jeudi 1 avril 2010

... laisser partir....

Je viens d'entendre cette expression, par une grande dame, quelqu'un qui tout à la fois a de grandes connaissances sur l'adoption et de grandes valeurs humaines. Elle restera anonyme encore quelques mois pour des raisons de sécurité et de tranquillité d'esprit.

Mais elle aura droit un de ces jours à un billet rien que pour elle dans la rubrique des grands prénoms de l'adoption.

Ce qui me fait rire, car je ne pensais pas être autant redouté : c'est qu'elle m'a dit, il y a très peu de temps, j'espère ne jamais être dans ton blog, cela m'a fait rire, car c'est vrai que mon carafon chaud-bouillant me fait bien allumer sans prendre de pincettes, surtout en ce moment (cf le message précédent).
Et les deux raisons qui font que je ne suis pas ambassadeur, c'est ma grande diplomatie (et le langage qui va avec) et le fait que lorsque je reçois il n'y a pas de Ferrero Rocher !

Cette super grande dame a été la "chef" de la mission des experts en Haïti, mission dont j'ai failli être, et à qui je rends hommage pour le travail et les conclusions rapides qu'elle a rendue en faveur des enfants, après un boulot dans des conditions très difficiles. Et je dois vous dire que faire cette mission avec une telle chef, cela m'aurait bien plu.

Même, quand on a beaucoup d'expérience comme elle, on en apprend toujours, c'est une des choses passionnantes dans l'adoption.
Une des expériences qu'elle ramène de Haïti, c'est que l'adoption n'est pas forcément lié à l'abandon.

J'en suis ravi pour deux raisons :
1- je ne serai plus seul à refuser cet amalgame adoption abandon, et on se moquera moins de moi quand je remplace abandon par séparation.
2- le terme qu'elle emploie : les "laisser partir" est très beau et correspond à des réalités que j'appelle prosaïquemet dans mes "neuf causes de l'adoption" : les causes socio-familiales et éconiomiques. Je vais adopter ce terme plus poétique...

27 commentaires:

Romi a dit…

Bonsoir,

Dans le reportage sur France 2, samedi dernier, il y avait une psy à la fin, qui disait un truc semblable :
les parents confient leurs enfants, et non pas abandonnent !!
cette personne venait juste de s'en rendre compte, après des années d'expérience.

Je trouve que pour nos enfants c'est très important cette nuance.

les Alsaciens a dit…

Je cherche depuis longtemps un terme autre que "abandon", le "laisser partir" me plait beaucoup!!!
Je l'adopte si vous le permettez...;)
Odile

VIRGINIE a dit…

On a deviné hé Doc, c'est la dame de Versailles !
Très chouette à la télé samedi.
Virginie du 41
qui aurait mieux fait de monter à Versailles que d'aller à Clocheville !!!

Jean-Vital de Monléon a dit…

Virginie : perdu perdu perdu

c'est pas la dame de Versailles et alle est apssée où la dame de Versailles ?

VIRGINIE a dit…

Ha bah mince, heureusement qu'j'avais pas parié des sous !

M'avais l'air bien pourtant la dame de Versailles !

Virginie

VIRGINIE a dit…

je n'ai pas répondu à votre question, désolée.
Elle est passé à la fin du reportage d'Envoyé Spécial la suite ( les enfants du séisme, 2 mois après ), sur France 2 samedi dernier à 13h55. Emission que vous pouvez revoir sur internet. La dame de Versailles est intervenue tout à la fin, a dit 2/3 trucs crispants mais c'était toujours mieux que les blas-blas et autres mensonges qu'on entend en ce moment...

Voilààààààà !
Virginie

Stéphane a dit…

Très jolie cet expession, je l'adopte aussi (sans agrèment).

C'est aussi une réalité, pour mes amis adopté il y à 30 ans (La plus ancienne à 39 maintenant)et qui sont parti découvrir/redécouvrir leurs parents, grand parents, cousins, cousines avec mari et enfants dans les bagages.

Qui nous à bien fait rire avec ses histoires "d'avant", souvenirs d'enF(r)ance et D'Haïti, même aux heures sombres de Baby Doc.

Que d'émouvailles, et c'est autre chose que des photos ou des courriers.

J'espère qu'un jour nos enfants et nous vivrons les mêmes joies, les même peine et le lien qui m'unie à Haïti etait là bien avant l'adoption et aujourd'hui en est devenue plus fort.

