lundi 9 mai 2011

Le très bon doc sur France 3 que je n'ai pas vu ....







Pourtant mon ami Jean-Jacques m'avait prévenu de longue date, de la diffusion de ce reportage, puis du changement de date de la diffusion.... mais après un week-end, très agité..... j'ai un peu oublié de brancher l'enregistreur le dimanche soir.....

J'y ai repensé dès le lendemain... mais je ne me suis pas précipité, sans doute parce que le titre de l'émission "Adoption blessures secrètes" ne me plaisait pas franchement.... avec en présentation, le lieu commun qui "tue".... les échecs de l'adoption sont un sujet tabou ! Ah bon ! J'aurai tendance à penser que ce sont les réussites de l'adoption qui sont une sujet tabou parfois, quand on voit tout ce qui a été dit en 2010. Attention, ne croyez pas, que je sous estime les échecs de l'adoption (heureusement car ils occupent une grande partie de mon emploi du temps). Il est normal de s'occuper des échecs de l'adoption, car un échec (dans tous les domaines, mais plus encore dans l'adoption) n'est pas rattrapé par 100 réussites, et c'est pour tenter de soigner mais plus encore de prévenir les échecs que nous avons créé les consultations d'adoption. Mais, le tabou de l'échec de l'adoption existe surtout pour le journaliste en mal de sujet.






Pour finir sur la parenthèse des "tabous" (dont la vraie orthographe est d'ailleurs tapu) dans le domaine de l'adoption, on en voit fleurir un en ce moment sur de nombreux blogs : les troubles de l'attachement qui viennent des parents ! C'est effectivement peut être un tabou entre parents adoptifs (la solidarité a parfois des excès), encouragé en cela par certains discours qui brossent les parents dans le sens du poil : "vous êtes merveilleux... mais vos enfants ont tous des troubles de l'attachement... ce n'est donc pas votre faute", que ne ferait on pas pour vendre des livres ? Sachez que ce n'est pas du tout un tabou pour les pros de l'adoption, où la tendance est (à mon avis) inverse, trop souvent à mettre tous les torts sur le dos des parents... la vérité une fois encore est ailleurs.... ou plutôt entre les deux... et comme me l'a dit une fois Caroline Debladis (Présidente et fondatrice de Pétales France) : " Dans chaque trouble de l'attachement, il y a une part de réciprocité".

Revenons à nos moutons et à l'émission, passons sur le titre (probable choix éditorial aguicheur) : voyant tous les messages dithyrambiques que certains d'entre vous m'ont adressé, découvrant qu'en plus de Jean-Jacques (celui que je respecte le plus dans le domaine de l'adoption), il y avait deux autres grands amis qui s'exprimaient (Marie-Odile Pérouse de Montclos et Daniel Gorans).
J'ai donc commencé à regarder la séance de rattrapage au cours de ce week-end... commencé seulement, car des devoirs à finir, des obligations aussi familiales qu'agréables, ne m'ont permis d'en voir qu'une petite moitié, et lorsque j'ai voulu voir la suite... ce n'était plus disponible sur le site de France 3...... caramba encore raté !

Je le regrette parce que le peu que j'ai vu, m'a bien plu. Tout particulièrement, la parole largement donnée aux adoptés adultes, divers, différents, avec chacun leur histoire, c'est mieux que le grand spécialiste qui a vu 6 adoptés (en 1/4h chacun dans sa grande carrière).
La recherche de la diversité (vous savez que mon grand ennemi est la généralisation), avec différents chapitres qui retrouvent des causes différentes... j'ai (au moins pour ce que j'en ai vu )retrouvé mon plan de ma description des soucis de l'adolescence adoptée, sujet que je développe demain soir en long, large et en détail, demain soir (mercredi 11/05/2011) aux familles de Marseille et sa région.






J'ai raté Marie-Odile (je n'ai vu que 5 minutes de sa consultation) et Daniel, mais j'ai bien vu Jean-Jacques.





Jean-Jacques : ce n'est pas mon maître, mais mon grand frère (pour qui j'ai plein d'affection, d'admiration, qui est un modèle, mais cette "fraternité" n'exclue pas les petites querelles). C'est aussi l'homme à la veste noire (il en a autant que moi des chemises tahitiennes), c'est encore Dorian Gray, ce sont les deux surnoms que je lui donne, mais ce que j'aime plus que tout c'est son discours de grande honnêteté. La franchise est une qualité merveilleuse, Jean-Jacques en déborde, ça ne lui a pas toujours fait des amis, mais il continue, et il a raison, et s'il a des livres à vendre, contrairement à d'autres, ce qui le motive c'est que les enfants aillent bien, quitte à ne pas faire une adoption, putôt que de la rater...






