mardi 23 octobre 2012

Les facteurs de risque

Dans mes grandes manoeuvres actuelles pour prendre position sur l'adoption dans une famille homoparentale, et plus particulièrement dans mes grands efforts pour me rendre impopulaire. J'ai l'impression que j'ai surtout fait fort en parlant de l'adoption par des célibataires comme d'un facteur de risque.

Il semblerait qu'à mon tour je sois passé du côté obscur de la force. Alors que jusqu'à maintenant, je défendais les familles, j'étais le gentil, voilà que je serais devenu vilain !

J'étais considéré comme Solo-friendly pour inventer un thème à la mode, tant et si bien qu'une chaîne de télé avait pour projet lors d'un reportage télévisé sur les adoptions par des célibataires, de m'interviewer "parce que vous vous êtes celui qui est pour" et interviewer mon grand copain JJ Choulot " car lui, il est contre".... ma réponse franche avait dû la décevoir car je n'en ai jamais eu de nouvelles ! Tellement simple de dichotomiser.

Pourquoi ne serai-je plus gentil avec les adoptions célibataires :

Aurai-je un livre à paraître ? Que nenni dans l'immédiat (au grand dam de mon éditeur).
Ma consultation serait-elle en train de péricliter, et ce serait une vengeance vis à vis des vilains adopteurs qui me snoberaient ? Non point, elle périclite pas franchement, beaucoup moins que l'adoption internationale (sic), et je suis presque étonné de mes chiffres qui restent bons face à cette peau de chagrin... et de toutes façons quand plus personne aura besoin de moi, je ferai autre chose.

La solution c'est que .... je n'ai pas changé....
Vous pouvez trouver dans mon livre, dans pas mal de mes articles, dans presque toutes mes conférences, à de nombreuses reprises dans ce blog.... que je décris un certain nombre de situations familiales, de comportement parentaux comme à risque.
Les moments, où je l'ai le plus exprimé, c'est comme toujours en réaction, quand d'autres (qui avaient sans doute des livres à vendre) mettaient tous les torts sur le dos des enfants ! Le "vous êtes parfaits, c'est la faute à vos gniards qui ont des troubles de l'attachement" m'a toujours profondément irrité !



Face aux facteurs de risque : je vois trois comportements (cochez la bonne réponse de votre choix) :


1° solution : C'est à risque on interdit !



2° solution :




3° solution : on l'identifie, on en parle, on s'en occupe et on fait tout pour le diminuer.... c'est déjà ce que j'avais dit dans ce vieux billet : relire en particulier ce paragraphe :
"Toujours dans les facteurs de risque, je sais et l'expérience nous le montre que l'adoption en solo et l'adoption individuelle sont des facteurs de risque, mais je connais des "wagons" d'adoption en solo par démarche individuelle qui sont de pleines réussites. Aussi il est trop facile à mon avis d'interdire purement et simplement cela plutôt que de proposer des accompagnements pour que les choses se préparent et se passent mieux, accompagnement d'ailleurs tout aussi utile pour les familles non à risque qui ne sont pas épargnées par les problèmes ! "

PS 1 : Même si je suis très inquiet par l'adoption homoparentale, car là le facteur de risque me semble énorme.... je sais (et j'en ai rencontrées) des familles homo heureuses et qui semblaient tenir la route. Le gouvernement fera bien ce qu'il veut, mais nier le risque serait la pire chose à faire.

PS 2 : Une des adoptions les plus réussies que je connaisse accumule un maximum de facteur de risque (parents âgés, adoption humanitaire, enfant âgée, ayant beaucoup souffert, etc), l'accumulation des risques, l'excellente préparation de cette famille et de cette enfant font c'est sans doute pourquoi cette adoption est si réussie !

PS 3 : un truc qui m'énerve encore à propos des adoptions solo, dans les médias (comme celui qui m'a interviewé récemment par exemple), on a l'impression qu'il ne s'agit que d'adoptions homosexuelles dissimulées... m'énerve... une femme seule c'est pas possible, ça nous cache quéqu'chose M'dame Michu, n'est ce pas ?


