Ma vie est souvent une course contre la montre : le service les consultations, la famille, le voyage à Madagascar (donnée récente très chronophage), un livre à écrire, des monceaux d'articles à rédiger, etc, etc, etc. Il est rare que je m'endorme satisfait du devoir accompli car même si j'en fais pas mal il en reste toujours à faire !
Il y a donc pas mal de demandes pour lesquelles je suis mis à contribution, et là en tant qu'ancien rugbyman : soit je botte en touche, soit je ne sors pas le ballon assez vite, et cela passe à autre chose.
Parfois je suis content de ne pas avoir donné suite quand je découvre le résultat : émission "caca boudin", méchant article, etc, etc...
Parfois j'ai bien plus honte de n'avoir pas pu m'investir. Ce fut le cas pour le très beau reportage "Adopte moi" pour lequel le metteur en scène m'avait contacté et avec lequel nous n'étions pas arrivé à nous rencontrer "pour de vrai".
C'est aussi le cas pour le plus que magnifique reportage que je viens de voir hier : "Terre Natale, Retour à Rurutu".
Le metteur en scène Jean-Michel Corrillon vient de m'envoyer le DVD, tout en me remerciant pour mon aide. Nous avons passé un peu de temps au téléphone, je lui ai fait passer quelques uns de mes écrits sur mon expérience d'anthropologue spécialiste de l'adoption en Polynésie. Mais c'est moi qui ai envie de le remercier.
Merci infiniment à Jean-Michel pour ce documentaire, il a fait le reportage dont je rêvais depuis longtemps. Plutôt que remontrer encore une fois la quête de l'enfant, la première rencontre, choses très émouvantes et bien filmée dans "Adopte moi", il a montré le retour de jeunes adultes dans l'île où ils sont nés et qu'ils ont quittés 20 ans plus tôt.
Je n'ai pas envie de vous résumer le voyage de ces deux "grands", frères et soeurs biologiques et adoptifs, tant je ne veux déflorer le film de JMC avant qu'il soit largement diffusé.
Mais je ne peux m'empêcher d'exprimer quelques impressions sur l'approche tout à fait différente de ces deux "presque-encore-adolescents".
Maeva, la fille, l'ainée reviendra avec beaucoup de réponses, malgré la barrière de la langue, pleins de choses se passent avec sa maman de naissance, elle ne prononce plus le mot abandon très rapidement, elle passe allégrement dans des discours paradoxaux : " de mes vraies racines, ma vraie mère" à " du mal avec ce choc culturel". C'est paradoxal, mais c'est comme cela (thèse, antithèse synthèse), que nous remettons nos idées en place.
Il me semble évident que ce voyage à Rurutu lui permettra d'aimer encore mieux sa maman adoptive, d'être encore plus à l'aise chez elle dans la région Marseillaise, mais les souvenirs qu'elle ramène des Australes (pas les chapeaux tréssés : les souvenirs du coeur) elles ne les oubliera jamais, et elle reviendra avec bonheur et tendresse sur sa Terre Natale.
Pour Eteroa, le fils, le petit garçon encore aux yeux de sa grande soeur, plus que la découverte d'un lieu c'est la découverte d'un grand frère (mais aussi d'un oncle) qui est belle à voir. L'absence de son père adoptif semble de plus en plus évidente sous la caméra de JMC, il avait besoin des apprentissages de ces deux référents et même si la cueillette du taro ou le lever de pierre ne lui serviront pas tous les jours, c'est l'apprentissage pour l'apprentissage qui l'ont apaisés.
Son histoire me fait penser à celle d'une grande Caroline, que j'aime bien, adoptée elle aussi en Polynésie qui disait que ses parents c'était sa mère adoptive et son père biologique. Une telle phrase peut effrayer un docteur Freud, ou un juge angevin mais elle témoigne d'une réalité : les parents c'est ceux qui sont là !
Une petite mention spéciale sur le fameux grand frère : un ma'ohi (polynésien) comme je les aime, cela semble un peu brut de décoffrage mais dans le regard on sent une tendresse, un coeur, une attention pour les autres qui me touche profondément.
Bon je demande vite à Jean-Michel Corillon comment faire pour acheter son DVD, ou s'il faut attendre un passage au cinéma ou à la TV pour le voir, mais c'est impératif il faut que vous le voyiez. Si après ça, vous pensez encore que tous les enfants adoptés sont abandonnés, vous n'êtes plus des copains !