Laisser partir, devenir, avenir, revenir ...

Anonyme a dit…

moi j'ai adopté le titre de ce très beau film : va, vis et deviens...
un tellement beau programme...

Anonyme a dit…

"les neufs causes de l'adoption" ou de l'abandon?

En tout ca, ca m'interesse, ou peut-on lire? On parle toujours de la cause economique, mais est-ce si simple?

Nenette

Anonyme a dit…

suite au va - vis et deviens que je viens de poster, un texte d'Amin Maalouf que j'aime bien.

"Les racines
"Je n'aime pas le mot « racines », et l'image encore moins. Les racines s'enfouissent dans le sol, se contorsionnent dans la boue, s'épanouissent dans les ténèbres ; elles retiennent l'arbre captif dès la naissance, et le nourrissent au prix d'un chantage : « tu te libères, tu meures ! »

Les arbres doivent se résigner, ils ont besoin de leurs racines ; les hommes pas. Nous respirons la lumière, nous convoitons le ciel, et quand nous nous enfonçons dans la terre, c'est pour pourrir. La sève du sol natal ne remonte pas par nos pieds vers la tête, nos pieds ne servent qu'à marcher. Pour nous, seules importent les routes. Ce sont elles qui nous convoient – de la pauvreté à la richesse ou à une autre pauvreté, de la servitude à la liberté ou à la mort violente. Elles nous promettent, elles nous portent, nous poussent, puis nous abandonnent. Alors nous crevons, comme nous étions nés, au bord d'une route que nous n'avions pas choisie.

A l'opposé des arbres, les routes n'émergent pas du sol au hasard des semences. Comme nous, elles ont une origine. Origine illusoire, puisqu'une route n'a jamais de véritable commencement ; avant le premier tournant, là derrière, il y avait déjà un tournant, et encore un autre. Origine insaisissable, puisqu'à chaque croisement se sont rejointes d'autres routes, qui venaient d'autres origines. S'il fallait prendre en compte tous ces confluents on embrasserait cent fois la Terre.

S'agissant des miens, il le faut ! Je suis d'une tribu qui nomadise depuis toujours dans un désert aux dimensions du monde. Nos pays sont des oasis que nous quittons quand la source s'assèche, nos maisons sont des tentes en costume de pierre, nos nationalités sont affaire de dates, ou de bateaux. Seul nous relie les uns aux autres, par-delà les générations, par-delà les mers, par-delà le Babel des langues, le bruissement d'un nom.

Amin Maalouf (écrivain libanais)

z e n c h a dit…

Forcément le terme "laisser partir ces enfants", ça fait plus joli et ça passe nettement mieux que "abandonner" ces enfants ...

Romi a dit…

Zench,
peut-être que les parents biologiques n'abandonnent pas TOUS leur enfant !!!
C'est dur pour vous de comprendre, mais c'est une réalité !!!
Certains parents confient leur enfant pour une vie meilleure, et d'autres parents les abandonnent dans une poubelle, ou au bord d'une route .. (il est probable que les mères ne le font pas tous de gaité de coeur, juste une obligation pour elles de survivre !)


Mais c’est comme ça, c'est la vie ....

ganesh46 a dit…

Zench, toujours aussi fin...
"laisser partir", "confier" correspond très bien dans notre cas par exemple, il y a eu passage de témoin entre la famille biologique et nous, notre fille n'a jamais été abandonnée.
je crois que notre cas n'est pas vraiment isolé (comme on le croyait)
Anne en Belgique

Moushette a dit…

Zench, un abandon reste un abandon on est bien d'accord, quelque soit la sauce ketchup qu'on met dessus. Mais dans l'oreille d'un enfant à qui on apprend à prendre confiance en soi, vaut mieux utiliser des mots plus valorisants que d'autres. Et en tant que parent adoptif, je choisis soigneusement mes mots lorsque je m'adresse à mes enfants pour les fondamentaux, et ils entendent rarement ce mot lorsque je parle de leur propre histoire...

Quant à l'expression "laisser-partir", moi bof j'adhère pas trop, car je la trouve trop "passive".

Un abandon (comme dit Zench !) est rarement un geste impulsif ou passif, il est issu d'une reflexion, d'une décision et d'une action souvent difficile. Aller à un orphelinat, déposer un enfant devant un hosto ou dans un lieu collectif où l'enfant sera vite confié à une admin, est une action loin de toute passivité.