Petit rajout secondaire car c'est vrai que de parler de ma grosse inquiétude du gros facteur qu'est à mon avis l'adoption homo, j'ai expliqué à nouveau ce qu'était des facteurs de risque et l'exemple des célibataires commence à être un peu stigmatisant.... Dieu (et les mamans célibataires dont je suis les enfants) savent pourtant quel est mon accueil vis à vis d'elles !
Allez pour me faire de nouveaux ennemis (mais non, je plaisante), parlons d'un autre facteur de risque très souvent mis en avant : l'âge avancé de certains adoptants.
Si on me demande l'adoption par des gens âgés est elle un facteur de risque, je réponds sans hésiter OUI, on pourra dire que je généralise, ou que je dis la vérité, les deux sont exacts.
Mais dans ma consultation quand je suis face à un couple âgé, je leur pose pas mal de questions pour moins généraliser et mieux cerner le problème :
1 - De quand date votre vie de couple ?
2 - De quand date votre désir d'enfant (dans le couple) ?
3 - Si celui-ci est long, j'essaie de savoir pourquoi, parfois il y a de "bonnes raisons" (familiales, professionnelles, etc...)
Si  les réponses aux deux premières questions donnent des longues durées, et s'il n'y pas de "bonne raison" à la question 3, le facteur de risque est très élevé, mais même dans ce cas, je garde l'espoir... et surtout l'envie d'aider cette famille....

21 commentaires:

Gina a dit…

N'est ce pas l'adoption en général qui est "à risque" ?
Par exemple, n'y a t il pas plus de risques de conflits, séparation, discordance éducative,etc... au sein d'un couple que dans une famille monoparentale ? Y a t'il vraiment des adoptions sans risques ?
Pourquoi persister à avancer ce préjugé qui semble axé sur une image conformiste de la parentalité alors, que comme vous le dites, il y a des "wagons" d'adoptions par des solos qui réussissent ?

Jean-Vital de Monléon a dit…

Gina la filiation est à risque, l'adoption est à risque encore plus, l'adoption par des célibataires encore plus... c'est l'expérience, la mienne et celles de nombreux vieux routiers de l'adoption qui le montre, pas un espèce de préjugé... demandez aux nombreuses mamans célibataires comment je les reçois... je persiste à faire la 3° solution, mais tout le monde est libre d'appliquer la 2 !

Jean-Vital de Monléon a dit…

Le but étant de remplir encore plus les wagons plutôt que de les laisser la tête dans le sable

Brigitte a dit…

Je suis d'accord avec vous Doc, et je suis pour le point 3 ... mais si c'est vrai qu'en tant que maman célibataire c'est un poil agaçant de se voir toujours citée dans les facteurs de risque... même si je comprends.
Je voudrais tout de même rappeler qu'avant d'être considérée comme un facteur de risque l'adoption par les célibataires a d'abord été un facteur de chance ! Avant 1950 82% des femmes qui adoptaient été célibataires (73% des hommes)...
Juste un petit hommage aux vieilles filles et aux vieux garçons qui ont su recueillir les orphelins de guerre et autres.
Brigitte (maman de Lilou.

Mes sources "ces familles qui adoptent La Croix 2005

Jean-Vital de Monléon a dit…

Merci de votre témoignage Brigitte, il vient de m'inspirer le rajout (dernier paragraphe) pour parler d'autre chose et lâcher la grappe aux mamans solo...

