vendredi 14 janvier 2011

Gel

Entre 800 et 1000 enfants originaires de Haïti sont rentrés à la maison, j’ai été le premier à m’en réjouir, à me battre pour cela et à les accueillir, mais ce billet risque de ne pas me faire que des amis.

Encore quelques « cas particuliers « devraient arriver… et après… ???

Un « gel » a été décidé pour toute adoption en Haïti, et depuis la date du séisme, aucune nouvelle attribution n’est possible !

J’approuve cela, tout d’abord parce que c’est une règle de laisser du temps après une catastrophe pour ne pas adopter des enfants…. Avoir la pudeur « d’enterrer les morts », de faire les deuils, permettre aux familles dispersées de se retrouver. J’ai suffisamment attaqué ceux qui niaient à tort (et continuent de le faire) l’antériorité de l’attribution avant le séisme des enfants rapatriés en 2010, pour leur donner raison maintenant.

Est-ce qu’un an suffit comme temps, peut-être ?

Mais d’une part, la plupart des pays d’adoption a décidé d'envisager un moratoire commun, la France ne peut le briser unilatéralement sans concertations au risque de se déconsidérer sérieusement dans le monde de l’adoption…. Et puis, n’oublions pas que Haïti est à terre : sans président (quand aura lieu le deuxième tour ?), sans véritable aide, leur demander de s’occuper en premier lieu de fournir des enfants à adopter apparaitrai comme indélicat (je pèse mes mots !).

Et puis surtout, le séisme a révélé tout ce qui ne se passait pas bien dans ce pays. Et c’est peu de le dire, ceux qui ont si violemment critiqués les rapatriements jouent sur cela (des vérités) pour jeter le discrédit sur toutes les familles et toutes les crèches… Entendons-nous bien, toutes les adoptions en Haïti ne sont pas « limites », mais beaucoup des adoptions « limites » sont faites en Haïti.
Précisons encore… j’ai vu depuis que ma consultation existe près de 500 petits haïtiens et presque autant de familles qui les ont adoptées, et la plupart (une majorité écrasante) sont des familles formidables, de vraies familles, avec leurs défauts, leurs qualités, mais surtout le désir d’être de vraies familles, la plupart y arriveront avec succès, même s’il s’agit de mamans célibataires (contrairement à ce que pense d'autres), là aussi il y en a de formidables, même si les facteurs de risque sont plus importants.

Quant aux crèches, il y en a de très bonnes en Haïti, on sait aussi qu’il y a des catastrophes….

C’est aussi pour cela que je crois qu’il faut bien peser le pour et le contre avant d’autoriser à nouveau des adoptions en Haïti.

Cependant, j'ai une grosse inquiétude. Elle concerne les effets collatéraux du gel.
Des enfants sont encore dans des orphelinats en Haïti, sans les revenus des adoptions, ces lieux ne pourront pas subvenir au besoin de ces enfants…. Si quelques crèches à but très lucratif ferment, je ne vais pas les regretter, mais il y a aussi en Haïti, beaucoup d’endroit où le maximum est fait pour accueillir des enfants….. que deviendront-ils avec le choléra ? Des petits restavecs ?

7 commentaires:

z e n c h a dit…

Le nouveau rapport de "Save the Children" a été publié : "Misguided Kindness: Making the right decisions for children in emergencies"

Décembre 2010.

Brigitte a dit…

je me pose aussi la question des enfants... que vont-ils devenir ? surtout que la situation ne permet pas de développer l'adoption nationale... certaines crèches vont les garder jusqu'à ce que l'adoption reprenne..., enfin celles qui peuvent avoir d'autres revenus que l'adoption, mais les autres ? ceci-dit j'avais lu des chiffres sur le nombre d'enfants estimés abandonnés et le nombre des adoptions internationales.. et l'adoption internationale représentait un tout petit pourcentage des enfants abandonnés, la question se posait déjà avant la fermeture des adoptions pour le plus grand nombre des enfants abandonnés, livrés à eux-mêmes...
brrrrrr
Brigitte

Romi a dit…

Cela me semble évident que l'adoption en Haiti ne doit pas reprendre sans que les haïtiens aient réglé quelques gros problème !
Déjà faut il qu'ils puisse avoir un gouvernement qui tienne la route.

Ensuite, revoir la procédure qui est interminable.

Je ne suis pas une spécialiste de l'adoption, mais il me semble que plus un enfant reste en orphelinat, plus il a des risques d'avoir des problèmes de santé psychologique, d'attachement etc ...
certains sont restés jusqu'à
3 -4 ans je crois .. Ces gosses qu'ont ils fait pour avoir une aussi longue peine ?
Celui d'avoir été abandonné ou confié à l'adoption ? d'être né au mauvais moment, au mauvais endroit ?

