Encore une fois la session de "mon p'tit diplôme", l'attestation universitaire Accueil et Santé de l'Enfant Adopté a été épuisante, il me faut bien un week-end pour m'en remettre !
Epuisante, mais plus encore passionnante, les étudiants de cette année, sont particulièrement divers, très professionnels, et aussi très sympathiques. J'attends avec impatience la session de mars.
Un moment fort.... quand les trois adoptés... de la session (un enseignant dont je parle souvent et deux étudiantes) ont fait un petit débat sur leur histoire, leurs questionnements sur leurs origines et autres.
Une chose m'a stupéfié..... trois histoires, trois origines bien différentes (France, Amérique latine et Extrême Orient), et quasiment du copié-collé, dans la recherche des origines : pas trop vite, de manière revendiquée-exigée-vitale indépendante, pas trop tôt et avec une grande pudeur.
Et une petite phrase très forte, à ma question, "quelle est la petite phrase qui tue ?", la réponse a fusée : "T'as d'la chance !" et le commentaire : "c'est à vomir !"....
Et oui l'adoption reste trop trop trop souvent un geste humanitaire dans l'esprit du français moyen.....
Merci à tous les participants de cette AU, et plus encore à ces trois-là.
10 commentaires:
Et là je prends une claque car je dis souvent à notre loulou "tu as de la chance" pour lui faire prendre conscience de fait qu'autour il y a des gens nettement moins chanceux, par crainte qu'il ne devienne aussi comme un cousin (adopté lui aussi) qui "flambe" l'argent sans travailler, jeune pas du tout ancré dans la réalité... Mais je dirai la même phrase à un enfant bio, je la dis souvent à mes nièces et quand je voyage j'ai toujours à coeur de prendre des photos pour leur montrer comment vivent des enfants ailleurs, parfois tout aussi heureux avec moins...
Karine (maman d'un petit graçon arrivé il y a quelques mois)
Perso, je dis toujours"NOUS avons de la chance" quand je tente de faire comprendre à mes filles que même sans avoir la wii et seulement une DS même pas en 3D, nous sommes des privilégiées, avec un toit sur la tête, des vêtements (bon, pas de marque, c'est vrai...) sur les fesses, de quoi manger dans nos assiettes, de quoi se soigner, une école et un collège gratuits, laïcs et obligatoires (là, elles n'ont pas l'air d'accord, allez comprendre pourquoi!!!)...
Lolotte, maman de Nina-Rose, 10 ans1/2, et Nathalie 12 ans, nées en Haïti
Un grand classique des listes de discussion sur l'adoption, rabâché mais à rappeler régulièrement, bien connu depuis le livre de Barbara Monestier... L'emploi du "nous", qui permet de reprendre le commentaire pas forcément méchant mais toujours mal vécu du voisin intrusif est toujours efficace, au même titre que l'air étonné et le "de la région parisienne" (ou équivalent) à la question "d'où vient-il cet enfant?"... Il y a quelques sketches, comme ça, à avoir en réserve... Le seul souci est qu'on n'est pas toujours à côté de nos enfants, d'où la nécessité de leur faire passer la conviction de cette chance que nous avons, nous, à être leur parent...
Une maman dont la fille n'hésite plus, à présent, à répondre que sa mère aussi a bien de la chance...
En tout cas, cher Jean, j'en ai de la chance de te connaitre et de participer à ce super diplôme... ;-))
Les parents adoptifs ont beaucoup de chance, beaucoup beaucoup.
Je voudrais comprendre ce qui fait aussi mal aux adoptés dans cette phrase "tu en as de la chance". Est-ce le "tu dois beaucoup à tes parents adoptifs, dis merci, montre-leur de la gratitude, rends-leur bien" sous-jacent, est-ce que que derrière tu en as de la chance d'être adopté on oublie qu'il y a surtout eu la malchance d'être abandonné? L'adoption est une chance de grandir dans une famille aimante par opposition à une vie en institution. Il faudrait aussi demander aux personnes qui disent aux adoptés "tu en as de la chance" ce qu'ils entendent exactement pas là.
On dit aussi aux enfants non adoptés quand ils sont gâtés qu'ils ont bien de la chance, de la chance d'être nés dans un pays qui n'est pas en guerre, d'avoir à manger tous les jours etc. Petite cela m'agaçait un peu, j'aurais du mal à expliquer exactement pourquoi : peut-être parce que je n'y étais pour rien, peut-être parce que cela ne changeait de toutes façons rien pour ceux qui n'avaient pas ma chance, peut-être que ces mots sont comme une obligation d'être heureux malgré les blessures autres qu'on peut avoir petit, peut-être que c'est culpabilisant, -pourquoi moi j'ai de la chance et pas eux-...