Gina a dit…

Filiation à risque ? vous voulez dire le fait qu'il n'y ait qu'un seul parent noté sur l'état civil ? d'ailleurs c'est justement ce que demandent les couples homos (tiens, tiens). Mais les enfants adoptés savent qu'ils ont eu 2 parents au départ. D'ailleurs on leur dit souvent que c'est leur mère qui les a abandonnés, on ne parle jamais du père... Si je reprends les débats il est question du "regard des autres", donc selon vous ce risque c'est le regard des copains/copines sur le fait que l'enfant n'a qu'un seul parent ? alors comment entendez vous palier ce "problème" des solos ? Je n'ai pas d'expérience spéciale concernant les troubles des enfants adoptés mais il se trouve que je travaille pour la protection des mineurs (justice) et que j'en vois passer des enfants en souffrance, des enfants "biologiques" comme on dit, des enfants adoptés très peu, qui ont des parents héréros mariés ou non, pour ce qui est des enfants adoptés par des solos, ou des homos, aucun en 25 ans de carrière (qui n'est pas finie certes), alors peut-être que ça viendra mais si je lis ce que Brigitte écrit, depuis 1958 le phénomène existe...alors, je m'interroge, Docteur.
Gina (qui est désolée de vous agacer avec ses questions :))

Jean-Vital de Monléon a dit…

Non Gina quand je dis la filiation est à risque c'est la filiation en général : avoir un enfant standard, dans un couple standard par la méthode standard (sous la couette) est à risque.
Si on n'a pas d'enfants on est sûr qu'on aura pas raté leur éducation c'est ce que je voulais dire.

De mon côté et j'en suis triste et absolument pas triomphant (car je regrette de ne pas les avoir mieux aidé), j'ai proportionnellemnt plus de familles solo qui doivent avoir recours aux services sociaux et judiciaires dans les quelques 2500 enfants que je suis !

Dans tous nos ados qui arrivent en coma éthylique dans mon petit CHU il n'y a que rarement des enfants adoptés... mais si tel est le cas, vous pouvez être sûr que ce sera annoncé !!!!

Autre petite chose, je n'ai jamais dit à un enfant que sa mère l'avais abandonné.

Enfin vous ne m'agacez pas, même si mes réponses sont parfois séches ;-)

Gina a dit…

Ce qui est dangereux je pense, dans ce monde dominé par les médias et la pensée unique, c'est le "qui dit quoi". Vous, Docteur JVM, qui êtes à présent considéré comme "le grand spécialiste de l'adoption", quand vous prenez position pour ou contre certaines pratiques, même avec les nuances que vous tentez d'y associer maintenant, il n'empêche que vous ne maîtrisez pas ce que "l'opinion" en fera. En étant opposé au mariage gay, vous faîtes la part belle aux mouvements homophobes, en parlant des risques de l'adoption pour certaines familles, vous prenez le risque des interprétations et des stigmatisations, et ça ne va pas dans le sens de ce que vous défendez pourtant, le problème des idées reçues sur l'adoption. Mon expérience auprès des familles me fait penser aujourd'hui que certaines normes sont cassées, et aussi que ce n'est pas dans les familles les plus parfaites en apparence qu'il y a le moins de dysfonctionnement. La société évolue, il n'y a pas que les enfants adoptés qui recherchent leurs origines, il y a même des enfants qui auraient préféré être adoptés, même par une famille hors norme, du moment qu'ils auraient pu échapper à la maltraitance qu'ils ont subie dans la leur. Donc, comme vous le dites, toute filiation est "à risque", risque de reproduction des problématiques, risque du décès prématuré des parents, etc... On ne peut pas préjuger d'un risque. Ce qui me gêne aussi c'est ce risque là : "cet enfant a tel soucis, ah mais c'est parce qu'il a été adopté par une solo, ou un couple âgé"... ainsi on tient le "coupable", et on se rassure de l'avoir trouvé, alors que le problème ne s'origine peut-être pas là. Je me souviens d'une situation d'un enfant issue d'une famille mixte (franco-malgache), où on misait tout sur la recherche des origines pour soigner les troubles du comportement de cet enfant, alors qu'en fait, nous avons appris des années après qu'il avait été abusé par un membre de la famille. J'espère que je suis assez claire dans mon raisonnement. Pardon pour le pavé, et merci de m'avoir lue.
Gina

Agnès a dit…

Gina, juste un petit mot pour vous dire que lorsque je vous lis j'ai l'impression que vous avez écrit EXACTEMENT ce que je pense !!!