Moi j'utilise essentiellement le mot "confier" (à l'orphelinat pour que...), ou carrément je décris ce qui s'est passé avec le pourquoi et le comment imaginé. J'aime aussi bcp l'expression anglo saxonne "given to adoption".

Menfin chacun son feeling pr en parler, c'est le plus important... Comme pour tout, il n'y a pas une règle.

z e n c h a dit…

Avant de "laisser partir" les enfants ...

La priorité est d'abord que les pays d'accueil (dits "riches") aident les pays d'origines (dits "pauvres") par des programmes visant à prévenir l'abandon en offrant une alternative à l'orphelinat et à l'institutionnalisation.

Par exemple, mettre en place un programme de formation destiné au personnel travaillant dans les centres maternels du pays ainsi que dans les différentes structures accueillant des mères en difficulté et donc avec un risque d'abandonner (ou de "laisser partir") leur enfant.

L'objectif prioritaire est de prévenir la première des violences faites aux enfants: l’abandon à la naissance.

Le Conseil de l'Europe a d'ailleurs montré la voie à suivre dans Doc. 10921 du 2 mai 2006 et
Doc. 11538 du 25 mars 2008

:-)

Anonyme a dit…

@Anonyme

Merci pour ce tres beau texte sur les racines.

Nenette

Pec et Caspale a dit…

Très beau texte sur les racines ! Merci.

ZENCH : beaucoup d'associations travaillent à la fois sur le sujet du maintien des enfants dans leur famille, quand c'est possible, et sur celui de l'adoption.
C'est le cas de notre OAA qui fait le maximum pour que les familles puissent assumer l'éducation de leurs enfants.
Pour les autres petits, elle leur trouve des parents, dans le pays ou à l'étranger.
Mais je suis d'accord avec vous, beaucoup reste à faire.

Stéphane a dit…

Pour zench :

Oui il est nécessaire que les pays "riches" aide les pays "pauvres", qu'ils puissent garder leurs enfants, les élever, les voir grandir.

Mais pour que ça se produisent maintenant, il faudrait éradiquer la pauvreté dans les jours à venir et dans le monde.

Ce n'est tout bonnement pas possible, alors l'adoption est une solution, le parrainage aussi par exemple.

J'ai eu la chance de rencontrer les parents biologique de mes enfants, de discuter avec eux et j'ai fait le serment de les élever, de les nourrir et de les instruire, mais surtout de leur donner régulièrement des nouvelles via la crèche.

D'un autre coté, ma fille à une soeur ainée que je parraine, la difficulté du moment et que les parents n'ont pas accès à la banque et qu'ils se sont régfugié à saint domingue ou la mère travail. Pour le moment et je ne peut qu'attendre que ça se débloque.

Je suis présent en Haïti depuis 8 ans via une association qui s'occupe de mettre en place des programmes sociaux, scolaire, qui beaucoup aidé à construire aussi, actuellement, une dizaine de maison sont en construction au village, financée par l'association (3000 € pour une maison de 26 m² environ), le tout avec les entreprises locale, et les habitants du village.

Mon engagement sur "l'autre île" est actif depuis 8 ans, et je me bouge encore plus pour le séisme, l'école/atelier de mécanique est détruit, mais nous avons réussi à sauver les machines, toutes les structures qui ont été construite et financé par l'association ont tenue le choc ce qui donne un bon plan d'action pour l'avenir et surtout un modèle pour les construction. Et je pourrai continué des heures comme ça ...la seul chose qui nous arrête, c'est le financement.

z e n c h a dit…

@ Stépane qui écrit :

"Oui il est nécessaire que les pays "riches" aide les pays "pauvres", qu'ils puissent garder leurs enfants, les élever, les voir grandir.

Mais pour que ça se produisent maintenant, il faudrait éradiquer la pauvreté dans les jours à venir et dans le monde.

Ce n'est tout bonnement pas possible, alors l'adoption est une solution, le parrainage aussi par exemple. "


--
Impossible n'est pas français!

:-)

Moushette a dit…

Zench, si la pauvreté n'était que la seule raison pour les abandons d'enfants, ça se saurait. Dans des pays tel que Haïti (ou peut être l'Ethipie ?), soit c'est la raison essentielle. Mais il y aussi souvent, et de plus en plus souvent des raisons socio culturelles qui amènenent les familles de naissances à abandonner leurs enfants : la fille enceinte non mariée, le sexe "faible" de l'enfant (les filles), le divorce (le nouveau beau père qui ne veut pas s'emmm.... avec les enfants de l'ex), un enfant turbulent, une santé imparfaite, un différence qu'on ne peut assumer... Et tristement, je ne sais pas quelle solution il y a pour éviter ces abandons qui deviennent de plus en plus fréquents, voire même majoritaires.

