Ce billet est un peu la suite du billet ...laisser partir... et vous expliquera mieux pourquoi j'utilise avec précaution le mot abandon.
Je ne vais pas encore dévoiler les neuf causes de l'adoption (de la séparation) car c'est le fruit d'une lourde étude, que je vais bientôt publier dans une revue scientifique, promis-juré dès que c'est publié vous l'aurez sur le blog.
Pour la dix-millième fois, je répète que le grand ennemi de l'adoption est la généralisation, le spécialiste qui a vu 10 enfants adoptés, dont 5 ont le même problème, va proclamer que le cas de 5 enfants touchent au moins la moitié de TOUS les enfants adoptés.
Certains parents (quand ce ne sont pas la belle-mère de la concierge de la cousine du voisin de palier de la nourrice par alliance d'un enfant adopté) ont une grande tendance à généraliser le cas de leur petit. C'est compréhensible, quand c'est son petit, surtout si on est dans l'inquiètude, le désarroi, en généralisant, on se sent moins seul... c'est un peu moins compréhensible quand cela vient d'une belle-mère de..., et encore pire de la part d'un journaliste ou d'un spécialiste auto proclamé qui passe à la TV, ou dans France Soir !
Depuis longtemps, j'ai refusé ce terme abandon, trop restrictif et surtout trop nocif. Je me suis fait pas mal d'ennemis à cause de celà, dans des associations de parents par exemple. Les accusations étaient un peu simplistes, du style qu'en niant ce terme, je refusai la souffrance de l'enfant d'être abandonné(ben voyons !).
La cause initiale de mon refus d'utiliser le mot abandon, était mon expérience polynésienne (comme papa et comme anthropologue) : dire à une mère polynésienne qu'elle abandonne son enfant, c'est faux et c'est l'injurier de la plus grave des façons. Le terme utilisé là-bas est celui de don, je l'ai un peu utilisé, mais il est trop ambigu : car on pense don de l'enfant alors que c'est don fait à l'enfant qui serait le plus proche de la réalité.
Depuis j'utilise surtout le terme séparation, et il correspond à toutes les causes, un enfant orphelin, un enfant abandonné (car certains le sont véritablement), un enfant "laissé partir" sont des enfants séparés (de leurs parents bio). Je ne nie absolument pas la souffrance de cette séparation, mais j'appelle un chat un chat.
Dire que tous les enfants adoptés ont été abandonnés est simpliste, le plus souvent un abus de langage, parfois aussi, une manipulation : bien pratique pour justifier certaines de ses carences ou pour vendre ses livres de dire que tout est à mettre sur le dos de l'abandon.
Mais au fait qu'elle est la définition d'abandon ?
Ouvrez les petits Larousse, Robert, Littré de votre choix, et vous trouverez presque toujours la même chose : laisser quelque chose ou quelqu'un derrière soi, sans ne plus s'en préoccuper !
Est-ce le cas des mamans haïtiennes qui "laissent partir" leurs enfants et qui en demandent des nouvelles, est-ce le cas de tous les accouchements sous le secret, de tous les parents qui demandent l'adoption de leurs enfants pour le mettre à l'abri ou lui permettent des soins qu'il ne pourra avoir dans sa famille bio, dans son pays de naissance ?
Il y a un autre terme que j'aime bien, c'est l'expression médiévale : "à bandons".
Donner quelque chose (et non quelqu'un, ce terme était pour les objets) à bandons cela voulait dire : confier quelque chose à quelqu'un afin qu'il s'en occupe. Cela correspond mieux à pas mal de réalités de l'adoption.
Mais le terme séparation reste celui qui correspond le mieux pour moi à un maximum de causes de l'adoption. Si j'utilise pour donner un terme moins nocif qu'abandon, et ne pas dévaloriser les enfants adoptés (et leurs mères biologiques), ce n'est pas seulement pour faire joli, c'est aussi pour mieux coller à la réalité.
5 commentaires:
Nous ne remercierons jamais assez ces parents, qui, par la générosité de leur geste, nous ont donné l'immense joie de devenir à notre tour des parents.
Armelle
merci doc... c'est ce que je ressens dans le geste du père de Lilou... mais je suis consciente de faire d'un cas particulier une généralité... en tout cas à la lecture de votre blog j'ai bien compris que généraliser à partir de son expérience est faux ! merci pour cette prise de conscience..
En ce qui nous concerne le père de ma fille a choisi à sa façon et selon ses possibilités son destin...
il aurait pu la laisser mourir
Elle aurait pu devenir une restavec
Il a choisi de la confier à un orphelinat américain médicalisé pour qu'elle soit adoptée
brigitte
Bonjour,
Autant j'utilise aisément le mot "abandon" quand il s'agit d'un animal, autant je n'aime pas l'utiliser quand il s'agit d'un enfant.
On abandonne un chien, on confie un enfant ..
Pour avoir vu plusieurs parents bio se déplaçaient pour voir leur enfant une dernière fois .. Je ne pense pas que tous ces parents abandonnaient leur enfant ... ils ont voulu offrir une vie meilleure à leur môme.
Avec ma fille, nous adoptons le mot "confier" qui a une note positive alors que "abandon" a une note négative ...
Mais il est vrai aussi que certaine mères abandonnent leur enfant ...
Michèle
Oui, le mot séparation me semble assez adapté car il englobe en effet les différentes causes possibles. J'aurai beaucoup de mal à employer le mot abandon avec mon fils, mais je me doute aussi que même si nous ne l'employons pas il l'entendra certainement un jour. Sur un forum une maman expliquait qu'elle n'avait pas utilisé ce mot avec ses enfants, mais un jour une de ses filles est revenue de l'école en lui disant qu'elle avait été abandonnée.
Ce mot abandon est malheureusement péjoratif et il dévalue les parents de naissance. Quelles que soient les raisons de leur geste il faut beaucoup de courage pour accepter que l'enfant qu'on a conçu existe sans vous, alors que l'être humain a tellement tendance à vouloir posséder l'autre.
Quel que chose qui me motive et est encourageant pour l'avenir.
http://info.francetelevisions.fr/video-info/player_html/index-fr.php?id-video=mars_1189913_130420101154_F3&chaine=&id-categorie=REGION_MDT_MARSEILLE&ids=&timecode=false&sequence=false
Mais que va dire Pierre à l'age de Pierre, va t'il user de son pouvoir à distance pour persuader cette famille qu'elle est malheureuse (bon sens ne saurais mentir).
Ont'il seulement une carte bleu ??? Accepte t'il les visa gold ???
Va t'il nous faire une conférence autoproclamée sur la vanité de taper sur un mur pour obtenir de l'argent (d'ou l'expression toucher une brique).
Vraiment, que je suis médisant parfois.
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