jeudi 11 octobre 2012

Pourquoi, j'en ai parlé !




Je m'étais dit que je n'en parlerai pas .... surtout parce qu'il m'arrive de suivre des familles homoparentales, de les voir en consultations, avant ou après l'adoption, de les conseiller, de parler avec eux librement, d'évoquer en toute confiance les facteurs de risque. J'ai, sans doute, dû voir aussi d'autres familles homoparentales, mais qui n'ont osé m'en parler... c'est dommage, car j'ai toujours fait la distinction entre le cas individuel et le cas collectif, et aussi j'ai toujours essayé d'aider lors des situations installées.

Si je suis très (trop penseront certains) préoccupé, par certaines pratiques, conduites, et que je n'hésite pas à le dire, j'essaie d'être toujours accueillant avec chaque famille (le cas particulier), et de croire que même en accumulant de nombreux facteurs de risque, cela va quand même marcher.
Et puis, quand les enfants sont là, il faut bien s'en occuper, et penser à eux, à leur avenir, encore et toujours.

Un exemple : l'adoption sans agrément. Dans le cas collectif, je condamne cette pratique, je comprends la sévérité des autorités, ne serait-ce que pour défendre les familles, car en se lançant dans la recherche d'un enfant sans agrément, on est une vraie bonne cible pour toutes les sources d'adoption mafieuse. Quand je rencontre avant l'adoption des familles, dans cette situation (et qui peuvent être de bonne foi, et avoir été mal jugées), qui me demandent conseil, je leur recommandent tous les moyens légaux, et en particulier les recours gracieux. Je leur déconseille plus que fortement de se lancer dans l'aventure sans le fameux sésame. Mais, il m'est aussi arrivé de suivre des enfants qui ont été adoptés sans agrément. Dans ce cas, j'oublie tout jugement, et j'essaie d'aider au mieux cette famille dans son histoire, pour son avenir.
Fin de la parenthèse, voilà pourquoi "je ne voulais pas en parler", afin de ne pas laisser à penser que je fermais la porte de ma consultation aux familles homos.

Si j'en ai parlé c'est à cause de deux "petites adoptées". L'enfant d'abord et toujours, et si je ne veux pas prendre la place des adoptés, je veux bien être leur mégaphone.

Ces deux petites adoptées :
- c'est d'abord cette petite pré-ado, l'histoire est dans l'article du Parisien Libéré, et je vous en ai déjà parlé ici.. Cette petite fille m'a donné une bonne leçon d'humilité. On croit toujours qu'ils n'écoutent pas les infos, que cela leur passe au-dessus, qu'ils s'en fichant.... et bien non. Depuis, d'autres enfants et adolescents adoptés m'ont aussi exprimé leur "chance" de ne pas avoir des parents homosexuels.
- j'étais encore sous le coup de ces apostrophes, quand j'ai été contacté par une autre petite adoptée (quand même beaucoup plus grande), Hélène Charbonnier, qui me faisait part de son désarroi par rapport à l'oubli des adoptés, et l'oubli du CSA.
Nous avons donc pondu notre lettre ouverte, et quand on ouvre le débat, on tombe dedans.

On n'a pas le droit d'oublier de donner la parole aux adoptés. Et face à l'adoption, ce sont nous, les non-adoptés, qui sommes tous petits.

On n'a pas le droit non plus d'oublier que jusqu'à ce jour, l'adoption (par l'agrément et d'autres textes législatifs) est une des rares lois qui donnent la priorité à l'enfant par rapport à l'adulte.
Parce que vous m'excuserez, mais dans une loi qui institutionnalise la garde alternée, je me demande où il est passé le fameux intérêt supérieur de l'enfant. Et dans les discussions sur le rythme scolaire, là on n'en parle même pas.... l'essentiel étant de ne pas toucher au week-end, si utile pour les parents, les enseignants et les professionnels du tourisme !

A venir un article sur la création du CNA.... voilà une initiative qu'elle est belle !

