Une loi donnant la possibilité d'adopter l'enfant de la compagne ou du compagnon ne suffirait elle pas sans en passer par le mariage, dans le cadre du pacs ? ainsi la notion sacrée du mariage serait épargnée ?

coralie a dit…

bonsoir,

je n'ai pas d'avis ou d'arguments arrêtés sur la question mais je viens de lire "Fils de ..;" de Zabou Carriere et Taina tervanen, ce sont 30 portraits de fils et filles de parents homosexuels, ils ont entre 18 et 87 ans. Leurs histoires et leurs vies sont très variées, surprenantes ou banales. Il en ressort beaucoup d'amour et d'ouverture d'esprit.Quelques fois ils reparlent de leur crainte d'enfant de ne pas savoir à qui ils seraient confiés si leur parent (bio ou adoptant en célibataire )disparaissait. Là je parle dans le cadre de l'adoption du conjoint homo.
A lire ces témoignages on a du mal à douter que ces enfants aient soufferts de cette particularité.
je pense que ce qui sera à évaluer concernera la viabilité du couple, sa longévité et sa solidité. Ceci est valable pour les couples hétéros d'ailleurs.
je me demande si un enfant adopté serait plus heureux (je simplifie volontairement ) dans une famille homoparentale désireuse de l'accueillir ou dans une famille traditionnelle dont une seule personne du couple marié demande l'agrément. Ce cas de figure existe et il m'interroge: comment peut on être le mari de la femme qui devient mère d'un enfant sans accepter d'en devenir le père dans le même temps?
Je suis circonspecte..bien plus qu'en ce qui concerne l'adoption par les homos. Cependant j'adhère totalement à l'indignation des institutions spécialistes de l'adoption qui sont laissées sur le côté pour l’élaboration de ce projet révolutionnaire en France.
Coralie
ps: quel est le sadique qui invente les mots à recopier pour valider le texte: ils sont illisibles!!!!

Moun a dit…

Depuis bien plus de 40 ans, les personnes homosexuelles parviennent à avoir des enfants soit de manière naturelle avec le consentement d'une personne du sexe opposé soit par l'adoption, en adoptant en se déclarant célibataire et là seul l'un des 2 personnes a le statut de parent.
Alors de mon point de vue, soit :
- On légifère en donnant en donnant un véritable état civil aux 2 parents homosexuels (parent, beau-parent?),
- On continue à se boucher les yeux et à ignorer les foyers de parent de même sexe,
- Si le législateur considère que c'est contraire à la loi, alors le "second parent" sera condamné pour élever l'enfant de son compagnon ou de sa compagne ?

Jean-Vital de Monléon a dit…

Réponse à Nathalie :
vous dites et vous avez bien raison de faire parler votre coeur "le principal pour un enfant adopté est certainement une famille, et que beaucoup d'orphelinats sont remplis de petits ou grands enfants qui attendent une famille. Et pour moi la question de savoir si c'est un couple agé, ou un couple de meme sexe qui va élever cet enfant n'est pas le plus important, et que c'est l'amour et la famille."

C'est vrai, il y a beaucoup d'enfants qui attendent une famille, mais malheureusement pas tant que cela qui sont adoptables.
C'est dommage mais c'est comme ça !
Avoir une famille est ce qu'il y a de mieux pour un enfant, mais on sait aussi avec l'expérience que pour certains enfants, il aurait mieux valu ne aps avoir été adopté... soit parce que leur histoire ne meur permet plus une adoption... soit parce que l'histoire de leurs aprents adoptifs n'auraient pas dû permettre une adoption.

Jean-Vital de Monléon a dit…

Réponse à Anonyme du 9 octobre 23h12

Oui j'ouvre le débat et je prends position, je n'ai aps à prendre position quand je reçois des familles à titre individuel et les quelques familles homosexuelles quej'ai reçu peuvent en témoigner, car la discussion a été pas de juger, pas d'interdire (de quel droit aurai je pu le faire) mais d'essayer de diminuer les risques.

J'ai des témoignages positifs, j'ai des témoignages négatifs, il y a peu d'études faibles dans un sens comme dans l'autre, et mon expérience me montre que c'est un grand facteur de risque, je veux qu'on en parle, qu'on ne fasse aps une politique de l'autruche. Dire que l'amour arrangera tout a largement montré ses limites dans l'adoption !

