lundi 3 janvier 2011

AFP

Bon, je n'ai pas été tendre avec la journaliste car son parisianisme m'avait un "peu" enervé, et j'étais inquiet sur la retranscription de mes propos..... sur ce point j'ai eu tort, et je m'en excuse platement.

Grace à une gentille maman lectrice, je viens d'avoir la dépêche AFP et je vous la fais partager :


PARIS, 22 déc 2010 (AFP) - "La maladie de l'adoption, c'est la maladie du chamboulement", prévient le pédiatre Jean-Vital de Monléon, conseillant aux parents qui viennent d'accueillir un petit Haïtien de "faire l'escargot" pendant quelques temps au sein de la coquille familiale.

Le Dr de Monléon a fondé en 1999 au CHU de Dijon la Consultation d'Adoption Outremer qui a déjà reçu une centaine de petits Haïtiens arrivés en France depuis le séisme du 12 janvier.



Q : Les circonstances de ces adoptions sont-elles un problème ?

R : "La maladie de l'adoption c'est la maladie du chamboulement. Et là le chamboulement est encore plus fort avec le séisme et toutes ses conséquences.

Pour beaucoup de familles, l'arrivée des enfants est un soulagement. Il faut voir clairement que ces enfants étaient en danger en Haïti. C'est sûr que tout le monde aurait préféré qu'ils puissent être préparés à l'adoption dans de bonnes conditions, ce qui n'était pas le cas avant le séisme et l'est encore moins maintenant. Entre deux maux, il faut choisir le moindre.

Avant ou après le séisme, il y a des adoptions qui se passent mal, soit parce que l'enfant n'est pas prêt pour être adopté parce qu'il a vécu des choses trop difficiles, soit parce que des parents, même s'ils ont obtenu un agrément, ne sont pas faits pour adopter. Il y a enfin les erreurs de cigogne, l'amalgame qui n'arrive pas à se faire entre tels parents et tel enfant".



Q : A quelles difficultés doivent s'attendre les parents ?

R : "Les enfants dits du séisme que j'ai déjà vus étaient un peu plus sidérés les premiers jours que les enfants que je vois d'habitude. Ils étaient un peu sidérés par ces chamboulements, toute cette accélération. Mais j'ai pu constaté que très vite ça se passait bien dans leur famille adoptive.

Globalement, sur le plan psychologique, je n'ai pas vu beaucoup de différences entre les enfants du séisme et les autres.

Où cela se passe plus mal, c'est au niveau sanitaire proprement dit. Le taux de gale, de teigne, de tuberculose a explosé. Et ce sont des maladies dont les médecins français n'ont plus du tout l'habitude. Tous les enfants qui arrivent après le séisme ont plein de parasites intestinaux. Certains souffrent de dénutrition".



Q : Quels conseils donnez-vous aux parents ?

R : "Chaque cas est particulier, mais on peut conseiller beaucoup de patience avec les enfants.

Ce sont des parents qui depuis un an se battent, sont dans le militantisme, il faut maintenant qu'ils oublient tout ça et profitent à fond de leur enfant. Ils doivent cocooner, passer beaucoup de temps en famille. Ce premier Noël doit être passé tranquillement, dans la petite cellule familiale, sans être envahi par les amis, les connaissances.

L'idée, c'est de faire l'escargot, rentrer dans sa coquille pendant quelques semaines, mais ne pas hésiter à se faire aider par des gens qui ont de l'expérience, associations et consultations spécialisées.



(propos recueillis par Véronique Martinache)

5 commentaires:

Mamaucy a dit…

Ah ben voilà ! Il n'y a ps que des tetes de chien parmi les parisiens !!! Heureusement que la Bourgogne sait le reconnaitre :=)

Maya, de Paris forever mais qui adore la Bourgogne (et encore, je ne connais pas Dijon)

Brigitte a dit…

ben oui il est bien cet article... contrairement à celui du Monde de PLS SM.... décidément les attachées de presse de Fayard doivent être ravies...
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/01/04/318-enfants-d-haiti-pour-noel_145\
9455_3232.html
Brigitte

