
J'ai beau être médecin, je vous avoue que je ne suis pas sûr de bien connaître les rôles, le sens, l'historique, ni le mode désignation de l'Académie de Médecine.
A une époque où ce terme prestigieux est bien dénaturé par des émissions télé de grand niveau où on voit toutes sortes d'académie ("des neuf" il y a quelques années qui servait de recyclage à des has-been comiques, "des stars" actuellement qui sert de recyclage à des has-never-been) je pense toutefois que ce Panthéon de la Médecine doit être une bonne et grande institution.... dans le même ordre d'idée que la Grande Académie Française : une assemblée de "vieux sages", j'utilise ce terme sans aucune ironie, mais dans un sens plus anthropologique de pléonasme où la sagesse et l'âge sont considérées comme allant de pair !
Depuis deux-trois jours, les médias parlent pas mal de manières évasives et toujours trop succinctes d'un rapport de l'Académie de Médecine que j'aimerai bien me procurer, qui parlerai d'adoption, et notamment d'en faciliter les démarches....
Surprise... de la part d'ailleurs d'un peu tous les spécialistes de l'adoption qui découvrent ce projet comme tout le monde par le biais des médias....
Le CSA, qui est pourtant l'unité centrale de l'adoption et l'organisme chargé de l'amélioration du sujet n'a pas été contacté.... mais à la grande colère de beaucoup de membres du CSA nous n'avons été que très peu consultés, en tant que CSA lors du séisme haïtien,e t de ce qui s'en est suivi !
Donc, un peu surpris lorsqu'on entend que l'Académie de Médecine critique la longueur des démarches d'adoption.... est-ce leur problème ?
.... en fait, au fur et à mesure des éléments que l'on récupère par bribes, il semble que l'Académie de Médecine se mêle bien de ses oignons, car ce dont elle parle c'est de l'enfance maltraitée et de la longueur (un an) du désintéressement manifeste des familles biologiques, avant que soit prononcé une déchéance des droits parentaux.
Je ne suis peut être pas tout à fait d'accord pour la réduction de ce délai qui me semble utile dans certains cas, où des parents attachés à leur enfant mais en grande détresse (sociale ou psychologique) peuvent avoir besoin de ce délai pour reprendre pied et pouvoir à nouveau "assurer".... par contre, pour aller dans le même sens et jeter un autre pavé dans la mare : j'en ai marre de ces lois qui ne sont jamais (ou presque appliquées) et l'Académie de Médecine a bien raison de pointer du doigt, l'énorme différence entre le nombre d'enfants en délaissement, et ceux qui peuvent être adoptés. Environ 1% des enfants maltraités ou délaissés sont adoptés, j'espère qu'une grande partie d'entre eux, bénéficie d'autres mesures de sécurité : des placement dans des familles d'accueil bienveillantes, voir même aimantes, des placements chez des proches, des placements dans des institutions (là, je tords déjà le nez très fort, car même si j'espère que les institutions sont de bonne qualité, ce n'est jamais la place rêvée pour un enfant surtout au long cours !).
L'Académie de Médecine s'occupe donc du sort des enfants malheureux, et c'est tout à fait son rôle, je la remercie infiniment de secouer le cocotier. C'est d'ailleurs le rôle de chacun d'entre nous, de toute notre société de se préoccuper du bonheur des enfants, la détresse sociale, économique existe, mais bien pire la détresse morale est terrible, nous ne serons jamais chez les Bisounours mais chaque sourire rendu à un enfant est une grande victoire, et chaque enfant malheureux me rend triste, et me donne envie de me battre, ici en France, à Madagascar (vous avez reconnu sur la photo la rencontre qui m'avait bouleversé) ou partout dans le monde.
Une grosse nuance, capitale, importante, qui ne me fera pas que des amis, mais qui est indispensable à préciser pour mon éthique :
Cet article est finalement HORS SUJET SUR L'ADOPTION, il n'a rien à voir, avec le fait que nous sommes dans une période d'entonnoir (beaucoup de demandes et peu d'offres sur l'adoption). Nous parlons là de l'enfance malheureuse pour laquelle l'adoption peut être une solution. Le but de l'adoption faut-il le rappeler est de donner une famille à un enfant et non le contraire, c'est gnan-gnan de le dire, mais capital de le répéter de temps en temps !
Si grâce à l'adoption, les familles adoptantes sont elles aussi heureuses, c'est encore mieux, car cela fait encore plus d'heureux, et cela permet aux petits adoptés de se sentir en sécurité dans un "bon terreau".
Mais excusez le pédiatre que je suis de penser avant tout aux enfants malheureux, combat encore plus cher et utile que celui de l'adoption.