Agnès

daniel_64230 a dit…

Très intéressants les derniers posts et les réactions qui en ont suivi.
Pourquoi ne pas accepter que certaines adoptions présentent plus de risques que d’autres. Le Dr a tout a fait raison de le dire.
Ce qui me dérange dans ce discours sur les facteurs de risque, c’est que la liste me semble un peu courte. Adoption par les homos, adoptions par les solos, adoption par des personnes âgées, adoption d’enfants grands.
C’est trop simple pour ne pas dire simpliste. Il suffirait donc qu’un couple hétéro jeune adopte un bébé pour éliminer tous les risques.
Malheureusement l’expérience et les études montrent que même en éliminant le plus possibles ces risques, ce que les OAA arrivent à faire en sélectionnant des familles « standards », des échecs (encore faut-il définir ce terme) sont toujours présents.
Or dans certaines autres configurations familiales moins traditionnelles (solo, enfant adopté un peu âgé) l’adoption peut très bien se dérouler.
Sans vouloir opposer ces 2 types de composition familiale et ces 2 types d’adoption, on peut s’interroger sur le fait que peut-être, ne parler que des risques est très insuffisant et qu’il faudrait aussi parler des facteurs de succès.
Le Dc a parlé de la préparation des parents, mais il y a certainement d’autres facteurs de succès dans les différents foyers et fondés non pas sur des critères d’âge ou de composition familiale mais d’avantage sur les qualités personnelles des adoptants.
En faisant une analyse de situation familiale non plus uniquement à charge mais de façon contradictoire, on n’aurait plus besoin d’opposer les vilains solos qui ne pensent qu’à eux sans se soucier du développement des enfants et la famille honorable qui pourra élever un enfant entre une maman et un papa forcément aimants et attentionnés.

Daniel .

Mmaucy a dit…

Bonsoir,

Précisons que ce n'est pas votre personne qui est en cause. J'imagine que le début de votre billet est ironique, quand vous dites qu'on vous accuse de passer du coté obscur de la force et de devenir quelqu'un de "pas sympa". Certes vos billets sont très "sympa" en plus d'etre (souvent) sérieux, et si pour une fois on peut s'écharper un peu, c'est parce que vous donnez matière à débat sur le fond (LE sujet du moment qui fera forcément se déchirer les familles autour du gigot du dimanche, les amis à l'heure de l'apéro, les voisins au pot qui suit l'assemblée de copropriété, et les collègues à la machine à café) et sur la forme avec des généralisations ou des phrases à l'emporte pièce qui ne ressemblent pas aux propos nuancés que vous tenez d'habitude.
Bref, j'espère que votre méthode habituelle sera de nouveau en rendez-vous passée cette période de fièvre et de combat que vous enfourchez sans complexe et après tout il en faut.

Dans le post où vous parliez de "facteurs de risque", je crois avoir lu des références à des "études", mais où sont elles ici ? Je ne lis dans le billet de ce jour que des propos assez généraux, la conclusion étant qu'il faut réfléchir avant d'agir et ne pas se cacher des problèmes. Personnellement ça va assez bien mais je n'appelle pas ça une percée sur les facteurs de risque...

Bref je m'égare, pour reformuler l'interrogation sur laquelle je reste : admettons qu'il y ait des situations "à risque" (je rejoins Gina et vous pour dire que la filiation est à risque, l'adoption à risque), comment on fait pour que ceux qui naturellement ont tendance à faire l'autruche sortent la tete ? C'est quoi, les moyens OPERATIONNELS, pour que les gens se posent des questions et sachent trouver le chemin vers les réponses ???

Le forum adoption en solo montre par la richesse de ses témoignahes et l'accueil parfois... rugueux... fait aux nouveaux arrivants un peu angéliques qu'il faut se poser plein de questions, imaginer plein de situations, plutot que d'y aller
la fleur au fusil et se planter.