17 commentaires:

Nenette a dit…

Seules les familles recomposées, la garde alternée font l'objet d'articles de presse sur la famille, c'est un fait facilement vérifiable dans tous les magazines, même TV, tous les récents livres psy... On ne parle que des familles éclatées (dont je viens), et généralement pour dire combien tout est merveilleux et s'organise bien. La famille traditionnelle semble ne plus intéresser personne, trop démodée sans doute, trop catho, limite réac', pas assez minoritaire, je ne sais pas.
En tout cas "papa, maman, les enfants" n'est plus un modèle de société, c'est évident. Les familles "accidentées" deviennent la norme.

En ce qui concerne l'école et le rythme scolaire, on peut tout à fait conserver le week-end, moment tellement important, même vital, pour se retrouver en famille. Le vrai tabou c'est de reconnaitre qu'une journée scolaire ce devrait être 8H30 15 h grand maximum, du lundi au vendredi. Seulement les deux parents travaillent, il faut bien trouver un système de gardiennage pour les enfants jusque six heures, l'école est bien pratique pour ça... Dans tous les pays qui ont des systèmes scolaires performants l'école s'arrête en début d'après-midi. Il faudrait se réveiller un peu et accepter de regarder en face ce qui est vraiment bon pour les enfants mais n'arrangent pas les parents et la société telle qu'elle est organisée.
Et vive la parole libre;)

Anonyme a dit…

Papa,maman et les enfants n'est plus un modèle parce qu'il ne fonctionne plus comme avant, lorsqu'il était soutenu par la haute autorité religieuse entre autres. Ce n'est pas une question de mode. Nous assistons à un échec progressif des valeurs patriarcales. C'est une erreur de stigmatiser ces nouvelles familles et de vouloir maintenir de force un système que l'on juge "meilleur". Les enfants dits "à risques" ne sont pas non plus très heureux que le débat actuel les montre du doigt alors qu'ils n'ont rien demandé. L'intérêt de l'enfant, tout le monde y travaille je crois, mais il ne faut pas se tromper, en pensant oeuvrer dans son intérêt par idéologie on peut servir une cause inverse.

daniel_64230 a dit…

"Depuis, d'autres enfants et adolescents adoptés m'ont aussi exprimé leur "chance" de ne pas avoir des parents homosexuels"
Ces enfants auraient été élevés, aimés par une famille homoparentale, auraient-ils fait la même réflexion, ou, dans leurs propos,donnent-ils l'opinion d'un jeune en construction qui ne connait pas cette situation et qui voie de conséquence la redoute ?

Daniel

Anonyme a dit…

Sacraliser la parole de l'enfant a tendance à m'inquiéter autant que l'ignorer. Ne pas avoir consulté le CSA est choquant, ça, oui. Mais faire des micro-trottoirs dans les cours de récréation, bof.
Ma fille m'a aussi dit qu'elle n'aurait pas voulu quitter l'orphelinat avec "deux messieurs" ou "deux dames", on en a longuement discuté, à l'arrivée cela a été intéressant. Quant à moi, si je regarde dans mon entourage, je vois des cas dans lesquels l'apparentement aurait dû être pensé autrement (enfant ayant souffert de maltraitance par la mère, par exemple).
Cela dit, le vrai problème de ce projet n'est pas là, il est tout simplement dans le fait que dans le contexte actuel la légalisation va empêcher l'adoption dans un cadre homoparental au lieu de la rendre possible - et ça, personne n'en parle. Ou alors faut-il comprendre votre lettre au 129ème degré et considérer que vous êtes des sous-marins?

Brigitte a dit…

Ma fille de 8,5 ans fait des yeux tout ronds devant deux papas ou deux mamans et pourtant nous avons dans notre entourage un couple anglais de deux papas ayant adoptés un petit garçon (avec l'équivalent de l'Adass anglais).
Elle ferait aussi les yeux tout ronds en s'imaginant avec une maman aveugle ou en fauteuil et dirait "trop de chance d'être adoptée par un chanteur riche"... bref ...
Tout ça pour dire que je pense que ma file peut dire des choses intelligentes et des bêtises, et je ne vois pas pourquoi son avis devrait être pris en compte ? Même en tant qu'adulte plus tard,d'ailleurs.
En revanche que le CSA ne soit pas entendu, consulté etc. est idiot et grave
Brigitte
.