Tout d'abord le "t'as de la chance" n'est que le début de la phrase. En effet dans la suite vient "t'as de la chance d'avoir été adoptée".
Lorsque l'on dit qu'on est adopté, c'est en général ce qui suit. Et comme Jean Vital l'a aussi dit durant la formation, on peut aussi entendre"oh ma pauvre". L'indifférence par rapport à cette particularité de notre histoire est plus rare...j'entends pas indifférence quelqu’un qui ne trouverait rien à redire par rapport à ce constat.
Pour faire suite aux commentaires, je dirais que ce "t'as de la chance" est lourd. Pourquoi? parce que depuis l'enfance nous l'entendons de partout! car chaque personne nouvelle que j'ai pu rencontré à ce jour a toujours son petit mot à dire sur ce statut d'adopté.
Nous nous sentons en tant qu'enfants de nos parents parfois, plus ou moins redevables de nos parents pour ce qu'ils nous ont apportés. Mais rajoutez le fait d'être adopté, signifierait qu'en plus nous devons être remerciant vis à vis d'eux.Pourquoi?
Moi je dis plutôt Merci à la vie! de m'avoir permis de nous rencontrer mes parents, mon papa et ma maman.
Car il ne faut pas oublier que cette rencontre est dû du fait qu'à un moment donné une femme, ma mère biologique, ait dû me confier car elle ne pouvait pas exercer son rôle de mère. Donc parler de chance est pour moi inapproprié.
Comme tout individu pouvant satisfaire la plupart de mes besoins par rapport à ceux qui ne le peuvent pas, oui je peux dire que j'en ai de la chance, mais rapporté à mon statut d'adopté c'est juste pas possible.
Et comme le dit Jean Vital l'adoption reste trop souvent un geste humanitaire sinon je n'aurai pas encore à faire à ce genre de réflexion. Merci à toi Jean Vital de le souligner.
Dorothée l'une des étudiantes qui à hâte de retourner à Dijon au mois de Mars!
Impossible de dire mieux que Julien et de déporter sur la chance que nous avons eu de participer à cette première période.
Je garde moi aussi un souvenir tant ému que prenant de ces trois témoignages auxquels je ne m'attendais absolument pas.
Je pense qu'il y a eu dans ces instants un lien, une communion,une matérialisation qui ne peuvent être que bénéfiques à tous pour la suite.
L'exercice ne devait pas être très facile pourtant...?
Il est des instants ou Mars arrive trop lentement ;-)
Stéphane
Ici on dit comme Lolotte, "nous avons de la chance" ... d'être une famille, d'emmener fiston à l'école, d'avoir les toubibs et les parcs à proximité, bref de vivre bien...
Je pense que je le dirais aussi à un enfant bio, afin qu'il comprenne la chance de vivre en famille dans un pays riche (quoiqu'on en dise) et que l'argent ne fait pas tout (dur dur en période de Noël) et que les amis et la famille comptent aussi!
En fait là où ça fait mal c'est quand un lambda (genre la mamie au marché) vous envoie à la figure, comme si l'enfant était sourd "il en a de la chance ce petit"... Après avoir fuit la mamie envahissante, il faut en effet réparer les effets de sa phrase!
Amitiés
Corinne qui a de la chance d'être devenue la pingoofamily
http://pingoofamily.blog.lemonde.fr/
Je peux comprendre les uns et les autres mais j'aimerai juste ajouter que cette phrase est aussi "difficile à supporter" pour moi Maman adoptive d'une petite fille d'Haïti.....car elle me "renvoie" une image de "charité" alors que pour moi c'était simplement la possibilité d'être maman et j'ai un peu de culpabilité de faire "mon bonheur" sur la "misère" d'une famille ne pouvant prendre en charge leur enfant. Je vais simplement par respect à ces parents essayer d'être une "maman" pour ma fille.....Alors oui, nous avons tous les 2 la chance de nous aimer ...kty
De mon point de vue, c est assez complexe. En tant qu'adoptée, il est vrai que l on me l'a souvent répétée, mes parents y compris. Alors oui, je n'ai jamais aimé ce commentaire et il est lourd a porter, car il renvoie a ce concept d acte humanitaire.
Mais au fond, j ai toujours du mal, en particulier en revenant de plusieurs mois sur place dans ma région d origine a travailler pour une ONG, de ne pas me considérer comme chanceuse d avoir eue l opportunité d avoir une famille et de faire des études.
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