Je ne ferai pas l'angélique, mais quand meme un peu : etre solo/vieux/malade, et adopter, dans l'immense majorité des cas, suppose de s'etre posé des questions, ou de s'etre heurté quelque part dans la procédure à des résistances qui obligent à sortir la tete du sable. Depuis que je vis en couple c'est beaucoup moins "naturel" de parler des problèmes familiaux en dehors de la cellule familiale, parce que le cou-couple est censé résoudre ses problèmes tout seul piske dans un cou-couple on est deux. C'est mon expérience mais je ne pense pas qu'elle soit isolée.

Perso je ne trouve pas que cela fasse avancer le schmilblick de parler des "facteurs de risque" en pointant les cas les plus banalement évidents, et de ne pas parler de "facteurs de succès" (j'aime beaucoup l'expression de Daniel) qui seraient accessibles à tous et peut etre plus faciles à s'approprier par ceux qui ne se placent dans aucune des cases stigmatisées traditionnellement et ne lisent donc pas vos posts d'alerte, de conseils, etc.

Sans rancune, enfin presque !

Sophie a dit…

Lectrice silencieuse mais fidèle, pour ne pas dire un peu fan, de ce blog instructif, je suis sidérée d’en voir aujourd’hui la dérive idéologique et d’y lire un tel ramassis d’idées reçues.

Quel besoin pour défendre une idée contre l’adoption homosexuelle que de stigmatiser d’autres catégories d’adoptants « à risques » … mais bon, juste un peu moins à risques que les homos si je comprend bien !! Surtout dans un pays où les études sérieuses sur le devenir à long terme des familles adoptives sont parcellaires, pour ne pas dire. Et où l’évaluation des risques repose d’abord sur le vécu de chacun.

Vu souvent comme un idéal, le jeune couple adoptif, si possible stérile (car sinon, c’est bien connu, leurs motivations sont…humanitaires, autre catégorie à risque) à qui on confie un bébé de 2 mois est l’arbre qui cache la forêt des enfants trop nombreux et plus grands qu’on laisse sans espoir d’avoir un jour LEUR famille au nom de la sacralisation d’un lien biologique. Le véritable scandale de masse de l’adoption est là, et pas dans quelques familles homosexuelles mariées qui ne pourront que très rarement (cf. les statistiques belges et canadiennes) finaliser une adoption après le vote d’une loi , qui leur servira surtout à adopter l’enfant bio de leur conjoint (véritable sécurité juridique pour ces enfants).

En 10 ans de bénévolat, c’est surtout parmi ces couples jeunes et mariés que j’ai vu le plus des enfants adoptés subir une nouvelle rupture par le divorce des parents, suivie parfois d’une coupure totale avec le père. Non seulement parce que ces couples ont le même risque de divorce que les autres, mais aussi pour certains, parce que l’arrivée d’un enfant forcément différent de celui imaginé peut grandement fragiliser un couple, de même que les parcours à rallonge en PMA.

Certes toute filiation est à risque (la vie en général d’ailleurs est à risque). Alors pourquoi stigmatiser ceux qui seraient plus à risque que d’autres ?

Parmi les adoptants solos, un nombre non négligeable ont eu d’ailleurs un premier agrément en étant marié. Et le temps des « vieilles filles » élevant des orphelins de guerre est révolu. Solo, on l’est à un instant T de notre vie adulte, tous plus ou moins au début, quasiment tous à la fin, et entre les deux, une majorité connaîtra un ou plusieurs épisodes plus ou moins longs de célibat, vu les aléas de la vie. Des enfants adoptés par un parent solo seront finalement élevés par un couple, tandis que d’autres adoptés par un couple marié vivront en famille monoparentale. Les frontières ne sont pas étanches, alors pourquoi faire des catégories ?