L'adoption des enfants du conjoint est un autre débat, on peut en parler... et si pour l'adoption d'enfants non apparentés, pour les homosexuels l'impasse semble bine là, elle n'y sera pas toujours... et qui sait si on n'imposera dans qqs années (ou mois) des quotas pour tous au nom de l'égalité (égalité des adultes).

L'adoption solo ne sera pas mon prochain cheval de batail, j'ai déjà largement parlé de cela, c'est pour moi un facteur de risque, dont il faut tenir compte, dont il faut s'occuper, mais je n'ai jamais parlé, ni voté, ni milité pour sa suppression.

Jean-Vital de Monléon a dit…

Pour Coralie, on trouve tout ce que l'on veut comme témoignage.
Sur l'adoption en général aussi.
Je peux vous trouver facilement 5 familles où après leur témoignages l'adoption serait interdite.
et beaucoup plus où après leur témoignages tout le monde voudrait adopter.

Je suis persuadé que des enfants peuvent être heureux dans des familels homosexuelles. Je m'inquiète juste des risques énormes que cela comporte et de ce refus de débat au nom d'une égalité qui n'est pas celle des enfants.

Je ne connais pas le "sadique des commentaires", amis si vous le trouvez saluez le pour moi, quand je suis personnellement coincé sur mon blog, je le maudis aussi ;-)

Jean-Vital de Monléon a dit…

Pour Moun, comme déjà dit dans uen réponse plus haut, la reconnaissance d'un statut de beau-parent (Homo ou hétéro) est un autre sujet.

Anonyme a dit…

C'est un autre sujet et pourtant c'est bien le seul lien qui puisse être fait avec le mariage homo, car sinon je ne vois pas de possibilité d'adoption internationale par un couple homo marié, et nationale encore moins. Et pour ce qui est des quotas, vraiment vous y croyez ?, les célibataires n'y ont jamais eu droit.. pourtant ils/elles ont de agréments.

Moun a dit…

Les célibataires ont depuis belle lurette la possibilité d'adopter et parmi eux des homosexuels qui cache leur vie de couple. Si l'adoption pour les homosexuels n'est pas autorisée, on continuera donc à "faire semblant de ne pas savoir" de part et d'autre (adoptants/services sociaux d'agréments/associations)...

Nenette a dit…

Je signale cette pétition
"Pour un grand débat démocratique sur le mariage homosexuel et l'homoparentalité
sous la forme d'états généraux du mariage et de la famille."

http://www.tous-pour-le-mariage.fr/


Nenette a dit…

Je signale aussi cette association d'adoptés :

http://www.lesadoptes.org/sondage-ifop-adoption-couples-de-meme-sexe/

Le droit à l’adoption pour les couples homosexuels semble, selon différentes études récentes, diviser les Français. Le sondage réalisé par l’IFOP pour l’association Les Adoptés fin septembre 2012 confirme cette grande réticence de l’opinion (1).
Les Français très réticents

Invitées à se prononcer sur le principe qui, selon eux, doit être garanti prioritairement dans le cadre de ce débat de société,

63 % des personnes interrogées répondent « qu’il faut que les enfants puissent avoir un père et une mère »
contre 34 % qui affirment « qu’il faut que les couples homosexuels puissent adopter des enfants ».


Donner la parole aux adoptés

En rendant public ce sondage, l’association Les Adoptés veut attirer l’attention des pouvoirs publics sur le sort et la fragilité des personnes adoptées.

Elle demande que la parole soit enfin donnée aux premiers concernés, les personnes adoptées, avant toute décision dans la précipitation, bouleversant les conditions même de l’adoption.

De nombreux adoptés ont témoigné ce jour à Paris (www.lesadoptes.org) de leur traversée difficile de l’enfance et de l’adolescence, de leur cheminement de vie particulier pour construire leur identité. Les membres de l’association soulignent la discrimination qu’une telle loi instaurerait contre les enfants adoptés vis-à-vis des autres enfants : l’Etat organiserait lui-même un système privant des enfants d’un papa ou d’une maman.