Si le fric était une solution pour éviter l'abandon, cela ferait longtemps que les activiste anti AI vendraient leurs cartes postales à la Unicef !!!

Misou a dit…

D'accord avec Moushette, certes ce sont dans les pays pauvres qu'il y a le plus d'enfants à adopter mais les raisons pour lesquelles ils sont abandonnés ne sont pas forcément liées directement à la pauvreté de leur famille biologique. Dans certains pays il y a peu de contrôle des naissances donc il y a des grossesses non souhaitées. Il y a aussi des raisons liées à la violence, l'alcool, les traditions qui font qu'une femme seule avec un enfant sera rejetée par sa communauté et des parents déchus de leur autorité parentale.
Bien sûr qu'il faut des programmes pour aider les pays d'origine et éviter les abandons. Mais ça ne résoudra pas tout, même dans les pays dits riches il y a des enfants que leurs parents biologiques ne souhaitent pas ou ne peuvent pas élever.

NathZorro a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Stéphane a dit…

Zench, je dis que ce n'est tout bonnement pas possible en quelques jours.

Il n'y a pas que la France dans le monde, et les décisions ne peuvent se prendre que par l'ensemble des pays sur la planète.

Tout bonnement pas possible en quelques jours, mais peut être un jour, ça sera possible même si c'est un rêve utopique en ce moment, une utopie peut devenir une réalité, c'est à peu prés le cas pour tout ce qui nous entoure, car un homme un jour à dit "j'ai fait un rève ..."

z e n c h a dit…

@ Stéphane qui à écrit :

Tout bonnement pas possible en quelques jours, mais peut être un jour, ça sera possible même si c'est un rêve utopique en ce moment, une utopie peut devenir une réalité, c'est à peu prés le cas pour tout ce qui nous entoure, car un homme un jour à dit "j'ai fait un rève ..."

Vous précisez encore mieux que moi ma pensée.

Et merci encore d'avoir rappelé le célèbre discours de Martin Luther King !

Brigitte a dit…

Je pense surtout comme Moushette à trouver de "bons mots" pour parler à ma fille de son histoire : son père l'a confié à un orphelinat pour qu'elle soit adoptée et de fait il l'a abandonnée mais en choisissant dans la mesure de ses possibilités son "futur".
Abandonner, même si cela signifie comme le rappelle Nath "Remettre à la discrétion de... au soin de...", peut être perçu négativement par un enfant qui se construit et peut être réducteur. Je ne cherche pas à faire joli genre 'technicien de surface pour balayeur", mais je cherche à être le plus juste... pour ma fille et pour son père qui s'est débattu plusieurs mois avec un nourrisson à la suite du décès de sa femme...
Moi aussi je rêve... mais il y a le futur où nous oeuvrons tous pour que pauvreté ou raisons culturelles ou sociales ne causent plus d'abandons... et il y a le présent et sa réalité où l'adoption est une des solutions...
Ma fille ne serait pas en vie aujourd'hui si un orphelinat médicalisé ne l'avait pas prise en charge à 9 mois (4 kg 89). Et en Haïti il n'y a pas de lieux pour soigner les enfants dans son cas qui ne soit pas dédié à l'adoption (ces beaux parleurs de l'Unicef feraient bien d'en créer plutôt que de blablater).
Et Zench pourquoi lorsque l'on parle d'un sujet qui fait parti de notre quotidien avec nos enfants ici et qui mérite réflexion, vous nous renvoyez toujours à ce débat sur l'adoption internationale ? Je suis d'accord avec vous sur le fond, mais je veux aussi vivre avec ma fille et échanger sur l'adoption sans toujours être ramené à ce débat.
Brigitte

Jean-Vital de Monléon a dit…

Retour de vacances

Pour Nénette, je fais ma coquette... je prépare un article pour une revue scientifique sur ce sujet et les neufs causes de l'adoption, de la séparation plutôt.
Dés qu'iol sera publié, il sera sur le blog.

Jean-Vital de Monléon a dit…

Zench, j'aime votre vigilance, votre documentation sur l'adoption impressionnante, mais ne soyez pas trop restrictif, vous m'obligez à écrire un nouveau billet sur ce sujet ;-)