Ce qui fait par contre la spécificité de l’adoption en solo au départ, c’est qu’il s’agit d’une mono-parentalité choisie, réfléchie. Les parents adoptifs solos sont bien plus souvent sur le grill que les autres pendant l’agrément. Loin de nier les difficultés particulières de leur situation, ils les positivent en essayant de penser aux solutions. Bien trop souvent discriminés par les OAA, il leur faut un mental de champion olympique pour faire ensuite aboutir leurs procédures. La plupart n’hésiteront pas à faire rapidement appel à des professionnels si des problèmes surgissent dans l’éducation de leur enfant. Si les presque 20% de familles monoparentales françaises sont plus fragiles, c’est justement parce que dans leur quasi-totalité, leur situation résulte non d’un choix, mais d’un accident de la vie, ou de l’éclatement d’un couple. Et la plupart des parents adoptifs solos ne sont pas dans cette configuration là.

A titre perso, je suis l’incarnation même de tous les facteurs de risques stigmatisés, étant devenue maman solo à 46 ans, après avoir antérieurement longtemps vécu en couple. Et 7 ans plus tard, tout va bien pour notre petite famille, merci !

Sans rancune, Docteur. Vous aurez d’ailleurs l’occasion prochainement de constater de visu le produit de mes multiples facteurs de risques comme dirait un mathématicien … pardon, je voulais dire de rencontrer mon beau brin de fille.

Nenette a dit…

@Sophie
Vous dites : "je suis sidérée d’en voir aujourd’hui la dérive idéologique et d’y lire un tel ramassis d’idées reçues."
C'est ce qu'on appelle un débat Sophie, un échange. Personnellement je ne me permettrais pas de dire que vos propos sont un "ramassis d'idées reçues", je respecte votre point de vue. La "dérive idéologique" c'est quand on ne pense pas comme vous, c'est cela?
Belle ouverture d'esprit et c'est vous qui parliez de "stigmatisation"...
Si j'avais adopté solo à un certain âge, ce n'est pas l'enfance qui m'aurait inquiétée, mais l'après. Pourquoi ne pourrait-on pas en parler ouvertement et posément?
Beaucoup de solos font un testament en cas de disparition. C'est quelque chose qui pèse sur les solos et donc sur les enfants. Je sais de quoi je parle.

"Certes toute filiation est à risque (la vie en général d’ailleurs est à risque). Alors pourquoi stigmatiser ceux qui seraient plus à risque que d’autres ? " Parce qu'il ne s'agit pas de faire l'autruche! On parle d'enfants ici, d'enfants qui ont la particularité d'avoir été abandonnés. Revenons toujours aux enfants svp!

Mamaucy les études sérieuses n'existent pas, ni dans un sens ni dans l'autre. Les enfants ne sont pas des cobayes. En l'absence de telles études, seul le débat d'idées vraiment ouvert et sans tabous peut permettre d'avoir une vision vraiment complète des possibles difficultés et donc des solutions.

Anonyme a dit…

@Nenette. Les solos font un testament car elles-ils ont une conscience plus aigue des risques, ayant l'habitude de tout porter, alors que les membres d'un couple ont celle de se reposer sur l'autre - et ils oublient que dans un accident de voiture, on meurt à deux. Le testament est une bonne idée pour tout le monde. Je sais de quoi je parle.
Cela dit, d'accord avec le fait que lorsqu'on adopte tard, c'est "l'après" à quoi il faut penser - mais les couples adoptent souvent tard aussi! Et Sophie a raison, quel rapport avec le débat? (sur solo-couples, moi j'aurais pris la question dans l'autre sens, ce que j'ai vu à plusieurs reprises, c'est des solo qui forment un couple et des couples qui divorcent!)
Ce que je trouve consternant dans cette histoire c'est le point auquel on parle peu des besoins de l'enfant - cf la déclaration d'efa, en ligne sur leur site.
Personne ne se dit que tous les enfants n'ont pas les mêmes besoins? Ca me sidère depuis le début.