kathy a dit…

Je m'associe à votre combat sur deux points, il est inconcevable que les associations de personnes concernées et des professionnels ne soient pas conviées et associés à la réflexion autour d'un sujet aussi grave que la place et le devenir des enfants. Le second point important c'est que l'enfant doit être au centre des préoccupations.En revanche je pense qu'il serait intéressant de se demander quels sont les effets des divorces des parents adoptants sur ces enfants ayant déjà vécu un abandon. (je ne dit pas que un des parent abandonne l'enfant, mais lui comment le vit-il ? le prend-t_on en compte ce risque quand on prône que le mieux pour l'enfant c'est un couple ? Je sais que ça n'a pas de lien direct avec le débat mais je pense qu'il faut se départir de cette pensée magique : un enfant a besoin d'un papa et d'une maman. La société évolue la notion de famille change la parentalité aussi, il faut en tenir compte.
Kathy maman d'une petite fille de 5 ans made in Sénégal.

Anonyme a dit…

Cette association "les adoptés" a été créée il y a un mois à peine et comprend une dizaine de personnes..., et un mois c'est un peu court pour effectuer un sondage national... on peut donc douter de leur crédibilité. Mais la Voix des Adoptés (la vraie association) n'a pas l'intention de participer au débat, semble t il.
Encore une fois les "adoptés" me paraissent instrumentalisés dans ce débat, et c'est regrettable. Je ne vois toujours pas de témoignages d'adoptés par des couples homos ou solos qui se plaignent de leur existence, ces "adoptés" ont eu des familles classiques et se disent très heureux alors (de quoi je me mêle ?) pourquoi les autres sont il silencieux ? je vois surtout des gens qui revendiquent mais qui ne sont pas directement concernés en fait.

Nenette a dit…

@anonyme du 12 octobre 2012 01:37
Il n'existe à ce jour aucune enquête fiable sur l'homoparentalité, ses conséquences positives ou négatives sur les enfants. Il faudrait aussi une enquête d'envergure sur les enfants adoptés par des couples homosexuels. Les études existantes sont basées sur les déclarations des parents, ce qui me semble un peu biaisé, en tout état de cause pas suffisamment représentatif des principaux concernés, les enfants...
Il faut aussi avouer que nous ne connaissons pas les chiffres exacts de l'homoparentalité en France. Nos estimations seraient basées sur les données américaines...
Savez-vous quel est le pourcentage de personnes homo réclamant le mariage et l'adoption? Ne pensez-vous pas qu'un petit groupe d'activistes monopolise l'attention des médias en se revendiquant un peu rapidement porte-parole d'une communauté? La voix de certains homosexuels a eu le courage de s'élever dernièrement pour dire qu'ils croient eux aussi qu'un enfant a le droit d'avoir un père et une mère.
Êtes-vous vous même "directement concerné" par les faits? Si la toute récente association "les adoptés" n'a pas légitimité à s'exprimer, je voudrais bien connaître la vôtre. En ce qui me concerne je pense que nous tous citoyens avons légitimité à nous exprimer sur tous les sujets, même sensibles. En nous basant sur des études, mais aussi sur notre expérience, notre ressenti, notre bon sens etc.

Eric a dit…

Bonjour,

@Nathalie, je voudrais confirmer ta naïveté. Il est possible qu'il y ait une différence entre ce que les gens pensent naïvement, et ce que les personnes concernées ressentent. Je suis persuadé qu'on ne peut généraliser ni dans un sens ni dans l'autre.

Pour commencer, il existe un nombre non négligeable d'adoptés français issus de l'adoption internationale qui aurait préféré vivre misérablement dans leur pays, plutôt que dans leur famille d'adoption.
Enfin,le taux de suicide ou tentative de suicide est largement supérieur chez l'adolescent adopté. Bien sur, il est difficile de relier directement le suicide à l'adoption.

En prenant ces 2 éléments de réponses, je pense qu'il n'est pas possible de généraliser l'affirmation que le principal pour un adopté est d'avoir une famille.
J'ignore même si avoir une famille est indispensable, puisque certains affirment qu'ils auraient préféré rester en orphelinat dans leur pays et non être adopté dans un pays étranger.

Pour ne pas faire polémique, je ne parlerais pas du projet de loi actuel. En revanche je parlerais de l'âge des adoptants.
J'ai moi même été adopté par des parents à un âge que j'estime limite. Du mauvais côté de la limite.
Nous avons 44 ans d'écart. Certes, dans la nature, même si ce n'est pas une pratique courante, cela n'est pas exceptionnel.
Sauf que, quand je suis arrivé chez eux, à l'aube d'une nouvelle vie, d'une renaissance, mes parents frisaient la cinquantaine. Ce qui est beaucoup plus rare pour l'accueil du premier enfant de la famille.
Mes parents, ma mère surtout, a toujours été exceptionnelle.