Mamaucy a dit…

Oui c'est important de parler et de donner son avis.
Je reste totalement insensible (et apparemment pas la seule, au vu des commentaires) aux propos de la jeune fille qui dit qu'elle est contente de ne pas avoir été adoptée par deux homosexuels. Ma fille dit parfois qu'elle a "de la chance" d'etre ma fille, d'autres jours qu'elle n'a "pas de chance" de l'etre, dans tous les cas ce n'est pas JUSTE une question de chance mais de plaisir / déplaisir par rapport à mon comportement pour elle ce jour là. Quant à l'homosexualité tabou et honte supreme pour les ados, pas la peine de faire de dessins là-dessus.

Sur vos écrits concernant les "facteurs de risques" que constitueraient les parents agés ou solo, pouvez-vous en dire plus ? Je ne vais pas etre méchante et vous laisser le bénéfice du doute mais on croirait presque lire du PLS, là...

Allez je reste une fidèle lectrice quand meme !

Béatrice a dit…

Franchement, que je sois de votre avis ou non, j'apprécie que vous nagiez à contre-courant de cette pensée unique qui est la tendance ces temps-ci.

Toutefois, je trouve que, alors que vous semblez abbhorer les généralités, vous tombez dedans à plein nez ici...

C'est dommage, je me serais presque ralliée à votre cause, il y a juste un problème d'argumentation à mon avis, comme s'il y avait plus de sentiments que de "science" ici.

Je reste tout de même pendue à vos posts ici et ailleurs car vous restez une belle référence à mes yeux :) on peut ne pas être d'accord sur tout et tout de même apprécier grandement la personne dans son ensemble!

B.

les lucioles a dit…

Pour ma part, j'ai été en tant que maman adoptante célibataire, tout comme les auteurs des commentaires précédents, un peu interloquée en lisant votre post, Docteur.
Mais depuis j'ai lu votre témoignage dans l'article du Monde du 14 octobre et j'ai compris ce que vous vouliez dire. Et je vous suis sur ce chemin là: le "risque" dont vous parlez c'est celui du regard de l'autre, réel, et plus ou moins lourd à porter. Même s'il est et sera toujours bon de le combattre, ce regard, je n'oublie pas qu'il est et sera toujours là et que mon enfant aura à en souffrir un jour ou l'autre, un peu ou beaucoup... Et il faut être armé contre ça: adopté et adoptant.

Miss Terre a dit…

Je suis quelque peu agacée de voir, ici ou là, des adultes, des parents adoptifs qui regardent avec condescendance les enfants exprimant leur "chance" de ne pas avoir des parents de même sexe. Puisque l’adoption ne signifie pas seulement amour et éducation, mais aussi, à ma connaissance, construction et filiation, on ne peut faire totalement l’impasse sur les réflexions suivantes :

