Vous devez vous demander ce que j'oppose à travers ces deux nombres. 132 entre 265 000 cela fait environ du un contre 2000.
Non il ne s'agit pas d'une nouvelle bataille, telle Camerone ou les Thermopyles, où les vaincus en ressortent comme de grands vainqueurs pour avoir su résister le plus longtemps possible contre une armée bien supérieure en nombre. Il ne s'agit pas non plus du score, dont je rêve donnant la victoire aux Irlandais du Connacht contre les Londoniens des Wasps. Il ne s'agit pas non plus de différence de revenus mensuels entre le Père Pedro (qui doit gagner beaucoup moins) et Mme Bettencourt (qui doit gagner beaucoup plus). Il ne s'agit pas non plus de la côte chez les bookmakers, pour que large aurait obtient le prix Nobel de la paix… voir même celui de chimie.
Il s'agit de deux nombres bien réels et bien mis en avant par le récent rapport de l'Académie de médecine sur l'enfance délaissée et maltraitée.
265 000, c'est le nombre d'enfants français bénéficiant d'une mesure judiciaire : placement ou aide éducative.
132, c'est parmi ces enfants, ceux qui ont été adoptés.
La différence est de taille, non ?
J'ai pu bénéficier d'une présentation plus détaillée de ce rapport. Je conviens de sa maladresse, à commencer par son titre : « Faciliter l'adoption ». Mais ce rapport a le mérite d'exister, tout comme d'autres auparavant comme le rapport de l'IGAS, datant de quelques années.
C'est pourquoi, je suis loin d'être complètement d'accord avec l'appréciation de mon ancien padawan et néanmoins grand ami sur son blog, quand il approuve entièrement l'avis du juge Rosenczveig sur ce sujet. Je vous avoue, que même si ce juge spécialisé dans l'enfance maltraitée a une grande expérience, une grande intelligence et qu'il dit souvent des vérités pas faciles à dire, sa position continuellement opposée à l'adoption en général me rend plus méfiant. C'est, si je ne me trompe, un grand opposant à l'adoption plénière.
Je suis bien d'accord avec lui que les enfants de l'aide sociale à l'enfance ne sont pas un réservoir pour les familles adoptives, que pour l'immense majorité des enfants bénéficiant d'une mesure de justice, l'adoption ne sera pas la solution. Mais pour certains d'entre eux, 1 % (petit pourcentage mais qui correspondrait à 20 fois plus que le chiffre actuel), 2 %… l'adoption serait peut-être la meilleure solution pour leur avenir, ne serait-ce qu'en leur donnant un..... d'avenir.
Aussi, je suis assez énervé, quand des rapports qui doivent nous mettre en alerte, sont vite enterrés, par le discours bien-pensant (du droit du sang avant tout), par la pensée unique et par un petit article de loi…… qui dit que tout doit être mis en oeuvre pour que l'enfant en carence soit maintenu dans son milieu naturel. Je connais un autre article de loi, qui devrait être (surtout pour les enfants) un des tous premiers à régir notre société : celui de punir la non-assistance à personne en danger.
Rappelons-nous que la Colombie à « copié » notre modèle de protection de l'enfance mais à la différence de la France, ce pays (plus courageux que nous, Bernardo vous le confirmera) n'hésite à appliquer cette loi, à s'en donner les moyens, à s'ouvrir les yeux, et à voir que, pour une petite partie de sa population infantile, l'adoption est la meilleure solution, la garantie d'un meilleur avenir. Les surcharges de travail des différents spécialistes de l'enfance (médecins, éducateurs, juges, enseignants, etc.…) ne doit pas être une excuse quand il y a des enfants qui attendent de l'autre côté.
Dernière petite remarque, très politiquement incorrecte : je me demande si certains magistrats ne sont pas tous bonnement vexés que des médecins dans un rapport mettent en cause l'inertie et un petit peu le manque d'efficacité de leur administration. Les juges, ne manquent pas (c'est leur métier et le plus souvent, ils le font avec justice) de punir, de critiquer des médecins, coupables de toutes sortes de fautes, une petite réciproque est-elle si douloureuse ?
15 commentaires:
Merci de me citer dans ton blog. Mais, cher Jean, à aucun moment je ne dis dans mon billet que je suis d'accord avec l'avis de JP Rozenczveig : je dis que j'ai bien aimé son billet et son ton sans langue de bois, pas que je suis d'accord avec ce billet sur tous les points, nuance.
C'est le sens même de la toute dernière phrase de mon billet où j'ajoute une précision en ajoutant le mot uniquement à la phrase d'origine de JP Rosenczveig : "Tout simplement, il doit être affirmé que l’adoption n’est pas là UNIQUEMENT pour satisfaire le désir d’enfant de quiconque, jeune ou vieux, célèbre ou pas, hétéro ou homosexuel." qui tend à montrer mon désaccord sur son parti pris... Mais on peut être en désaccord et apprécier un avis opposé...