Presque partout, presque tout le temps, tel un Kamini à Marly-Gaumont, vous êtes différents.
Pas la même tête que vos copains de l'école... surmontable, et vécu différemment suivant les individus et les écoles.

Et votre famille qui vous aime tant... Elle est vieille et dépassée... du coup, pour en rajouter un peu, vous devez ajouter aussi la famille dans les paramètres discriminants.
Est ce plus grave que d'avoir des parents divorcés il y a quelques décennies? Non probablement pas. Je n'en suis pas mort, contrairement à ma mère.
Et oui, en plus de devoir supporter des parents complètement hors du coup, on ne peut même pas compter sur eux pour garder leur petite-fille comme cela se fait dans de nombreuses familles.
Et oui, donner le droit d'adopter à des personnes âgées, c'est augmenter le risque d'avoir des adoptés de nouveau orphelin et leurs enfants sans grand parents.

Mais je comprends bien que quand on fait de longues études, qu'on a travaillé dur pour sa carrière, qu'on s'aperçoit qu'on ne peut avoir d'enfant à l'approche de la quarantaine, il est préférable de mettre des oeillère et se convaincre que c'est mieux pour l'enfant.

Tout ces critères, peut être démodés, ne sont certes pas insurmontable. Mais pourquoi les autoriser lorsque c'est évitable?
Les adoptés auront bien assez de leur fardeau sans en rajouter une couche que l'on peut éviter.


Nathalie, j'espère que tu apprécieras mon point de vue, comme j'ai apprécié tes paroles, portées par ton coeur et non une intime conviction d'être dans la vérité. Que je ne détiens pas non plus...

Eric

Eric a dit…

@Anonyme du 12 octobre 2012 01:37

Je pense qu'il est assez facile de comprendre pourquoi les enfants adoptés par des parents non hétérosexuels ne s'expriment pas.

Combien sont ils? Je ne sais pas, mais probablement moins nombreux que les enfants adoptés par des parents hétérosexuels. peut être beaucoup moins nombreux...

Ensuite, l'expression utilisée par les médias, les institutions... et le public, est enfant adopté.
Depuis quand l'enfant à le droit à la parole?
Depuis cet été, depuis qu'ils sont "devenus adultes, les adoptés prennent la parole" (CF le monde du 28 juin).

Je peux me tromper, mais je pense que l'adoption dans des familles dont les parents ne sont pas mariés et hétérosexuels a démarreé plus tardivement que dans les familles dont les parents, hétérosexuels, étaient mariés.
Ces adoptés sont donc globalement plus jeunes que ceux qui sont "devenus adultes".

Il est fort possible qu'il leur reste un long chemin à parcourir avant d'avoir l'opportunité de s'exprimer.
Il faudrait aussi qu'ils en éprouvent l'envie. Peut être ont ils envie de préserver leur intimité, en usant de leur droit au silence?


Avant d'être adopté par des célibataires ou des couples homosexuels, ils sont adopté. Ainsi, je présume qu'un certain nombre d'entre eux participent à des associations d'adoptés. Et sont donc représentés par ces associations comme la Voix des adoptés, Racines coréennes ou prochainement le Conseil National des Adoptés.


J'espère ne pas avoir trop usé de présomption. Si un adopté, adopté par un(e) célibataire ou un couple homosexuel voulait corriger ou compléter mes propos, ce serait bien évidemment, avec plaisir.


Eric

Mamaucy a dit…

J'ai commenté le post le plus récent mais le passage qui "m'interpelle" et sur lequel j'aimerais des précisions est le suivant :

"Nous savons déjà que les adoptions internationales réalisées par des célibataires, des couples âgés, des couples plus fragiles ou plus exaltés sont autant de facteurs de risque. ".

De quels risques s'agit il ?
Ces risques se manifestent ils ?
Comment sont-ils appréhendés aujourd'hui (par les professionnels de santé, les ASE etc), comment faudrait-il les appréhender ?
en élargissant comment appréhender ces risques pour les familles biologiques, d'ailleurs, avec des parents vieux ou exaltés (???)