Claude Halmos, qu’on ne peut pourtant pas qualifier d’homophobe ! : « Le problème essentiel que pose l’adoption n’est pas, comme on voudrait nous le faire croire, de savoir si un homme ou une femme homosexuels sont « capables » d’élever un enfant. Ils le sont à l’évidence ni plus ni moins que n’importe qui. Il est que l’adoption est, pour un enfant que ses géniteurs n’ont pu élever, la possibilité d’avoir des parents équivalents à ses parents biologiques. Permettre son adoption par un couple homosexuel reviendrait donc à lui dire :
- que ces parents adoptifs (homosexuels) peuvent être l’équivalent de ses « parents de naissance » (forcément hétérosexuels).
- donc, que la différence des sexes n’existe pas. En tout cas, pas en tant que différence susceptible… de faire différence, qu’elle ne « compte pas », qu’elle n’est – pour reprendre un mot de sinistre mémoire – qu’un « détail » de la vie. »
Fanny Cohen-Herlerm : « L’amour homosexuel, quelle que soit sa valeur ne peut engendrer d’enfant, il est stérile par nature. Ce qui n’a rien à voir avec la capacité éducative et d’amour que peuvent avoir deux personnes du même sexe vivant en couple. Si le choix homosexuel entraîne l’impossibilité de procréer « naturellement », et l’on peut reconnaître que cela est une souffrance, ce n’est pas à l’enfant de traiter cette souffrance. En invalidant, par son existence la différence entre homosexualité et hétérosexualité, il est mis en position de rendre ce choix inexistant.
L’adoption signifie pour l’enfant l’entrée dans une nouvelle filiation. Filiation symbolique qui lui donne un nom et le fait héritier et successeur dans l’ordre généalogique de ses nouveaux parents. L’amour que se portent les parents est ainsi, à défaut de se réaliser dans la conception et la naissance d’un enfant, symbolisé dans cette filiation. Les enfants adoptés ont besoin de se penser/rêver enfant engendré par les parents qui les ont accueillis. — Se retrouver avec deux adultes tutélaires du même sexe c’est obliger l’enfant à reconnaître un seul adulte comme père ou mère et le priver de l’autre et l’empêcher de vivre la différence sexuelle au sein du couple, différence qui l’aide à se structurer. Ce sont les enfants abandonnés qui ont droit à une famille et non l’inverse. C’est à la société de réparer les souffrances qu’endurent les enfants en leur donnant les moyens de se développer et de s’épanouir dans les meilleures conditions, dans un contexte qui soit le moins conflictuel possible. »
Textes complets dans : http://www.efa27.org/?category_name=featured&paged=10

Bref, la préférence des enfants pour un couple formé d’un monsieur et d’une dame ne dérive sans doute pas seulement d’un conditionnement social, familial ou culturel. Et l’adoption étant faite pour l’enfant et pas l’inverse, chercher à leur attribuer, dans la mesure du possible, un père et une mère ne procède pas forcément non plus d’un total arbitraire…

daniel_64230 a dit…

Concernant les propos de Claude Halmos, que je n’ai pas eu l’occasion de lire, je ne connais pas non plus ses domaines de compétence et je ne suis pas sûr qu’elle soit spécialiste de l’adoption en particulier si elle pense que l’adoption est, pour un enfant que ses géniteurs n’ont pu élever, la possibilité d’avoir des parents équivalents à ses parents biologiques.
Cette phrase me choque et cette notion de reproduction de situations lorsqu’on parle d’adoption me parait très déplacée. Si nos enfants ont été adopté c’est que la situation a mal tournée.
Beaucoup d’enfants adoptés un peu grands, retirés par les services sociaux l’ont été pour cause de maltraitance passive (délaissement) ou active. Je doute que ces enfants soient à la recherche de parents équivalents. Beaucoup d’entre eux ne veulent même plus en entendre parler ou n’éprouvent pas le besoin de revenir vers eux, lorsqu’ils sont plus grands. Je ne dis pas pour autant qu’ils doivent être placés dans une famille homoparentale.
En ce qui concerne notre situation personnelle, mon fils ainé maltraité par ses parents biologiques (forcément hétérosexuels), vit actuellement dans une famille monoparentale et ne souhaite surtout pas que mon statut matrimonial change. Sa construction se fait dans un environnement paisible et sécurisant loin des risques de conflits entre personnes qu’il a connu dans sa famille d’origine. Le bien pour un enfant ne passe pas forcément dans la reconstitution du modèle qu’il a connu avant son adoption.
Pour l’enfant qui n’a connu que le délaissement, la maltraitance, la souffrance lorsqu’il arrive dans une famille, sa seule inquiétude, est de savoir s’il va être aimé, s’il peut être aimé pour ce qu’il est. Tant que ses attentes/demandes ne seront pas comblés, il est inutile de palabrer sur la composition du foyer ou autres éléments. Si le(s) parent(s) hétéro(s) homo(s)noir(s) vert(s) handicapé(s)valide(s)riche(s) pauvre(s)cato(s)agnostique(s) arrive(nt) à satisfaire ce besoin primaire de l’enfant adopté qui arrive, il aura a ses cotés pour toute sa vie, un entourage qui l’aidera à surpasser les difficultés et les préjugés de notre société sur : son histoire, ses origines et éventuellement sur la composition familiale de son foyer.