Pour mémoire, et commencer par ce qui fâche, je ne suis pas d'accord avec deux choses qu'il dit.... lorsqu'il minimise le risque des pubertés (cela fait 15 ans que nous amusons tout le monde de la pédiatrie et de l'adoption avec notre sketch de duellistes sur ce sujet) et sur ce qu'il annonce sur les causes de l'adoption en Ethiopie et leurs conséquences (par coïncidence ces deux sujets sont ceux que je présente sous forme de conférences à la grande réunion des pédiatres français à Marseille mercredi après midi et samedi matin.... vous en aurez donc des échos prochains, avec des précisions).
Pour le reste, comme toujours je suis d'accord avec JJC à 99%, même si nous ne le disons pas toujours de la même façon .... nous savons la nécessité de l'accompagnement des familles avant, pendant et après... ce qu'il fait depuis plus de 20 ans et moi depuis presque 12. Ce que les autorités découvrent peu à peu. Combien de commissions, combien d'institutions aux fonctions mal définies et à l'inefficacité flagrante vont encore exister avant que notre rôle soit enfin reconnu à juste valeur... et avec les moyens adéquats !



PS : en relisant mon titre, je me dis que le très bon doc, c'était pour documentaire, c'était aussi pour docteur.

13 commentaires:

Anonyme a dit…

encore une réussite ce post!
nous suivrons en direct votre intervention sur le site des orphelins d'Auteuil.Nous avons été mis au courant par EFA ici!
et sinon, taote as tu vue Mme Chabrol??
nana
Claire

Moushette a dit…

l'émission peut être téléchargée sur ce lien : http://dl.free.fr/getfile.pl?file=/LMbmY1d9

@jvm : concernant votre parenthèse sur les troubles de l'attachement, dois-je me sentir concernée, moi qui les évoque et mets en lien les billets sur le sujet d'Isabelle ? En tout cas pour ce qui me concerne (d'ailleurs j'aimerais bien savoir où d'autre ça en cause dans la blogosphère car vs dites qu'il y en a partout), je vous rejoins sur la reciprocité, je n'ai jamais dit le contraire, mais ce n'était pas le sujet principal du billet. l'attachement est un sentiment réciproque, une balle qui circule entre les deux cotés du filet, quoi de plus logique... et lorsqu'il y a "divorce", c'est rarement la faute à un seul conjoint. bien sur que les pros connaissent bien ce sujet (heureusement d'ailleurs !), mais mon but ce n'est pas de causer aux pros car je n'ai pas la pretention d'etre lue par des pros de l'adoption ! mon blog s'adresse plutot aux postulants et aux non postulants aussi pas forcement concernés par l'adoption. parenthèse fermée.

Framboise a dit…

Moi aussi j'ai raté l'émission dont j'ai entendu dire beaucoup de bien ! (J'avais également été un peu "heurtée par le titre)
Merci à Moushette de mettre le lien pour le télécharger, je vais le faire très vite...

Framboise, maman bonheur de Marilou et Achille

Malounette a dit…

Bon doc, pas que pessimiste d'ailleurs et qui m'a permis de comprendre ce que peuvent ressentir certains enfants adoptés. Une des intervenantes avait réussi à retrouver sa maman bio avec laquelle elle ne se sentait aucune afinité et on la voyait se faire consoler dans les bras de sa maman adoptive tant l'émotion était forte... N'est ce pas là une belle preuve d'amour ?

Claire

Les Pyrénéens a dit…

Une super émission.
J'ai la chance que le Dr Choulot suit ma fille, les consultations sont un réel bonheur, très enrichissantes, c'est un Amour ce docteur, je l'ADORE.
Véronique, maman d'Amandine, bientôt 4 ans

Anonyme a dit…

Bonjour,
Oui pour une fois, un doc..qui met en avant le ressenti de jeunes adultes adoptés.
J'ai retenu surtout le dernier commentaire d'une jeune fille tellement attachante " L'adoption c'est comme le mariage, mes parents m'ont prise pour le meilleur et pour le pire".
Merci à tous ces "enfants" de nous avoir éclairés encore un peu plus sur notre famille..
Ben

Anonyme a dit…

oh, en effet je l'ai ratée moi aussi...je pensais que c'était ce soir!merci Moushette pour le lien!
claire.