Gina a dit…

@Nenette : je vous trouve bien agressive pour quelqu'un qui parle de débat. Il me paraît très naïf de penser qu'un couple jeune est à l'abri de la mort, on peut tous y passer à n'importe quel âge. Cela pèse sur nous tous, et même les enfants quand ils ont l'âge d'en avoir conscience, qu'ils aient deux parents ou non c'est toujours douloureux un deuil. Respect pour les enfants oui, il n'y a pas d'enfant à risque, on parle ici d'adoption, justement, et c'est ce qui fait débat. Cessons ce prétexte idiot de "et l'enfant qu'est ce qu'il en pense ?", c'est un peu facile d'attaquer sur ce mode, et surtout ça ne fait rien avancer.

Sinon, dans cette histoire de risques, il y a aussi le fait que les conseils généraux vont s'en saisir pour diminuer les agréments, voilà encore un effet pervers de vos propos, Dr JVM, ça ne fera pas remplir le wagon, conséquence regrettable de votre prise de position.
Ce n'est pas la personne qu'il faut attaquer c'est vrai, car je trouve qu'il est tout à votre honneur de nous écouter, et de vous exposer aux réactions, que vous en preniez "le risque", cela montre que votre démarche est honnête, quoi qu'il en soit.
Gina

Agnès a dit…

Ce qui me fait peur en priorité c’est, comme l’a évoqué Gina, la perspective de la diminution des agréments. Je comprends bien les arguments de ceux qui évoquent les risques : personne ne veut se reconnaître dans l’image de l’autruche. Cependant, il me semble que la majorité des adoptants ont une plus grande propension que les parents bios à prendre en considération toutes sortes de risques : suivi dans des COCA, réunions EFA, forums, blogs, pédopsy, etc. Ce qui m’agace assez c’est qu’en mettant constamment en valeur ces risques on finit vraiment par oublier que la vie elle-même est une loterie : je fais écho à ce qui a été dit à partir du billet intitulé « L’adoption, la roue de la fortune : même combat ». A partir du moment où un couple hétéro (stérile ou pas avec ou sans enfants), un couple homo, un ou une solo, s’engagent dans une démarche d’agrément et démontrent auprès de professionnels qu’ils sont prêts à accueillir un enfant, je ne vois pas au nom de quoi on leur refuserait ce droit. Au nom de risques pour lesquels on suppose qu’ils ne sont et ne seront jamais préparés ? Mais alors dans ce cas il faut interdire l’adoption à tout le monde ! Y compris à notre couple de référence, hétéro, marié et stérile : hé oui, là aussi il y a un risque terrible car leur enfant adopté pourrait penser qu’il est là par défaut. Chaque situation est risquée : il y a pourtant des gens handicapés qui font des enfants (sans agrément) et qui les font grandir dans l’amour et la sécurité. Et puis il y a des gens en bonne santé qui font des enfants et qui les maltraitent. Et puis il y a des gens qui sont dans la poisse et qui font des enfants dont ils ne s’occupent pas et des gens dans l’aisance qui s’occupent merveilleusement bien de leur progéniture. L’immense différence entre la parentalité bio et la parentalité adoptive c’est que lorsqu’on évoque « des risques » avec des adoptants (quels qu’ils soient) on prêche des convaincus… Et si des fois ils n’étaient pas au courant de ces fameux risques, les acteurs des démarches de l’agrément les y auront forcément mis. Alors on entend ensuite dire « Oui, mais la différence entre les enfants bios et les adoptés c’est que pour les adoptés, les difficultés s’ajoutent aux difficultés, ils ont forcément connu une rupture. » OK, et bien justement ça on le sait et on en tient compte. Et force est de constater que parfois (c’est un euphémisme) les adoptions se passent bien. Pour les arrivées biologiques on à l’impression que parce que c’est « naturel » tout doit « naturellement » bien se passer ! A tel point qu’il n’existe pas d’agrément pour les FIV. Je connais une femme qui vit d’expédients et qui a un passé très lourd : drogue, prostitution, prison, avortée à 13 ans (tiens, tiens, des difficultés qui s’accumulent…). Ses mecs successifs rentraient et sortaient de prison. Avec l’un d’entre eux, elle décide d’avoir un bébé qui ne vient pas. On lui dit OK pour une FIV qui réussit. On lui dit que sa grossesse est " à risques " et qu’elle doit prendre des précautions. Elle juge que les médecins sont des c…, continue tranquillement de boire et de fumer. Résultat 10 ans après : un petit garçon handicapé, maltraité, extrêmement violent et placé en foyer.
Dans mon esprit, mes enfants (bios et adoptés) sont tout issus d’une loterie : j’ignore ce que la vie nous réserve. On fera de notre mieux mais j’aurais autant de mal à les entendre me dire « T’aurais pas dû me pondre » que « T’aurais pas dû aller me chercher. » Je leur répondrais que c’est comme ça : dans la vie il y a des choses qu’on ne choisies pas. Pour la DS c’est pareil : pas de ça à la maison. Just facho.