Le « modèle » famille solo, si elle est a risque comme le dit de Dr, peut aussi être une solution tout a fait pertinente dans un certain type de situation.

Daniel papa solo de 2 colombianos dont un, dixit Bernardot (Grosses pensées à toi !!!!) a l’accent ….. roumain.

les lucioles a dit…

"Se retrouver avec deux adultes tutélaires du même sexe c’est obliger l’enfant à reconnaître un seul adulte comme père ou mère et le priver de l’autre et l’empêcher de vivre la différence sexuelle au sein du couple, différence qui l’aide à se structurer."

C'est une réflexion qui peut-être débattue, comme toute réflexion. Ou pour le moins, elle ne doit pas être la pensée unique. Il ne s'agit pas d' "obliger", de "priver" ou d' "empêcher" (quel vocabulaire castrateur!) mais de montrer une autre voie, bien loin de la norme et de la réflexion psychanalytique, un chemin de traverse comme il y en a dans la vie, accidentée ou pas. La norme est une chose, le hors norme en est une autre mais il existe. Et comme c'est un fait et qu'il n'y a là rien de répréhensible, la société se doit de trouver les clés de la réussite de sa construction au lieu de vouloir, avec force et grands cris, le faire rentrer dans la "bonne" case.

P.S: Alors comme ça, Daniel, les garçons ne veulent pas que ton statut matrimonial change!? ;o))

Anonyme a dit…

Je suis surpris de lire que d entendre des enfants dire qu ils ont eu de la "chance" de ne pas avoir eu de parents homosexuels serve d argument contre le mariage pour tous ou l adoption par tous.

Il est patent que des couples homosexuels ne pourront pas plus adopter en étant mariés car il n y a justement aucun ou très peu de pays qui autorisent ce type d adoption. C'est le propos raisonnable que tient Geneviève Miral.

L adoption parles couples homosexuels doit s entendre comme la possibilité pour l un des deux d adopter l enfant de son conjoint (qu il à eu par adoption ou par mère porteuse), et tout cela pour assurer une sécurité juridique à l enfant qui se retrouverait orphelin si le parent légal décédait.

Vous nous avez habitués à mieux Dr Monleon...

Et comme vous dites, quand les enfants sont la, il faut bien faire avec. Et avec ou sans loi, les homosexuels continueront d avoir des enfants, ça personne ne pourra les en empêcher...

Anonyme a dit…

@les lucioles : l'argument du "regard de l'autre" ne tient pas. Tout individu doit se confronter dans sa vie au regard de l'autre, qu'il soit adopté ou non, (petit, gros, grand, rouquin, chauve, etc..) il existera toujours pour tout le monde, il fait partie de la vie en société. Commençons déjà par ne pas faire de cette notion "un risque" pour l'adoption, et le regard sur l'adoption changera.

Romi a dit…

Bonjour,

Votre lettre est une excellente base à la discussion. Maintenant, faut il que les protagonistes décideurs de cette loi, veulent bien se mettre autour de la table ronde !
mariage gay : oui
reconnaissance de la paternité ou maternité de l'enfant (bio ou pas )du conjoint : oui et oui
Adoption : Vont-ils réellement pouvoir adopter à l'étranger, vue que l'étau se resserre sur l'adoption internationale ? les orphelinats vont-ils accepter un couple d'homo alors qu'il y a des milliers de couple hétéro en attente ? à part l'adoption d'enfants grands ou à handicap, le couple homo a t'il réellement une chance de voir sa demande aboutir ?
là, j'ai un gros doute !!!
le pacs a été inventé pour les homos, et ce sont les hétéros qui le signent.
J'ai envie de dire que chacun doit être légal de l'autre, mais nous savons bien que ça ne se passe pas ainsi.

les lucioles a dit…

@Anonyme:
Bien sûr que l'argument du "regard de l'autre" vaut pour tout le monde. C'est pour cela AUSSI qu'il vaut pour l'adoption, ni plus ni moins.
On ne doit pas l'exagérer mais on ne doit pas le nier non plus.