L'objectivité n'est pas mon fort, et je dois quand même vous avouer que :
- d'abord, je suis polynésien, tout comme les joueurs de rugby polynésiens sont les seuls capables d'avancer avec une mêlée adverse sur le dos, les chromosomes polynésiens sont les seuls capable de remonter une génération entière : quand on est parents d'enfants polynésiens on le devient vite soi même !
- en plus, cela a été tourné dans l'archipel des Australes. Archipel méconnu au sud de la Polynésie, au climat peut-être plus austère, mais où se construisent les plus beaux gabarits de la planéte, même les autres polynésiens disent que les habitants des Australes sont costauds.... c'est dire. Bon, et puis mon grand garçon de 7 ans a pas mal d'origines dans l'île de Raivavavae, voisine de Rurutu...
Mais en restant subjectif ce documentaire est plus que magnifique ! J'espère que vous bavez d'impatience de le découvrir !
9 commentaires:
Effectivement très envie de le découvrir mais ...ou ??? quand ?????perso je compte sur vous pour faire circuler l'info (je n'ai aucune maitrise de ces engins que sont ordi ....+internet .....+ etc !!! PS : j'aime quand vous faite votre vieille rombière !!!! amicalement une mamie qui attend impatiemment l'arrivée de sa Pimprenelle de Chine
oh Oui j'ai hate aussi de découvrir cette histoire
Comment faut il faire?Pouvez lui demander l'autorisation de le poster sur un site, meme juste qques heures, afin que nous puissions le découvrir en avant première???
ce doit etre vraiment intéressant, et émouvant
maururu taote Jeannana
Claire(maman de Jeanne-Tea qui papote ca y est, et c'est adorable!)
SSCHRUPPP ! je crois que baver se traduit comme ça en langage impatient
on attend donc les infos pour pouvoir acheter et prêter ce DVD.
Je l'avais fait avec retour en Ethiopie et j'ai eu beaucoup de succès...
Lise toujours incapable de retrouver son ID...
Dés que JMC me dit comment voir le film je vous l'écris sur le blog... si c'est avant mon départ malgache.
Claire, Claire, Claire, c'est quoi ce Jeannana. C'est pas parce que je fais la vieille rombière qu'il faut me féminiser mon nom. Il y en a encore quelques uns qui croient que ce blog est sérieux !
J'espère que c'est un Jean nana, parce que sinon Jean en reo tahiti c'est Ioane (à prononcer IO hA nééé)
Pour ceux qui aita parau reo tahiti (ne parlent pas la langue tahitienne)
Ma'ururu (cela veut dire je suis content) mais c'est la façon de remercier en tahitien
taote c'est docteur et nana ça veut juste dire au revoir
Tout ça me fait penser que je suis bien fiu (nostalgique) de mon fenua (ma patrie) moi !
Cela va passer prochainement sur la 5.
C'est ce que vient de me dire Jean-Michel Corillion avec un i avant les 2L et un après
Oui
c'était bien taote Jean nana! qu'il fallait lire
rombière, jsais pas mais c'est assez rigolo finalement ce Jeannana!!et ca ferait bien marrer nos amis qui ont tant d'humour aux iles ss le vent!
avec votre gabarit c'est marrant comme tout!
pardon pour cette erreur, et chez nous aussi
fiu du fenua qui nous manque beaucoup!
Claire
QUAND sur la 5??
Bonjour, le film sera diffusé le 27 avril à 20h35 sur France 5!...
Ia Orana,
Nous venons in-extremis d'intercepter la seconde moitié du documentaire diffusé sur France-5 grâce à internet (http://www.playtv.fr/television/france-5).
Mais dans notre village le haut débit n'est pas encore arrivé, donc c'était très saccadé (seul le son était correct, pour l'image il faut plutôt imaginer un diaporama) et il nous a manqué la première demi-heure (le temps de trouver une solution, ma soeur nous a prévenu à 20h45 après avoir consulté son prog TV).
Sommes-très content de mettre un visage sur les écrits de MONSIEUR Jean-Vital.
Y-aura-t'il rediffusion ?
Où et comment peut-on se procurer ce reportage pour également le montrer à nos proches ?
Maururu,
Nana.
EK
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