Cécile a dit…

Entièrement d'accord avec vous doc et avec les autres commentaires! J'ai longuement hésité à regarder ce enième documentaire mettant en avant les difficultés et autres ratés de l'adoption... marre de ne voir que des documents ou reportages négatifs... Et puis je me suis dit que la seule manière de pouvoir en juger était de le visionner!
Quelle belle surprise!
Enfin un doc tout en finesse et à l'écoute des jeunes adoptés. Il n'y avait ni angélisme ni diabolisation des parcours mais beaucoup de justesse...
Et au final la grande majorité des témoins étaient devenus de jeunes adultes équilibrés et aimant leurs parents malgré les obstacles passés.
Cécile

Brigitte a dit…

Merci pour le lien Moushette,
j'ai vraiment été touchée par les témoignages des adoptés adultes... très intéressants... qui rendent ce documentaire très intéressant
en revanche bof l'habillage de l'émission un peu sensationnel .. y compris tout ce qui concerne l'agrément et j'ai moyennement apprécié la partie sur la coca
brigitte

Unknown a dit…

Merci pour le lien, J ai vraiment apprécié de voir toutes les facettes présentées, et pour une fois que les adoptés jeunes adultes ont la parole.

Anonyme a dit…

Un super documentaire et un super Doc en effet! Le Dr Choulot suit ma fille depuis son arrivée. J'apprécie sa disponibilité, son écoute et son franc parler, et bien sûr son expérience !
Bravo et merci aussi à vous pour votre conférence marseillaise très instructive que j'ai pu voir aujourd'hui sur internet. Juste à noter que je ne suis pas sûre de la phrase de Marcel Rufo citée vers la fin. j'étais moi-même étonnée et j'ai cherché sur internet. Il aurait dit que tout ne se joue pas avant 6 ans.. (i.e : après 6 ans, rien n'est perdu) Beaucoup de choses se jouent dans les premières années de vie, mais tout se joue toujours..
ariane, maman d'énea (Haiti) vivant sur une terre de Rugby ;-)

kty a dit…

J'ai eu l'occasion de vous lire, mais c'est ma première intervention.
Je viens de suivre votre conférence à Marseille sur l'adoption et l'adolescence.
Je ne suis pas encore à ce stade puisque ma fille a 6 ans.....mais j'ai apprécié vos messages de bon sens et la façon dont vous avez balayé les "grandes théories" qui nous envoient une image stéréotypée et catastrophique de l'adolescent(e) adopté(e).
Alors merci
kty

Anonyme a dit…

Moi aussi j'avais manqué la diffusion en direct du reportage, mais grâce à la freebox j'ai pu l'enregistrer et la visionner... Hier soir !
L'emission était plutôt intéressante, mais j'ai quelques interrogations auxquelles vous pourrez peut-être répondre :

- dans le documentaire, la commentatrice dit que 10% des enfants adoptés sont remis dans des foyers ou renvoyés dans leur pays d'origine : est-ce vraiment possible ??? Peut-on renvoyer un enfant adopté dans son pays d'origine ? Cela semble être du non sens, alors qu'il a tous ses papiers français suite à son adoption, et qu'il est en décalage linguistique et culturel avec son pays de naissance.
Et ces 10% d'échecs, sont-ils bien réels ? Cela semble énorme.

- Par ailleurs, lors du passage sur les hospitalisations psychiatriques, la commentatrice explique qu'il y a une dizaine d'enfants hospitalisés en général dans le département psychiatrie de cet hôpital, et elle précise qu'il y a toujours au moins un enfant adopté. Le médecin interviewé ajoute qu'il a une moyenne de 10% d'enfants adoptés internés dans son service. Alors certes, ces 10% paraissent énormes. Mais si je relativise, je trouve aussi que c'est parce qu'on se focalise sur l'adoption que l'on trouve ces chiffres. A-t-on tenté dans le même temps de calculer le pourcentage d'enfants internés vivant dans une famille monoparentale par exemple, ou ayant l'un des deux parents avec des troubles psys lui aussi, ou si je suis laconique, ayant un chien ? Des pourcentages alarmants, on peut en créer facilement aussi, il suffit de se focaliser sur un point précis...
De plus que la jeune fille internée dans l'émission venait de perdre son père, avait vécu des conditions d'adoptions en Roumanie catastrophiques, donc était un cas très particulier... Non ?

Laurence, lectrice silencieuse qui pour une fois s'exprime !