@Zench, il n'y a pas une version en français ?

bonne soirée

Michèle

Malounette a dit…

Mais, et pour reprendre Michèle, les haïtiens sont ils capables de résoudre leurs problèmes ? Leur première préoccupation n'est-elle pas de survivre dans cet immense chaos qui dure depuis 1 an ? Tant qu'ils n'auront pas réglé cela, le reste ne suivra pas, même avec la meilleure volonté du monde... Mon coeur se serre à cette idée et encore plus à l'idée que les adoptions sont gelées (et peut être pour un très long moment). Les enfants ont avant tout des droits (ceux de l'enfant) et leur avenir en tant que "restavec" me fait froid dans le dos.
En résumé, comment dénouer cette situation inextricable ?

Claire

Stéphane a dit…

Que vont ils devenir ces enfants présent dans les crèches avant séisme ?

Ils vont y rester, car là ils sont à l'abris, ne deviendrons pas des "restavec".

Les restavecs est un problème essentiellement Haïtien, des familles très pauvres confient/vendent leur enfants à des familles moins pauvre pour servir de domestique, certains de ces enfants ont plus de chance que d'autres, mais ce n'est malheureusement pas la majorité.

Les crèches sont un palliatif, une façon de donner une chance aux enfants de vivre leur enfance loin des restavecs, certains sont adopté ou proposé à l'adoption, mais la majorité restent dans les crèches jusqu'à leurs 18 ans. Après, ils deviennent ce qu'ils peuvent car il n'y à plus "d'abris".

Pour la crèche dont je dépend, ce système est en place, peu d'enfants à l'adoption (une dizaine), le peu d'argent récolté sers à entretenir les autres (une cinquantaine), à financer l'école (400 élèves), et beaucoup de dons privé fait à la crèche, mais surtout une association hyper active, encore plus depuis le séisme car tout une régions à suivie cette association et à refuser de suivre une ONG par défiance.

Certains des professeurs de l'école sont issue de la crèche, ont fait leur vie, d'autres sont partit pour les cieux, d'autres encore vivent leur vie, mais tous se souviennent qu'un jour "la directrice" à été leur "mère" et qu'elle les à défendue de son mieux, qu'ils soient adopté ou non. Et toute l'histoire de la crèche tient dans les dossiers qu'elle à depuis 1973 sur TOUS les enfants (malgré une tentative de vol par une ONG).

Bien sur, il y à les inévitables "commerciaux" qui en profitent et ne vivent que de ça, mais même la plupart d'entre eux ne baissent pas les bras même si leurs intentions sont plus financier qu'autre chose.

Et il y à les inévitables charognard ... même pas la peine d'en parler ... ils sont juste très minoritaires et les adoptions via leurs services sont des escroqueries ou un pure fantasme dés qu'un papier officiel est demandé.

Quand à Zench, j'ai commencé à lire le rapport, et dés que j'ai vue le nom de l'ONG "terre des hommes", j'ai stoppé ma lecture.

"Terre des Hommes" est une ONG suisse, pays connue pour être un véritable paradis ... fiscal, et qui connait actuellement de très gros problème de racisme assé préoccupant selon les divers services de renseignements européen et outre-atlantique.

"Terre des Hommes" ... blond aux yeux bleus ... sans aucun doute possible.

C'est malheureux à dire, mais il est nécessaire de "geler" les adoptions pour un temps, le temps d'y voir plus claire au niveau du gouvernement Haïtien. Le mauvais candidat arrive au pouvoir, le peuple se révolte même si l'onu, surtout si l'onu s'en mêle. Ils sont déjà en passe de se faire foutre à la porte ainsi que toutes les ONG donneuse de leçon.

Ce dont je rêve, et que toutes ces ONG cessent leurs chasse au profits, boursicote, fassent de l'argent pour l'argent et fassent leur boulot, alors là oui, je vote pour, mais pour le moment ... je ne voie rien venir à part les mêmes erreurs, les mêmes profiteurs.

Et il y à toujours ce vieux relent d'anciens esclaves qui ont osé se révolter et devenir libre et continus à imposer leur volonté de ne pas se faire écraser même face à la misère et le choléra.

Les Haïtiens sont capable de résoudre leurs problèmes, à conditions que tout les acteurs sur place depuis le séisme les respectent et leur donne leur chance, ce qui n'est pas le cas.

L'ONU et toutes les ONG sont ressentie comme une force d'occupation de plus en plus hostile et ils commencent à en avoir marre d’être sans arrêt confondue avec les pays d’Afrique, n'est-ce pas Sophie MARINOPOULOS (représentante officiel de terre des hommes en France ???).

D'autre précisons ???

z e n c h a dit…

@Michèle

Je me renseigne pour l'éventuelle version française du rapport "Misguided Kindness: Making the right decisions for children in emergencies".

Anonyme a dit…

Ne vous inquiétez pas doc, nous serons toujours là pour les crèches qui se sont occupées de nos enfants ! même si on ne peut pas tout régler.
marie hélène