Après, je conçois que le discours peut être parfois maladroit, il ne doit pas, en particulier, être brandi comme un étendard, mais je trouve qu'il a le mérite d'être posé.

Berthille a dit…

Bonjour,

J'ai conscience d'arriver "après la bataille" mais je tiens à réagir en tant que "jeune adulte" adoptée par des parents hétéros (mais homophobes soit dit en passant).

Pour moi, ce qui est le plus important c'est d'avoir quelqu'un/des gens sur qui il peut vraiment compter, s'abandonner complètement. Bien sûr pour que ça se fasse bien, il faut un suivi et un encadrement par des gens capables de voir ce qui est le mieux pour l'enfant, je suis complètement d'accord. Mais de là à empêcher l'adoption par des couples homosexuels, je ne suis pas d'accord. Bref, je voudrais revenir sur les propos de cette adolescente.

Adolescente, je n'ai jamais pensé "j'ai de la chance que mes parents ne soient pas gays" ni "j'ai de la chance que mes parents ne soient pas pauvres". Par contre j'ai pensé "j'ai de la chance d'être avec des parents qui m'aiment et sont toujours là pour moi quand il faut". Parce que beaucoup d'autres ados se plaignaient que leurs "vieux" étaient "toujours sur leur dos quand il fallait pas et jamais là quand il fallait".

J'avoue qu'il m'est arrivé de penser "j'ai pas de chance d'avoir des parents homophobes" parce que j'avais honte. Mais j'ai envie de dire, c'est l'adolescence. La moindre différence peut être un facteur de honte. Et quand on sait que l'homosexualité est utilisé régulièrement comme insulte, ça "donne pas envie" d'être gay ou d'avoir des gays dans la famille. Pour moi le problème des enfants "heureux que leurs parents ne soient pas gays" n'est pas un problème lié à l'adoption, mais à la façon dont sont vus les gays dans notre société. Si on avait pris des enfants dans une société blanche raciste, ils auraient pu dire "j'ai de la chance que mes parents ne soient pas noirs". ça n'aurait pas voulu dire que seuls les blancs peuvent adopter pour le bien-être des enfants, mais qu'il y a un problème de racisme et qu'il faut prendre en compte ce problème lorsqu'on accompagne la famille adoptante et l'enfant adopté.

Je disais donc, à l'adolescence la moindre différence peut être un facteur de honte. Mais au fur et à mesure ça se complique, on ne veut pas être différent mais on ne veut pas être un "mouton". On veut être comme les autres, mais on veut être "spécial". Une fille qui avait "honte" de sa famille recomposée un jour se vantait le lendemain qu'elle aurait deux fois plus de cadeaux que nous à noël. Une autre qui se plaignait de ne pas avoir d'iPod se vante un autre jour de ne pas être un mouton. Je suis tout à fait pour "donner la parole aux adoptés" mais quand on a affaire à des personnes aussi changeantes et contradictoires que sont les ados, il faut prendre ce qu'ils disent avec des pincettes.

Anonyme a dit…

Moi aussi j'arrive après la bataille et apprécie pleinement le témoignage de Berthille qui dit ce que j'aurais souhaité dire. En appui à son message, un lien vers mon émission radio hebdomadaire préférée "Interception" sur France Inter , du magnifique reportage radio qui prend son temps...et qui a tt récemment (re)donné la parole aux enfants (adoptés ou non) de couples homo,7 ans après une 1ère émission sur le même sujet.C'est un peu long (45mn) mais à écouter absolument!
http://www.franceinter.fr/emission-interception-homosexualite-en-debat-la-parole-oubliee
Catherine,maman solo par l'adoption,( ni homo ni militante).