Brigitte a dit…

d'ailleurs je vais mener ma petite enquête sur les ventes de ce livre... je ne suis par certaine que cette superbe promo booste les ventes au final... l'adoption est un petit marché dans l'édition, même si les bons livres sont des livres de fond qui se vendent régulièrement mais en petite quantité ... les parents adoptant achètent beaucoup de livres sur le sujet, mais ils sont un peu le seul public (quand on n'adopte pas on n'achète pas sur le sujet).. alors quel parent adoptant informé aura envie d'acheter ce livre ?????? je me le demande ?
brigitte

Anonyme a dit…

Merci pour cet article qui fait beaucoup de bien après avoir lu celui "honteux" de PLS et SM dans le Monde : Parler d'urgence (etc) quand les enfants attendent depuis au moins 11 mois et demi c'est se fou.. restons polie, c'est vraiment se moquer des gens!! Allez le lire, cela nous ferait le plus grand bien si vous obteniez un droit de réponse !
Ariane, heureuse maman solo (et oui, c'est possible)d'Enéa arrivée d'Haïti il y a plus de 2 ans.. qui n'a pas de pb mais va voir chaque année le Docteur Choulot, pour le suivi..

bounty a dit…

a propos de PLS un article du monde qui fait du bien:

"Le docteur Levy-Soussan, qui est sans doute un éminent psychiatre et
psychanalyste, martèle depuis douze mois, à la suite du séisme en Haiti, son
opposition farouche à toute mesure dérogatoire à la procédure classique
d'adoption, quelles que soient les circonstances, et depuis quelques jours son
indignation devant le récent accord franco-haïtien intervenu en ce sens. Cette
thèse est très certainement respectable, mais suscite quelques remarques ou
questions.

On s'étonne que depuis un an, alors qu'un certain nombre de non moins éminents
psychiatres défendent les thèses inverses, seule celle préconisée par le docteur
Levy-Soussan trouve un tel écho médiatique. On félicite son attaché de presse.

On est surpris que le fait que les enfants haïtiens récemment arrivés à Roissy
aient eu l'air un peu perdus et hagards au milieu des nuées de caméras (ce qui
semble assez logique) conduise le docteur à penser que ces enfants vont mal et
seront nécessairement malheureux. On est très étonnés d'apprendre que le docteur
Levy-Soussan voit en consultation beaucoup d'enfants haïtiens récemment arrivés
et qu'ils vont tous mal. Ce médecin n'ayant pas suscité une affection démesurée
chez les parents adoptants en Haïti, il est très surprenant de penser que bon
nombre de ces parents sont allés le consulter avec leur enfant sitôt celui-ci
arrivé en France.

On est extrêmement étonnés d'apprendre qu'en France, on peut adopter un enfant
jusqu'à 70 ans, et on serait très heureux d'avoir un nombre significatif
d'exemples étayant cette affirmation alléguée à plusieurs reprises par le
docteur pour demander une réforme (sans doute nécessaire) de l'agrément.

On lit avec attention les propos du docteur sur le risque entraîné, pour ces
enfants haïtiens vivant en orphelinat depuis des mois ou des années, par un
déracinement trop brutal, et on serait heureux de connaître le temps minimum
devant être passé en orphelinat sous les tentes et la menace du choléra pour
limiter ce risque de déracinement : un an ? deux ? trois ? plus ?

On espère enfin et surtout, mais on n'ose en douter, que pour parler aussi
abondamment et fermement d'un tel sujet, à savoir l'adoption post-séisme en
Haïti, le docteur Levy-Soussan parle en pleine connaissance de cause, et s'est
donc rendu à plusieurs reprises en Haïti depuis le 12 janvier 2009. Le contraire
serait invraisemblable.

Enfin, on ne nie aucunement les difficultés liées à l'adoption en général, les
problèmes posés en particulier par ces procédures d'adoption en Haïti, et la
nécessité de mener des réflexions approfondies sur toutes ces questions, mais on
est tout de même surpris par cette volonté acharnée et obsédante de présenter
systématiquement sous un jour aussi sombre les parents adoptants et l'avenir des
enfants adoptés."

Jean-Pierre Brouillaud, maître de conférences en droit privé