Par contre, merci pour ton billet. Et pour changer, je suis d'accord avec toi... Ouf...
Merci beaucoup de ce billet et de ce que vous dites sur ce juge très respecté, certainement très respectable sur bien des points, mais dont la vision de l'adoption me déplait totalement et, surtout, me semble caricaturale et fausse. Je lui en ai déjà fait part. Ces chiffres que vous donnez sont fort révélateurs, hélas. Et l'avis de JP Rozenczveig très révélateur également de l'image qui peut être véhiculée sur l'adoption... et donc des moyens, humains et autres, qui lui sont consacrés. Tout cela est bien triste pour les enfants qui en font les frais au final.
Effectivement, le titre du rapport met tout de suite mal à l'aise (moi en tout cas). Cela donne l'impression que l'on veut faciliter l'adoption POUR lES PARENTS...et hop, nous voilà immédiatement submerger ensuite d'articles, de pensées sur les vilains adoptants qui veulent tout tout de suite et qui ferait tout et n'importe quoi pour avoir un enfant.
Impression bien surlignée quand on parle de "réservoir d'enfants".
Y'a pas une autre façon de dire les choses?!?Mais il faudrait sans doute les penser et ne pas être systématiquement opposé à l'adoption, comme semble l'être ce juge.
N'y at-il pas un juste milieu à trouver entre les enfants placés temporairement et qui pourront retrouver leur famille (bio) et ceux qui pourrait bénéficier d'un projet de famille qui passerait par l'adoption, qui est quand même, même si elle est la dernière, une des mesures de protection de l'enfance ? (ben oui moi j'y crois à ça: une VRAIE famille pour un enfant c'est dans son intérêt supérieur non ?)
Ce juste milieu ne pourrait pas se situer entre 132 et 265000 ?!? ça laisse quand même de la marge pour offrir à certains enfants un avenir.
Comme d'habitude, que ce soit après le rapport de l'académie de médecine ou l'avis du juge pour enfant, ça me laisse avec deux impressions très négatives: la première c'est que les parents adoptants passent encore et toujours pour les vilains méchants (pas grave, on a l'habitude) mais SURTOUT (avis perso)on n'a jamais l'impression que les enfants sont réellement au centre des débats...
Framboise, maman bonheur de Marilou et Achille
"132 contre 265000"
plus démago, tu meurs...
Framboise : bien d'accord avec vous, sauf que le rapport de l'académie de médecine a, je le crois, sincèrement voulu mettre l'enfant au centre du débat, même si le titre est hélas très mal choisi.
Anonyme, argumentez et un peu de courage, ne vous cachez pas, je n'ai jamais censuré les gens qui s'exprimaient dans ce blog, même de grands amis comme l'Arche de Zoé, dont vous êtes sans doute fan ! Que vous me preniez pour un démago, je m'en contrefous, injuriez moi si vous le souhaitez, critiquez mes écrits vous en avez le droit, mais avec un peu plus de discussion. Que vous tentiez d'éteindre ce débat et le sort des enfants délaissés de cette façon, je ne l'admets pas.
Titre accrocheur pour qui n'est pas allergique aux chiffres :=)
Le juge JPR est un assez bon révélateur de ce que peut faire la machine judiciaire par idéologie pour empecher que les procédures suivent, non pas un cours accéléré mais tout simplement un cours "normal". Quand on voit la violence et la mauvaise foi des propos anti adoption, on se dit qu'effectivement ce n'est pas gagné. Sans parler de la paranoïa contre les adoptants ou futurs adoptants qui constitueraient un "lobby puissant" et empêcheraient les politiques de dire la vérité sur l'adoption... Les associations peuvent doucement rigoler de se voir attribuer un tel pouvoir !
Merci pour ce post et pour ce blog of course
Votre billet est intéressant, particulièrement concernant le "droit du sang" (nous sommes dans une société qui privilégie de plus en plus le lien biologique naturel face au lien social et culturel, qui a longtemps prévalu) et le cas colombien qui fait réfléchir. Par contre je reconnais, un peu comme Anonyme, que le titre de votre billet est tout aussi maladroit que l'intitulé du rapport de l'académie. Que ce soit du 1 pour 1 ou du 1 pour 100 000, franchement, qu'importe : ce n'est pas une histoire de chiffre mais bien de l'intérêt de ces enfants. Personnellement, gay, je songe à l'adoption : je ne suis pas certain que le/la petiot(e) ne nous en voudrait pas de l'avoir privé d'une mère adoptive... Mais parlons du cas général : moi qui ne suis pas un grand fan de Rosencveig, sa position m'interroge. Il est important de savoir si l'adoption "facilitée" des enfants de l'ASE est une idée qui fait son chemin car il faut trouver des solutions pour ces gamins ou si cette idée germe par les embûches des couples désirant adopter (de nombreux articles dans des revues sociales montrent l'inadéquation entre, désolé pour l'expression très maladroite, "l'offre et la demande", comme dans un numéro récent du "Journal de l'action sociale"). j'aimerais vraiment que le sujet soit abordé objectivement laissant les adeptes du "Naturel" (oubliant que la filiation est un lien culturel, social et juridique) et les postulants déçus... et que priment les enfants.