S'agit-il d'une liste de risques théorique, d'une liste issue de votre pratique ou des constats de l'association la voix des adoptés, ou d'une liste étayée par des études "à plat", dont les biais ont été éliminés ?

Merci ! ça n'urge pas, je comprends bien que votre souci soit ce débat qui est effectivement "trop" entrainé par le droit à l'enfant et qui ne permettra pas de parler de ladoption et de mieux l'organiser pour autant alors que c'est là que figurerait la véritable nécessité.

Anonyme a dit…

@Eric
Votre message m'interpelle, même si je ne suis pas adoptée. Ma mère avait 43 ans lors de ma naissance, et je n'ai pas de frères ou soeur ainés... j'aurais tendance à dire : et alors ? Oui, elle n'était pas dans le coup, oui, j'avais tendance à ne pas dire son âge (c'est vrai qu'elle paraissait 10 ans de moins, donc facile). Mais non, je ne lui aurait jamais refusé le droit d'être mère parce que "trop vieille", je n'ai jamais ressenti son âge et son côté démodé comme "insupportable", c'est ma mère et je l'aime comme elle est. Pour être "à la mode", "dans le coup", j'avais mes copines, mon entourage, les jeunes de mon âge où ceux qui étaient juste un peu plus âgés. Comme beaucoup d'enfants, je n'ai jamais compté sur mes parents pour cela... ce qui n'a pas empêché quelques errances.
Le chemin et le ressenti des enfants de "vieux", dépend, comme vous le dites pour l'école et la couleur, des enfants et des parents et surtout de leur relation. Et devinez : ma mère est une grand-mère hors pair pour mes enfants... adoptés et colorés.
Chaque témoignage est unique et singulier, le votre comme le mien, ils sont relatifs à notre contexte de vie, à nos expériences. Je crois que l'âge de ma mère (et sa différence d'âge avec mon père qui était beaucoup plus jeune) constituaient à l'époque où ce n'était pas aussi courant qu'aujourd'hui, un facteur de risque. Mais la catastrophe n'est pas arrivée. Je sais aussi que j'ai tenté autant que possible de ne pas reproduire certains schémas parentaux avec mes enfants. Je suis consciente qu'ils me reprocheront sans doute autre chose (en espérant qu'ils retiendront aussi le meilleur ;-).
De même pour la différence de couleur de peau. D'abord, dans Marly-Gaumont, Kamini n'est pas adopté, son père est black, le problème est également que ce père ne voit pas ce que vit son enfant hors de la maison/ou ne veut pas le voir.
Pour l'adoption par un couple de même sexe :peu d'études ne permettent de dire si le risque est plus ou moins important que pour d'autres types de parents (dont les "vieux"). Mais finalement, on n'avait pas vraiment fait d'études sur les autres facteurs de risques... Alors d'accord avec le doc, le mieux est encore d'ouvrir le débat et de prendre acte de différents témoignages. Peut-être aussi qu'une préparation à l'adoption plus approfondie serait importante, quelque soit le "facteur" de risque (de toute façon, la mise au monde d'un enfant, bio ou adopté, est en soit un facteur de risque pour l'enfant et la famille, quelle qu'en soit le profil).
Signé : fille d'une maman que j'aime, et maman de deux enfants extraordinaires

Anonyme a dit…

Hum, hum... le terme "coloré" dans mon post précédent n'est bien-sûr pas à associer à une suspicion type : "expression d'extrême droite". Je pensais aux cours de récréation et à leurs stigmatisations enfantines (et douloureuses si l'on ne sais pas y répondre).
J'ai oublié d'ajouter qu'aucune étude ne prouve qu'il existe "un nombre non négligeable d'adoptés français issus de l'adoption internationale qui aurait préféré vivre misérablement dans leur pays, plutôt que dans leur famille d'adoption" , même si ces cas de figures existent évidemment... tout les types ressentis existent - y compris les adoptés qui vivent sereinement dans leur famille d'adoption, sans nostalgie de la "misère",adoptés qui ne sont pas négligeables non plus. Le plus compliqué est qu'une même personne peut avoir les différents ressentis au cours de sa vie, au grès des événements qui la jalonnent. Précisément, c'est pour cela qu'il convient de relativiser, et cela vaut également pour moi, bien sûr.