Caroline a dit…

Je rejoins les positions de Mamaucy, de Sophie et d'Agnès.
Et pour qu'enfin leur voix porte et soit entendue, je vous invite à écouter l'émission de France Inter diffusée ce matin :
http://www.franceinter.fr/emission-interception-homosexualite-en-debat-la-parole-oubliee
Caroline

Agnès a dit…

Caroline, merci pour ce lien très intéressant !
Agnès

Gurvan Lullien a dit…

Bonjour,
Je crains en effet que l on soit un peu du côté obscure quand on voit les arguments des opposants "médiatiques" : certains (comme msgnr 23) confirment leur position contre le mariage homo en argumentant sur le fait que tout enfant a le droit d être élevé par son père et sa mère bio. C est une belle dérive, renier la notion de maternité et paternité sociale, et tant qu à faire interdire abandon, adoption, divorce et remariage (civil) et bien sûr famille monoparentale!
Oui les risques existent, mais les risques d avoir des enfants qui restent sans famille en institution ou famille d accueil n est il pas plus grand? Pour cette seule raison, je ne vois pas pourquoi interdire cette nouvelle possibilité de famille et de filiation, justement au nom de l intérêt supérieur de l enfant, et avec bien sûr les outils de contrôle des risques (COCA, aide aux familles, aide aux modes de garde, lois strictes contre l homophobie protégeant aussi contre l insulte fils de p..., etc etc).
Corinne

Anonyme a dit…

Pour l'avis des psys sur le mariage et l'adoption pour tous, voir les débats de la commission à l'assemblée nationale.
http://www.assemblee-nationale.tv
3ème onglet:
Commissions / Jeudi 15 novembre 2012
Virgule

OlivH a dit…

Haaaa ! merci M. Monléon pour ce Post Scriptum 3 ! Raz le bol aussi d'être cataloguée "homo" seulement parce que je suis "solo". Célibataire n'est pas un problème, c'est une configuration familiale à un moment de sa vie...qui peut durer, ou pas! Je suis maman solo, et je suis d'ac, maman solo c'est un facteur de risque en sup pour l'enfant adopté, ce n'est pas une situation idéale puisque d'une part pas commune, et d'autre part je considère que le papa apporte indéniablement quelque chose à l'enfant (si il prends son rôle à cœur cela va sans dire). J'ai fait ce choix d'adopter en solo en toute connaissance de cause, en espérant pouvoir changer cette situation plus tard. Ce n'est pas encore le cas. J'assume cette situation et fait tout pour que mon enfant la vive de son mieux. Pour cela j'ai décidé de la vivre bien moi aussi :) Ce n'est pas parfait certes, mais je connais tellement de couples imparfaits ayant adoptés que souvent je me dis que mon loulou n'est pas si mal lotis avec sa wonderMOM ! La question du papa n'est pas tabou chez nous, d'ailleurs aucun sujet ou question ne l'est :). (rappel du PS qui m'a fait positivement réagir "PS 3 : un truc qui m'énerve encore à propos des adoptions solo, dans les médias (comme celui qui m'a interviewé récemment par exemple), on a l'impression qu'il ne s'agit que d'adoptions homosexuelles dissimulées... m'énerve... une femme seule c'est pas possible, ça nous cache quéqu'chose M'dame Michu, n'est ce pas ?")