maman adoptive en france depuis 1971 et 1974, je contate que rien n'a changé, si ce n'est le nombre d'adoptions internationales les mêmes sujets reviennent ; trop d'enfants délaissés, trop peu d'adoptions plénières, si un tout petit n'a pas la "chance" d'être né sous X, quel sera son parcours affectif? combien de temps sera- t-il balloté?
c'est le serpent qui se mort la queue, cela fait 40 ans et toujours pas d'avancée.
la vielle cigogne.
Puisque tu me titilles (ah, Gudule, titilles moi zencore) sur le pays qui m'a adopté, un seul commentaire JayVee : il faut un VRAI courage politique (et pas seulement des paroles) pour dire "nous n'avons pas la possibilité d'élever correctement TOUS nos enfants". Certains pays ont su le dire et mettre tout en oeuvre pour pallier ce dysfonctionnement. J'aimerais également citer un responsable de l'ICBF colombien qui m'a dit il y a quelques années "je préfère que nos enfants soient heureux chez vous que malheureux chez nous". Autre courage politique...
Sommes-nous sûrs que la France tienne vraiment ce langage vis-à-vis de son enfance défavorisée ?
Pour en finir avec la Colombie, fabuleux "retour sur investissement" : l'adoption internationale a boosté l'adoption nationale et, aujourd'hui, 40 à 50%des adoptions sont le fait de Colombiens. Exemple type de ce que devrait être la Convention de La Haye.
Quant à Rozencveig, bien d'accord avec tous les posts de ce message. Ca fait 30 ans qu'avec son petit camarade de jeu Pierre Verdier, il n'a que 2 objectifs : suppression de l'accouchement sous X et suppression de l'adoption plénière(qui, selon lui, sont les deux mamelles de l'impossibilité pour les enfants de retrouver leurs racines).
Pour ce qui est de "l'offre et la demande" en France, il faudrait peut-être reparler de l'article 350et de la "morale judéo-chrétienne" qui ne sépare pas l'enfant de sa mère, même quand cette séparation est établie par les faits....
Y'a des coups de pied au culte qui se perdent (attends que je récupère ma hanche gauche, tavavoir les drops !)
Un abrazo
Delabarre : merci de votre intervention, je suis souvent maladroit mais à mon avis pas pour ce titre !
C'est une réalité ce 0,05%,et si je le mets en exergue ainsi c'est pour qu'il soit évident.
Par contre mon billet aurait plus d epoids s'il était dit par quelqu'un de courageux mais qui n'aurait rien à voir avec le monde de l'adoption....
Bernardo à 200 % d'accord avec toi, c'est bien de courage que l'on parle.
Mais comme je viens de le dire dans le commentaire plus haut, le courage serait que certains de nos politiques ou grands penseurs qui n'ont rien à voir avec l'adoption fasse le même constat.
Le courage cela pourrait être aussi de la part des juges, de ne pas prononcer des adoptions simples parce qu'on a PEUR de l'adoption plénière, sans forcément connaitre la différence entre les deux !
Yes Doc !
D'où la nécessité de modifier totalement ce fameux article 350 (sans laisser à ATD Quart Monde la possibilité de le saborder comme lors de la 1ère loi Mattéi).
Ne pas laisser croire aux juges (et aux autres) que l'adoption plénière est un obstacle insurmontable au droit des enfants à connaître leurs origines (travail de fond qui a été sciemment, volontairement et scientifiquement -quoique sur des bases non scientifiques -organisé par Rozenczveig, Verdier, Pascal Roman et al.).
Chausse tes bésicles et cherche avec nous des politiques capables de dire ""nous n'avons pas la possibilité d'élever correctement TOUS nos enfants dans nos institutions et, plutôt que de les trimballer de familles d'accueil en institutions (en ne les laissant que le strict minimum à chaque fois pour éviter tout risque d'attachement), il serait bon d'établir au plus tôt des projets d'adoption pour eux". Il y en a mais ils sont rares et la tâche leur paraît quelque peu suicidaire.
Merci Bernardo pour tes commentaires auxquels je souscris totalement (là pas d'ambiguïté sur mon point de vue). Et je suis à l'opposé des idées de Verdier.
Je ne suis pas étonné que Monsieur JP Rosenzcveig soit dans la droite lignée de P.Verdier, et ne suis pas totalement d'accord avec ses points de vue ; mais je trouve qu'il a la plume et les propos adverses intéressants et appréciables à lire, même si je ne suis pas d'accord avec tous ses points de vue (ce qui n'était pas évident à la lecture de mon billet, mais je n'attaque pas forcément frontalement ceux avec qui je suis en désaccord... Dont acte)
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